Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par Demi-Lune »

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Début du XXe siècle, cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage. Ils sont repris en main par le Capitaine, le temps d'une croisière répressive sur un voilier. Les garçons se mutinent. Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation luxuriante. La métamorphose peut commencer…

Grosse attente pour ce film depuis que j'ai vu sa bande-annonce surréelle et fascinante. Premiers avis :
Anorya a écrit :Les garçons sauvages [...], le mieux c'est de ne rien en dire. Chut. Totale surprise pour le spectateur.

[Une] expérience de cinéma là aussi complètement "autre". Le mieux pour évoquer ce film serait d'enchaîner les références mais cela ne vous aiderait pas plus. Disons [...] qu'il faut se laisser porter par la poésie des films, leur visuel (aussi bien en noir et blanc qu'en couleur comme un songe [...]), leur montage [...], leur musique [...]... Chut.
ballantrae a écrit :film totalement fou et d'une inventivité constante.Le cinéaste ne s'avère pas simplement un Guy Maddin à la française mais possède bien un univers singulier doté de ses propres obsessions, de son propre musée imaginaire.Sans parler d'un sens esthétique rare.Genet croise Jules Vernes mais aussi Burroughs (référence explicite du titre) ou R Ruiz.
bruce randylan a écrit :Les garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)
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Anorya vous en parlera sans doute beaucoup mieux que moi puisqu'il connait déjà les cours-métrages du cinéaste à l'univers si singulier.
C'est dans l'ensemble une bonne découverte même si ça ne justifie pas forcément 1h50 et que certaines influences sont assez visible (Kenneth Anger, Fassbinder, Cocteau, Borowczyk, Lars Von Trier des début... et Pinocchio pour la trame). Mais visuellement, c'est un régal pour les yeux avec son expressionnisme surréaliste tant en noir et blanc qu'en couleur pour une inventivité plastique presque permanente. L'histoire est assez originale avec un groupe de garçons turbulents joué par un casting féminin et dont l'identité sexuelle sera malmenée au travers d'une étrange île. J'avoue d'ailleurs que les délires érotico-fantastique sont un peu lassant sur la longueur et tourne parfois à vide, avec une interprétation parfois inégale comme si soudainement les comédiennes sortaient de leurs personnages masculins sans que cela soit raccord avec leur évolutions psychologique/physionomiques.
Il n'est pas toujours évident aussi de rentrer dans l'histoires et de s'identifier aux caractères étant donné leur comportement douteux.
Je me suis donc senti assez extérieur au récit tout en profitant de son atmosphère atypique (qui n'est pas loin de l'esthétique vidéo-clip au début). Malgré mes réserves, c'est quand même le genre de film que j'ai envie de soutenir.
Anorya a écrit :C'est bien résumé, je suis même complètement d'accord avec toi pour la durée, j'aurais coupé 15,20mn facile pour ma part. :)
Sinon effectivement si on connaît les autres oeuvres de Mandico, on est en terrain connu (mais pourquoi le bonhomme changerait-il son style complètement décalé et à part en changeant de format ?) mais même sans, tu n'as visiblement pas eu trop de problème lors du visionnage. Le bonhomme n'a jamais caché ses influences, quitte à leur rendre ouvertement hommage (Boro in the box (2011) était ainsi un abécédaire/biographique d'une quarantaine de minutes tout en noir et blanc dédié à... Walerian Borowczyk), elles font parti de ses films et c'est toujours pleinement assumé. Et il en a beaucoup il faut dire (sur un Living still life (2012) il convoquait aussi bien Méliès que Jan Svankmajer en noir et blanc et couleurs). Là outre ce que tu cites, je n'ai pu m'empêcher de tiquer sur un clin d'oeil volontairement Cronenbergien : C'est pas tous les jours qu'on planque un flingue dans une ouverture dans le ventre. Mais la manière dont c'est amené évite justement de penser sur le coup à Videodrome. La question du corps d'ailleurs, ses transformations, son exploration, ce qu'on peut en tirer ou pas, ses frustrations aussi, sont constamment remises à jour d'un court à un autre en passant par ce long qui n'hésite pas à changer de sexe ses personnages.
cinephage a écrit :Les garçons sauvages, de Bertrand Mandico (2017) 4/10 - Des garçons masturbateurs sont civilisés par un capitaine à grosse queue... Film fantasmatique lourdement sexualisé, et pour moi un peu problématique sur le fond... Visuellement, le film est assez abouti, et bon, il y a quand même Elina Löwensohn. Ca rend beaucoup de choses acceptables... :oops:
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Re: Les garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par mannhunter »

