Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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hellrick
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par hellrick »

la_vie_en_blueray a écrit :si je revend le DVD/BR, je suis censé me débarrasser de toutes mes copies privées, non ?
Pour ma part j'ai donné toutes mes copies de cd, oui c'est mal.
Mais j'ai racheté les originaux. :D
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Major Tom
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par Major Tom »

pol gornek a écrit :La portée n'est pas la même mais la démarche est identique. Toi, tu étais le « serveur » qui fournissait un entourage proche. Et tu n'étais pas la seule personne à faire bénéficier les copains. Beaucoup de gens ont connu quelqu'un qui... Donc si tu multiplie les « serveurs » et leur entourage proche, tu obtiens un nombre, plus ou moins conséquent, qui à partir d'une œuvre acheté ou pire, empruntée, permettait à plusieurs personnes d'en bénéficier. C'est du piratage archaïque, si on veut, mais la méthode est la même. Aujourd'hui, on n'a plus besoins de connaître quelqu'un en particulier ou alors on connaît tout le monde.
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:mrgreen:
La démarche n'est même pas identique.
Entre le pirate de 2017 qui se fait du pognon en partageant une centaine de films sur la toile pour que des milliers d'inconnus puissent les télécharger quotidiennement, et le collégien qui, en 1997, copiait Reservoir Dogs sur une VHS pour le filer à 2 ou 3 copains de cour de récré sur une année, il y a quand même une très grosse différence...
Et alors avec celle qui "aime beaucoup les vieux films de Woody Allen, du coup les télécharge illégalement", je me demande par quelle pirouette on peut encore trouver un rapprochement à faire avec ça.

Il ne s'agit pas de mettre tous les militants dans le même panier, il s'agissait simplement d'une phrase qui piquait les yeux.
pol gornek a écrit :une phrase est ciblée, c'est celle sur le piratage qui embraye sur une discussion, qui n'a pas tant de rapport que ça avec le sujet du topic.
Ah bon ?
Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé
pol gornek a écrit :Et je suis persuadé qu'à l'époque, il y avait plein de justifications plus ou moins romantiques, plus ou moins philosophiques pour légitimer cette pratique.
Bien sûr ! On avait que ça à foutre, se justifier philosophiquement le geste romantique de copier sur une VHS un film que 3 potes veulent simplement mater, ça mérite une sacrée réflexion. :)
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Message par pol gornek »

Major Tom a écrit :La démarche n'est même pas identique.
Entre le pirate de 2017 qui se fait du pognon en partageant une centaine de films sur la toile pour que des milliers d'inconnus puissent les télécharger quotidiennement, et le collégien qui, en 1997, copiait Reservoir Dogs sur une VHS pour le filer à 2 ou 3 copains de cour de récré sur une année, il y a quand même une très grosse différence...
Et alors avec celle qui "aime beaucoup les vieux films de Woody Allen, du coup les télécharge illégalement", je me demande par quelle pirouette on peut encore trouver un rapprochement à faire avec ça.
Fondamentalement, la démarche est la même : quelqu'un met à disposition une copie. Bien sûr, les moyens aujourd'hui permettent une industrialisation du piratage (c'est beau le capitalisme quand même) où effectivement on gagne de l'argent (remarque, tu aurais pu vendre tes copies à tes trois potes, cela t'aurait fait de l'argent de poche), qu'il n'y a pas ou plus l'idée « de faire découvrir une oeuvre à un entourage » (et encore, je suis sûr que certain.e.s osent encore sortir cette excuse pour le dernier blockbuster partagé). Après je ne te juge pas, on est nombreux à l'avoir fait (moi, j'étais plus copain de, que copieur), mais le coup de « c'est l'époque blablabla...», non, à partir du moment où des supports vierges ont existé, le piratage a existé. Cela ne justifie pas le piratage, cela ne rend pas plus intelligent la justification un peu bête « télécharger pour punir » mais notre époque n'est pas pire qu'une autre.
Il ne s'agit pas de mettre tous les militants dans le même panier, il s'agissait simplement d'une phrase qui piquait les yeux.

Oui, et le forum semble vachement plus inspiré sur la question du piratage.
pol gornek a écrit :une phrase est ciblée, c'est celle sur le piratage qui embraye sur une discussion, qui n'a pas tant de rapport que ça avec le sujet du topic.
Ah bon ?
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Tu veux parler de ce titre grotesque, volontairement provoc' qui ne concernait QUE le billet d'humeur de Roy ? Et quote le début de la phrase, pour moi, il est révélateur : 14 000 signes -> une phrase.
Bien sûr ! On avait que ça à foutre, se justifier philosophiquement le geste romantique de copier sur une VHS un film que 3 potes veulent simplement mater, ça mérite une sacrée réflexion. :)
Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Les excuses d'hier ne valent pas mieux que celles d'aujourd'hui. Mais on est d'accord, cela ne mérite pas une sacrée réflexion et pourtant ça fait deux pages qu'on en parle (moi le premier).
Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
(Vincent Colonna)
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tenia
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par tenia »

Major Tom a écrit :Entre le pirate de 2017 qui se fait du pognon en partageant une centaine de films sur la toile pour que des milliers d'inconnus puissent les télécharger quotidiennement, et le collégien qui, en 1997, copiait Reservoir Dogs sur une VHS pour le filer à 2 ou 3 copains de cour de récré sur une année, il y a quand même une très grosse différence...
En 97, tu avais aussi des gens qui faisaient du pognon en revendant des VHS pirates et des jeunes qui faisaient tourner aussi pour la découverte. Y avait même les 2 en même temps : en 2000 (pour être exact), un pote m'avait fait une copie de Fight Club sur VHS quand j'étais au collège moyennant quelques francs.

