Adaptations fidèles au cinéma

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Greenheart
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Adaptations fidèles au cinéma

Message par Greenheart »

Cette question m'est venue en regardant la bande annonce de Mowgli 2018, comparée à celles des adaptations successives du Livre de la Jungle de Kipling.

Est-ce que nous pouvons faire une liste des films qui adaptent sans déformer ni détourner des faits historiques, la vie d'une personne réelle, un roman, une bande dessinée etc. ?

*

Question subsidiaire :

Existe-t--il au moins quelques films qui n'aient pas altérés profondément le matériel de leur source pour remplacer les messages ou les faits originaux par ceux inventés ou importés par la production de l'époque à la place ?

***
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tenia
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Re: Adaptations fidèles au cinéma (naphta et aujourd'hui) ?

Message par tenia »

Sur les biopics : https://informationisbeautiful.net/visu ... rue-story/
(dommage que ce ne soit pas mis à jour au fur et à mesure des sorties)
On peut déduire que Selma et The Big Short sont particulièrement fidèles (pour des biopics ciné). Rush est pas mal non plus.
En queue de peloton, à l'opposé, The Imitation Game, Hacksaw Ridge, Lion et Dallas Buyers Club sont à peu près n'importe quoi. Et évidemment, dans le genre, American Sniper, sachant qu'en plus, sa source était déjà probablement n'importe quoi. :mrgreen:
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Rick Blaine
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Re: Adaptations fidèles au cinéma (naphta et aujourd'hui) ?

Message par Rick Blaine »

tenia a écrit :Sur les biopics : https://informationisbeautiful.net/visu ... rue-story/
(dommage que ce ne soit pas mis à jour au fur et à mesure des sorties)
On peut déduire que Selma et The Big Short sont particulièrement fidèles (pour des biopics ciné). Rush est pas mal non plus.
En queue de peloton, à l'opposé, The Imitation Game, Hacksaw Ridge, Lion et Dallas Buyers Club sont à peu près n'importe quoi. Et évidemment, dans le genre, American Sniper, sachant qu'en plus, sa source était déjà probablement n'importe quoi. :mrgreen:
"N'importe quoi" ?
En quoi le fait de coller à des faits réels - sachant qu'il y a toujours un point de vue lié à l'époque et au lieu de la production - serait plus intéressant, plus noble, et le fait d'adapter et de créer serait "n'importe quoi". Si c'était pour me raconter des faits réels sans rien d'autre, le cinéma et l'art en général serait sans intérêt à mon avis. La force de l'art, c'est de créer, de tordre pour dire quelque chose sur une autre époque, un autre lieu, un autre système, apporter un point de vue moral ou social. Quel ennui de chercher le "réalisme" ou une forme de "vérité historique" à tout prix.
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Alexandre Angel
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Re: Adaptations fidèles au cinéma

Message par Alexandre Angel »

Très bon sujet de topic!

Commençons par du négatif.
Les Dents de la Mer est une fort mauvaise adaptation du roman de Peter Benchley : il n'y a pas de cul.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Martine Cachet
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Re: Adaptations fidèles au cinéma

Message par Martine Cachet »

Moi, je trouve que l'adaptation trop fidèle nuit assez au support cinématographique. Selon moi, un cinéaste devrait s'affranchir du matériau de base et proposer quelque chose de plus personnel, de plus inhérent à sa vision en tant qu'artiste qu'en tant que simple exécuteur.

Parmi ces adaptations, il y a Sa Majesté des Mouches de Peter Brook, Extension du domaine de la lutte de Philippe Harel. Il y a aussi Quadrille de Valérie Lemercier, qui reprend mot pour mot le texte de Guitry. Je trouve ça dommage de dépenser de l'argent pour faire passer les mêmes idées mais sur un support différent. Evidemment, ce n'est que mon humble avis et les films pré-cités sont des films que j'apprécie. Mais disons que j'émettrai toujours une petite réserve à une adaptation trop fidèle.
Je ne peux rien citer, j'ai pas de mémoire...
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Rick Blaine
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Re: Adaptations fidèles au cinéma

Message par Rick Blaine »

Martine Cachet a écrit :Moi, je trouve que l'adaptation trop fidèle nuit assez au support cinématographique. Selon moi, un cinéaste devrait s'affranchir du matériau de base et proposer quelque chose de plus personnel, de plus inhérent à sa vision en tant qu'artiste qu'en tant que simple exécuteur.

