Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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G.T.O
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Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par G.T.O »

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Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l'entrée de leur ville.

Difficile de savoir de ce qui de la forme, plutôt anonyme, des références plutôt appuyées au cinéma des Coen, ou bien encore cette écriture attendue de l'Amérique profonde, bêtise, violence, accumulant caricature, personnages-clichés, agace le plus ici. Le film a beau être un faux film de vengeance qui, animé par une ambition chorale, alterne portrait d'une communauté et parabole des Etats-unis, rien n'y fait. Sans doute parce qu'on y sent l'épate et la roublardise. Le confort d'une cinématographie dédiée, d'une formule, des personnages réduits à des silhouettes, où même l'accidentel et l'inattendu relève du tour de passe-passe un peu vain. Tout tombe à plat car, au fond, rien n'y manque. De l'accent joué par Sam Rockwell en flic débile, McDormand en femme forte, Woody Harrelson mauvais en flic Droopy, Three Billboards (...) appartient à cette lignée de films à trognes, ronronnant sur l'Amérique des rednecks. Cette ruralité américaine n'inspirant pas autre chose à Mc Donagh que préjugés et considérations oiseuses sur la violence, l'aspect destructeur de la vengeance et possibilité de rédemption. Pensant avoir trouvé la formule de la grande oeuvre sur les Etats-Unis, Mc Donagh nous livre avec ce film, un parfait exemplaire de film-inventaire parmi les bouseux, moins désir de fiction que visite guidée, sabotant toutes les belles promesses.
La plaisanterie de ce début d'année. Et confirmation de la mauvaise santé de Mc Donagh.

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Jack Griffin
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Mc Donagh-2017)

Message par Jack Griffin »

Je n'ai pas particulièrement d'attente mais je ne vais pas bouder un film avec Mcdormand en premier rôle. Toujours apprécié cette actrice même dans des films pas terrible...Sinon à la revoyure, In bruges est un peu lourd
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G.T.O
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Mc Donagh-2017)

Message par G.T.O »

Jack Griffin a écrit :Je n'ai pas particulièrement d'attente mais je ne vais pas bouder un film avec Mcdormand en premier rôle. Toujours apprécié cette actrice même dans des films pas terrible...Sinon à la revoyure, In bruges est un peu lourd
Pas terrible ici la Frances. Disons peu crédible je trouve, tout en mâchoires crispées et regards noir. Mouais.
Duke Red
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Mc Donagh-2017)

Message par Duke Red »

Ouch la critique qui refroidit :o
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Flol
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Mc Donagh-2017)

Message par Flol »

Duke Red a écrit :Ouch la critique qui refroidit :o
Tu viens de faire la connaissance de G.T.O. ?
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Mc Donagh-2017)

Message par Duke Red »

Certes non ^^

Mais entre les critiques US absolument dithyrambiques et quelques avis très positifs de personnes avec qui je suis généralement en phase sur d'autres forums, le Scud de notre ami à trois lettres, dont les avis ont coïncidé plus d'une fois avec les miens, m'a tout de même surpris.

(Les Panneaux de la Vengeance, mon Dieu...)
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Demi-Lune
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par Demi-Lune »

Harkento a écrit :Three Billboards Outside Ebbing, Missouri (Martin McDonagh) : 6,5 / 10

Un bon film de personnages avec de brillants acteurs, dommage que le récit soit souvent gangrené par des dialogues qui viennent insister sur ce que l'on sait/comprend déjà par l'attitude des personnages.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Je pense à cette scène ou Mildred plante des fleurs au pied d'une affiche quand surgit la biche. Mildred nous fait alors un dialogue explicite et bavard sur l'incarnation de sa fille... Pas besoin de nous l'expliquer, des simples scènes sans dialogues aurait rendu cette scène beaucoup plus poétique et évocatrice
, surtout que la mise en scène est impeccable et se met vraiment au service du contenu. Au final, je trouve qu'il manque ce petit quelque chose pour en faire un grand film alors qu'il y avait tout, dans ses thématiques et ses enjeux dramatiques, pour en faire un. Par contre, le titre français est vraiment pas top...
cinephage a écrit :Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, de Martin McDonagh (2017) 8,5/10 - Sorte de chronique américaine dans lequel chacun à ses raisons, oscillant entre polar et americana, ce film offre à Frances McDormand un formidable personnage.
Dernière modification par Demi-Lune le 22 janv. 18, 19:23, modifié 1 fois.
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Coxwell
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par Coxwell »

