Bien sur que ça n'est pas incompatible, sauf que de plus en plus on voit fleurir des critiques auto-proclamé féministes qui semblent suggérer que l’ambiguïté est une mauvaise chose, que le fait de montrer par exemple un homme au comportement problématique sans clairement surligner au gros stabilo bien rouge que c'est problématique, bref en reprochant au film de ne pas faire une opposition manichéenne, de ne pas donner une représentation idéalisé des femmes libéré...tenia a écrit :Je pense que l'un n'empêche pas l'autre, qu'on peut avoir une écriture fine permettant à des personnages ambigus de cohabiter au cinéma avec des personnages féminins bien écrits (entre autres), que les premiers ne vont probablement pas disparaître de sitôt (ne serait-ce que parce que ce sont souvent des personnages appréciés) et que ce serait bien que les seconds prennent le pas sur une certaine caractérisation à la truelle.
Il y a une différence entre pointer la récurrence d'un trope tel que le sidekick noir qui va forcément mourir en premier ou, pour reprendre le test de Bechdel, les femmes vue uniquement a travers de leur relations sexuel, amoureuse avec les hommes, qui effectivement relève du cliché et de la facilité d'écriture qu'on peut qualifié de raciste ou de sexiste et vouloir absolument que chaque films grand public ou auteurisant deviennent un véhicule de la cause féministes et oui c'est critiques simplificatrice existent.
A un moment si on veut dire quelques choses de pertinent sur un film (prisme féministe ou pas d'ailleurs, comme le disait Pol Gornek ça vaut toute les autres approches) il faut quand même essayer de voir ce qu'il essaye de raconter et de transmettre avant de le faire rentrer dans des cases. Il ne s'agit pas d'accepter tout et n'importe quoi mais d'essayer de se garder des indignations automatiques.
On peut penser ce qu'on veut de Phantom Thread, c'est vrai que la femme y est vu essentiellement a travers le prisme masculin et que le film présente une perspective masculine, il n’empêche qu'on ne peut pas pour autant le qualifier de propagande pour la masculinité toxique comme dans cette article du New Yorker: https://www.newyorker.com/culture/cultu ... asculinity. Il me semble quand même le personnage masculin y est clairement dépeint comme un égoïste entièrement dépendant des femmes qui l'entoure, et que dans cette révision du mythe de Pygmalion on a une Galatée qui si elle ne brise pas la relation avec son créateur se retourne quand même contre lui et choisit de le façonner a son tour. Mais non c'est quand même de la propagande (on se demande si l'auteur sait ce que c'est que la propagande) pour la masculinité toxique...
Le film d'Anderson explore une histoire limite, masochiste et paradoxale, le propos en est relativement ouvert (a mon avis), les ambiguïtés des personnages sont, comme tu le demande présentée et explorée comme tel et ces justement ces ambiguïtés, y compris celles du regard qu'Anderson peut porter sur eux qui fait l'intéret du film.
C'est comme l'article de libération sur Blow Up d'Antonioni, qui restait totalement aveugle aux trés nombreux éléments du films qui allaient contre sa lecture simplificatrice des relations des personnages et de l'attitude du cinéaste a l'égard de son antihéros. Le tort d'Antonioni (je paraphrase de mémoire mais je ne pense pas trahir le sens de l'article) c'est de ne pas avoir tout surligner de ne pas avoir centrer son film sur ces femmes exploitées par le photographie, de ne pas avoir marqué au fer rouge le front de David Hemming d'un Salaud! qui aurait tout explicité et supprimé toute forme d'ambivalence et détourné le film de son sujet qui est la relation a l'image et a la réalité.