Je pense justement que le décorum oasis n'est ni vraiment l'espace des années 80 ni celui de 2018. A mes yeux c'est une sorte d'entre-deux, de cinéma de passage entre deux époques, qui inclut une partie de la représentation inaboutie du futur des années 80 qui se retrouve coincé dans une époque comme la nôtre qui n'est pas en mesure de représenter non plus celle de demain. Cet entre-deux illustre une sorte de passage de témoin opéré par Spielberg, quelque chose de fondamentalement instable et foutraque qui, comme tu le soulignes, interroge sur notre représentation et notre place dans cette histoire du/de cinéma.Demi-Lune a écrit :Pour moi, le fantasme des années 80/90 se limite au fait qu'on trouve des personnages ou des véhicules de cette époque dans le décorum de l'OASIS.Coxwell a écrit :C'est quoi "être en avance" si on estime que Ready Player One ne cherche justement pas à l'être,à se projeter dans le monde de demain à partir de la représentation d'aujourd'hui (technicité et morphing inclus) mais plutôt à partir du fantasme représentatif des années 80-90 ?
Le décorum, lui, n'obéit absolument pas à un fantasme qui serait représentatif de cette époque, c'est là que se noue notre plus gros désaccord. Car tout dans ce décorum transpire au contraire le triomphe des formes dégénérées des Marvel/DCU contemporains.
On me ressortira sans doute la séquence Kubrick en contre-exemple, mais je ferai remarquer que le film en question est moins caractéristique d'une forme typique des années 80 que d'une forme n'appartenant qu'à son seul créateur. C'est un film emblématique de cette décennie, mais pas pour des raisons de style. Pour l'anecdote, le premier film envisagé dans le brainstorming était Blade Runner... bien plus "fantasmatique" en termes de représentation, à mon sens.
Si l'OASIS se voulait vraiment un fantasme représentatif des années 80/90, il tâcherait tout bonnement de ressembler aux films et aux jeux de cette époque (comme peut l'être tout un courant musical actuel comme le retrowave vis-à-vis de la musique électronique). Pour moi, le film est totalement figé dans le temps présent : il immortalise la forme dominante de 2018, qui semble du coup contradictoire avec la culture de Halliday, justement portée sur les années 80/90 — sans parler de l'incongruité de se dire que des MAJ de l'OASIS sont faites (cf. la nouvelle combinaison trop cool qu'il faut absolument avoir) sans qu'il n'y ait justement d'actualisation (donc, d'invention de forme du côté de Spielberg) du MMORpg à proprement parler en termes esthétiques. Dit autrement, l'OASIS est soit pas assez rétro/ringard, soit pas assez visionnaire : il est dans un entre-deux incohérent en termes de formes.
Là je suis complètement d'accord, le film force à l'interrogation.Coxwell a écrit :Il me semble que ce choix me paraît bien délibéré, sachant justement que Spielberg a déjà montré qu'il en avait fait d'autres bien différents par le passé (Minority Report notamment). A quoi reproduire une plastique similaire et des choix de direction artistique qui le seraient tout autant ?
Le débat est très intéressant car on peut gloser à l'infini sur ce film. Pour moi c'est un gros échec artistique mais je ne peux pas nier que le film me travaille.
Mais je pense tout simplement que cette forme est la résultante du mouvement formaliste opéré avec le numérique de Tintin et du Bon gros géant et qu'il n'y a pas grand-chose de "théorisé" là-dedans.
Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
De toutes façons on se doutait qu'il allait pas se retrouver IRL avec Melissa McCarthy, j'ai trouvé un peu ridicule la tache de naissance comme si il fallait qq chose pour "l'enlaidir".Flol a écrit :J'y repense juste là, un autre truc qui m'a amusé : Art3mis qui dit à Wade "ouhla attention, je ne ressemble pas du tout à mon avatar dans la réalité". Mais bien sûr. Parce qu'elle ressemble pas DU TOUT à Olivia Cooke en vrai...
