Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Metal Rider
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Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par Metal Rider »

EDIT DE LA MODERATION:
topic consacré au seul "Final Cut" sorti en salles en 2007


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................Au début du XXIème siècle, la TYRELL CORPORATION a fait entrer les robots dans l’ère NEXUS – un être virtuellement identique à l’homme – connu sous le nom de Répliquant.
................ Les Répliquants NEXUS 6 sont supérieurs en force et en agilité, et au moins aussi intelligents que les généticiens qui les ont créés.
................ On les utilise comme main-d’œuvre pour les travaux dangereux lors de l’exploration et la colonisation d’autres planètes.
................ Après la mutinerie sanglante d’une équipe de combat NEXUS 6 dans une colonie, les Répliquants sont devenus illégaux sur Terre – sous peine de mort.
................ Les escouades de police spéciales – LES UNITÉS BLADE RUNNER – ont reçu l’ordre d’abattre, dès identification, tout Répliquant ayant pénétré sur Terre.

................ Il ne s’agit pas d’une exécution.
................ Le terme employé est retrait.

C’est par ces mots que démarre l’un des plus grands et des plus influents films d’anticipation jamais réalisé. Il s’agit d’une adaptation plutôt libre d’un roman de Philip K. Dick, Do Androids Dream of Electric Sheep? écrit en 1966 et publié deux ans plus tard. Ce livre est sorti en France sous différents titres : Robot Blues en 1976, puis Les Androïdes Rêvent-ils de Moutons Électriques? en 1979 et, enfin, il a été réédité en 1985 sous celui de Blade Runner.
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Si le film reprend l’idée de base du roman (un chasseur de prime – Rick Deckard – est chargé de traquer et d’abattre des androïdes), Ridley Scott a enlevé et changé beaucoup d’idées. Entre autres, Rick Deckard n’est pas marié (divorcé, selon la première version du film) et ne prend pas soin d’un mouton électrique. Sean Young et Daryl Hannah, deux actrices très différentes, incarnent Rachel et Pris alors que ce sont des personnages physiquement identiques dans le livre. Exit l’orgue émotionnel, la boite d’empathie, et les retombées radioactives de l’Ultime Guerre (la Troisième Guerre Mondiale), qui ont fait de certains êtres humains des êtres déficients mentalement et physiquement. L’action du film se déroule à Los Angeles en 2019 tandis que K. Dick place son histoire à San Francisco en 1992. Enfin et surtout, les termes « Blade Runner » et « Répliquant » n’existent pas dans le roman. Il est évidemment impossible d’adapter un roman ligne par ligne au cinéma, et ne voulant pas faire un film ésotérique, Ridley Scott cherche à rendre son histoire plus compréhensible de tous. Mais s’il préserve cet univers à l’atmosphère sombre et mélancolique, où la majorité des espèces animales ont disparu, et le thème de la différenciation, voire de l’opposition, entre l’Homme et la machine, le film apporte une vision intellectuelle différente du roman. En effet, dans son livre, K. Dick fait des androïdes des êtres sans cœur et ne se souciant pas des autres. Pour l’auteur, ce ne sont pas des êtres humains. L’histoire, c’est qu’en les traquant et en les exterminant, Rick Deckard finit par devenir comme eux, et perd sa dimension humaine. Ridley Scott apportera un autre point de vue, qui en modifiera catégoriquement la philosophie…
Philip K. Dick sera enthousiaste et même considérablement impressionné par les images d’un pré-montage du film, comprenant les effets spéciaux terminés. Mais l’écrivain meurt avant la sortie du film, et ne connaîtra aucune autre version de Blade Runner que cette ébauche.
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Ridley Scott avec Philip K. Dick

Blade Runner est un film riche en thèmes. Il y a beaucoup de concepts sur la métaphysique, notamment sur : Qu’est-ce que l’Homme ? Nos souvenirs font-ils de nous des humains ?… Et il propose aussi des thèses courantes (mais brillamment illustrées) de la littérature et du cinéma de science-fiction : la technique qui nous trahit, la surpopulation, la tyrannie, etc. Comme toute œuvre d’art réussie, Blade Runner offre des possibilités d’interprétations que certainement l’auteur lui-même n’a pas entrevues. Tout cela fait partie des raisons parmi d’autres qui font de ce film un véritable chef-d’œuvre.
Los Angeles, novembre 2019

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Le titre
Blade Runner, littéralement « Celui qui court sur le fil du rasoir », est le titre d’un roman de William Burroughs publié en 1979, qu’a acheté Ridley Scott pour son film. Plus précisément, le roman porte le curieux titre de Blade Runner : le Film. Burroughs a lui-même emprunté ce titre à l’écrivain Alain Nourse, d’un roman intitulé The Bladerunner publié en 1974. Ni l’un ni l’autre ne s’inspire évidemment du roman de K. Dick, et aucun élément de leur histoire ne se retrouve dans le film de Scott.
Les Personnages

