Phnom&Penh a écrit :Ils sont habillés ternes et marron, Graham porte des robes de vieille bonne femme
Ça a l'air plutôt fidèle aux photos d'époque de Graham, pour le coup. Il y a un côté Simone Veil / Marie-France Garaud dans la ligne vestimentaire.
Après, je suis moi aussi gêné par cette reconstitution des années 70 d'une manière générale. Je trouve qu'il y a quelque chose qui ne prend pas, peut-être parce que le souvenir esthétique très brut et réaliste des films du Nouvel Hollywood fait obstacle.
Le look Simone Veil/MF Garaud de Streep, qu'il soit conforme ou non à la vraie Graham, est de toute façon conforme à la ligne vestimentaire de l'époque pour ce type de personnage.
Pas gênée du tout par le style de la reconstitution. Au contraire, je pense que faire une photo brute façon années 70 aurait été une erreur. Ca aurait trop donné l'impression d'une copie/Hommage des films de Pakula, Lumet ou Poilack de l'époque.
On est dans un film de 2017 à la reconstitution stylisée, qui ne cherche pas à copier les films d'époque, ni à en rajouter dans les détails vintage pour bien montrer qu'on est en 1971, et je trouve ça très bien.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
Sur les photos qu'on peut voir facilement, Katharine Graham porte des tailleurs stricts et des robes de soirée cintrées. C'est une femme élégante.
Quand je parle de robes de vieille bonne femme, je parle surtout des robes de soirée amples et informes que porte Streep. On croirait qu'elle a repris la garde robe de Florence Jenkins.
Je trouve qu'on fait de Graham une femme des années 50 qui dans le concours de circonstances du sujet du film, va se révéler. Je pense que ce n'est pas naturel et que cela ne correspond pas à la réalité du personnage. J'avoue que j'ai bien aimé le film mais qu'il ne vieillit pas très bien, je le trouve de plus en plus surfait.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker
Il suffit de voir quelques photos ou vidéos pour se rendre compte que Katharine Graham était une femme moderne et décidée, rien à voir avec l'interprétation (incompréhensible) de Streep
lowtek a écrit :Il suffit de voir quelques photos ou vidéos pour se rendre compte que Katharine Graham était une femme moderne et décidée, rien à voir avec l'interprétation (incompréhensible) de Streep
On est au cinéma là, pas dans un congrès d'historien ! On dirait que tu découvres Hollywood et le 7ème art !
lowtek a écrit :Il suffit de voir quelques photos ou vidéos pour se rendre compte que Katharine Graham était une femme moderne et décidée, rien à voir avec l'interprétation (incompréhensible) de Streep
On est au cinéma là, pas dans un congrès d'historien ! On dirait que tu découvres Hollywood et le 7ème art !
C'est ta remarque qui est étonnamment naïve. Comme si un film prétendant relater des faits réels ne devait pas payer son tribu à une forme d'authenticité. C'est en tous cas ce que j'en attends, personnellement, qu'ils viennent d'Hollywood ou d'ailleurs.
Naïve aussi la vision schématique de Spielberg qui tord les faits pour faire de Graham un personnage faible et dominée par les hommes, parce que ça colle mieux à son interprétation immature du contexte, et que ça lui évite de se confronter à une réalité beaucoup plus nuancée.
C'est vrai que la vidéo est instructive et dépasse largement les vagues et anciens souvenirs de lecture à son propos.
Notamment, quand on lui demande comment elle a pris sa décision de publier les PP, et qu'elle répond, "en 30 secondes", la tête un peu en arrière et limite souriante: "Go ahead!", on se dit que ce n'est pas un manque de respect scrupuleux de l'histoire mais qu'il a loupé son personnage. En voulant insister sur le changement d'époque que cette décision apportait, Spielberg fait d'elle un personnage mondain et pas encore sûre d'elle, pour qu'on comprenne bien qu'après sa prise de décision, elle a conquis le pouvoir et la reconnaissance.
A force de vouloir démontrer combien il était difficile pour une femme de s'imposer dans le monde des affaires à cette époque (ce qui est quand même un vieux poncif pas très original), il banalise un exceptionnel caractère de femme de pouvoir. On peut trouver ça dommage.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker
Jack Griffin a écrit :Deuxième couv' des cahiers pour Spielberg après celle d'ET en 1982 ? Faudrait vérifier
Non, il l'avait fait à l'occasion de Cheval de Guerre il y a six ans (gros dossier sur le cinéaste).
Mais contrairement à Flol, ce n'est pas ça qui me réconciliera avec eux.
Thaddeus a écrit :Non, il l'avait fait à l'occasion de Cheval de Guerre il y a six ans (gros dossier sur le cinéaste).
En fait, cette couv' d'il y a 6 ans ne concernait pas un film en particulier mais l'ensemble de la filmographie : c'était un dessin avec quelques emblèmes représentatifs, et l'époque où les Cahiers s'étaient mis à faire des couvertures dessinées. J'ai pas été fâché quand ils ont arrêté avec ça.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Flol a écrit :Ils disent également pas mal de bien du dernier David Gordon Green.
J'suis à 2 doigts de me réconcilier avec les Cahiers.
Faut pas...Le Gordon Green est une grosse déception, malgré la présence de Gyllenhaal. Le film se présente comme une leçon de courage, avant tout centrée sur la performance oscarisable de Jack Gyllenhaal, dans le rôle d'un handicapé ayant perdu ses deux jambes pendant l'attentat de Boston. Et dont le film nous narre les obstacles, et l'intimité. Même en étant indulgent avec DGG, c'est vraiment et malheureusement sans intérêt. Après, à côté du Spielberg, le choix des Cahiers brille par sa cohérence... Mais, du coup, c'est inquiétant pour le PT Anderson. :)Parenthèse fermée.
Strum a écrit :C'était à l'occasion de la rétrospective Spielberg à la Cinémathèque.
Rétrospective organisée au moment de la sortie de Cheval de guerre.
PS La difficulté des femmes à s'imposer dans le monde des affaires à cette époque n'est pas un poncif en soi. C'est le traitement qui est fait de ce sujet au cinéma qui transforme ce thème en poncif pour scénariste en mal d'imagination.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
Poncif ne veut pas dire que c'est faux mais que cela a été amplement traité et qu'il est difficile d'ajouter quelque chose de nouveau au sujet. Quand on revient volontairement à cela en traitant d'un personnage qui justement a su naturellement s'imposer, c'est franchement dommage.
J'avais lu il y a quelques années un très long article sur une femme qui avait eu une très belle carrière dans la banque française (et carrière du uniquement aux diplômes et au mérite, pas à un héritage) de la fin des années 50 à la fin des années 80, c'était passionnant tout en n'enlevant rien aux difficultés qu'elle avait pu connaître du fait de l'époque.
Présenter la réussite professionnelle d'une femme à cette époque permet d'évoquer la difficulté à y parvenir sans qu'on ait besoin d'en faire une victime, ce qu'elle n'était généralement pas, et qui finalement dévalorise plutôt son originalité et sa force.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker