Mission : Impossible - Fallout (Christopher McQuarrie - 2018)

[la_vie_en_blueray]

C'est vrai que le 1 est different des autres. Il est aussi amusant que la scene de l'helico dans le tunnel vient de De Palma contre l'avis de tout le monde, et que cette scene a pratiquement défini toute le reste de la série. Mais le 1 est une suite de scenes d'anthologie avec ou sans action.

Le début du 2 avec cette escalade réelle dans le desert américain montre d'entrée ce que sera la série en terme de toujours plus chez Cruise, par contre je me rappelle rien de marquant du 3.

[AtCloseRange]

Je me demande combien de fois il faut voir le 1er pour voir ne serait-ce que le 10ème de ce que vous y trouvez.
Perso 2 fois, c'était déjà trop.

[tenia]

par contre je me rappelle rien de marquant du 3.

Le balancier pour sauter sur l'immeuble d'en face à Shanghai et l'évasion de Hoffman sur le pont, au minimum.
Et la course poursuite en bateau.
Et la course à pied de Cruise en fin de film, pas très éloignée de celle à Londres dans le 6e film, d'ailleurs.

[la_vie_en_blueray]

Faut que je le revoie. J'adore Hoffman, ca va aider.

Le fait est que j'ai du mal a voir le moindre style dans ce que fait JJ Abrams autre que celui du fanboy qui copie (Spielberg dans Super 8, Lucas dans SW7, etc) Pour moi c'est l'un des plus faibles reals a avoir bosser avec Cruise.

[tenia]

Bien plus que le fanboy qui copie, c'est surtout l'application du style appliqué sur Alias qui est transposé quasi tel quel au cinéma dans le film. C'était d'autant plus flagrant pour moi que j'ai vu le film en plein binge-watching / rattrapage de la série, et tout y est, en particulier dans la forme et le découpage du film. En somme, Abrams y fait du pur Abrams, ce qui place probablement MI3 à part dans sa filmo.

[la_vie_en_blueray]

Ca n'aide pas que tout le casting des second roles d'Alias est dans MI3.

[tenia]

Ca n'aide pas que tout le casting des second roles d'Alias est dans MI3.

Ça fait pour moi partie de la chose, et n'est d'ailleurs pas limité à Alias et aux acteurs : Abrams a aussi amené avec lui Giacchino à la BO, Kurtzman et Orci au scénario, Mindel à la photo, Keri Russell côté casting, et évidemment Markey et Brandon au montage (je suppose que le plus gros des liens entre MI3 et Alias se situe d'ailleurs là). Sans compter le grand magicien d'Alias aux SFX : Kevin Blank (ici VFX supervisor) (je découvre en passant que Blank à taffer sur La légende de Zu ).

Mais ça faisait pour moi partie du charme de retrouver une équipe qui semblait toute trouvée pour faire du Mission Impossible, dont Alias était clairement inspirée. La boucle était bouclée en ce sens.
C'est intéressant aussi de voir comment, en un sens, le style du 3e film anticipe beaucoup celui des suites à venir, probablement bien plus que les 2 films précédents.

[Major Tom]

Je me demande combien de fois il faut voir le 1er pour voir ne serait-ce que le 10ème de ce que vous y trouvez.
Perso 2 fois, c'était déjà trop.

Perds pas ton temps à le revoir. Tu ne vois déjà aucune différence entre M:I et James Bond, alors même avec des captures d'écran démontrant notre analyse, tu ne verrais pas la différence entre le 1er et les autres. Vois d'autres films.

[Demi-Lune]

Putain exactement le même débat qu'on a eu avec ACR en... 2012.

Je pense, au contraire, que Mission:Impossible s'insère avec beaucoup de cohérence dans la filmographie de De Palma

J'irai même encore plus loin : Mission Impossible est l'une des synthèses de la pensée de De Palma, comme peuvent l'être Blow Out ou Body Double.

Vous poussez quand même...
On dirait que ça vous défrise de reconnaître que Mission impossible (peu importe qu'il s'insère dans les thématiques de De Palma) ressemble plus à un blockbuster lambda qu'à un film classique de De Palma.
On va encore me ressortir qu'il faut voir au-delà des apparences, etc...

