Le synopsis ouvrait bon nombre de grilles de lecture et sur le papier, c’est réussi.
Les questionnements autour de l’identité et leurs problématiques, notamment celle-ci : peut-on être fidèle à soi-même quand on a un besoin absolu, nécéssaire et prioritaire, de plaire aux autres ? sont présents. Ce qui fait que ce film a une « bonne histoire ».
Malheureusement, il me reste le sentiment d’avoir assisté à une ébauche de grand film (ou à un projet de grand film) qui ne se concrétise pas. Comme si cette bonne histoire n’avait pas de scénario.
Au final, le personnage qui aura le plus évolué est celui de la journaliste - le spectateur en réalité : c’est à elle que l’on expose le projet du film et c’est elle dont le point de vue aura changé lorsque le film se termine.
Peut-on en dire autant de John F. Donovan ?
De Rupert ?
A ce niveau-là, c’est un échec, car le jeu épistolaire offrait une promesse : l’un allait s’inspirer de l’autre pour régler ses problèmes et vice-versa, or ce n’est pas tout à fait ça qu’on nous raconte. En tout cas, pas de la façon dont ça nous est montré.
Les noeuds autour de la relation avec la mère se dénouent un peu trop gratuitement, idem pour la question de l’homosexualité qui pourtant est au centre du récit. A aucun moment j’ai eu le sentiment que c’était une souffrance pour John F. Donovan, que ça l’empêchait d’avancer. Pire, je n’arrive pas à intégrer le fait que ce personnage a « aidé » Rupert à se défaire de ses chaînes, et c’est bien malheureux.
Enfin, j’avoue ne pas marcher avec le pathos à base de ralentis et violons, comme si on te disait « Bon maintenant c’est la scène émouvante où il faut lâcher une larme ».
Je sais que Dolan a déjà fait ça par le passé et autant ça pouvait fonctionner, ici ce n’est pas le cas. Peut-être pour les raisons expliquées ci-dessus.
Dommage.