Parmi ces adaptations, il y a Sa Majesté des Mouches de Peter Brook, Extension du domaine de la lutte de Philippe Harel. Il y a aussi Quadrille de Valérie Lemercier, qui reprend mot pour mot le texte de Guitry. Je trouve ça dommage de dépenser de l'argent pour faire passer les mêmes idées mais sur un support différent. Evidemment, ce n'est que mon humble avis et les films pré-cités sont des films que j'apprécie. Mais disons que j'émettrai toujours une petite réserve à une adaptation trop fidèle.
Je suis d'accord avec ça, l'un des intérêt d'une adaptation est d'offrir un autre point de vue, de créer quelque chose
Ce qui permet de faire de très belles choses à partir d'oeuvres mineures, par exemple Le vase de sable, roman policier au conformisme pesant dont Yoshitarô Nomura a littéralement tordu la narration pour en faire un chef d'oeuvre cinématographique.
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tenia
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Re: Adaptations fidèles au cinéma (naphta et aujourd'hui) ?

Message par tenia »

Rick Blaine a écrit :"N'importe quoi" ?
En quoi le fait de coller à des faits réels - sachant qu'il y a toujours un point de vue lié à l'époque et au lieu de la production - serait plus intéressant, plus noble, et le fait d'adapter et de créer serait "n'importe quoi". Si c'était pour me raconter des faits réels sans rien d'autre, le cinéma et l'art en général serait sans intérêt à mon avis. La force de l'art, c'est de créer, de tordre pour dire quelque chose sur une autre époque, un autre lieu, un autre système, apporter un point de vue moral ou social. Quel ennui de chercher le "réalisme" ou une forme de "vérité historique" à tout prix.
En tant que tel, je m'en fous. Je pense que l'un n'empêche pas l'autre, qu'il y a des films très romancés bons et mauvais, et idem de l'autre côté. Que c'est aussi ça, le cinéma, et que la recherche du réalisme n'est pas forcément un ennui, mais pas un gage de qualité pour autant.

Sauf qu'il y a de la marge entre se baser sur 80% de faits et romancer les 20% restants pour "les besoins de l'écran", et ré-inventer 80% des faits et intégrer 20% de réalité pour apposer la caution "tiré de faits réels".
Or, Hollywood fait le 2e et nous vend le 1er. C'est normal qu'à un moment, ça finisse par faire tiquer et qu'on estime que oui, y a quand même un problème de fond entre le résultat à l'écran et la réalité quand on nous vend une transposition cinématographique de l'histoire. Surtout quand les biopics s'accumulent pas mal ces temps ci.

Ce n'est donc pas qu'une question de juste milieu (parce que la dramaturgie au cinéma doit parfois s'accompagner de quelques libertés), mais aussi une question d'écart entre le résultat à l'écran et les intentions cinématographiques. Ce qui peut être gênant quand le cinéma est un divertissement de masse à fort impact, et que de la même façon que les requins ont pris super cher depuis Jaws (alors que scientifiquement parlant, ça ne fait pas sens), Zuckerberg n'a pas inventé Facemash suite à une rupture sentimentale (sauf que je me demande combien pensent cela à cause de The Social Network).

On peut aussi estimer qu'une trame aussi rigide qu'elle soit peut toujours être tordue stylistiquement pour apposer un style, une vision, une patte, au-delà de tout respect des faits. Le cinéma, c'est aussi ça, et après tout, Seijun Suzuki a démontré y a 50 ans ce qu'on pouvait faire malgré de grosse contraintes. Alors pourquoi, 50 ans plus tard, on n'en serait plus capable ?
D'ailleurs, je cite plus haut The Social Network, film relativement romancé par rapport à la réalité, sauf que ce qui fait sa force n'est aucunement lié à ses apports scénaristiques, mais bien à sa forme et au sous-texte qui se dégage du film et qui aurait sans aucun doute dégagé tout autant même avec une plus grande fidélité. De la même façon que je trouve The Big Short absolument formidable à tous les niveaux, et qu'il est justement un des films les plus fidèles du graphique. Preuve qu'on peut faire des choses très bien tout en collant aux faits.


