Thaddeus a écrit :J'adhère complètement à tous ces films, tous ces réalisateurs, toutes ces propositions de cinéma, mais a contrario combien de films défendus par les Cahiers me laissent de marbre ou ne provoquent chez moi guère plus qu'un vague intérêt poli ? De même, combien de films que j'aime sont-ils descendus par la revue ? Franchement, s'il fallait établir un taux d'affinité entre mes goûts et ceux affichés par les Cahiers, je pense qu'il serait autour de 30-40%, pas plus. Les palmarès annuels en attestent toujours davantage. Je me souviens précisément du moment où je me suis vraiment décidé à arrêter de lire la revue : lorsqu'ils se sont extasiés sur The Neon Demon, que me semblait alors puer l'esbroufe à cent kilomètres. Ce film, duquel je me suis soigneusement tenu éloigné pendant trois ans, je l'ai découvert il y a quelques semaines. Et je pense pouvoir affirmer qu'il s'agit d'un des plus ridicules, vides, laids, consternants et exaspérants que j'ai vu de ma vie. C'est un signe, parmi tant d'autres, que la distance entre les Cahiers et moi est désormais béante.
Je trouve que la cohérence dont nous parlions plus haut l'emporte.
Je n'ai pas vu le Winding Refn (pas envie) mais les films d'Harmony Korine pourraient bien trouver en moi l'équivalent de ta détestation (je n'aime pas
Spring Breakers). Pire encore, les films qu'ils défendent par copinage (genre Serge Bozon) entretenant une certaine tradition de dérive dogmatique. Tout cela est vrai. Mais ce que je constate chez moi est que, lorsque je suis sur la même longueur qu'eux, ce n'est pas à moitié. Ce n'est pas compliqué, le film de l'année, en général, soit je ne l'aime pas (
L'Inconnu du Lac, malgré sa très belle affiche, c'est non jusqu'à nouvel ordre), soit c'est l'évidence même (quitte à réviser un peu mon jugement plus tard).
Les Garçons sauvages, de Mandico, c'est pas la grande attirance.
Twin Peaks : The Return ( on met de côté ce que tu sais), c'est pour moi aveuglant d'évidence.
Toni Erdmann, en 2016, était peut-être moins aveuglant, mais sa première place n'en était pas moins évidente pour moi. Il ne s'agit pas pour moi de prouver quoique ce soit mais d'exprimer pourquoi je reste, pour reprendre tes chiffres, nettement à plus de 40% d'assentiment : les listes (synthétiques) des Cahiers ont toujours été pour moi assez belles à lire. Aucune ne m'a dégoûté ou laissé dans l'incompréhension. C'est encore cette cohérence, avec ses côtés agaçants parfois, qui donne à sentir un réel amour, palpitant, élégant pour le devenir du cinéma.
Après, il y a toujours le risque du dogmatisme. Et le dogmatisme fait dire des conneries.