Protagoniste arrogant et désabusé, sans attache, détestant son boulot, continuellement vêtu d’un trench-coat et souvent vu avec un journal entre les mains, Rick Deckard (Harrison Ford) apparaît vite comme le stéréotype du détective privé sorti d’un vieux polar américain. Dans le montage de 1982, la narration en off de Deckard insiste davantage sur cette vision de polar des années 40. Comme nous allons le voir au cours de cet article, Deckard est un personnage complexe, dont l’identité diffère selon les versions (s’il est défini comme humain dans le film original de 1982, une ambiguïté apparaît dans la Director’s Cut de 1992, plus insistante encore dans la Final Cut de 2007). Rick Deckard est un anti-héros austère, qui n’hésite pas à tirer dans le dos pour faire son job, comme lorsqu’il élimine Zhora. Néanmoins, c’est un personnage romantique, dont l’amour pour Rachael trouve un écho dans sa rêverie – selon Carl Jung, la chimérique licorne est un symbole représentant la femme.
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Roy Batty (Rutger Hauer) est le chef d’une bande de Répliquants renégats revenus sur Terre, afin de trouver des explications sur eux-mêmes et un moyen de vivre plus longtemps. Les généticiens qui les ont créé ne leur ont donné que quatre ans d’espérance de vie. Au fil des années, ils ont développé des sentiments humains et pris conscience de leur fin proche. La bande compte également Zhora (Joanna Cassidy), Léon (Brion James), et Pris (Daryl Hannah) la petite amie de Roy.
J.F. Sebastien (J.F. Isidore dans le roman), est concepteur génétique souffrant du « Syndrome de Mathusalem » (inventé pour le film, mais qui peut se rapprocher de la progéria) qui le fait vieillir prématurément. Dans le roman, il est victime des retombées radioactives et passe pour l’idiot du village. Dans le film, c’est un artisan un peu bohème, vivant seul dans un Bradbury Building abandonné, et qui fabrique des robots-jouets.
Le Dr. Eldon Tyrell est le génie qui a conçu les Répliquants. Ils ont fait la fortune de son entreprise, la Tyrell Corporation, d’où il peut contempler la ville, comme son hibou artificiel, perché en haut de l’édifice (une sorte de pyramide maya technologique).
Rachael (Sean Young) est la secrétaire du Dr. Tyrell. Au début du film, elle ignore qu’elle est artificielle. Avec son personnage et celui de Pris, Ridley Scott fait un clin d’œil à leur nature d’androïde par leur façon de bouger, d’être vêtues ou maquillées. Nous pourrions les comparer à des poupées, comme les jouets animés que fabrique J.F. Sebastien.
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Gaff enfin, est un flic aussi mystérieux que le « cityspeak » (cette curieuse langue d’argot qu’il parle, inspirée de plusieurs langues dont notamment le Hongrois et le Français). Il va chercher Deckard au début du film, l'escorte lors d’une fouille de l’appartement de Léon, apparaît après la mort de Zhora, et ne revient qu’à la fin, une fois la mission de Deckard terminée.
La thématique des animaux

En dehors de la Licorne de Deckard et du hibou de Tyrell, nous pouvons aussi assimiler certains des Répliquants aux animaux qu’ils évoquent ou qu’ils possèdent. Roy Batty se montre à la fin comme un prédateur rapide et futé, à l’instar du coyote dont il imite le cri. Zhora est une tentatrice, s’exhibant aux yeux des hommes sur la scène du Snake Pit Bar de Taffey Lewis, en se servant d’un serpent qui rappelle la Genèse. La mission de Léon dans la colonisation est citée par le chef de Deckard, Bryant, au début du film. Il doit soulever des charges lourdes pour les mettre sur des vols intergalactiques. Cela colle à l’image de la tortue, évoquée durant son test Voight-Kampf (il s’agit du test permettant de déceler une anomalie émotionnelle typique d’un non-humain, via une série de questions), et Léon est également un personnage lent et en retrait.
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Dans le duel final, la lutte de Deckard pour survivre est typiquement un instinct animal. C’est un système de réaction irréfléchie, propre aux animaux, que de lutter ou de se défendre pour sa propre survie.
Mise en scène