Quant à Sa majesté des mouches de Brook, j'ai vu à l'instant cette adaptation citée comme parmi les plus fidèles au matériel d'origine, mais n'ayant pas lu le livre d'origine, je ne sais pas trop en quoi le film s'en éloignerait (ou non).
Dernière modification par tenia le 11 déc. 18, 15:38, modifié 1 fois.
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Re: Adaptations fidèles au cinéma

Message par hellrick »

Psychose est très très fidèle au roman, tout y était déjà.

Les adaptations de Christie avec Ustinov me semblent également très fidèles.

La guerre des mondes version des années '50 aussi.

Le 20 000 lieues sous les mers de Disney.

Le premier Harry Potter.

La maison du diable.

Premier contact aussi est quand même sacrément fidèle au court roman de Ted Chiang (merci à lui pour la réussite du film donc)

1984 aussi
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Flol
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Re: Adaptations fidèles au cinéma

Message par Flol »

Alexandre Angel a écrit :Commençons par du négatif.
Les Dents de la Mer est une fort mauvaise adaptation du roman de Peter Benchley : il n'y a pas de cul.
Meilleur exemple d'adaptation pas fidèle du tout et c'est tant mieux pour tout le monde.
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Re: Adaptations fidèles au cinéma

Message par hellrick »

Flol a écrit :
Alexandre Angel a écrit :Commençons par du négatif.
Les Dents de la Mer est une fort mauvaise adaptation du roman de Peter Benchley : il n'y a pas de cul.
Meilleur exemple d'adaptation pas fidèle du tout et c'est tant mieux pour tout le monde.
Comme le dit Angel c'est surtout que le film évacue toute cette histoire d'adultère pré mommy porn mais sinon il n'y a pas trahison non plus, l'histoire reste en gros la même et les principales péripéties sont reprises...Après c'est pas un grand bouquin (mais il fait le job) mais on a vu pire comme infidélité.

Je crois que Airport était fidèle aussi au bouquin mais j'avoue que ça date.
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EuhBah
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Re: Adaptations fidèles au cinéma (naphta et aujourd'hui) ?

Message par EuhBah »

tenia a écrit :
Rick Blaine a écrit :"N'importe quoi" ?
En quoi le fait de coller à des faits réels - sachant qu'il y a toujours un point de vue lié à l'époque et au lieu de la production - serait plus intéressant, plus noble, et le fait d'adapter et de créer serait "n'importe quoi". Si c'était pour me raconter des faits réels sans rien d'autre, le cinéma et l'art en général serait sans intérêt à mon avis. La force de l'art, c'est de créer, de tordre pour dire quelque chose sur une autre époque, un autre lieu, un autre système, apporter un point de vue moral ou social. Quel ennui de chercher le "réalisme" ou une forme de "vérité historique" à tout prix.
En tant que tel, je m'en fous. Je pense que l'un n'empêche pas l'autre, qu'il y a des films très romancés bons et mauvais, et idem de l'autre côté. Que c'est aussi ça, le cinéma, et que la recherche du réalisme n'est pas forcément un ennui, mais pas un gage de qualité pour autant.

Sauf qu'il y a de la marge entre se baser sur 80% de faits et romancer les 20% restants pour "les besoins de l'écran", et ré-inventer 80% des faits et intégrer 20% de réalité pour apposer la caution "tiré de faits réels".
Or, Hollywood fait le 2e et nous vend le 1er. C'est normal qu'à un moment, ça finisse par faire tiquer et qu'on estime que oui, y a quand même un problème de fond entre le résultat à l'écran et la réalité quand on nous vend une transposition cinématographique de l'histoire. Surtout quand les biopics s'accumulent pas mal ces temps ci.