Je suis un grand admirateur du travail de McDonagh pour In Bruges. 3 Billboards est précis dans son écriture et sa mécanique, mais j'avoue être un peu déçu de voir que ce drame écrit/rythmé comme un thriller ne transpire pas ou peu. On ressent assez peu l'environnement, peu de choses sortent du cadre. Le script est probablement trop serré, étriqué. Peu de place laissé à ce que raconte le lieu, et de la manière dont on respire à travers lui. Frustration assez importante quand on voit justement comment dans In Bruges, l'absurde du lieu dit beaucoup de l'absurde - malgré eux ? - des personnages et du drame qui leur est lié.
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par G.T.O »

Coxwell a écrit :Je suis un grand admirateur du travail de McDonagh pour In Bruges. 3 Billboards est précis dans son écriture et sa mécanique, mais j'avoue être un peu déçu de voir que ce drame écrit/rythmé comme un thriller ne transpire pas ou peu. On ressent assez peu l'environnement, peu de choses sortent du cadre. Le script est probablement trop serré, étriqué. Peu de place laissé à ce que raconte le lieu, et de la manière dont on respire à travers lui. Frustration assez importante quand on voit justement comment dans In Bruges, l'absurde du lieu dit beaucoup de l'absurde - malgré eux ? - des personnages et du drame qui leur est lié.
Remarque très juste Coxwell, sur l'importance de l'environnement, et en particulier de la ville dans In Bruges. 3 billboards est aussi, je trouve, de ce point de vue, une déception. Aucune attention à l'environnement ou disons rien qui vienne éclairer de manière significative le drame comme dans In Bruges. Le lieu est juste un réservoir à histoires truculentes, violentes et paradoxales. Difficile d'être ému, pour ma part, devant de pareils pantins défini par un trait et joué comme tel. De même que je trouve le film très conscient de son mélange des genres. Une sorte de tragi-comédie à la manière des Coen, où le genre tente de dévoiler la vie des personnages en satirisant une région et ses spécificités. La différence étant que chez les Coen la satire s'accompagne, dans les meilleurs des cas, d'une accentuation de l'absurdité et dérisoire des actes des personnages quasi existentielle, et qui, je trouve, les fait échapper au sort de la caricature. Rien de tel chez McDonagh : juste la fatigue d'un schéma éprouvé de la tragicomédie d'une certaine Amérique.
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Coxwell
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par Coxwell »

G.T.O a écrit :
Coxwell a écrit :Je suis un grand admirateur du travail de McDonagh pour In Bruges. 3 Billboards est précis dans son écriture et sa mécanique, mais j'avoue être un peu déçu de voir que ce drame écrit/rythmé comme un thriller ne transpire pas ou peu. On ressent assez peu l'environnement, peu de choses sortent du cadre. Le script est probablement trop serré, étriqué. Peu de place laissé à ce que raconte le lieu, et de la manière dont on respire à travers lui. Frustration assez importante quand on voit justement comment dans In Bruges, l'absurde du lieu dit beaucoup de l'absurde - malgré eux ? - des personnages et du drame qui leur est lié.
Remarque très juste Coxwell, sur l'importance de l'environnement, et en particulier de la ville dans In Bruges. 3 billboards est aussi, je trouve, de ce point de vue, une déception. Aucune attention à l'environnement ou disons rien qui vienne éclairer de manière significative le drame comme dans In Bruges. Le lieu est juste un réservoir à histoires truculentes, violentes et paradoxales. Difficile d'être ému, pour ma part, devant de pareils pantins défini par un trait et joué comme tel. De même que je trouve le film très conscient de son mélange des genres. Une sorte de tragi-comédie à la manière des Coen, où le genre tente de dévoiler la vie des personnages en satirisant une région et ses spécificités. La différence étant que chez les Coen la satire s'accompagne, dans les meilleurs des cas, d'une accentuation de l'absurdité et dérisoire des actes des personnages quasi existentielle, et qui, je trouve, les fait échapper au sort de la caricature. Rien de tel chez McDonagh : juste la fatigue d'un schéma éprouvé de la tragicomédie d'une certaine Amérique.
Oui, je partage ton avis. D'autant plus dommage que cette mécanique est trop implacable, trop déterministe, ce qui laisse au spectateur peu de champ libre, de marge de manoeuvre. Cette vision presque structuraliste est moins pesante dans In Bruges car le décalage, l'absurde sont des armes pour désamorcer le ressenti de la fatalité. Et l'environnement est beaucoup plus signifiant, comme tu le fais remarquer à juste titre. Ce que tu évoques à propos des Coen fonctionne justement beaucoup mieux dans In Bruges.
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Pomponazzo
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par Pomponazzo »