Si le film peut s’avérer captivant à analyser pour un amateur de cinéma, l’étudier est essentiel pour tout réalisateur esthétique en herbe. Ridley Scott a fait ses armes dans des centaines de publicités auparavant. Il sait mettre en valeur le moindre plan même anodin, tant du point de vue du cadrage, que de la façon de l’éclairer, de la position de l’acteur, du mouvement de la caméra, etc. Ridley Scott ressemble au réalisateur idéal tel qu’on le définirait sûrement dans une école de cinéma : un esprit indépendant, directif et déterminé, imposant sans concession ses exigences et ses choix, et avec des dons artistiques et techniques à la pelle.
C’est intéressant de noter un procédé stylistique récurrent dans le montage des premiers films du réalisateur : une scène spectaculaire ou dramatique est souvent brusquement coupée par une scène à l’extrême opposée, calme, voire paisible tant dans le son que l’image. Dans la France Napoléonienne des Duellistes (1977), son premier film, après qu’Armand d’Hubert (Keith Carradine) gagne un premier combat improvisé face à Gabriel Féraud (Harvey Keitel), une femme se jette subitement sur Armand pour l'attaquer, et la scène coupe sur un plan très posé, ressemblant à un tableau. Le réalisateur reproduira cet effet de montage dans son second film, Alien, le Huitième Passager (1979) : un parasite arachnéen s’accroche tout à coup au visage de Kane (John Hurt), et la scène coupe aussitôt sur un plan du vaisseau de l’Alien vu de l’extérieur, avec un léger bruit de vent. Dans son troisième film, Blade Runner, sitôt Holden mis sur la touche par Léon, le film coupe sur le plan d’un panneau publicitaire asiatique, devant lequel passe un spinner (une voiture de police volante). La mort du Répliquant Léon précède un plan de Deckard buvant lentement un verre. Enfin, l’agonie hyperactive de Pris s’achève par l’écho de ses cris à travers le Bradbury Building désert, où résonne le tintement des gouttes d’eau tombant du plafond.
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L’impression de film policier des années 40, évoquée avec le personnage de Deckard, est renforcée par une mise en scène qui lorgne sur le cinéma noir, tant au niveau de la photographie (jeux d’ombres, éclairage tamisé, lumière découpée par les stores vénitiens, etc.), que de la construction narrative (l’enquête de Deckard suivie sur la grande majorité du film), contrastant avec le sujet de science-fiction.
Le futur

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Le réalisateur a composé Blade Runner avec trois principaux éléments itératifs : la pluie, la fumée et l’obscurité. Les trombes d’eau déversées par hectolitres sur sa cité du futur lui permet de créer une ambiance particulière, tout comme la fumée dissipée à travers le décor permettant de diffuser des rayons de lumière. Le fait de tourner de nuit permet de masquer beaucoup de formes trop reconnaissables, tels que les conduits d’aération installés à l’extérieur des façades de bâtiments, qui prennent alors des allures inquiétantes dans l’obscurité. Toute cette imagerie est superbement accompagné de thèmes hypnotiques composés par Vangelis. Aucun doute à ce sujet, il s’agit d’une de ses meilleures compositions musicales pour un film.
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L’aspect film noir des années 40 évoqué précédemment se retrouve dans les costumes des acteurs en général, et aussi dans l’architecture de la mégalopole. Les bâtiments aux murs décrépis, comme le palace du Bradbury où vit J.F. Sebastien, datent du début du Siècle dernier. Côté futuriste, si le film de Ridley Scott est extraordinairement novateur, le réalisateur se réfère ouvertement à divers sources d’inspiration, de l’esthétique asiatique de villes comme Shanghai ou Tokyo, au film Metropolis (1926) de Fritz Lang. Ridley Scott appuiera la référence à ce film, dans la scène de l’attérrissage de la voiture de police sur le commissariat (similarité de l’immeuble et de son angle de prise de vue). Ces deux films ont d’ailleurs connu des peines semblables. Si une part de leur richesse esthétique est dû à l’attention particulière qu’apportent leurs réalisateurs aux décors, cela entraîne des problèmes de budget et des mésententes avec les producteurs respectifs. Chacun des deux films n’a pas rencontré le succès populaire et critique en son temps, et existe dans différentes versions, réparties sur des années (Metropolis néanmoins, n’existera jamais dans sa version initialement prévue par Fritz Lang, d’environ 3h30, à cause de multiples censures à travers les pays et la perte de bobines).
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Puisque la population vit quasi-continuellement sous la pluie, Ridley Scott a eu une idée originale d’insérer un élément futuriste pratique : des parapluies à manche lumineux. Aujourd’hui ce gadget existe et se trouve en commerce. Par ailleurs, beaucoup d’autres aspects futuristes du film existent bel et bien aujourd’hui, qu’il s’agisse de l’atmosphère de la ville ou des panneaux publicitaires géants.
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Peu à peu, Blade Runner a montré son énorme impact à travers les autres productions cinématographiques. Son iconographie novatrice sert encore aujourd’hui de référence en matière d’imagerie baroque et gothique. Il est incontestable que la vision à la fois bariolée et exotique du L.A. futuriste par Ridley Scott, avec la pluie incessante, les épais nuages de pollution, les panneaux publicitaires et la sensation d’obscurité permanente, a eu une énorme influence sur les films de science-fiction qui ont suivi. Nous sommes toujours abasourdis du soin apporté par le réalisateur dans les scènes de surpopulation. Elles sont suffisamment riches, variées et détaillées pour que nous y distinguions les différentes couches de la société qui s’entrecroisent. La plupart des figurants sont des asiatiques ou des punks, dont l’extravagance et les couleurs ont été gommées afin qu’ils se fondent dans la masse. Les policiers ont une apparence très fasciste (armure et masque). À part quelques idées originales comme les vestes matelassées, Ridley Scott opte pour la sage décision de ne pas chercher à créer une nouvelle mode vestimentaire futuriste trop kitsch. Le film s’éloigne des visions parfois grotesques de ses prédécesseurs dans la science-fiction, type vêtement argenté avec fermeture en diagonale, ou autres, le réalisateur ayant demandé à ses costumiers de s’inspirer plutôt de ce qui existe déjà, ou a existé par le passé, combinant le futur avec le rétro.
De l’originale à la version définitive