Curieux de le voir aussi mais évidemment film peu distribué...

entretien avec le réalisateur:

https://www.culturopoing.com/cinema/ent ... e/20180301
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Demi-Lune
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Re: Les garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par Demi-Lune »

mannhunter a écrit :Curieux de le voir aussi mais évidemment film peu distribué...
Je suis également étonné du peu de cinémas qui le projettent à Paris. Je vais devoir me rabattre sur le Mk2 Odéon ou le Mk2 Beaubourg, avec leurs petites salles inconfortables.
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Demi-Lune
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par Demi-Lune »

Bon allez, ce serait quand même dommage de ne pas prendre le temps de toucher quelques mots au sujet de ce qui est, sans nul doute, l'une des grandes expériences ciné de cette année.

Les garçons sauvages c'est simple, c'est le cinéma français que j'admire, libre, extraordinairement créatif, indéfinissable, sensoriel, avant-gardiste... bref ce qui met de suite minable toute concurrence. Merci, merci qu'un film français pareil puisse débouler, je revis quand je vois un truc pareil. Mais qu'on soit clair : c'est du cinéma qui sort des sentiers battus et c'est de l'art total au sens où le cinéaste ne transigera sur rien. Comme dit dans le topic des notes, c'est un portail vers une dimension inconnue - ambition peut-être hermétique mais rappelant à notre bon souvenir que le Cinéma, c'est un voyage (de tous les possibles). Le film a ceci d'ensorcelant qu'il semble être un rêve directement extirpé d'un esprit embrumé, encapsulé ensuite dans une bouteille jetée à la mer. Le découvrir, c'est comme repêcher par hasard, après des centaines d'années, un artefact tombé dans l'oubli ou capter une fréquence interdite de Vidéodrome. Le film est un saut de foi vers un ailleurs étrangement proche et en même temps tellement bizarre. Il va sans dire que c'est le genre de proposition qui laisse en général peu de place à la tiédeur dans l'appréciation : soit on est aspiré, soit on reste sur le bas-côté et on regarde tout ça d'un air dubitatif. A l'instar de gens comme Grandrieux ou Guy Maddin, Mandico semble travailler la matière-même de l'image pour en faire quelque chose d'indicible, à la croisée du muet expressionniste, du clip New Wave et du cinéma underground, pour un geste rendant véritablement magique une histoire ayant la simplicité évocatrice des contes mythologiques (Circé transforme ici non en cochon, mais en femme). Les influences des cinémas de Raoul Ruiz, Kenneth Anger ou Cronenberg (les délires sexuels du Festin nu) ne doivent pas masquer la profonde originalité et cohérence d'un film dont les images et les choix (quelle idée géniale et pourtant logique que d'avoir recruté des filles pour jouer cette bande) s'impriment instantanément en mémoire, et font souffler un sens du merveilleux y compris dans la plus stricte dimension de récit d'aventure maritime, exaltant alors qu'intégralement tourné en studio. Ce que je pourrais reprocher au film, c'est, objectivement, de marquer le pas dans la dernière partie et, indirectement, d'arriver à un moment où la saturation du débat sur le féminisme exacerbe la grille de lecture d'un film peu amène envers la masculinité et au final triomphaliste dans l'évolution sexuelle expérimentée par les protagonistes, devant conduire au règne sans partage de la femme. Bon, sans doute ne faut-il pas prendre tout ça trop au sérieux, mais le timing fait un peu tiquer et laisse sur une note sombre en bouche. Preuve que l'expérience a du fond et ne saurait être réduite à un inoubliable trip onirique, esthétique et érotique.
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par Coxwell »

