Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
J'ai jeté un oeil hier à la séquence Shining, et rejoins totalement Demi Lune et la critique citée par Billy Budd sur le sujet. C'est affreux. Sous couvert d'un appel du pied / coup de coude / clin d'oeil de Spielberg à son public "cinéphile" via un "hommage" à son maître à penser, il transforme un film en skin comme une autre, le vidant en fait de tout ce qui faisait sa personnalité. La séquence est affreuse, mélange tout et finit par simplifier son film en le résumant à ses gimmicks les plus connus (les fillettes, la femme dans la chambre, l'ascenseur). C'est affreux. Et je ne parle même pas du bal qui suit, qui semble tout droit sorti d'un autre film qui n'a rien à voir (j'ai pensé à Paranorman, perso).
C'est la culture pop corn, en fait, qui nivelle un jalon du cinéma par le bas, le transformant en une poignée de rappels connus de tous mais traités au ras-des-pâquerettes. Ca m'a sincèrement coupé toute envie de voir le reste du film, surtout venant de Spielberg. Je n'ose imaginer ce que le film fait du Géant de fer, notamment.
Le pire est effectivement que cette séquence te laisse penser à une revisite de fond du film de Kubrick, avec ce décor, cette BO, mais ça dure une poignée de secondes, et tout est ensuite transformé en gimmick. Ce serait une map de Counter Strike, ce serait pareil.
Est-ce que ça aurait fait rire Kubrick ? Peut-être, ce n'est pas impossible après tout, mais le résultat en lui-même reste très problématique.
Et si visuellement, tout le reste du film est du même acabit, eh bah bon dieu, je préfère me remater The Post...
C'est la culture pop corn, en fait, qui nivelle un jalon du cinéma par le bas, le transformant en une poignée de rappels connus de tous mais traités au ras-des-pâquerettes. Ca m'a sincèrement coupé toute envie de voir le reste du film, surtout venant de Spielberg. Je n'ose imaginer ce que le film fait du Géant de fer, notamment.
Le pire est effectivement que cette séquence te laisse penser à une revisite de fond du film de Kubrick, avec ce décor, cette BO, mais ça dure une poignée de secondes, et tout est ensuite transformé en gimmick. Ce serait une map de Counter Strike, ce serait pareil.
Est-ce que ça aurait fait rire Kubrick ? Peut-être, ce n'est pas impossible après tout, mais le résultat en lui-même reste très problématique.
Et si visuellement, tout le reste du film est du même acabit, eh bah bon dieu, je préfère me remater The Post...
- Watkinssien
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Cette séquence me semble de plus en plus sujette à débat, mais également de moins en moins comprise. Il y a tellement plus d'enjeu que le simple "hommage". Il ne s'agit pas de vider ce que représente le film de Kubrick, ni de le niveler par le bas.
C'est une étape d'un jeu totalement et volontairement rendu subjective par les délires créationnistes d'un inventeur qui met probablement toute une mixité très personnelle (qui ne sont pas ceux de Spielberg lui-même). Mais cela implique également plusieurs mises en parallèle (que j'ai déjà tentées de mettre en avant dans les pages précédentes, donc je ne vais pas me répéter), représentant et développant à la fois directement les enjeux des personnages ainsi que les intentions thématiques du film.
Alors c'est sûr on ne peut que retenir que l'aspect "profanation" et "moche", mais c'est, à mes yeux, tellement plus que ça!
C'est une étape d'un jeu totalement et volontairement rendu subjective par les délires créationnistes d'un inventeur qui met probablement toute une mixité très personnelle (qui ne sont pas ceux de Spielberg lui-même). Mais cela implique également plusieurs mises en parallèle (que j'ai déjà tentées de mettre en avant dans les pages précédentes, donc je ne vais pas me répéter), représentant et développant à la fois directement les enjeux des personnages ainsi que les intentions thématiques du film.
Alors c'est sûr on ne peut que retenir que l'aspect "profanation" et "moche", mais c'est, à mes yeux, tellement plus que ça!
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Oui le fond de Shining est compris et n'est pas ce que retient le grand public. C'est l'acte de création (ou son absence), la frustration qui est explicité (bienspur rien n'est dit dans le film)...Quand au bal il est à mettre en miroir avec la scène en apesanteur de la discothèque, elle même lié au personnage de l'amour perdue d'Hallyday.