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Version de 1982
Suite à des projections-tests où les spectateurs jugent le film trop obscur, les producteurs interviennent sur le montage. Ils ajoutent une voix off encombrante et modifient la fin (en prenant au passage des rushes inutilisés de Shining avec l’accord de Stanley Kubrick, pour montrer un monde apaisant éloigné de l’univers sombre du film). Ils adoucissent également les scènes violentes (qui resteront dans la version internationale dont la version française). Une fois ces remaniements terminés, le film sort dans les cinémas, mais ce ne sera pas un succès public ni critique.
Ridley Scott propose une incroyable vision du futur, nietzschéenne, non utopique et existentialiste. Or, au début des années 80, Reagan promet à l’Amérique un avenir positif, où le pays sera plus fort, avec une économie plus dynamique. Peu ont envie de voir des films dépressifs au cinéma et surtout, 1982 est l’année d’E.T. de Steven Spielberg. Deux films nettement plus pessimistes – aujourd’hui films cultes – sont restés dans l’ombre de ce succès : le remake de The Thing de John Carpenter, et Blade Runner. Mais le temps rend certaines œuvres classiques ou grandioses, à l’instar de ces deux films. Blade Runner trouvera peu à peu son public.
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Années 1990
Une copie 70mm différente du film de Ridley Scott, diffusée furtivement dans des avant-premières en 1982, est retrouvée et envoyée à l’UCLA (University of California, Los Angeles). Projetée aux étudiants, cette version sans happy end ni voix-off stupéfait les spectateurs. Le bouche-à-oreille fait le reste. Envoyée puis projetée à un Festival du Film 70mm, à Fairfax, Virginie, la copie du film rencontre un succès phénoménal, et les séances font salle comble. Troublés par le succès inattendu de cette version du film, les producteurs acceptent de sortir une nouvelle version avec l’accord de son réalisateur. Mais en visionnant cette version, Ridley Scott se rend compte qu’il s’agit d’une version déjà remaniée par les producteurs, et s’apparentant plus à une ébauche. Les personnes ayant découvert cette copie de travail lui demandent de sortir le film tel quel, ce que le réalisateur refuse, car il veut sortir Blade Runner tel qu’il l’a initialement pensé. Les producteurs voient enfin la possibilité de rentabiliser le film. Mais ils veulent battre le fer tant qu’il est encore chaud. Ils ne donnent pas assez de temps à Ridley Scott pour qu’il puisse restaurer le film, et monter une version pleinement satisfaisante à ses yeux. À la dernière minute et après une dernière querelle, les producteurs cèdent à l’exigence du réalisateur d’insérer les quelques secondes de la licorne.
Director’s Cut 1992
Si elle n’est pas encore conforme à la vision de son auteur, la Director’s Cut, telle qu’elle est ainsi baptisée, en est déjà très proche. Sortie en 1992, elle est projetée dans deux salles à titre d’essai. C’est un véritable triomphe. Le phénomène continue. Le film bénéficie alors d’une sortie nationale, qui est tout aussi couronnée de succès. Incidemment, cette version éveille des soupçons sur la véritable nature du héros. La scène de la licorne (étudiée plus tard dans cet article) divise les fans. Deckard serait-il un Répliquant ? En interviews, le réalisateur reste longtemps silencieux sur la question, laissant le doute s’installer, amplifié par l’arrivée d’Internet.
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Blade Runner devient un des films les plus étudiés à travers le web, sur des centaines de sites et forums de discussion consacrés au film. Arrive l’année 2000 où, interviewé pour un documentaire télévisé, Ridley Scott révèle enfin sa vision des choses : oui, Deckard est bien un Répliquant. Les rumeurs vont bon train, la presse parle d’une nouvelle version attestant davantage cette théorie.
Final Cut 2007
Après des années de problèmes de droits, en décembre 2007 (pour les 25 ans de Blade Runner) sort un coffret DVD exceptionnellement complet, comprenant pas moins de cinq versions du film : la version US de 1982, l’internationale de 1982, la Director’s Cut de 1992, une version de travail inédite (et sans la musique de Vangelis) et, bien sûr, la tant attendue nouvelle et dernière version, comme son nom l’indique, la Final Cut. Cette dernière a été supervisée par Ridley Scott, qui a entièrement restauré le son et les images avec le négatif original, et numérisé avec les outils technologiques actuels.
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Si cette Final Cut contient effectivement plus d’ambiguïté dans la scène de la licorne (l’ajout d’un contre-champs sur le visage troublé de Deckard), la plupart des autres modifications sont relativement insignifiantes : allongement de la séquence où Deckard quitte la femme qui le renseigne sur l’écaille de serpent, où il marche en direction de la boutique d’Abdul Ben Hassan (entrecoupée d’un fondu enchaîné), danseuses faisant un show derrière des cages en vitre (Ridley Scott cherche éventuellement à appuyer sur la perversité de sa cité babylonienne déjà déshumanisée et mercantile), Deckard au milieu de la foule demandant son chemin à un policier, entre autres. Mais ne boudons pas notre plaisir. Cette version est enrichie d’une image nette et très soignée, bien qu’un peu trop bleutée, et les effets spéciaux ont été améliorés (même si cela peut avoir un certain charme daté, les câbles soulevant les voitures de la police volantes ont été effacés, et leurs mouvements sont rendus plus fluides). Le plan de l’envol de la colombe a aussi eu droit à une rectification. Dans les précédentes versions, la colombe s’envole vers un ciel bleu qui contraste brusquement avec l’univers du film. Dans la Final Cut, un décor futuriste a été ajouté.
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Cette version reprend aussi les scènes violentes intégrales de la version internationale de 82, censurées aux Etats-Unis : le combat entre Deckard et Pris est plus long (Pris saisit Deckard par les narines, puis elle se fait tirer dessus trois fois au lieu de deux), lorsque Roy tue Tyrell en enfonçant les pouces dans ses yeux, il y a une projection sanglante des orbites, et enfin plus d’insistance sur le clou que Roy s’enfonce dans la main.
D’un point de vue de collectionneur, le coffret français est moins fourni, en terme de gadgets additionnels, qu’aux Etats-Unis, où les DVD (et des jouets bonus) sont vendus dans une mallette métallique, imitation de celle des Blade Runner pour transporter le test Voight-Kampf…
La licorne