Ce n'est donc pas qu'une question de juste milieu (parce que la dramaturgie au cinéma doit parfois s'accompagner de quelques libertés), mais aussi une question d'écart entre le résultat à l'écran et les intentions cinématographiques. Ce qui peut être gênant quand le cinéma est un divertissement de masse à fort impact, et que de la même façon que les requins ont pris super cher depuis Jaws (alors que scientifiquement parlant, ça ne fait pas sens), Zuckerberg n'a pas inventé Facemash suite à une rupture sentimentale (sauf que je me demande combien pensent cela à cause de The Social Network).

On peut aussi estimer qu'une trame aussi rigide qu'elle soit peut toujours être tordue stylistiquement pour apposer un style, une vision, une patte, au-delà de tout respect des faits. Le cinéma, c'est aussi ça, et après tout, Seijun Suzuki a démontré y a 50 ans ce qu'on pouvait faire malgré de grosse contraintes. Alors pourquoi, 50 ans plus tard, on n'en serait plus capable ?
D'ailleurs, je cite plus haut The Social Network, film relativement romancé par rapport à la réalité, sauf que ce qui fait sa force n'est aucunement lié à ses apports scénaristiques, mais bien à sa forme et au sous-texte qui se dégage du film et qui aurait sans aucun doute dégagé tout autant même avec une plus grande fidélité. De la même façon que je trouve The Big Short absolument formidable à tous les niveaux, et qu'il est justement un des films les plus fidèles du graphique. Preuve qu'on peut faire des choses très bien tout en collant aux faits.


Quant à Sa majesté des mouches de Brook, j'ai vu à l'instant cette adaptation citée comme parmi les plus fidèles au matériel d'origine, mais n'ayant pas lu le livre d'origine, je ne sais pas trop en quoi le film s'en éloignerait (ou non).
Je partage tout à fait ton point de vue.

Concernant Sa majesté des mouches et en faisant un peu appel à ma mémoire, l'économie du film est plus clinique et distanciée que celle du livre me semble-t-il, alors même que les développements sont assez rigoureusement les mêmes. Cette rigueur est bien entendu de bon aloi pour qui souhaite transposer l'essence même du livre, à savoir la psychosociologie à l'oeuvre dans le contexte donné. Au delà du parti pris peut être de Brook d'opter pour une approche esthétique moins romanesque que descriptive de l'oeuvre, le jeu des enfants contribue je crois à renforcer cette impression de vivre une expérience plutôt qu'une aventure : l'enjeux n'est pas de charmer le spectateur (peut être à la façon d'un La guerre des boutons par exemple - celui de 62) mais plutôt d'incarner son rôle dans l'organisation sociale. D'une certaine façon les personnages semblent presque figuratifs. Au delà peut être de l'intention de Brook, le jeu des enfants en général au cinéma renvoie souvent cet aspect appliqué et disons laborieux au détriment de l'incarnation. Le roman n'a évidemment pas cette contrainte. En découle il me semble le sentiment d'un matériaux tragique non dépourvu de souffle épique que je crois fondé au moins en partie dans l'empathie plus prononcée qui s'exerce pour les personnages et leurs destins singuliers. Mais c'est une lecture lointaine en ce qui me concerne...

Par ailleurs en passant, je m'étais fait la réflexion à l'époque que A la poursuite d'octobre rouge était une adaptation tout à fait remarquable du livre de Tom Clancy.
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Martine Cachet
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Re: Adaptations fidèles au cinéma (naphta et aujourd'hui) ?

Message par Martine Cachet »

Pour moi, c'est l'un des problèmes majeurs du film : son esprit trop contemplatif.
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Ca traîne vachement en longueur, alors que dans le roman, on monte crescendo vers la déshumanisation des personnages et donc vers l'horreur.
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Re: Adaptations fidèles au cinéma (naphta et aujourd'hui) ?

