Entièrement d'accord avec tout ça (et c'est joliment dit, en sus).El Dadal a écrit :La régulière étrangeté des situations (l'écureuil qui s'écrase tel un présage divin - Magnolia n'est pas loin avec ce travelling menaçant qui précède la chute, le Roi des sans-abris qui apparaît tel un deus ex machina et œuvre pour les happy fews de la cité des anges, les menaces qui pèsent sur la ville et ses habitants (dog killer, the owl)...) rapproche aussi le film de Mitchell des écrits de Bret Easton Ellis (et du récent Neon Demon auquel j'ai beaucoup pensé durant la séance), offrant très peu de prises au monde réel, autres qu'amertume, mélancolie passive et jeux de piste fincheriens comme seules réflexions autorisées à des personnages peu attachants. Le monde de Sam n'est plus qu'un terrain de jeu dévitalisé et ses habitants les pions interchangeables (littéralement) d'une bataille pour donner du sens à la vie (d'où selon moi les multiples références religieuses, soit le dernier rempart de l'ancien monde). Los Angeles devient ainsi un cocon géant et Sam son petit ver à soie.
Du reste, le film est trop touffu pour que je puisse y apposer sereinement un avis définitif, si ce n'est d'avoir assisté à un spectacle total qui possède, malgré son approche en effet palimpsestique (une scène = une référence), un côté presque altier dans sa singularité (à l'image de cette scène de balade au bord du réservoir où Sam déverse sa haine à l'égard des SDF). "Vous pouvez trouver autant de citations que vous voulez, ça m'amuse autant que vous, mais ne soyons pas dupes, dans le fond ça n'a aucune importance car chacun - chaque film - n'existe que pour lui-même", semble raconter Mitchell.
La scène de basculement avec le compositeur est un chef-d’œuvre.
J'ai personnellement adoré me perdre dans les méandres de cette enquête absurde, dans un Los Angeles interlope plein de codes secrets et de messages cachés. Ça fourmille d'idées et de références : on pense forcément à Altman, à Lynch, à Hitchcock, à PTA (sans jamais que cela soit gratos, selon moi) ; mais on pense surtout que David Robert Michell est un putain de surdoué
Un film qui transpire littéralement le cinéma à ce point, on n'en voit clairement pas chaque semaine.