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Voilà un des aspects du film qui a longtemps été controversé parmi les fans : Deckard est-il un Répliquant ? La version de 1982 identifie clairement le personnage principal comme un humain. Mais dix ans plus tard, Ridley Scott réinsère cette séquence montrant Deckard en train de rêver d’une licorne galopant à travers une forêt. La scène finale, où le Blade Runner trouve l’origami représentant une licorne laissé par Gaff, prend tout à coup une nouvelle signification.
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Une théorie, lancée par les fans, suggère que Gaff, le flic qui suit Deckard mais qui ne prend jamais part directement à l’action, connaît le rêve de Deckard, parce qu’il a accès aux fichiers le concernant. Il sait qu’il s’agit d’un implant de mémoire, et donc… Deckard serait un Répliquant.
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Beaucoup d’autres indices sont là dans le film pour entretenir cette théorie. Les Répliquants ont une lueur bien particulière dans le regard. Nous pouvons la remarquer dans les yeux de Rachael, lorsqu’elle passe le test de Voight-Kampf, dans ceux de Pris lorsqu’elle parle à J.F. Sebastien, chez les animaux artificiels comme le hibou de Tyrell, mais aussi… chez Deckard. Dans une scène avec Rachael, ils ont tous les deux cette lueur dans les yeux.
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Il y a également les photographies. Les Répliquants n’ont pas de famille ni de passé, Pourtant, Deckard découvre des clichés dans l’appartement de Léon. Les Répliquants semblent collectionner ces images, certainement pour s’inventer un passé qui ne leur appartiendra jamais. Or, le logement de Deckard regorge aussi de clichés photographiques, en couleur ou en noir et blanc, éparpillés sur son piano.
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Et puis, une fois les Répliquants Nexus 6 enfuis, pourquoi les généticiens n’en créeraient-ils pas un pour les chasser ? Après tout, les Répliquants sont créés pour faire les travaux avilissants et dangereux. Chasser des êtres physiquement forts et dotés de sensibilité est un travail avilissant et dangereux.
Cogito, ergo sum

