Hérédité (Ari Aster - 2018)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par Demi-Lune »

mannhunter a écrit :
Demi-Lune a écrit :De mon côté, j'ai aussi beaucoup pensé à Audrey Rose
Vu il y a longtemps, j'avais aimé, mais le traitement de Wise n'était pas comparable à celui d'Aster, dans mon souvenir...
Non, le traitement est effectivement très différent. Le film de Wise n'est pas un film d'épouvante mais un drame à dimension fantastique, comme peut l'être Birth de Glazer par exemple.
Mais ce deuil impossible et cette chimère de s'accrocher à l'espoir de revivre ne serait-ce qu'un instant aux côtés de l'enfant défunt, ça m'y a fait penser. Et Audrey Rose mourait dans un accident de voiture.
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G.T.O
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par G.T.O »

Désolé Demi-Lune mais je ne vois aucun rapport entre la fin d'Hérédité et celle de Rosemary Baby ( et c'est tant mieux comme dirait Manny :twisted: ) ou bien encore de Ne vous retournez pas. L'histoire, comme le style, différent totalement. Je vois plutôt Hérédité comme une sorte de relecture de film de possession, mais envisagée depuis le point de vue des sacrifiés, les protagonistes ignorant tout du plan qui les surdétermine. C'est suffisamment original et ironique d'un point de dramatique, pour ne pas venir le confondre avec le Polanski ou le Roeg. Après concernant cette dernière partie plus directe et résolutoire, je ne la trouve pas en deçà. C'est une rupture de ton, qui réoriente le film dans une direction plus surnaturelle et mythologique. Les choses ne sont pas laissées en suspension, ce qui ne veut pas dire que le sens du film s'épuise; bien au contraire. Perso, je trouve cette fin impressionnante et culottée. Une "naissance qui sonne comme une renaissance, la fin du deuil. Nous ne sommes plus dans le registre de la peur mais dans celui plus étrange d'une famille recomposée, de manière "sur-humaine". Une fin quasi magique avec un sentiment très particulier de réconfort.
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Demi-Lune
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par Demi-Lune »

G.T.O a écrit :Désolé Demi-Lune mais je ne vois aucun rapport entre la fin d'Hérédité et celle de Rosemary Baby
Spoiler (cliquez pour afficher)
La manière dont le spectateur est associé à la solution du film (avec un personnage qui accède littéralement à la chambre des secrets), les démonolâtres à poil (bon, dans Rosemary's baby c'est pendant le viol de Mia Farrow qu'on les voit comme ça) tous réunis en dévotion devant la nouvelle incarnation de Paimon, le portrait de la grand-mère sorcière qui trône en évidence comme celui d'Adrian Marcato dans l'appartement des Castevet, la fatalité d'un héritage atroce imposé au personnage humain, pour permettre le grand accomplissement... On est pour moi au-delà de conventions qui seraient propres à la devilsploitation : la manière dont cette scène est agencée (et ce, nonobstant ses idées propres et marquantes, au demeurant) appelle clairement le souvenir de Rosemary's baby.
D'ailleurs, je ferai remarquer que c'est le cinéaste lui-même qui revendique l'héritage du film de Polanski (et celui de Roeg). J'en déduis donc qu'il confond lui-même...
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cinephage
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par cinephage »

Les révélations du dernier tiers, ainsi que, pour partie, la forme de ces révélations, comporte aussi quelques points communs avec Kill List, de Ben Wheatley. Sur le plan narratif, mais aussi au niveau du son.
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G.T.O
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par G.T.O »

Demi-Lune a écrit :
G.T.O a écrit :Désolé Demi-Lune mais je ne vois aucun rapport entre la fin d'Hérédité et celle de Rosemary Baby
Spoiler (cliquez pour afficher)
La manière dont le spectateur est associé à la solution du film (avec un personnage qui accède littéralement à la chambre des secrets), les démonolâtres à poil (bon, dans Rosemary's baby c'est pendant le viol de Mia Farrow qu'on les voit comme ça) tous réunis en dévotion devant la nouvelle incarnation de Paimon, le portrait de la grand-mère sorcière qui trône en évidence comme celui d'Adrian Marcato dans l'appartement des Castevet, la fatalité d'un héritage atroce imposé au personnage humain, pour permettre le grand accomplissement... On est pour moi au-delà de conventions qui seraient propres à la devilsploitation : la manière dont cette scène est agencée (et ce, nonobstant ses idées propres et marquantes, au demeurant) appelle clairement le souvenir de Rosemary's baby.
D'ailleurs, je ferai remarquer que c'est le cinéaste lui-même qui revendique l'héritage du film de Polanski (et celui de Roeg). J'en déduis donc qu'il confond lui-même...
L’idée de prédestination n’est pourtant pas propre au film de Polanski. Ni l’ironie dramatique dont sont victimes les protagonistes. C’est un thème et un procédé récurrent dans le cinema fantastique. D’ailleurs, le Polanski ne traite pas vraiment de sacrifice à proprement parler, mais de viol, de grossesse indésirable. Élément que le film traite de manière quasi fantasmagorique, comme relevant d’un problème de santé mentale, produit de l’alienation mentale et solitude
de Rosemary. Je n’aime pas le film mais c’est une ambiguïté que le film entretient jusqu’au bout et qui réfute possiblement la piste satanique. Quoiqu’en dise, le fim d’Aster est de ce point de vue moins ambivalent, plus frontalement horrifique. Le film ne fait pas l’hypothèse psychotique comme une maniere de défense d’une subjectivé. Après concernant les dites references, Aster parle autant du Polanski et du Roeg que de Dogville et de Bergman, donc bon...
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G.T.O
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par G.T.O »