Quel casse-c*lle celui-là. Et vas-y qu'après il se plaindra qu'une autre saga manque, elle, de réalisateurs talentueux.

Ben c'est un blockbuster parce qu'il en affiche clairement la volonté (adaptation d'une série célèbre en grosse production, Tom Cruise/Jon Voight, Reno/Béart alors bankables, la très célèbre musique, des promesses de grand spectacle), mais "lambda" non, car au-delà de ça, De Palma a beaucoup participé dans la pré-production du film comme il le rappelait dans son livre d'entretiens, ajoutant son style, ses repères, ses marques de fabrique, beaucoup, beaucoup plus que pour Mission To Mars où il est arrivé en cours de route. Il a notamment lui-même souhaité en finir très vite dans le film avec les conventions de la série auxquels tout le monde s'attend, et élargir l'importance d'Ethan Hunt. Et puis on retrouve tout: caméras de vidéos surveillance, thèmes de la trahison, du complot, de la manipulation par les images, son intérêt pour la technologie (ici très proche de son futur Snake Eyes, film plus "personnel" mais proche de M:I à ce niveau), ses grosses références cinématographiques (Topkapi) pour en faire une scène d'anthologie (rappelant cette autre adaptation de série qu'est Les Incorruptibles où il s'investissait tout autant, et sa référence à Potemkine) qui prouve qu'il avait quand même les mains libres, etc. etc. Ça n'en fait pas un film personnel parce qu'il est encadré par Tom Cruise à la production, mais on sent bien que De Palma est très largement passé par là...

Pourquoi le reconnaître, puisque je ne le pense pas ?
C'est surtout ton obstination à ne voir dans ce film qu'une grosse machine anonyme qui est surprenante. Sans que tu n'argumentes plus d'ailleurs, chaque fois que le sujet revient.
Pourtant pour tout amateur du cinéaste il est vite manifeste que Mission Impossible est de la même étoffe que les démonstrations théoriques de Body Double ou Blow Out sur la manipulation des images, l'essence trompeuse du cinéma tel que le conçoit De Palma en opposition à Godard. Ce film est une sorte d'aboutissement de son expression intellectualisée, sans le cynisme provocateur de Body Double ni le pessimisme de Blow Out : le personnage principal, maître dans l'apparence et les faux-semblants et évoluant dans un monde du double jeu, du mensonge, fait les frais d'un complot (comme beaucoup d'autres avant lui dans la filmo du barbu) et doit justement comprendre la nature de cette manipulation, ce qui revient à comprendre l'essence même de l'art cinématographique de De Palma (cf. la scène centrale et géniale de la gare qui lève le voile sur COMMENT mettre en scène).
Le tour de force est que De Palma fait constamment dériver le scénario vers ses obsessions en tordant un par un les impératifs liés à la nature commerciale du projet. Dans ses partis-pris (scène d'action sur le TGV exceptée) ce film ne ressemble franchement en rien à un blockbuster lambda : silences (érigé en principe absolu lors du casse à Langley), affrontements mentaux, beaucoup de dialogues, pratiquement aucun coup de feu ni explosion, pas de romance, générique qui dévoile ironiquement tout de ce qui va arriver sans qu'on ait le temps de piger, etc. Tout le film s'apparente à une mise en abyme des thématiques depalmiennes, au travers d'une récapitulation des motifs liés à la vue, au double, à la duperie, aux masques, qui s'enrichit d'une approche plus spirituelle que jamais : le jeu de l'espionnage est un jeu intellectuel. C'est un terrain idéal pour De Palma qui se réapproprie par conséquent la manipulation consubstantielle à cette profession et fait par la même occasion son film à mon sens le plus théorique sur l'illusion cinématographique, s'amusant comme un fou, avec une virtuosité technique qu'il ne retrouvera presque plus, à nous balader dans les méandres d'un scénario à multiples niveaux et à nous faire son grand tour de passe-passe (à l'image de Tom Cruise avec sa disquette). Pour moi il accouche d'un film atypique et d'une intelligence folle, irrigué de fond en comble par sa personnalité.
L'analyse de Luc Lagier sur le film est d'une richesse vertigineuse, je te la conseille. Tout comme une révision du film.

