Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13984
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit : Ton propos me fait me souvenir d'un dialogue qui m'avait frappé dans le film quand dans l'appartement de Ben, des invités parlent des chinois qui se comportent comme des américains arrogants, "continentaux", et qui finalement seraient très éloignés de l'esprit confucianiste qui est le leur (si je me souviens bien). C'est un dialogue frappant car il est très rare désormais d'entendre dans un film des propos généralistes sur un peuple étranger. Quoiqu'il en soit, on aurait jamais entendu ça dans un film occidental il me semble.
Tout à fait et je voulais le mentionner.
Je crois qu'il est dit aussi que les Chinois ont un rapport orgueilleux à l'argent, comme si c'était sale (alors que l'argent, ce n'est pas sale!! :mrgreen: ). Contrairement aux Sud Coréens.
J' ai trouvé ça intéressant.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
mannhunter
Laspalès
Messages : 17361
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par mannhunter »

Flol a écrit :Mais j'attends que G.T.O. vienne y rajouter son grain de sel. :D
Preview:
G.T.O a écrit :Burning : 4,5/10
Avatar de l’utilisateur
Coxwell
Le Révolté de l'An 2000
Messages : 3983
Inscription : 24 févr. 05, 10:58

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Coxwell »

Alexandre Angel a écrit :
Supfiction a écrit : Ton propos me fait me souvenir d'un dialogue qui m'avait frappé dans le film quand dans l'appartement de Ben, des invités parlent des chinois qui se comportent comme des américains arrogants, "continentaux", et qui finalement seraient très éloignés de l'esprit confucianiste qui est le leur (si je me souviens bien). C'est un dialogue frappant car il est très rare désormais d'entendre dans un film des propos généralistes sur un peuple étranger. Quoiqu'il en soit, on aurait jamais entendu ça dans un film occidental il me semble.
Tout à fait et je voulais le mentionner.
Je crois qu'il est dit aussi que les Chinois ont un rapport orgueilleux à l'argent, comme si c'était sale (alors que l'argent, ce n'est pas sale!! :mrgreen: ). Contrairement aux Sud Coréens.
J' ai trouvé ça intéressant.
Même si c’est loin d’être faux (l’appétence et le rapport très direct avec ce que tu veux/peux avoir), cette réplique est complètement gratuite. Elle ne sert à rien si ce n’est de rajouter une couche sur le « oh vous avez vu, à Gangnam ils parlent d’argent facile, ce sont des gens aisés, contrairement au pauvre rural de Paju qui en plus souffre le martyre de ne pas avoir sa petite demoiselle qui cherche aussi une vie plus argentée :idea: :arrow:
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13984
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Alexandre Angel »

Coxwell a écrit :Même si c’est loin d’être faux (l’appétence et le rapport très direct avec ce que tu veux/peux avoir), cette réplique est complètement gratuite. Elle ne sert à rien si ce n’est de rajouter une couche sur le « oh vous avez vu, à Gangnam ils parlent d’argent facile, ce sont des gens aisés, contrairement au pauvre rural de Paju qui en plus souffre le martyre de ne pas avoir sa petite demoiselle qui cherche aussi une vie plus argentée :idea: :arrow:
Donc elle sert au moins à ça!
Tu oublies, ou NE VEUX PAS VOIR, Coxwell (je plaisante :mrgreen: ), que le film est fait de telle façon que la frontière entre réel et imagination est poreuse, translucide même (c'est le parti-pris) et que la réplique en question ne cherche pas à nous renseigner sur une quelconque réalité objective (même si le réalisateur fait passer quelque chose de l'ordre du message) mais à nous faire ressentir une perception flottante, orientée, sournoisement paranoïaque : celle de Jongsoo.
Toutes les séquences en présence de Ben distillent quelque chose d'irréel, de non-objectif, de vaguement irrationnel.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Coxwell
Le Révolté de l'An 2000
Messages : 3983
Inscription : 24 févr. 05, 10:58

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Coxwell »