Message par Spike »

hellrick a écrit :1984 aussi
S'il s'agit du film de Michael Radford, je trouve au contraire qu'il sabre bien trop dans le roman, ce qui fait que le film parait déforcé et certains enchaînements de situation semblent moins logiques. Par ailleurs, à la lecture du livre d'Orwell, je trouvais que Big Brother ressemblait bien plus à Staline qu'à Hitler (option choisie par le film).
tenia a écrit :Quant à Sa majesté des mouches de Brook, j'ai vu à l'instant cette adaptation citée comme parmi les plus fidèles au matériel d'origine, mais n'ayant pas lu le livre d'origine, je ne sais pas trop en quoi le film s'en éloignerait (ou non).
Ce qui m'avait déçu entre autres dans le film, c'est la
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séquence de traque vers la fin de l'histoire. Dans le roman, le protagoniste est vraiment pourchassé par tous ses congénères comme un animal, qu'ils veulent empaler comme un porc. Il se retrouve seul dans un environnement hostile (une île déserte) avec toute la mini-société humaine présente tournée contre lui et animée d'une volonté homicide. Le sentiment d'horreur est encore renforcé par la fait qu'il s'agit d'un enfant.
Dans le film, la tension n'est pas présente du tout à mon sens (défaillance de la mise en scène ? volonté de ne pas trop choquer les enfants-acteurs ?).

Quelques exemples d'adaptations fidèles selon moi (pas nécessairement "ultra-fidèles") :

- Les Baby Cart (de Kenji Misumi, Buichi Saitô et Yoshiyuki Kuroda) sont en général très proches du manga Lone Wolf and Cub de Kazuo Koike et Gôseki Kojima, avec de nombreux plans recréant en prises de vues réelles des cases du manga. Malheureusement, la série cinématographique s'est arrêtée trop tôt, de sorte que l'évolution du récit (Ex. la raison pour laquelle Ogami Ittô cherche à accumuler toutes ces pièces d'or en commettant des assassinats, le secret de Retsudô Yagyû, ...) et la fin du manga n'ont pas eu le temps d'être adaptées. De surcroît, le sixième film rajoute des zombies dans l'histoire (alors que le manga ne contient pas d'éléments "surnaturels" à proprement parler). En outre, Tomisaburô Wakayama est bien plus "massif" que son homologue de papier. Certains considèrent enfin que l'ambiance des films fait plus exploitation que le manga.

- No Country for Old Men d'Ethan et Joel Coen, adaptation du roman Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme de Cormac McCarthy.
Un chapitre avec une scène d'action mettant en vedette Anton Chigurh et un autre dans lequel Llewelyn Moss
Spoiler (cliquez pour afficher)
trompe sa femme avec une mineure
n'ont pas été repris. Certains éléments de la fin ont été modifiés/supprimés (Ex.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Dans le roman, l'épouse de Moss finit par céder à Chigurh et accepte de jouer à pile ou face. Il y a également un genre d'épilogue pour le personnage de Chigurh au cours duquel il est payé par ses "employeurs" et où il leur indique qu'il reste disponible pour d'autres contrats.
), ce qui fait que l'impression que l'on en retire est peut-être un *chouïa* altérée. Le film reste cependant une adaptation très fidèle dans l'ensemble.

- Le Faucon maltais de John Huston, adaptation du roman du même titre de Dashiell Hammett. Dans le film, AMHA, Sam Spade semble bien plus amoureux de sa cliente que dans le roman. Par ailleurs, les remarques à double sens de Sam Spade à l'égard de criminels homosexuels (qu'on qualifierait de nos jours d'homophobes) ont été fort atténuées dans le film. Humphrey Bogart a également improvisé la célèbre avant-dernière réplique du film en paraphrasant le Songe Songe d'une nuit d'été de Shakespeare.

- Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, adaptation de la bande dessinée du même titre de la première citée. J'ai découvert la BD après avoir vu le film. Je dirais que la BD évoque plus de points politiques/historiques relatifs à l'Iran que le long métrage animé, qui reste cela dit très proche.

- Le Plan déchiqueté de Hiroshi Teshigahara, adaptation du roman du même titre de Kôbô Abe (qui signe aussi le scénario du film).

- Shuffle, moyen métrage de Sogo Ishii, adaptation officieuse du court manga Run de Katsuhiro Otomo

- Tokyo décadence de Ryû Murakami, adaptation de sa nouvelle Topaze. Ironiquement, ce film montre avec force que ce qui fonctionne dans une nouvelle de quelques pages ne tient pas nécessairement la route étiré dans un long métrage.