- tenia
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
J'irai lire ce que tu en disais pour avoir plus de pistes, mais si c'est autant comme tu le décris, alors la question est évidemment pourquoi avoir choisi Shining ? Parce qu'à ce moment là, le manoir hanté Disney fonctionnait mieux et aurait été autrement moins sujet à débat.
En l'état, il est difficile de ne pas lire la séquence comme une madeleine de Proust très mal gérée, et avec un choix de film parfaitement conscient de la part de Spielberg, dont l'admiration (et l'amitié) avec Kubrick est connue depuis longtemps. On ne peut pas, dans ce contexte, se dire qu'on peut alors commencer avec la reprise de la BO (on est donc dans la reprise détaillée de l'oeuvre originale, pas une reprise aléatoire que c'est Shining mais ça aurait pu être n'importe quoi d'autre, c'était pareil) pour finir sur ce bal des zombies semblant tout droit tiré du Manoir aux 999 fantômes, dans une sortie de grand égalitarisme pop où Shining et Disneyland sont à peu près au même niveau.
On s'attend à quelque chose d'autrement plus spécial parce que le choix de ce film ne semble pas anodin, sauf qu'en fait, si, puisque le film s'y retrouve réduit à un espèce de best of réducteur que les MTV Video Awards auraient pu créer. Rien de ce qui constitue la spécificité profonde, son atmosphère, son aspect visuel, du film n'est là. Le film en est réduit à un grand huit qui place 4-5 éléments "iconiques" du film en l'espace de 2 minutes, et voilà. Une map de Counter Strike.
Au fond, il y a un point cohérent : c'est qu'on dirait être un hommage à Shining par quelqu'un qui n'a jamais vu le film (comme Aech), mais juste entendu parler de ces quelques éléments devenus iconiques : les fillettes, la machine à écrire, l'ascenseur. C'est finalement une référence vaine qui n'a aucune spécificité hormis de flatter ceux qui pourront reconnaître les références dans la référence hé hé wink wink, tandis que ceux qui n'ont jamais vu le film vont avoir une belle jambe (et ne rien comprendre à pourquoi y a des gamines chelou, une nana qui se transforme, un ascenseur qui balance du sang et penser que le film se termine sur un bal de zombies).
En l'état, il est difficile de ne pas lire la séquence comme une madeleine de Proust très mal gérée, et avec un choix de film parfaitement conscient de la part de Spielberg, dont l'admiration (et l'amitié) avec Kubrick est connue depuis longtemps. On ne peut pas, dans ce contexte, se dire qu'on peut alors commencer avec la reprise de la BO (on est donc dans la reprise détaillée de l'oeuvre originale, pas une reprise aléatoire que c'est Shining mais ça aurait pu être n'importe quoi d'autre, c'était pareil) pour finir sur ce bal des zombies semblant tout droit tiré du Manoir aux 999 fantômes, dans une sortie de grand égalitarisme pop où Shining et Disneyland sont à peu près au même niveau.
On s'attend à quelque chose d'autrement plus spécial parce que le choix de ce film ne semble pas anodin, sauf qu'en fait, si, puisque le film s'y retrouve réduit à un espèce de best of réducteur que les MTV Video Awards auraient pu créer. Rien de ce qui constitue la spécificité profonde, son atmosphère, son aspect visuel, du film n'est là. Le film en est réduit à un grand huit qui place 4-5 éléments "iconiques" du film en l'espace de 2 minutes, et voilà. Une map de Counter Strike.
Au fond, il y a un point cohérent : c'est qu'on dirait être un hommage à Shining par quelqu'un qui n'a jamais vu le film (comme Aech), mais juste entendu parler de ces quelques éléments devenus iconiques : les fillettes, la machine à écrire, l'ascenseur. C'est finalement une référence vaine qui n'a aucune spécificité hormis de flatter ceux qui pourront reconnaître les références dans la référence hé hé wink wink, tandis que ceux qui n'ont jamais vu le film vont avoir une belle jambe (et ne rien comprendre à pourquoi y a des gamines chelou, une nana qui se transforme, un ascenseur qui balance du sang et penser que le film se termine sur un bal de zombies).
