excepté que ce n'est pas un texte isolé, et ici ce n'est pas un article sur un blog quelconque écrit par un jeune critique amateur et débutant mais un article publié dans un journal par une historienne universitaire dont on serait en droit d'attendre un peu plus de prudence et de sérieux.tenia a écrit : Donc c'est pas parce qu'une personne écrit un texte foireux que ça représente un actuel courant de fond répandu et inquiétant. Faut pas prendre la partie pour le tout.
Encore une fois il y a une tendance critique actuelle qui se confond avec une pratique militante qui tant a refuser au nom d'une cause juste toute forme de complexité dans les représentations artistiques. Ce que reproche Laure Murat à Blow Up c'est de ne pas crier a chaque plan l'infamie du personnage interprété par David Hemmings pour être sur que le spectateur ne va pas le trouver super-cool. Elle peut bien dire qu'il n'y a pas de logique de tribunal dans ce regard porté sur le film, tout son article est instruit par cette logique du tribunal, ou films (et a travers eux les cinéastes) sont sommés de prouver leur innocence.
L'autre gros problème de cette approche, outre leur logique simpliste et leur tendance a la propagande, c'est que les arguments sont largement réversibles: on peut avec la même méthode faire du film d'Antonioni une dénonciation du male gaze et de sa violence intrinsèque révélant la domination masculine, ce qui, spoiler, serait une vision tout aussi idiote. Évidemment ça ne doit pas condamner toute forme d'approche féministe ou gender studies du cinéma, mais ce n'est pas parce qu'elles entendent dénoncer une injustice qu'elles doivent être au dessus de toute critique, et les dérives ne sont pas rares.