Alexandre Angel a écrit :
Coxwell a écrit :Même si c’est loin d’être faux (l’appétence et le rapport très direct avec ce que tu veux/peux avoir), cette réplique est complètement gratuite. Elle ne sert à rien si ce n’est de rajouter une couche sur le « oh vous avez vu, à Gangnam ils parlent d’argent facile, ce sont des gens aisés, contrairement au pauvre rural de Paju qui en plus souffre le martyre de ne pas avoir sa petite demoiselle qui cherche aussi une vie plus argentée :idea: :arrow:
Donc elle sert au moins à ça!
Tu oublies, ou NE VEUX PAS VOIR, Coxwell (je plaisante :mrgreen: ), que le film est fait de telle façon que la frontière entre réel et imagination est poreuse, translucide même (c'est le parti-pris) et que la réplique en question ne cherche pas à nous renseigner sur une quelconque réalité objective (même si le réalisateur fait passer quelque chose de l'ordre du message) mais à nous faire ressentir une perception flottante, orientée, sournoisement paranoïaque : celle de Jongsoo.
Oui ça doit être ça, et heureusement que je ne cherche pas trop à me concentrer sur cette frontière réel/imagine car je serrais encore plus dure vis à vis de la mise en scène (et de la pauvreté du script). :mrgreen:
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Strum »

Coxwell a écrit :2h20 d’esthétisme boursoufflé et de narration plombée par un cahier des charges visant essentiellement à servir une sorte de compil’ d’exotisme factice pour festivalier occidental. Le film, qui n’a rien d’autre à dire, ne perturbera pas beaucoup les standards des films socio naturalistes parisiens : les clopeurs et buveurs de vinasse des salons branchés de Gangnam côtoient difficilement/facilement (au choix) les petits gars pauvres déprimés de Paju qui se confondent dans un cache-cache atmosphérique. Les clichés en miroir des cinéphiles sont saufs. Ouf. De toute façon, l’habillage constitué de cette maigre histoire d’embrasement passionnel assez bête et ultra convenue importe peu, la preuve, on parle de grand film social, politique sur la désillusion des uns et des autres. Je me doutais bien que j’étais revenu en Occident en fait. :idea:
Le film a des défauts (je n'ai pas été convaincu par le dernier tiers), mais ta critique me parait relever du procès d'intention, comme si tu faisais payer au film sa réception critique très favorable en France. Tu sembles accuser indirectement Lee Chang-Dong d'avoir fait son film en "pensant" aux festivaliers occidentaux de Cannes, Venise, etc. D'une certaine façon, c'est aussi remettre en cause le caractère universel du cinéma dans son aptitude à aborder des sujets ou à décrire des situations que l'on retrouve dans un nombre significatif de pays aux cultures différentes. Par ailleurs, sous des dehors de thriller social, le film discourt aussi sur les puissances de l'illusion et de l'invisible et ne se présente pas d'un bloc. Enfin, parce qu'il est parfois difficile d'identifier les intentions initiales d'un cinéaste à la simple lueur du film final, il est toujours périlleux de faire des procès d'intention en mettant en cause la sincérité des cinéastes. Et sachant que Lee Chang-Dong n'avait pas fait de film depuis 8 ans, on peut poser comme hypothèse que son premier réflexe dans ce projet enfin parvenu à son terme n'a pas été de se dire "je vais faire un film pour plaire au festivalier cannois".
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22127
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Supfiction »

Le film tombe à plat dans le dernier tiers oui. On passe alors d'un film sur la misère affective d'un homme à un pseudo-thriller jouant entre le vrai et le faux et n'aboutissant à rien. La dernière scène m'a laissé totalement sur ma fin. Elle sonne faux même si on peut rétorquer qu'elle est de l'ordre du fantasmé.
Reste évidemment quelques moments de grâce.
Avatar de l’utilisateur
Coxwell
Le Révolté de l'An 2000
Messages : 3983
Inscription : 24 févr. 05, 10:58

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Coxwell »