Comme évoqué dans le topic du "Classement 2018", tu devrais essayer ses courts, dont "Prehistoric cabaret". L'expérimentation libre, quitte à diviser bien entendu.
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Demi-Lune
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par Demi-Lune »

Zelda Zonk a écrit :Je note "haut" volontairement, car il s'agit d'un premier film et d'une expérience visuelle inédite, mais c'est généreux car le film ne manque pas de scories. Pour le positif, je reprends la critique de Paris-Match à mon compte : "Dans un cinéma français de plus en plus frileux, ce véritable champignon hallucinogène, sur fond de Nina Hagen, est une claque esthétique, transgenre, hystérique, d’une liberté rare." Pour le négatif, on a souvent l'impression que Mandico est trop conscient de ses effets, qu'il en rajoute une couche inutile dans le baroque et les redites visuelles. Son film souffre alors de cette redondance et aurait gagné à être plus condensé. Par ailleurs, la direction d'acteurs n'est pas toujours au niveau, la prise de son parfois trop faible, et la voix off un peu godiche. Malgré ces défauts, le film emporte mon adhésion pour sa beauté plastique (en dépit de son côté tape-à-l'oeil), et sa liberté de ton courageuse. C'est un film PUNK par excellence, à la fois crade, excentrique et poétique.
LordAsriel a écrit :D'un côté je me réjouis qu'un tel projet ait pu voir le jour en France, être distribué et promu ainsi qu'il l'a été. Sur le plan esthétique, cela n'invente peut-être pas grand chose (ça pioche pas mal chez plusieurs grands), mais Mandico ranime quelques forces du 7e art qui avaient été enfouies par le cinéma moderne (collages et surimpressions expressionnistes, décors et costumes organiques à la Méliès...).
En revanche, sur le fond, ça me paraît assez bête et maladroit. Et puis le film est trop long et finit par voir son univers se replier un peu sur lui-même, je trouve...
Flol a écrit :Pas totalement adhéré au projet, qui a parfois des airs de court-métrage d'étudiant en 1ère année de ciné, mais il y a quand même un paquet d'idées visuelles et d'idées tout court qui me font apprécier le pur geste de cinéma qu'il représente.
Dernière modification par Demi-Lune le 7 août 18, 17:11, modifié 2 fois.
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par Duke Red »

Comme beaucoup, j'applaudis l'ambition et l'audace formelle de Bertrand Mandico, qui parvient (avec des clopinettes en plus) à créer une sorte de film-monde, à cheval entre notre réalité et la fantasmagorie. Le souci, c'est qu'on devine assez rapidement où il souhaite nous emmener. Je me demande d'ailleurs si le flash-forward introductif aurait dû être conservé - certes il pose l'ambiance mais il révèle aussi d'emblée l'histoire des mutations. Le fait est qu'une fois que le groupe débarque sur l'île, le réalisateur n'a plus grand-chose à nous raconter. Ça reste assez fascinant, ne serait-ce parce qu'on se demande jusqu'où la bizarrerie va aller, mais le film est coincé entre la lourdeur des symboles sexuels et un propos qui paraît simpliste et illisible à la fois (la femme est l'avenir de l'homme, voili voilou...). Mandico ne fait même pas confiance en l'intelligence du spectateur et se sent obligé de faire un flash-back sur les origines du Capitaine et de Séverin(e), alors qu'on a déjà reconstitué le puzzle à ce stade. Puis on frôle le terrain parodique à plusieurs reprises (ah ce moment où le premier garçon ayant achevé sa métamorphose urine à poil en contre-plongée et sussure à ses copains "Pissez-vous dessous" ^^'). Et je rejoins Zelda Zonk sur la direction d'acteurs perfectible, même si on peut se dire que la diction parfois empruntée participe à l'étrangeté du truc (par contre, j'aime bien Vimala Pons, mais là dès qu'elle l'ouvre, ça coince).