- Tristesse et beauté de Masahiro Shinoda, adaptation du roman du même titre de Yasunari Kawabata. Le film se révèle un poil meilleur que le roman, parce qu'il réduit toutes les répétitions qui affligeaient ce dernier (Ex. Les personnages vous expliquent trois fois la même chose dans les dialogues, et puis le narrateur omniscient la paraphrase encore une fois pour les deux du fond qui dormaient.)

- Les Tueurs d'Andrei Tarkovski, adaptation de la nouvelle du même titre d'Ernest Hemingway. Contrairement à celles de Siodmak et de Don Siegel (A bout portant), il n'y a pas d'éléments d'intrigue rajoutés.

- Un homme qui dort de Georges Perec et Bernard Queysanne, adaptation du roman du premier. Le film visualise ce qui était décrit dans le roman et il n'y aucun dialogue rajouté : une narratrice en voix over lit la majeure partie du texte de Perec (certains passages, notamment celui où le protagoniste retourne chez ses parents, ont été éludés).

- Le Visage d'un autre de Hiroshi Teshigahara, adaptation du roman La Face d'un autre de Kôbô Abe (qui signe aussi le scénario du film).
Dans le roman, le récit est présenté sous la forme de cahiers que le protagoniste a remis à sa femme. En outre, au début du bouquin, le personnage principal (un scientifique défiguré qui désire se fabriquer un masque photo-réaliste à la Mission Impossible) se rend chez un prothésiste pour obtenir des informations pratiques.
Dans le film, pas de cahier. En outre, c'est le prothésiste (qui est ici de surcroît psychiatre) qui tente une expérience en concevant le masque pour le protagoniste. Kôbô Abe a sans doute opéré ce changement de manière à ce que le scientifique défiguré ait un interlocuteur à qui raconter les réflexions progressivement délirantes qu'il couchait sur le papier à l'intention de son épouse dans le roman. De plus, dans le film, de mémoire, il n'est jamais expliqué clairement que les scènes avec la jeune fille proviennent d'un film que le protagoniste a regardé au cinéma. Teshigahara opère également des expérimentations visuelles qui ne sont fort logiquement pas présentes dans le roman. Mais grosso modo, c'est une adaptation fidèle.
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Major Tom
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Message par Major Tom »

Spike a écrit :- No Country for Old Men d'Ethan et Joel Coen, adaptation du roman Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme de Cormac McCarthy.
Un chapitre avec une scène d'action mettant en vedette Anton Chigurh et un autre dans lequel Llewelyn Moss
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trompe sa femme avec une mineure
n'ont pas été repris. Certains éléments de la fin ont été modifiés/supprimés (Ex.
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Dans le roman, l'épouse de Moss finit par céder à Chigurh et accepte de jouer à pile ou face. Il y a également un genre d'épilogue pour le personnage de Chigurh au cours duquel il est payé par ses "employeurs" et où il leur indique qu'il reste disponible pour d'autres contrats.
), ce qui fait que l'impression que l'on en retire est peut-être un *chouïa* altérée. Le film reste cependant une adaptation très fidèle dans l'ensemble.
Je trouve les choix des frères Coen excellents au passage (mon film préféré de ce duo d'ailleurs), et notamment la scène du pile ou face que tu cites est meilleure ainsi que telle est décrite dans le roman.
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hellrick
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Message par hellrick »

Spike a écrit :
hellrick a écrit :1984 aussi
S'il s'agit du film de Michael Radford, je trouve au contraire qu'il sabre bien trop dans le roman, ce qui fait que le film parait déforcé et certains enchaînements de situation semblent moins logiques. Par ailleurs, à la lecture du livre d'Orwell, je trouvais que Big Brother ressemblait bien plus à Staline qu'à Hitler (option choisie par le film).
Je dois le revoir, j'ai le blu ray, il me semblait assez fidèle mais vu il y a longtemps (et lu il y a encore plus longtemps)...j'aime bien aussi la version des années 50 qui trahit complètement le livre...comme quoi.

Dans les adaptations de Philip K. Dick je signale aussi A Scanner Darkly qui est sans doute le plus proche de l'univers du romancier et qui capture formidablement l'esprit de son oeuvre. Ce qui est sans doute mieux qu'une adaptation fidèle.

Dans les grandes trahisons qui ne me déplaisent pas I Robot :oops:
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