« Je pense, Sebastien. Donc je suis. »
Pris à J.F. Sebastien

Cité littéralement, le célèbre Cogito de Descartes dévoile le paradoxe principal du film. Une machine qui pense n’en fait plus une machine. Cela nous amène aux questions philosophiques posées par le film, qui vont au-delà de Descartes.
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L’humanité devient capable de fabriquer des répliques d’êtres vivants difficiles à différencier des vrais humains. Au début du film, Deckard fait passer le test de Voight-Kampf à Rachael. Il met plus de temps que d'habitude pour découvrir qu’elle est un être artificiel. Tyrell, le concepteur, reconnaîtra trouver en ses créations génétiques d’étranges obsessions. Ce qui a rendu la tâche difficile au Blade Runner est que Rachael ignore qu’elle est un Répliquant, parce que Tyrell lui a inséré des souvenirs. « Plus humain que l’humain » est la devise du concepteur. Ses Répliquants sont de plus en plus parfaits, et de moins en moins faciles à démasquer. Seulement, s’ils déploient une puissance physique hors du commun, ils développent aussi une puissance d’esprit.
La séquence entre le « père et le fils » se termine différemment de celle décrite dans le scénario. Après avoir écrasé les yeux et la tête de Tyrell, Roy constate qu’elle est constituée de boulons et de ressorts (le mannequin a été créé pour le film mais n'a jamais servi). L’idée est que Tyrell n’est qu’une façade, poussant Roy à monter à l’étage supérieur de la pyramide pour découvrir le vrai créateur, mort depuis des années, dans un sarcophage. C’est une intéressante version que Ridley Scott n’a jamais pu tourner.
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« Quelle expérience de vivre dans la peur. Voilà ce que c’est d’être un esclave » dira Roy à Deckard, qui s’accroche désespérément à une poutrelle métallique pour ne pas tomber dans le vide. Roy se montre Spinoziste par les mots, mais aussi par les actes. C’est le chef des Répliquants, présenté comme un modèle de combat pour la colonisation. Mais après tué beaucoup de personnes, il rattrape à la dernière seconde le bras du Blade Runner venu pour le tuer (et qui a abattu les siens). Il nous donne à voir ce que Spinoza démontre, mais que personne depuis le Christ n’a mis en pratique. L’amour vainc la haine.
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La fin propose donc un chiasme : nous nous interrogeons sur Roy, le « Répliquant » aux émotions exacerbées, qui est finalement bel et bien humain, et sur « l’humain » Deckard, qui pourrait bien être un Répliquant. Si tel est le cas, alors le film expose un héros manipulé, qui a supprimé des êtres plus humains que lui. Cela remet en cause tout ce qu’il connaît, sur ce qu’il croit être la vérité et même sur son identité. Les Répliquants sont des surhommes tant physiquement que dans leurs sentiments, et cela les rend supérieurs aux humains. Ce thème sous-jacent côtoie des théories jungiennes, sur le symbolisme de l’inconscient collectif et des croyances communes.
Religion
Hormis les quelques figures religieuses qui traversent le récit (Hare Krishna, prêtres, nonnes, etc.), le film a plusieurs références et symboles bibliques notables. Dès les premières images, nous pouvons voir l’irruption d’une image insolite, celle d’un œil filmé en très gros plan, où se reflètent les lumières (et les flammes) de Los Angeles. Comme l’Œil de la Providence (symbole du regard de Dieu exerçant sa surveillance sur l’Humanité), l’Homme, représenté par cet œil, et les images grandioses de sa création, semble en faire un être tout-puissant. Mais d’emblée, sa suprématie s’avère toute relative : au cours de son test Voight-Kampf, Léon le Répliquant tire sur Holden. Instantanément, le Répliquant s’est montré plus fort.
L’œil, ce « miroir de l’âme », est un élément très présent. Le test de Voight-Kampf, permettant de discerner les Répliquants, analyse entre autres la dilatation de la pupille des individus. Ces Répliquants, créés par le « dieu » Tyrell, sont une allégorie des anges déchus (livre d’Hénoch, Ancien Testament). En effet, les Répliquants sont redescendus sur Terre, et Scott appuie cette métaphore dans la scène où Deckard élimine Zhora (les blessures aux omoplates de la Répliquante et sa posture rappellent un ange aux ailes coupées tombé du ciel).
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D’un point de vue moral et éthique, le film présente le reste du monde comme étant pire que les Répliquants. La société mercantile, décadente, déshumanisée et pervertie du Los Angeles futuriste, rappelle évidemment la symbolique Babylone du livre de l’Apocalypse, évoquée auparavant.
Il y a une référence biblique évidente dans les dialogues, lorsque Roy rencontre son « père » Eldon Tyrell. Ce dernier le compare au Fils Prodigue, une parabole connue tirée de la Bible (se référant à un fils qui revient à la maison, après avoir parcouru le monde en dilapidant son héritage, sans respecter l’éthique de son père).
À la fin, Roy, déjà figure du surhomme, a le pouvoir de vie ou de mort sur Deckard, suspendu au-dessus du vide. Contre toute attente, Roy sauve la vie au Blade Runner, et le remonte en le tenant avec sa main traversée d’un clou Christique (il se l’est planté pour retarder le processus de dégénérescence). Roy se sait condamné, et faire le mal ne peut plus l’aider en rien. Arrivé à la fin de son existence, il aime la vie plus que tout.
« J’ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion. J’ai vu des rayons fabuleux briller dans l’ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli, comme des larmes dans la pluie. Il est temps de mourir. »
Après ces paroles, il laisse la vie lui échapper, et lâche la colombe qu’il tient dans la main, symbole de l’Esprit Sain, de l’âme, mais aussi de l’âme rachetée dans la Chrétienté. En mourant, Roy est devenu humain.
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Blade Runner est un film riche et complexe, d’une profondeur inouïe, et qui jouit d’une réalisation éblouissante. Œuvre novatrice pourtant méprisée à sa sortie et descendue par la critique, elle devient vite l’initiatrice d’un renouveau esthétique, devenant la référence en matière d’imagerie baroque et gothique, avant d’être simplement considérée comme un inoubliable classique, un chef-d’œuvre absolu du cinéma. Blade Runner fascine et continuera de fasciner.
Major Tom.