Tandis qu'elle, elle avait franchement de quoi être déçu en voyant la vraie gueule de Tye Sheridan qui n'a aucune espèce de ressemblance avec son avatar.
Alors ça a l'air de simples détails vus comme ça, mais me concernant un détail + un autre détail + 46 autres détails de la même sorte, ça a tendance à me faire sortir d'un film.
(pardon de m'insérer au sein du débat "Ready Player One est laid mais en fait c'est fait exprès")
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Ça a peut-être été évoqué mais j'ai trouvé le monde réel peu travaillé. J'ai du mal à le trouver réussi et ça fait même un peu chier de se dire que l'OASIS est plus cohérent, en comparaison. Direction artistique bien moche, également. Et ça, ça vaut pour le film entier.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Non, c'est la Lara Croft "classique" avec sa poitrine opulente et son débardeur moulant bleu/turquoise (avant la course, dans le bar et lors de la bataille finale).Demi-Lune a écrit :Mais la Lara Croft qu'on voit justement dans le film, c'est celle de maintenant, celle de Rise of the Tomb Raider.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Ah fuck... mea culpa.Spike a écrit :Non, c'est la Lara Croft "classique" avec sa poitrine opulente et son débardeur moulant bleu/turquoise (avant la course, dans le bar et lors de la bataille finale).Demi-Lune a écrit :Mais la Lara Croft qu'on voit justement dans le film, c'est celle de maintenant, celle de Rise of the Tomb Raider.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Brody a écrit :Pas un très grand Spielberg, mais ça reste largement supérieur au tout venant. Etonnamment pas dérangé par le visuel du virtuel que j'appréhendais beaucoup, et une sincérité appréciable. Je vais tenter de contrebalancer les avis assassins dès que pourrai dans le topic du flim.
ballantrae a écrit :Ready player one de S Spielberg n'est pas une catastrophe et s'avère même parfois agréable mais esthétiquement ce qu'on pouvait supputer en voyant la BA est vérifié: les références 80' pullulent de manière désordonnée dans une esthétique de jeu vidéo qui ne me séduit guère malgré un découpage très dynamique lors de la poursuite en auto, la part de réel est assez terne, les enjeux plutôt enfantins.
Le passage sur Shining est rigolo mais plutôt anecdotique, idem pour le surgissement assez inattendu d'Excalibur de Boorman.
Mais bon après la maestria de Pentagon papers, il pouvait s'offrir une récré oubliable.
Thaddeus a écrit :Ready player one (Steven Spielberg, 2018)
Du roi incontesté de l’entertainment et de la pop culture qu’il a engendrée, on aurait pu s’attendre à un rollercoaster révolutionnaire, sondant le rapport contemporain de l’image au virtuel et annonçant le futur plausible d’une post-humanité toujours plus soumise au règne invasif du numérique. On se retrouve face à un divertissement déceptif, presque schizophrène, assez stéréotypé dans son développement narratif et la relative platitude de ses personnages, mais très personnel dans l’autoportrait que l’auteur y livre en filigrane – éternel enfant rêveur confronté à l’immensité de son héritage. Derrière la vitesse, la fluidité et le plaisir, notions maîtresses d’une cavalcade saturée de signes et de stimuli, c’est donc bien la hantise de l’échec qui colore d’inquiétude ce tourbillon hybride et souvent ébouriffant. 4/6
cinephage a écrit :Ready Player One, de Steven Spielberg (2018) 10/10 - Spectacle total, réflexion personnelle à la fin d'un parcours créatif qui a contribué à l'élaboration d'une pop culture écrasante aujourd'hui (Del Toro avait un discours proche récemment), fantasme geek aux mille références, le dernier Spielberg se révèle, au delà d'un spectacle jubilatoire, d'une richesse inespérée pour moi. Un film dont je sais d'ores et déja que je vais le revoir plusieurs fois sans en épuiser la richesse pour autant.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Mais qu'elle connasse...Y a t'il plus con au monde qu'une féministe?
