cinephage a écrit :Je déteste qu'un auteur qui avait envie de créer un adversaire portant une difformité doive y renoncer pour des raisons de censure économique.
Je pense qu'aujourd'hui, c'est déjà le cas, que les "censures" économiques existent déjà (on appelle ça autrement, genre "le potentiel de ventes") sauf qu'on ne le dit pas, qu'on n'a donc aucune idée de ce qu'on rate, et que pourtant, on défend ce résultat avec tous les filtres qui existent en amont.
cinephage a écrit :Contrairement à toi, je ne pense pas que tout soit interchangeable dans une histoire donnée, et qu'on puisse en modifier à volonté des éléments pour de simples raisons morales.
Et moi je pense que tu l'écris très bien quand tu parles de représentation classique, et que cette représentation classique mérite peut-être d'être dépoussiérée, mais comme tout le monde s'en branle (dont acte ici), bah faut que quelqu'un lève le doigt et force un peu le mouvement pour que demain, peut-être, les méchants arrêtent d'avoir des tronches stéréotypées.
Et qu'imposer de devoir sortir de ce classicisme qui a fait son temps est au contraire probablement un moyen de ruer dans les brancards de certains clichés cinématographiques. Soit tout le contraire d'appauvrir la créativité. Ne dit-on pas d'ailleurs que la créativité n'est jamais aussi grande que quand elle doit contourner les obstacles ?
cinephage a écrit :Imaginer que les gens sont idiots, qu'ils vont jeter des pierres aux boiteux parce qu'un méchant de cinéma est boiteux, c'est une approche simplificatrice, qui nie la capacité de discernement de la population.
Le code civil, le code pénal, le code de la route, etc, c'est juste des pense-bêtes ? Ou bien il faut bel et bel rappeler aux gens (sanctions à la clé s'ils oublient) que tuer des gens, c'est mal, rouler trop vite c'est dangereux, rouler bourré aussi, et qu'il faut mettre un casque sur un chantier ou un harnais quand on travaille en hauteur.
Pour le reste, je vais me répéter mais il a été démontré que l'appartenance aux canons de la beauté classique favorise des tas de choses et que l'opposé défavorise. Après, on peut se poser la question de l'oeuf ou de la poule, c'est probablement bien plus juste mais le fait est que oui, on a aujourd'hui des biais envers les difformités, opposés à des biais pour l'appartenance aux canons classiques de la beauté, et que ce n'est pas forcément aidé quand la société, y compris via ses représentations socio-culturelles, véhiculent ces clichés.
Après, on peut apprécier ce status quo et estimer que moui, bon, c'est pas si mal au fond.
On peut aussi a minima se dire que peut-être y a des choses à faire.
Major Tom a écrit :Encore une fois, l'idée n'est pas de contester qu'il y ait davantage de héros défigurés au cinéma comme ci-dessus (et des "méchants" qui ressemblent à des gravures de mode, en cherchant bien ça ne manque pas non plus, d'ailleurs un jour il faudra que les mannequins Redoute demandent des comptes aux producteurs
), et si le BFI avait simplement demandé à produire davantage de films avec cette idée, ça aurait été une bonne intention. Mais non, il a fallu qu'ils choisissent d'interdire purement et simplement.
Je comprends cette remarque et suis globalement d'accord avec, mais à nouveau ils n'interdisent rien. Ils disent juste "ce sera sans nous". Comme n'importe quel organisme de financement ou de production peut le faire. Si demain, machin décide que tel film ne lui va pas pour x ou y raisons (ce qui doit arriver à peu près 1000 fois par jour de par le monde), bah il mettra pas de thunes dedans. Est-ce interdire le film pour autant ?
Non.
Les mots ont un sens. Et c'est probablement là où on diffère. Je suis peut-être (probablement) naïf, je l'ai déjà dit ici, mais je pense que d'un autre côté, vous êtes particulièrement prompts au catastrophisme.