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Dernière modification par Metal Rider le 12 juil. 09, 16:03, modifié 10 fois.
Tuck pendleton
Mogul
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Message par Tuck pendleton »

J'aime bien Blade runner

a noter qu'en 1997 est sorti le jeu d'aventure sur PC qui rendait très bien l'atmosphère du film. Un peu trop facile mais les fins était multiples.
Replicant ou non, du coté des flics ou des replicants etc...Scott a l'air d'avoir envie de faire la même chose sur son film :P

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Brice Kantor
Mister Ironbutt 2005
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Message par Brice Kantor »

Quand on voit Sean Young là dedans, puis "Ace ventura" après, ça fait mal...
Tuck pendleton
Mogul
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Message par Tuck pendleton »

Quid des éditions dvd actuelles?

Le zone 2 est il de bonne qualité?
une Méga édition prévu?
Jordan White
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Message par Jordan White »

Tuck pendleton a écrit :Quid des éditions dvd actuelles?

Le zone 2 est il de bonne qualité?
une Méga édition prévu?
L'édition actuelle contient le strict minimum, à savoir chapitrage et point barre. Aucun bonus à l'horizon. L'image est pas sensationnelle tout comme le son mixé en dolby surround.
Il est depuis longtemps question d'une édition spéciale avec le director's cut de Ridley Scott, mais toujours rien.
Tuck pendleton
Mogul
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Message par Tuck pendleton »

Jordan White a écrit :
Tuck pendleton a écrit :Quid des éditions dvd actuelles?

Le zone 2 est il de bonne qualité?
une Méga édition prévu?
L'édition actuelle contient le strict minimum, à savoir chapitrage et point barre. Aucun bonus à l'horizon. L'image est pas sensationnelle tout comme le son mixé en dolby surround.
Il est depuis longtemps question d'une édition spéciale avec le director's cut de Ridley Scott, mais toujours rien.
merci..bah je pense que scott ne va pas tarder
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

A chaque fois que je vois des photos du film, je suis pensif et les sensations éprouvées devant sa vision me reviennent. Brrrr.... 8) :)
J'adore tout dans film qui est l'un des rares à m'hypnotiser du début à la fin. Blade Runner est un film tellement riche et qui fait appel à tant de notions (mythologie, philosophie, sociologie, poésie, romantisme) et sa facture artistique touche au sublime. Bizarrement, si je préfère la version de 1992, j'éprouve de la nostalgie pour la voix-off de 1982. Sûrement parce que c'est à cette époque que je l'ai découvert et que je n'en ai pas dormi de la nuit ensuite. :wink:

Même si la "Director's cut" explicite l'identité de Deckard, je me souviens déjà avoir eu des doutes à l'époque de la première version. Car la mise en scène de Ridley Scott fait tout pour développer le mystère autour du Blade Runner joué par Ford. C'est un récit à la première personne qui insiste sur l'opposition entre Deckard et les réplicants. Plus on avance dans le film et plus les repères deviennent flous. Ainsi, le face à face final opposant Batty et Deckard dans un décor aménagé de surfaces réfléchissantes et en inversant la thématique chasseur/proie rapproche les deux "hommes" dans ce qu'ils ont de plus intime.

Je remarque aussi que l'on ne parle pas assez souvent de la relation Rachel/Deckard qui m'émeut particulièrement. Leur parcours parallèle est à la fois triste, douloureusement romantique et magnifiquement filmé. Leur relation fait totalement partie du questionnement identitaire proposé par le film. Et le final ouvert de la version de 1992 a une puissance que n'avait pas la version initiale. Car le message de Roy Batty (un patronyme qui me plaît...) trouve un aboutissement dans la réalité avec le pari sur l'avenir que vont tenter Deckard et Rachel.

Vivement l'édition DVD... :roll:
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Jake Scully
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Message par Jake Scully »

...
Dernière modification par Jake Scully le 4 juil. 13, 17:59, modifié 1 fois.
Scytales
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Message par Scytales »

J'émettrais quant même un petit doute sur le questionnement identitaire tel que Metal Rider, Roy Neary et The Rider le présentente et je proposerais une autre interprétation. Ils me semblent que vous opérez un déplacement de ce questionnement des Répliquants, qui courrent après une humanité qu'on leur refuse, vers Deckard, qui, lui, parraît trop humain.

Deckard, Répliquants? Il n'en a ni la force ni l'intelligence, quoique cela ne soit pas un argument tout à fait pertinent, car ses éventuels créateurs auraient très bien pu le limiter dans l'optique de son usage sur Terre. Lorsque l'on veut garder le contrôle de celui qu'on arme, il faut lui donner des armes moins puissantes.

Il est vrai également que la question récurrente du non-passage du test de Voigt-Kampf par Deckard (Descartes?) introduit un doute.

Cependant, comment interpréter ce doute? Comme un indice que Deckard pourrait bien être un Répliquant? Ou bien comme une espèce de défis non relevé lancé à un humain, un vrai, de passer un test destiné à tamiser les êtres d'apparence humaine pour séparer les vrais des faux (Herbert à la rescousse), test auquel il pourrait fort bien échouer (Rachel à bien presque réussi.)? Que montrerait alors un tel échec: que l'humain n'en est pas un, ou au contraire que l'échec est humain? Ce qui tendrait à abattre le mur entre les humains et les Répliquants? L'humanité troublante de Rachel, véritable Répliquante, me fait préférer la seconde interprétation. J'aime bien l'idée poétique qu'un Répliquants puisse acquérir une essence humaine grâce à une sensibilité que les hommes ne peuvent plus voir, peut-être parce qu'il ne savent plus reconnaître les sentiments qui les rendent humains («Like tears in rain»...).