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Tu veux dire qu'une mauvaise représentante du féminisme?hellrick a écrit :Mais qu'elle connasse...Y a t'il plus con au monde qu'une féministe?
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
La même nous avait pas sorti une critique axée sur le même angle récemment, et totalement à côté de la plaque ?
Mon dieu mais c'est invraisemblable de se dire critique ciné et d'en arriver à écrire des trucs pareilles :
"Halliday, a white man, loved, well, pretty much what you'd expect from a white man in that decade. There's Back to the Future, John Hughes movies, old video games, Duran Duran, "Video Killed The Radio Star." Halliday's affinity for '80s culture does not include Michael Jackson (who does earn one shoutout in the film)"
Et je me suis arrêté là, j'en ai marre de me taper des articles de ce style.
Mon dieu mais c'est invraisemblable de se dire critique ciné et d'en arriver à écrire des trucs pareilles :
"Halliday, a white man, loved, well, pretty much what you'd expect from a white man in that decade. There's Back to the Future, John Hughes movies, old video games, Duran Duran, "Video Killed The Radio Star." Halliday's affinity for '80s culture does not include Michael Jackson (who does earn one shoutout in the film)"
Et je me suis arrêté là, j'en ai marre de me taper des articles de ce style.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Est ce que ça existait avant ce genre de texte, j'ai l'impression qu'on ne voit plus que ça depuis environ 2 ans alors est ce que ça existait avant mais que ça restait confiné dans la sphère des "déjà convaincus" parce qu'il ne me semble pas en avoir jamais vu avant 2015...
Mais c'est p'tet moi, ça fait pas longtemps que je connais des mots comme SJW, féminazie, etc.
ou c'est vraiment une invention récente?
Mais c'est p'tet moi, ça fait pas longtemps que je connais des mots comme SJW, féminazie, etc.
ou c'est vraiment une invention récente?
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Je me souviens d'avoir lu que c'était dû à la définition la plus récente du féminisme (peut-être celle donnée par la quatrième vague du féminisme ?), tellement vague qu'elle est la porte ouverte à toutes les dérives.
D'ailleurs, après une brève recherche sur la Toile, il ressort que cette "quatrième vague", débutée en 2012, s'attache à utiliser les réseaux sociaux pour critiquer le sexisme au quotidien. Ce qui explique que ce qui était auparavant limité à des cénacles ou à des manifestations ponctuelles est désormais omniprésent.
Les études de genre ont sans doute également joué un rôle notable.
D'ailleurs, après une brève recherche sur la Toile, il ressort que cette "quatrième vague", débutée en 2012, s'attache à utiliser les réseaux sociaux pour critiquer le sexisme au quotidien. Ce qui explique que ce qui était auparavant limité à des cénacles ou à des manifestations ponctuelles est désormais omniprésent.
Les études de genre ont sans doute également joué un rôle notable.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Perso ça n'apparait jamais dans mes "fils" ce genre de trucs...Je crois que les algorithmes des GAFA ont capté que je m'en foutais royalementhellrick a écrit :Est ce que ça existait avant ce genre de texte, j'ai l'impression qu'on ne voit plus que ça depuis environ 2 ans alors est ce que ça existait avant mais que ça restait confiné dans la sphère des "déjà convaincus" parce qu'il ne me semble pas en avoir jamais vu avant 2015...
Mais c'est p'tet moi, ça fait pas longtemps que je connais des mots comme SJW, féminazie, etc.
ou c'est vraiment une invention récente?
- harry
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
(Ha merde... gif invalide. C'est un homme blanc, c'est forcement de sa faute!)
C'est moi ou bien les cons sont toujours de plus en plus nombreux sur cette planete?
- Pomponazzo
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Re: RE: Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
C'est à dire que le nombre augmente chaque année. Mais là, on dirait qu'ils ont déjà livré ceux de l'année prochaine...harry a écrit :C'est moi ou bien les cons sont toujours de plus en plus nombreux sur cette planete?
Pretty, prettty, pretttty good.