Donc non, rien n'a changé, seulement les supports et la portée de la diffusion (c'est sûr que c'est plus facile de partager un Divx par internet que fourguer des VHS à Barbès). Mais des gus faisant du pognon illégalement et d'autres cherchant à avoir accès à des films sinon difficiles à voir co-existaient déjà avec la VHS, tout comme les 2 existent toujours actuellement (j'ai toujours la Industrial Symphony Vol. 1 et le montage de 4h de Greed sur mon dur).

Et à nouveau, c'est visiblement loin d'être si évident que ça. :idea: L'appel à la tradition a bon dos, je suppose.
Major Tom a écrit :Il ne s'agit pas de mettre tous les militants dans le même panier
Ce qui n'empêche pourtant pas certains de partir de cette personne et d'en tirer des conclusions générales sur une époque toute entière.
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Major Tom
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par Major Tom »

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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par Supfiction »

Auparavant, la copie était dégradée.
Quand j'enregistrais étant gosse des vinyls prêtés par des voisins sur cassette audio, à aucun moment je n'avais conscience de "voler".
Par contre plus tard quand j'allais au videoclub louer une VHS et la copier pour revoir le film à volonté, oui je savais que c'était interdit (il devait y avoir dans les vhs un message d'information déjà). Mais on ne se donnait pas bonne conscience en cherchant des excuses. Et si certains le faisaient (la bonne conscience et la moralisation douteuse ne sont pas des tares d'aujourd'hui) il n'y avait pas internet de toutes façons pour aller le crier haut et fort.

Ce qui est propre à l'époque c'est d'exposer ses réflexions douteuses sur internet pour se reconforter dans ses choix et alléger sa mauvaise conscience.
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par Karras »

Article intéressant ( en anglais ) du webzine ConsequenceOfSound sur la dissociation entre art et artiste à travers le dernier album du groupe américain Brand New qui, malgré des critiques unanimes lors de sa sortie ( le site Metacritic le place 11ème des albums de l'année ), se trouve totalement absent des tops de fin d'année après les allégations d'agression sexuelle à l'encontre de son chanteur.
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par Karras »

Article de Serge Kaganski dans les Inrocks :
Une professeure de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA) Laure Murat, considère "Blow up" de Michelangelo Antonioni comme un parangon de violence faite aux femmes (Libération du 12 décembre). On s'interroge.
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par Eusebio Cafarelli »

Elle fait ce que n'importe quel historien essaye toujours de ne pas faire : elle regarde le film uniquement avec les lunettes d'aujourd'hui, hors de tout contexte et de toute histoire du cinéma d'Antonioni. Et c'est navrant.
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tenia
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par tenia »

Kaganski résume bien : le personnage de Hemmings est quand même avant tout un connard qui finira le film seul, presque comme une merde. Il est perdu tout du long, erre, ne comprend pas, ne sait pas. Il a un comportement de merde, et ce comportement est contextualisé comme tel.
Ce n'est pas un personnage qui va faire tomber les filles avec (ou malgré) ce comportement de merde, ou réussir ou je ne sais quoi.
Donc à partir de là, effectivement, l'auteure du texte dans Libé se trompe assez grossièrement.
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Message par shubby »

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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par Thaddeus »

C'est le prochain sur la liste.
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Farnaby
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par Farnaby »

Karras a écrit :Article de Serge Kaganski dans les Inrocks :
Une professeure de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA) Laure Murat, considère "Blow up" de Michelangelo Antonioni comme un parangon de violence faite aux femmes (Libération du 12 décembre). On s'interroge.
Kaganski insiste à juste titre sur ce propos ahurissant de la féministe : il faut oeuvrer à la « désacralisation de l’esthétisme, dont l’empire étouffe tout jugement ». Voilà, en quelques mots, tout l’art mis à la poubelle au profit du discours, du contenu et de la morale. Et une fois de plus, ces « progressistes » nous font reculer de cent, deux cents ans, quand les bigots ne lisaient pas les phrases de Flaubert mais seulement leur contenu jugé scandaleux.
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par hansolo »

tenia a écrit :Kaganski résume bien : le personnage de Hemmings est quand même avant tout un connard qui finira le film seul, presque comme une merde. Il est perdu tout du long, erre, ne comprend pas, ne sait pas. Il a un comportement de merde, et ce comportement est contextualisé comme tel.
Ce n'est pas un personnage qui va faire tomber les filles avec (ou malgré) ce comportement de merde, ou réussir ou je ne sais quoi.
Donc à partir de là, effectivement, l'auteure du texte dans Libé se trompe assez grossièrement.
Voila ...

C'est un peu comme ceux qui prétendent que Whiplash fait l'éloge du chantage émotionnel et du harcèlement moral ... alors que l'éthique dans la relation élève-professeur y est constamment questionnée.
Dernière modification par hansolo le 16 déc. 17, 12:09, modifié 1 fois.
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.

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tenia
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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Message par tenia »

Après, des gens qui ne comprennent rien, y en a toujours eu, hein. Et pourtant, aujourd'hui, ne serait-ce que les comiques n'ont jamais été aussi libres de balancer des blagues odieuses (je pense à Gaspard Proust, par exemple).
Donc c'est pas parce qu'une personne écrit un texte foireux que ça représente un actuel courant de fond répandu et inquiétant. Faut pas prendre la partie pour le tout.
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