Encore une fois, je vous trouve bien blasés.
Un bon petit film, très éloigné pour moi du cinéma des frères Coen, malgré des points communs strictement factuels, ça part clairement dans une direction bien différente, et tant mieux.
Un régal de comédiens et de beaux moments de comédie, des caricatures certes, pas si grossières que ça... McDonagh remonte la pente après son Seven Psychopaths qui m'avait bien déçu.
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Coxwell
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par Coxwell »

Pomponazzo a écrit :Encore une fois, je vous trouve bien blasés.
Un bon petit film, très éloigné pour moi du cinéma des frères Coen, malgré des points communs strictement factuels, ça part clairement dans une direction bien différente, et tant mieux.
Un régal de comédiens et de beaux moments de comédie, des caricatures certes, pas si grossières que ça... McDonagh remonte la pente après son Seven Psychopaths qui m'avait bien déçu.
Je n'ai pas vu Seven psychopaths, mais j'ai encore la magnifique découverte de son In Bruges dans la tête, un de mes films préférés de ces dix dernières années. Difficile d'être hermétique à toute attente me concernant.
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Pomponazzo
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par Pomponazzo »

Coxwell a écrit :Je n'ai pas vu Seven psychopaths, mais j'ai encore la magnifique découverte de son In Bruges dans la tête, un de mes films préférés de ces dix dernières années. Difficile d'être hermétique à toute attente me concernant.
Bien entendu. C'est pourquoi je m'étais jeté sur 7 Psychopaths... Je doute quand même que McDonagh retrouve un jour la grâce de In Bruges, vu la direction qu'il a pris.
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Alexandre Angel
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par Alexandre Angel »

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J'ai aimé Three Billboards non pas parcequ'il serait révolutionnaire, novateur, qu'il ferait substantiellement avancer le schmilblick, ce genre de choses.
Ni même et surtout pas parcequ'il serait parfait (le film peine à trouver son point de fuite et la fin piétine et achoppe un tantinet).
Mais le film a néanmoins sa personnalité, que j'ai trouvée forte, caractérisée et roborative. Et McDonagh fait montre d'une espèce d'ampleur qui élève Three Billboards, lui confère une hauteur, une charpente que consolide l'alliage inédit d'états d'esprit devenus rares dans le cinéma américain contemporain.
Beaucoup plus que le patronage superficiel des frères Coen (Frances Mc Dormand et Carter Burwell n'y suffisent pas), c'est à Robert Altman que l'on songe, mais un Altman revisité par Russell Banks.
J'ai trouvé originale la tenue visuelle du film : sobre, grisâtre mais trouée d'éclats baroques. Et surtout, j'ai ressenti le regard européen de McDonagh, et très anglais dans dans cette manière de souffler le chaud et le froid, de faire fuser une répartie qui sophistique de manière inattendue les ploucs que la bourgade d'Ebbing nous offre sur le plateau de la fiction.
Dans Three Billboards, on rentre comme dans un moulin, on se connait, on s'invective, on se violente, on s'écrit des lettres. L'être y a sa traçabilité. Les flics emmerdent Martha? Qu'à cela ne tienne, Martha ira emmerder les flics.
Ce que le film a de beau tient tout entier dans le point de vue surprenant de McDonagh sur son americana, qui rappelle à notre bon souvenir ce qu'a insufflé l'imagination anglaise, de Mackendrick à Frears, de James Whale à John Schlesinger (en passant par qui vous savez), au cinéma américain.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Crève-cœur
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Re: Three Billboards : les Panneaux de la vengeance (Martin McDonagh - 2017)

Message par Crève-cœur »

Si je suis assez satisfait du film - surtout après un Seven Psychopaths insupportable - et d'un scénario beaucoup plus mature qu'escompté (beaucoup de scènes qui savent remuer tout en évitant la complaisance) je reste profondément dubitatif au sujet des cinq dernières minutes d'une stupidité franchement étonnante et à peine rattrapée par la réplique finale. Je suis tout aussi étonné qu'aucune critique que j'ai pu lire au sujet de ce film n'en fasse état parce que c'est vraiment énorme.
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