Je suis étonné en revanche que la musique ne soit pas davantage mentionnée dans les quelques commentaires au-dessus, alors qu'elle est pour beaucoup dans le côté ensorcelant du film. J'ai acheté l'album - le premier morceau, Procès, est vraiment somptueux. Quel plaisir d'entendre des sonorités aussi travaillées et atypiques dans le cinéma français.
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par Demi-Lune »

Duke Red a écrit :Je suis étonné en revanche que la musique ne soit pas davantage mentionnée dans les quelques commentaires au-dessus, alors qu'elle est pour beaucoup dans le côté ensorcelant du film. J'ai acheté l'album - le premier morceau, Procès, est vraiment somptueux. Quel plaisir d'entendre des sonorités aussi travaillées et atypiques dans le cinéma français.
Oui, tu as raison de faire un focus là-dessus. BO contemplative très envoûtante en effet, indispensable à la réussite du voyage.


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Thaddeus
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par Thaddeus »

LordAsriel a écrit :Les Garçons sauvages, Bertrand Mandico, France : 5/10
D'un côté je me réjouis qu'un tel projet ait pu voir le jour en France, être distribué et promu ainsi qu'il l'a été. Sur le plan esthétique, cela n'invente peut-être pas grand chose (ça pioche pas mal chez plusieurs grands), mais Mandico ranime quelques forces du 7e art qui avaient été enfouies par le cinéma moderne (collages et surimpressions expressionnistes, décors et costumes organiques à la Méliès...).
En revanche, sur le fond, ça me paraît assez bête et maladroit. Et puis le film est trop long et finit par voir son univers se replier un peu sur lui-même, je trouve...
La fin de cet avis me rappelle la raison pour laquelle je n'ai pas été totalement emballé par le film, et plus prosaïquement pourquoi je ne lui pas octroyé une meilleure note. Le propos véhicule, peut-être à son corps défendant et de manière inconsciente, une conception finalement assez stupide et manichéenne des genres sexués. Ce qu'il formule sur la masculinité, perçue exclusivement comme violente, bestiale et brutale, est d'un primarisme (ou pour le dire autrement : d'un sexisme) assez consternant. Au fond, et tant pis si le rapprochement peut sembler incongru, je rapprocherais un peu Mandico d'un Bertrand Bonello, voire d'un Bruno Dumont, capables tout comme lui de développer des propositions formelles d'une grande audace, d'une grande singularité, mais dont la pensée laisse plus qu'à désirer.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Edit : Cela étant, la toute fin du film, qui voit les garçons devenus filles trucider sans coup férir la bande de matelots nouvellement débarqués, et donc embrasser à leur tour la pulsion de meurtre, peut aussi être perçue comme un retournement de ce discours...
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par LordAsriel »

Oui, le propos du film ne me paraît pas maîtrisé du tout. Comme dit ailleurs, d'une part, je déplore le postulat du film, qui essentialise les genres en partant du fait qu'un principe féminin civiliserait un principe masculin par effet de balance. C'est le discours même de Severin(e), qui exprime l'idée d'une sauvagerie masculine ontologique et meurtrière à canaliser, et ce discours n'est pas remis en cause par le film puisqu'il ne met en scène aucun contrepoint (pourquoi ne pas partir d'un groupe de jeunes gens mixte, par exemple, s'il est question de parler de la rage adolescente, comme le dit Mandico en interview ?), et que dès qu'un individu masculin est en présence d'une femme il adopte un comportement de prédateur.
A la rigueur, l'essence féminine n'est que théorisée si on veut, dans la mesure où on ne sait pas à la fin si le groupe de filles s'en va conquérir le monde ou le guérir.

D'autre part, les attributs qui cristallisent la féminité et la masculinité sont eux-mêmes porteurs de sens : le premier est une poitrine qui appelle la prédation, le deuxième est un phallus qui est l'arme de la prédation. Ces attributs sont hyper contestables, d'une part parce qu'ils ne sont pas équivalents (pourquoi ne pas évoquer la vulve féminine ?), d'autre part parce qu'ils conditionnent le rapport des uns aux autres.

Surtout, tout n'est que violence et humiliation dans les rapports que les uns entretiennent avec les autres ; et je ne dis pas que ce rapport est unilatéral : le film confond assez clairement rapports de domination et rapports sexuels / affectifs en général. Il est sans arrêt question de dompter l'autre et d'en faire son territoire (en lui pissant / éjaculant dessus), que l'on soit un homme face à une femme ou l'inverse.
Cette guerre des sexes, c'est une vision exclusive des rapports humains qui ne me parle pas du tout, que je trouve réductrice et assez nulle (raison pour laquelle je suis également resté à distance du PTA, d'ailleurs, même si je trouve Phantom Thread autrement plus maîtrisé et plus fin que cela).