Et si le chasseur et le chassé finisse par se mélanger, cela montrerait qu'il n'y a plus de différences entre l'Homme et le Répliquant. La magnanimité dont Roy fait preuve, lui qui épargne Deckard, n'est-elle pas le signe d'une noblesse toute humaine? Le vainqueur épargne le vaincu avant de mourrir... Une attitude profondément émouvante qui compte beaucoup pour la grandeur de cette scène.

Je dois avouer que mon désir de préserver l'identité des uns et des autres pour garder l'image de la quête touchante de l'humanité par ceux qui sont finalement des monstres de leur temps butte sur la question de la Licorne telle que vous la posez. La suite au prochain visionnage de ce film.

En attendant, j'aimerais bien que Metal Rider, s'il le veut bien, développe et illustre l'idée du parrallélisme esthétique entre Blade Runner et Métroplis, cette idée m'intéressant beaucoup.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Ce que tu dis Scytales ("J'aime bien l'idée poétique qu'un Répliquants puisse acquérir une essence humaine grâce à une sensibilité que les hommes ne peuvent plus voir, peut-être parce qu'il ne savent plus reconnaître les sentiments qui les rendent humains («Like tears in rain»...)") n'est pas incompatible avec le fait que Deckard soit un réplicant à l'origine. Il serait justement le premier de son genre à être devenu "humain, trop humain". Et sa rencontre avec Batty le renvoie à une image de lui-même qui serait passé à un stade supérieur d'humanité, un être qui porterait en lui les vestiges de sentiments humains disparus (comme David dans A.I. qui finit par représenter la "sauvegarde" de l'humanité). A la fin du film, les principes de vie de Deckard sont tout chamboulés mais il voit également plus clair. Et il emmène Rachel vers nouvelle vie basée sur ce qu'il a appris de Batty et de sa propre évolution.
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Jake Scully
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Message par Jake Scully »

...
Dernière modification par Jake Scully le 4 juil. 13, 17:59, modifié 1 fois.
Jordan White
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Message par Jordan White »

Je vais faire simple parce que sinon on va me tirer dessus à boulets rouges, mais je n'aime pas ce fim. Il ne me touche pas. Cependant je ne me permettrai jamais de dire qu'on a pas le droit d'admirer ou de vénérer ce film, au contraire libre à quiconque de l'adorer. Mais ce n'est pas du tout mon cas ( et j'ai essayé deux fois, rien à faire).
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Message par DannyBiker »

Jordan White a écrit :Je vais faire simple parce que sinon on va me tirer dessus à boulets rouges, mais je n'aime pas ce fim. Il ne me touche pas. Cependant je ne me permettrai jamais de dire qu'on a pas le droit d'admirer ou de vénérer ce film, au contraire libre à quiconque de l'adorer. Mais ce n'est pas du tout mon cas ( et j'ai essayé deux fois, rien à faire).
je crois qu'on a tous ça. The Big Sleep m'ennuie profondément par exemple; je n'y accroche pas du tout (vu deux fois aussi). Allez savoir pourquoi... :wink:

En ce qui concerne le film, je n'ai jamais vu la version initiale et j'attends avec impatience cette fameuse édition spéciale qui pourrait remédier à cette lacune. Mais en état, c'est un des meilleurs film de science-fiction à mes yeux tout simplement (pour la plupart des raisons déjà évoquées).
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tuco dunn
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Message par tuco dunn »

En bref, Blade Runner est une merveille.
voila qui résume ce que je pense de ce film, je n'ai pas grand chose à ajouter sinon que la vision de Scytales, ne me parrait pas du tout, comme l'a souligné Roy, incompatible avec le fait que deckard soit un réplicant, on voit dans ce film, justement cette nouvelle "race" de réplicant, qui sont capables de developper des "sentiments humains", même s'il semble qu'ils soient incapables de passer le test d'empathie comme le ferait un humain, pourtant Batty, en épargnant Deckard fait bien preuve de cette empathie, alors que quelque part c'était pourtant la difference entre humain et non-humain officiellement.
Je voudrais aussi souligner la superbe musique de Vangelis qui participe grandement à l'ambiance du film...
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Blade Runner fait depuis longtemps partie de mes films préférés ; je n'ai vu que la version 1992, et ce n'est que récemment qu'on m'a dit que Deckard est un répliquant.
J'avoue que je ne comprends vraiment pas bien en quoi les quelques indices (licorne) permettent de comprendre ça, c'est bien trop obscur pour être évident. D'autant plus que les répliquants n'ont pas de sang, à ce que je sache ; alors que Deckard, après s'être battu contre Leon, saigne assez clairement.

Enfin bon, il semble que ce soit évident que Deckard est un répliquant, soit. Il faudrait que je revois le film.
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