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Ce n'est pas le but!tenia a écrit : Rien de ce qui constitue la spécificité profonde, son atmosphère, son aspect visuel, du film n'est là.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Ce qui va bien dans le sens d'une référence creuse qui aurait être autre chose que c'était pareil, sauf que non, ce n'est pas autre chose, c'est quand même Shining.
Qui devient donc de la pop culture interchangeable.
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Dernière modification par tenia le 19 juil. 18, 14:14, modifié 1 fois.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Je crois que dans le bouquin, la séquence était basée sur WarGames. Spielberg a donc souhaité rendre hommage à son maître, mais dans l'exécution, c'est très très gênant à regarder (alors que le début fait illusion), j'ai presque eu l'impression de voir le film d'origine se faire violer régulièrement (film dont je ne suis pourtant pas le plus grand fan, mais quand même).
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
S'il tenait à ce que cela soit une maison hantée, pourquoi Shining et pas la maison de Poltergeist pas exemple, nettement plus à-propos, beaucoup plus proche de l'hommage général du film à la pop culture 80's venant (entre autres) de ses propres productions ? On a compris que spielberg ne veut pas s'auto-citer et cite donc ses copains, notamment Zemeckis ou Dante, mais surtout Zemeckis (la Delorean, d'accord... mais le "Zemeckis Cube"... sérieusement ?).Watkinssien a écrit :Cette séquence me semble de plus en plus sujette à débat
Ça tombe bien, ce n'est pas lui non plus qui a réalisé Poltergeist. Officiellement. Donc ça aurait été parfait d'autant que l'aspect un peu "ludique" (couloirs qui s'allongent, portes à ne pas franchir, effets d'apesanteur, etc.) est déjà là.
C'est un choix très, très bizarre et qui, je trouve, s'intègre mal, Shining n'étant pas à la base au même niveau que les autres hommages du film.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Dans le livre c'est War Games & Blade Runner ...Flol a écrit :Je crois que dans le bouquin, la séquence était basée sur WarGames
Choix bien plus cohérent que The Shining
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Shining est un choix particulier disons. Car de tous les films de Kubrick, c'était celui dans lequel Spielberg n'avait pas hésité à dire à son pote cinéaste qu'il ne l'avait pas aimé (lors de son premier visionnage, je précise bien), c'était sur ce film que les deux réalisateurs se sont rencontrés. C'est un exemple qui parcourt un des indices du film, une oeuvre que son créateur n'aime pas, référençant à l'animosité de King envers cette adaptation cinématographique. C'est aussi une oeuvre qui raconte entre autres l'histoire d'un artiste ayant du mal à créer, mais étant hanté par les pouvoirs d'un décor, d'un lieu, d'un historique et qui se projette dans les soubresauts énigmatiques et surnaturels de l'environnement qu'il entoure. C'est également une oeuvre fantasmatique où l'on superpose l'envie de création et la destruction de nos repères. C'est un bon exemple où tout est possible dans les délires créationnistes et qui se raccorde sur de nombreux points ancrés dans la dramaturgie de Ready Player One.
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Alors pardon, hein...mais j'ai bien peur qu'on soit confronté ici à un cas flagrant de surintellectualisation.
- tenia
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
Cela étant, je veux bien croire la thématique de l'oeuvre prenant le dessus sur le créateur.
Le reste par contre, comment dire...
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Re: Ready Player One (Steven Spielberg - 2018)
+1 avec Watkinssien, une fois n'est pas coutume.
Mais parce que Shining est plus à propos dans le portrait d'Halliday qu'esquisse le jeu mis en place dans l'Oasis. Tout comme la première course où pour gagner il faut retourner en arrière et être spectateur et la troisième épreuve où il faut accepter de se perdre pour gagnerMajor Tom a écrit :S'il tenait à ce que cela soit une maison hantée, pourquoi Shining et pas la maison de Poltergeist pas exemple, nettement plus à-propos, beaucoup plus proche de l'hommage général du film à la pop culture 80's venant (entre autres) de ses propres productions ?Watkinssien a écrit :Cette séquence me semble de plus en plus sujette à débat
Si on se cantonne à "film hommage à la pop culture" on passe à côtéFlol a écrit :Alors pardon, hein...mais j'ai bien peur qu'on soit confronté ici à un cas flagrant de surintellectualisation.