cinephage a écrit :Les révélations du dernier tiers, ainsi que, pour partie, la forme de ces révélations, comporte aussi quelques points communs avec Kill List, de Ben Wheatley. Sur le plan narratif, mais aussi au niveau du son.
Exact. Beaucoup pensé au Wheatley. Et, bien sûr évidement concernant l’aspect ironique du jeu sacrificiel à The Wicker man
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G.T.O
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par G.T.O »

Tiens, puisque tu ne viens même pas te déplacer Cinéphage :D , je me permets de poster ton avis :
Cinéphage a écrit : Héréditaire, de Ari Aster (2018) 8/10 - Un récit d'horreur sans concession, qui se distingue par une mise en scène aussi originale qu'ambitieuse, et une ambiance oppressante... A revoir à tête reposée.
aelita
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par aelita »

G.T.O a écrit :
Désolé Demi-Lune mais je ne vois aucun rapport entre la fin d'Hérédité et celle de Rosemary Baby ( et c'est tant mieux comme dirait Manny :twisted: ) ou bien encore de Ne vous retournez pas. L'histoire, comme le style, différent totalement. Je vois plutôt Hérédité comme une sorte de relecture de film de possession, mais envisagée depuis le point de vue des sacrifiés, les protagonistes ignorant tout du plan qui les surdétermine. C'est suffisamment original et ironique d'un point de dramatique, pour ne pas venir le confondre avec le Polanski ou le Roeg. Après concernant cette dernière partie plus directe et résolutoire, je ne la trouve pas en deçà. C'est une rupture de ton, qui réoriente le film dans une direction plus surnaturelle et mythologique. Les choses ne sont pas laissées en suspension, ce qui ne veut pas dire que le sens du film s'épuise; bien au contraire. Perso, je trouve cette fin impressionnante et culottée. Une "naissance qui sonne comme une renaissance, la fin du deuil. Nous ne sommes plus dans le registre de la peur mais dans celui plus étrange d'une famille recomposée, de manière "sur-humaine". Une fin quasi magique avec un sentiment très particulier de réconfort.
D'accord avec toi. Mais aussi un peu en phase quand même avec Demi-Lune (j'ai pas mal pensé au film de Polanski, pas trop au Roeg).
Je dois dire que quand le film s'oriente de façon plus explicite vers un film de possession et de sorcellerie, j'ai eu un peu peur qu'il emprunte des sentiers trop balisés. Mais non, ça reste original et personnel jusqu'au bout. En revoyant le film, on pourra peut-être repérer des indices ou plutôt les éléments du puzzle(quant à la conclusion) semés par le réalisateur.
Wicker man ? Pourquoi pas (pour le côté rassemblent sataniste ), mais d'assez loin quand même.
Une crainte quand même : qu'après ce coup d'essai/coup de maître, le réalisateur ait du mal à faire aussi bien (dans le domaine du cinéma horrifico/fantastique).
PS La gamine est vraiment flippante.
Dernière modification par aelita le 19 juin 18, 20:28, modifié 2 fois.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par Watkinssien »

Une chose qu'on oublie un peu dans les avis lus ici, c'est la formidable interprétation de Toni Collette. Elle est littéralement impressionnante dans un rôle difficile, autant pour ses capacités physiques que son aptitude à changer de registre au sein d'une même séquence. Je la rapproche de l'excellente performance d'Essie Davis dans The Babadook.

Quant au projet en lui-même, ça fait quand même du bien de voir un film horrifique qui prend le genre avec une hauteur d'esprit et un sérieux respectable. Oeuvre névrotique et habitée par une douleur, une tension et un mal-être tangibles, Hérédité demeure étrange et anxiogène, parvient à angoisser par un sens de la mise en scène clinique et des cadres élaborés .