Strum a écrit : Le film a des défauts (je n'ai pas été convaincu par le dernier tiers), mais ta critique me parait relever du procès d'intention, comme si tu faisais payer au film sa réception critique très favorable en France. Tu sembles accuser indirectement Lee Chang-Dong d'avoir fait son film en "pensant" aux festivaliers occidentaux de Cannes, Venise, etc. D'une certaine façon, c'est aussi remettre en cause le caractère universel du cinéma dans son aptitude à aborder des sujets ou à décrire des situations que l'on retrouve dans un nombre significatif de pays aux cultures différentes.
La réception critique n'est pas favorable qu'en France... elle l'est dans un grand nombre de pays marqués par un certain type de cénacles et d'attentes associées (modernité du cinéma passant par la sobriété d'une forme de naturalisme plus ou moins tempérée par quelques poses esthétiques évocatrices de tout un tas de transpositions initiales au delà des frontières). Le cinéma n'est pas seulement universel, ou du moins il l'est notamment dans la rencontre de singularités originelles, pas dans leur aplatissement mis au pas dans une grille de lecture et d'attendus donnés. Il n'y a rien de plus chiant et pauvre que la reproduction, surtout au sujet d'une démarche "intellectualisante"..
(Sur la réception, et la lecture politique et sociale du film, rien qu'un exemple tout à fait caractéristique de ce qui est évoqué plus haut : https://www.telegraph.co.uk/films/0/bur ... ng-blazes/
Outre-atlantique c'est très similaire, le site "they shoot pictures, don't they" et son classement reflète assez bien la manière dont sont reçus certains films par un certain type de médias et affiliés)
Par ailleurs, sous des dehors de thriller social, le film discourt aussi sur les puissances de l'illusion et de l'invisible et ne se présente pas d'un bloc. Enfin, parce qu'il est parfois difficile d'identifier les intentions initiales d'un cinéaste à la simple lueur du film final, il est toujours périlleux de faire des procès d'intention en mettant en cause la sincérité des cinéastes. Et sachant que Lee Chang-Dong n'avait pas fait de film depuis 8 ans, on peut poser comme hypothèse que son premier réflexe dans ce projet enfin parvenu à son terme n'a pas été de se dire "je vais faire un film pour plaire au festivalier cannois".
Ce n'est pas parce qu'il est difficile de faire la séparation de ce qui est endogène et de ce qui exogène au processus de création et d'aboutissement d'une oeuvre qu'on ne peut pas considérer que remettre en question le produit proposé soit un procès d'intention ipso facto. Défendre cette position serait aussi subjectif et expéditif que de me présenter comme "pourfendeur" aveugle d'un certain type de cinéma. Cela dit, même en prenant toutes les nuance possibles, il est bien difficile de nier qu'il existe des stratégies dans la création, y compris chez les "auteurs", que ce soit dans la production comme dans la nature de l'exposition de son "produit". Le public festivalier ne s'arrête pas aux spectateurs présents dans le festival mais à toute l'aura et la réputation associée à la répercussion de ces événements auprès d'un certain public qui ne voient certains films que lorsqu'ils sont estampillés Telerama et assimilés.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13984
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Alexandre Angel »

Coxwell a écrit :Ce n'est pas parce qu'il est difficile de faire la séparation de ce qui est endogène et de ce qui exogène au processus de création et d'aboutissement d'une oeuvre qu'on ne peut pas considérer que remettre en question le produit proposé soit un procès d'intention ipso facto
Celui qui a compris cette phrase du premier coup a toute mon admiration.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
shubby
Assistant opérateur
Messages : 2683
Inscription : 27 avr. 08, 20:55

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par shubby »

Quand y'a d'l'exogène y'a pas d'plaisir !

Ca me rappelle un sketch des inconnus tout ça :)

Cela étant, je n'ai pas encore vu le film.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22127
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
Coxwell a écrit :Ce n'est pas parce qu'il est difficile de faire la séparation de ce qui est endogène et de ce qui exogène au processus de création et d'aboutissement d'une oeuvre qu'on ne peut pas considérer que remettre en question le produit proposé soit un procès d'intention ipso facto
Celui qui a compris cette phrase du premier coup a toute mon admiration.
Image
Avatar de l’utilisateur
Ouf Je Respire
Charles Foster Kane
Messages : 25906
Inscription : 15 avr. 03, 14:22
Localisation : Forêt d'Orléans

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Ouf Je Respire »

Coxwell a écrit :Ce n'est pas parce qu'il est difficile de faire la séparation de ce qui est endogène et de ce qui exogène au processus de création et d'aboutissement d'une oeuvre qu'on ne peut pas considérer que remettre en question le produit proposé soit un procès d'intention ipso facto
Ou pas.

:mrgreen:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
« Toutes choses sont dites déjà ; mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer. » André Gide
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13984
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Alexandre Angel »

Ouf Je Respire a écrit :
Coxwell a écrit :Ce n'est pas parce qu'il est difficile de faire la séparation de ce qui est endogène et de ce qui exogène au processus de création et d'aboutissement d'une oeuvre qu'on ne peut pas considérer que remettre en question le produit proposé soit un procès d'intention ipso facto
Ou pas.

:mrgreen:
Tu peux expliquer?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54619
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Flol »

Moi je voulais juste dire que la modernité du cinéma passe par la sobriété d'une forme de naturalisme plus ou moins tempérée par quelques poses esthétiques évocatrices de tout un tas de transpositions initiales au delà des frontières.
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17063
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Burning (Lee Chang-dong - 2018)

Message par Watkinssien »

Image
Image

Mother, I miss you :(
Répondre