Lambda n'était peut-être pas le bon terme mais Mission Impoossible ressemble beaucoup plus à un autre film de la franchise qu'à un film de la première partie de carrière de De Palma. C'est surtout ça que je voulais dire. Et ce, quoique vous puissiez me sortir comme argument.
ça reste une commande qu'il a peut-être impregné de ses obsessions mais je préférerais toujours un Femme Fatale ou un Esprit de Cain dans lesquels on peut considérer qu'il se parodie à un Mission Impossible.
Mais de toute façon, ça rejoint les discussions qu'on a pu avoir sur Scorsese et Hugo Cabret. Je ne pense pas que ces cinéastes venus de la "marge" et du Nouvel Hollywood peuvent s'intégrer sans casse dans le moule hollywoodien d'aujourd'hui.
Si la greffe a pu en partie fonctionner dans les années 80 (bien que peu respecté, la Couleur de l'Argent est bien meilleur que tout ce que fait Scorsese depuis 15 ans), dans le cinéma actuel, ça me semble illusoire.

EDIT: je vais le revoir. Comme ça, je pourrais en dire encore plus de mal (souvenirs lointains)

Et au final

Revu Mission Impossible et je ne change guère d'avis.
Oui, c'est un blockbuster de "qualité" mais ce n'est pas tellement plus que ça. Le simple fait qu'on y retrouve certaines obsessions de de Palma ne change rien. Pour moi, le cinéma de de Palma est ancré émotionnellement et un des plus déchirants qui soit (Carrie, Blow Out, Obsession, Phantom of the Paradise, Outrages, etc...).
Là, sincèrement, on en a rien à battre de ce qui arrive à ces pantins. On est dans du cinéma technologique, soit le contraire de ce que j'attends de lui.
Qui peut être touché par ce qui arrive à Tom Cruise ou à Emmanuelle Béart dans ce film?
Il y a bien quelques bonnes scènes (Langley, la scène au café avec Phelps ou l'explosion de l'aquarium) mais on voit aussi que de Palma se fiche totalement de certaines scènes (faut dire que se fader Jean Reno, ça a pas dû être drôle tous les jours).
C'est meilleur que le John Woo, à peu près au niveau du Abrams et moins bon que le Bird, le seul à prendre vraiment le sujet par le bon bout.

[AtCloseRange]

ET maintenant je me dis même que le Woo est peut-être meilleur!

[Jeremy Fox]

ET maintenant je me dis même que le Woo est peut-être meilleur!

Je te soutenais en silence jusque là mais tu viens de déraper

[Major Tom]

Le De Palma est une leçon de mise en scène.
Les autres, des films à la gloire de Tom Croute.
Fin. Topic clôturable.

[tenia]

Oui alors le 1er film est déjà bien à la gloire de Tom Cruise comme il faut.
Ca ne l'empêche pas d'être un très bon film, et certainement un film d'intégrant très bien dans la filmo de De Palma, mais il n'empêche.

[Major Tom]

Oui alors le 1er film est déjà bien à la gloire de Tom Cruise comme il faut.

Pas exactement. Ce film le paraissait à l'époque, c'est vrai (ça doit d'ailleurs être à ce moment-là que Cruise a commencé à me saouler), mais maintenant qu'on a les 2, 3, 4, 5... sous les yeux, pour moi le 1 est le seul qui ressemble encore à un VRAI film de cinéma avec juste un héros principal, et qui ne fasse pas simplement télé-réalité sur son acteur-producteur star.

[tenia]

Je comprends la nuance, et je pense qu'on va être en désaccord sur la finesse du curseur, mais par ex, la séquence de l'aquarium, qui se clôture sur Cruise qui court comme Forrest Gump, on est déjà en partie dans le tout-Cruise. Même la séquence de Langley ne dépareille pas des tonnes des situations qu'on voit par la suite, où tout tourne autour de Cruise. Et la scène finale, n'en parlons même pas.
D'ailleurs, même l'intro fait le ménage pour qu'il ne reste littéralement plus que lui.