Même le capitaine, qui aurait pu incarner un équilibre psychique dans une métaphore parlante à défaut d'être subtile, ne fonctionne pas parce que Mandico le perd dans ses délires SM jusqu'à en faire une figure incohérente. Du coup, l'idée de faire de Tanguy sa relève n'a guère plus de sens eu égard à ce que le film suggère de la fonction du capitaine, qui n'a de guide que le nom.
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par G.T.O »

Absolument par convaincu par cet essai poetico-référentiel signé Bertrand Mandico, dont le talent m’apparait mal assuré, assorti d'un style poétique superficiel et lourdingue. Remake pourrave de Sa Majesté des Mouches, esthétiquement dégueu, cousin du bricolage de Michel Gondry et Guy Maddin, surlignant ad nauseum sa poésie artificielle, ânonnant son fond extrêmement simpliste sur l’animalité, pour un résultat hautement indigeste.
Tout respire ici et s’assume comme artifice, transpire d’amour pour un certain cinéma transfuge, déviant. L’envie si lourde de la synthèse de Mandico et son désir d’élaborer des images marquantes, fusionnelles, symboliques, au détriment de toutes autres considérations, notamment de mise en scène conçue avant tout comme usine à ambiance, compil de musique lounge, privent le film de la moindre intensite dans la durée, et contraste - voyage étant bien monotone. Pour une expérience globale ressemblant à un long et fastidieux clip de Mylène Farmer. Le série Z n’étant jamais très loin, entres les dialogues totalement risibles, le jeu "autre" des acteurs engoncés dans une nonchalance d'auteur, distance de la langue châtiée, fascination puérile pour les objects érectiles et mutations littéralisées façon Cronenberg pour les nuls, ces Contrebandiers de Moonfleet cheap respire l'oeillade cinéphile et l'arnaque du méta-discours poétique, à l'image des cartons fluos indiquant la métamorphose de ces filles déguisées en homme qui redeviennent des femmes, entre la kermesse de fin d'année et l'esthétique des Batmans de Schumi. Une plaisanterie.
Dernière modification par G.T.O le 7 juil. 18, 11:45, modifié 4 fois.
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par mannhunter »

Vu en salle, j'avais eu également beaucoup de mal à tenir jusqu'au bout...sous forme de court-métrage le film aurait peut-être mieux fonctionné.
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par G.T.O »

mannhunter a écrit :Vu en salle, j'avais eu du mal à tenir jusqu'au bout...sous forme de court-métrage le film aurait peut-être mieux fonctionné.
Totalement d'accord : la forme court, et encore, aurait été mieux adapté. Espérons que dans la même veine, l'opus de Yann Gonzales, cet autre styliste du cinéma français, s'en sorte mieux que ce machin chétif et Z...Les références sont bonnes mais l'exécution est d'un amateurisme, pour moi, inacceptable. Rien à voir, ABSOLUMENT rien à voir, de ce point de vue, parce que certains l'ont évoqué, au cinéma de Grandrieux.
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par mannhunter »

G.T.O a écrit :Espérons que dans la même veine, l'opus de Yann Gonzales, cet autre styliste du cinéma français, s'en sorte mieux que ce machin chétif et Z...Les références sont bonnes mais l'exécution est d'un amateurisme, pour moi, inacceptable.
"Un couteau dans le coeur" que j'ai vu hier souffre hélas, dans un autre genre, exactement des mêmes travers...farce potache, du Z plus ou moins assumé, exercice référentiel, limité. Dommage car Gonzales a l'air sympathique et j'aime bien ses références, son enthousiasme quand il parle de cinéma, mais bon...
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Jeremy Fox
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Re: Les Garçons sauvages (Bertrand Mandico - 2017)

Message par Jeremy Fox »

Assez en phase avec l'avis de G.T.O. Réussir à aller jusqu'au bout fut une sorte de calvaire.
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