Je trouve néanmoins que la dernière partie perd de sa force symbolique, la recherche des effets parfois grossiers est assez plombante et G.T.O. a vu juste quand il dit que la jeune Milly Shapiro est le meilleur effet spécial du film.
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mannhunter
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par mannhunter »

Watkinssien a écrit :Une chose qu'on oublie un peu dans les avis lus ici, c'est la formidable interprétation de Toni Collette. Elle est littéralement impressionnante dans un rôle difficile, autant pour ses capacités physiques que son aptitude à changer de registre au sein d'une même séquence. Je la rapproche de l'excellente performance d'Essie Davis dans The Babadook.
Oui un retour assez impressionnant pour Toni Collette, je ne suis pas pleinement convaincu par le film mais on peut souligner la qualité du casting...et un rôle qui "converse" avec celui qu'elle tenait dans "Sixième sens". :wink:
Bien vue sinon la comparaison avec "The babadook" qui précède le film d'Aster, autre film assez dur, anxiogène, bien interprété...
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par Torrente »

Je l'ai toujours trouvée très bien la Collette (même dans les navets).
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reuno
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par reuno »

aelita a écrit :Une crainte quand même : qu'après ce coup d'essai/coup de maître, le réalisateur ait du mal à faire aussi bien (dans le domaine du cinéma horrifico/fantastique).
Je ne sais pas trop vers quel type de film il va se diriger ensuite mais dans son interview dans Mad Movies il semblait ne pas forcément vouloir s'attacher au genre horrifique. Il dit s'y être attaquer presque opportunément, voulant depuis longtemps réaliser un premier long métrage. Et le film d'horreur lui semblait être le moyen le plus simple.

Sinon c'est vrai, la comparaison à Kill list. Je n'y avais pas pensé... et pourtant j'adore ce film.
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par Sigur-Cinéma »

reuno a écrit :
aelita a écrit :Une crainte quand même : qu'après ce coup d'essai/coup de maître, le réalisateur ait du mal à faire aussi bien (dans le domaine du cinéma horrifico/fantastique).
Je ne sais pas trop vers quel type de film il va se diriger ensuite mais dans son interview dans Mad Movies il semblait ne pas forcément vouloir s'attacher au genre horrifique. Il dit s'y être attaquer presque opportunément, voulant depuis longtemps réaliser un premier long métrage. Et le film d'horreur lui semblait être le moyen le plus simple.

Sinon c'est vrai, la comparaison à Kill list. Je n'y avais pas pensé... et pourtant j'adore ce film.
A priori il devrait rester dans l'horreur pour son prochain. Le projet est annoncé comme intégralement financé par A24 qui distribue Heredité au États-Unis (et dont ça serai le + gros budget). Je n'ai plus la référence de l'info par contre.
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G.T.O
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par G.T.O »

Ari Aster en parle dans Film Comment et dans Film Stage de ce nouveau film d’horreur intimiste Midsommer.

“It’s an apocalyptic breakup movie,” Aster told Film Comment when asked to describe his new film, titled Midsommer. The film will follow a young couple’s vacation to a Swedish village, where they discover the residents’ peculiar traditions and rituals. As one of the main characters carries pain from a recently deceased loved one, these rituals become cloaked in a sense of dread.
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Re: Hérédité (Ari Aster - 2018)

Message par Flol »

Encore un peu de mal à appréhender clairement ce que je viens de voir, donc je vais pour l'instant me contenter de copier/coller mon bref avis posté dans un autre topic :
Angoissant, malaisant, oppressant, puissant, impressionnant...bref tout plein d'adjectifs en "-an" pour ce qui constitue une belle grosse claque dans mon visage et accessoirement le film le plus flippant vu en salles depuis...depuis quand, en fait ?

Ah si, je voulais quand même rajouter un truc : j'aime beaucoup Ann Dowd, c'est vraiment une excellente comédienne ; mais sa présence en elle-même constitue ce qu'on pourrait appeler un spoiler vivant : dès que tu la vois quelque part, tu sais que son personnage n'est pas net et que l'histoire ne va pas tarder à partir en couilles. :|
Autre chose : bien que l'on pense évidemment à The Exorcist, Don't Look Now, The Witch voire Kill List, le film n'est jamais écrasé par ses références. Pour un premier long, c'est quand même super fort.
Et enfin : s'il y a des personnes qui parcourent ce topic et n'ont pas encore vu le film, suivez mon conseil : renseignez-vous le moins possible sur son contenu et évitez toute bande-annonce, l'expérience n'en sera que plus dingue.
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