Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Cela aurait pu être un autre poncif que de montrer la place de la femme face à l'adversité comme enjeu principal du film, si on y pense.
En tout cas, pour ma part, le film parle du pouvoir de "changer le monde", formule ampoulée certes, mais qui témoigne du projet réel de Pentagon Papers, par le biais de l'effort de création et du collectif, sur la capacité d'adaptation en toutes circonstances, sur les éthiques comme point d'ancrage de notre destinée. On est loin des préoccupations de la place de la femme, mais de la place de l'individu qui fait dérégler un système mis en place.
Bien sûr, ces fils conducteurs ont déjà été racontés maintes fois. Le film de Spielberg semble le faire d'une très belle manière, néanmoins. Car narré dans un langage cinématographique vivant et plein d'énergie, ce dernier délaisse volontairement le caractère rugueux et réaliste que le sujet pouvait évoquer (et qu'on a le droit de préférer) pour s'orienter une nouvelle fois sur une sorte de fable politisée, écho d'une actualité spontanément réfléchie (le film s'est fait très vite, ce qui est hallucinant vu la qualité de la mise en scène).
C'est pour cela que les éléments concernant la reconstitution ou le naturalisme des décors me paraissent de moindre importance...
En tout cas, pour ma part, le film parle du pouvoir de "changer le monde", formule ampoulée certes, mais qui témoigne du projet réel de Pentagon Papers, par le biais de l'effort de création et du collectif, sur la capacité d'adaptation en toutes circonstances, sur les éthiques comme point d'ancrage de notre destinée. On est loin des préoccupations de la place de la femme, mais de la place de l'individu qui fait dérégler un système mis en place.
Bien sûr, ces fils conducteurs ont déjà été racontés maintes fois. Le film de Spielberg semble le faire d'une très belle manière, néanmoins. Car narré dans un langage cinématographique vivant et plein d'énergie, ce dernier délaisse volontairement le caractère rugueux et réaliste que le sujet pouvait évoquer (et qu'on a le droit de préférer) pour s'orienter une nouvelle fois sur une sorte de fable politisée, écho d'une actualité spontanément réfléchie (le film s'est fait très vite, ce qui est hallucinant vu la qualité de la mise en scène).
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Je suis tout à fait d'accord avec toi, le sujet du film est la façon dont un événement journalistique a changé le monde (j'employais l'expression en page 5). C'est juste qu'avec le temps, je trouve que c'est fait de façon un peu manichéenne.
Je ne suis pas sensible au respect scrupuleux de l'histoire, je trouve juste qu'à trop jouer avec la réalité historique, on perd de la logique et qu'au final, ca peut sonner un peu faux ou à côté. C'est ce qui fait qu'avec le temps, je suis un peu déçu, mais je trouve aussi que la réalisation est excellente et le film un beau spectacle sur un beau sujet.
Je ne suis pas sensible au respect scrupuleux de l'histoire, je trouve juste qu'à trop jouer avec la réalité historique, on perd de la logique et qu'au final, ca peut sonner un peu faux ou à côté. C'est ce qui fait qu'avec le temps, je suis un peu déçu, mais je trouve aussi que la réalisation est excellente et le film un beau spectacle sur un beau sujet.
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Je crois tout de même que le didactisme du film est volontaire. Donc on peut se désoler de son relatif manichéisme, mais il me semble que c'est le projet même de Spielberg, dans ce film, que de désigner un méchant et des journalistes héroïques qui s'attaquent à plus fort qu'eux. Un traitement plus en demi-teinte, pour autant qu'il ait complexifié le film, et possiblement enrichi, aurait aussi desservi l'intention à l'origine même du film, d'après ce que j'en perçois.
Il s'agit ici, mutatis mutandis, d'un récit édifiant, au sens premier du terme, comme quand, autrefois, on racontait des contes ou des fables pour inciter la populace à s'en inspirer et distinguer le bon comportement du mauvais. Le journaliste est un héros des temps modernes, il dit la vérité au péril de son emploi, de son intérêt personnel, voire de sa fortune...
Comme Watkinssien, je m'émerveille du résultat d'un projet lancé dans l'urgence et tourné dans la même énergie. Certes, il y a du plaidoyer dans cette affaire, mais quelle éloquence !
Il s'agit ici, mutatis mutandis, d'un récit édifiant, au sens premier du terme, comme quand, autrefois, on racontait des contes ou des fables pour inciter la populace à s'en inspirer et distinguer le bon comportement du mauvais. Le journaliste est un héros des temps modernes, il dit la vérité au péril de son emploi, de son intérêt personnel, voire de sa fortune...
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Le manichéisme a toujours été le projet de Spielberg lorsqu’il traite un sujet historique ou sérieux, à défaut d’être capable d’imaginer autre chose. Mais oui sinon, c’est « bien réalisé ».
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Donne-t-il envie de revoir "Les hommes du président", du coup ?Phnom&Penh a écrit :Je suis tout à fait d'accord avec toi, le sujet du film est la façon dont un événement journalistique a changé le monde (j'employais l'expression en page 5). C'est juste qu'avec le temps, je trouve que c'est fait de façon un peu manichéenne.
Je ne suis pas sensible au respect scrupuleux de l'histoire, je trouve juste qu'à trop jouer avec la réalité historique, on perd de la logique et qu'au final, ca peut sonner un peu faux ou à côté. C'est ce qui fait qu'avec le temps, je suis un peu déçu, mais je trouve aussi que la réalisation est excellente et le film un beau spectacle sur un beau sujet.
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Le film de Spielberg se termine par la première scène du film de Pakula. Donc oui je dois avouer que ça m'a donné envie de poursuivre avec la vision de ce dernier.shubby a écrit : Donne-t-il envie de revoir "Les hommes du président", du coup ?
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
A nouveau en phase avec ton commentaire. Réalisation propre et typée grainy/dur dans la photo et un peu aussi dans l'interprétation. Mais rien de bien transcendant, surtout dans le propos.G.T.O a écrit :Flol a écrit :Ils disent également pas mal de bien du dernier David Gordon Green.
J'suis à 2 doigts de me réconcilier avec les Cahiers.Faut pas...Le Gordon Green est une grosse déception, malgré la présence de Gyllenhaal. Le film se présente comme une leçon de courage, avant tout centrée sur la performance oscarisable de Jack Gyllenhaal, dans le rôle d'un handicapé ayant perdu ses deux jambes pendant l'attentat de Boston. Et dont le film nous narre les obstacles, et l'intimité. Même en étant indulgent avec DGG, c'est vraiment et malheureusement sans intérêt. Après, à côté du Spielberg, le choix des Cahiers brille par sa cohérence... Mais, du coup, c'est inquiétant pour le PT Anderson. :)Parenthèse fermée.
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Comme le dit Jeremy, le film y invite mêmeshubby a écrit :Donne-t-il envie de revoir "Les hommes du président", du coup ?
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker
Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Qu'est-ce qu'il ne faut pas lire.lowtek a écrit :Le manichéisme a toujours été le projet de Spielberg lorsqu’il traite un sujet historique ou sérieux, à défaut d’être capable d’imaginer autre chose. Mais oui sinon, c’est « bien réalisé ».
C'est vrai que, pour rester dans les titres récents, Lincoln est un manuel de manichéisme...
Après, s'il faut cesser définitivement de tenter de dégager quelques vertus chez l'être humain au milieu de ses déchirements intérieurs et de ses comportements contradictoires et ambigus, histoire de se soumettre encore plus au relativisme ambiant et lâche, alors oui Spielberg n'est pas votre homme.
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Mais qui a ouvert la cage de Roy Neary ?? On avait pourtant bien dit qu'on le gardait au frais le temps que ce trimestre spielbergien s'écoule... Ne pas ouvrir avant le 1er mai, c'était écrit.
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Thaddeus a écrit :Pentagon papers (Steven Spielberg, 2017)
Entrepris et emballé en un temps record, s’inscrivant avec superbe dans une tradition journalistique américaine faite de vigilance et de revendication, le film parle haut et clair, revendique l’héritage de Capra, Lumet et Pakula pour ne plus faire entendre que la voix d’un auteur au faîte de ses moyens de conteur, de son brio de metteur en scène, de sa générosité de citoyen critique et engagé. Toute en transitions fluides, enchaînements inventifs, synergie fiévreuse, la mise en scène s’y fond prodigieusement avec le sujet, s’exerce tel un art grisant et dynamique de la pensée en actes, fulgure comme la foudre en explorant les mille enjeux d’un matériel thématique foisonnant, et rappelle une fois de plus où se situe la clé du vrai grand cinéma : dans la conjonction parfaite de l’image, du propos et de l’émotion. Spielberg est grand. 5/6
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Pareil.Jeremy Fox a écrit :Le film de Spielberg se termine par la première scène du film de Pakula. Donc oui je dois avouer que ça m'a donné envie de poursuivre avec la vision de ce dernier.shubby a écrit : Donne-t-il envie de revoir "Les hommes du président", du coup ?
Par contre, je vois sur imdb que le format est 1.85 alors que pendant tout le film j'avais l'impression que c'était du 1.66. J'ai rêvé ou quoi ?
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Tu as rêvé!odelay a écrit :Pareil.Jeremy Fox a écrit : Le film de Spielberg se termine par la première scène du film de Pakula. Donc oui je dois avouer que ça m'a donné envie de poursuivre avec la vision de ce dernier.
Par contre, je vois sur imdb que le format est 1.85 alors que pendant tout le film j'avais l'impression que c'était du 1.66. J'ai rêvé ou quoi ?
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Peut être mais pourtant c'était extrêmement court sur les côtés, beaucoup plus que d'habitude j'avais l'impression....
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Re: Pentagon Papers (Steven Spielberg - 2017)
Bon ben si certaines salles de cinéma ont la capacité de changer l'aspect ratio des films qu'ils projettent, alors tu as la solution...
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