Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Watkinssien
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par Watkinssien »

odelay a écrit :Un destin assez familier qui me rappelle celui d'un autre film. On en reparle dans qq années comme pour cet autre film. Je pense vraiment que c'est une grande œuvre qui sera hautement respectée dans le temps.
Je me souviens de Children of Men qui, lui, a été un vrai gros flop, une belle tuile financière. Je me souviens à l'époque, combien j'avais trouvé cela désespérant tellement le film était brillant.
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Outerlimits
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par Outerlimits »

MickeyLD a écrit :
hansolo a écrit :Le film perd 54% pour son second week end (estimations), soit un total de 60 M$ US + 100 M$ a l'international.
Il pourrait atteindre les 250 M$ Monde au final, voir bien mieux si l'accueil chinois est a la hauteur (sortie en Chine + Japon le 27/10)
Le film est injustement boudé par le grand public... Triste époque. Blade Runner 2049 à 2 gros défauts: celui de ne pas être un gros blockbuster calibré pour séduire les masses peu exigeantes (habituées aux franchises DC, Marvel et autres daubes du genre), et surtout d'être la suite d'un film culte "intouchable".
Le film est surtout très chiant (ce qui explique à mon humble avis en grande partie son relatif insuccès), et bien moins abouti dans son esthétique par rapport au 1er. Le premier film racontait une histoire simple et universelle, le second est un pensum interminable presque dénué d'atmosphère et d'émotion.
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par MickeyLD »

Outerlimits a écrit :
MickeyLD a écrit :
Le film est injustement boudé par le grand public... Triste époque. Blade Runner 2049 à 2 gros défauts: celui de ne pas être un gros blockbuster calibré pour séduire les masses peu exigeantes (habituées aux franchises DC, Marvel et autres daubes du genre), et surtout d'être la suite d'un film culte "intouchable".
Le film est surtout très chiant (ce qui explique à mon humble avis en grande partie son relatif insuccès), et bien moins abouti dans son esthétique par rapport au 1er. Le premier film racontait une histoire simple et universelle, le second est un pensum interminable presque dénué d'atmosphère et d'émotion.
C'est ton ressenti.
Je n'ai à aucun moment trouvé le film chiant ou dénué d'atmosphère, bien au contraire. Le rythme maitrisé par Villeneuve et la sublime photographie de Deakins m'ont happé. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde (et je n'aurai pas dit non à quelques minutes supplémentaires, histoire de développer un peu plus les personnages Niander Wallace et Luv).
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Coxwell
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par Coxwell »

Quel que soit le lien que l’on peut entretenir avec le film légendaire dont il est issu, Blade Runner 2049 est une sorte de miracle. Dans la configuration actuelle de la production hollywoodienne où tout blockbuster à plus de 8 chiffres finit systématiquement dans la machine à compresser l’auteur et l’expérimentation narrative et visuelle, Blade Runner 2049 fait figure d’anomalie. 180M de dollars pour 2h43 de film construit avec une mise en scène posée au rythme particulièrement lancinant… euh… l’existence même de cet objet d’art est le fruit d’un drôle d’alignement des planètes. La suite de la réflexion « miraculeuse » est tout aussi intéressante : Comment succéder artistiquement après le film iconique réalisé par le tandem Hampton Fancher et Ridley Scott ? Rappeler Fancher au script, laisser diriger la mise en scène par un esthète (Denis Villeneuve), le seconder par un grand faiseur d’images (Roger Deakins) et lui souhaiter de réussir sa traversée d’un champ de mines représenté par Ridley Scott lui-même ainsi que toutes les contraintes émanant de Sony-Alcon Pictures. Dans ce banal bras de fer hollywoodien, Villeneuve aurait vraisemblablement obtenu le Director’s cut mais n’a pu empêcher de se faire amputer de son compositeur attitré Johann Johannsson, remplacé à la hâte par l’écurie – boom boom – Zimmer.

Le miracle peut-il néanmoins être reconnu voire même faire l’objet d’un imprimatur canonique de cinéphile ? Il est bien délicat d’évaluer ce film indépendamment de son illustre ancêtre tout comme de n’importe quel autre film avec lequel il communiquerait ; après tout, toute œuvre entretient des rapports intrinsèques avec la production passée et présente, et la science-fiction est un terrain de réflexion qui dépasse le simple cadre du fondateur - Philip K. Dick. Par ailleurs, si Blade Runner est une de ses œuvres emblématiques, elle n’est pas nécessairement représentative du film de Ridley Scott (1982) et inversement, le succès de Blade Runner dépend aussi de la manière dont l’œuvre a été digérée et recomposée par le cinéaste. C’est la richesse du roman d’origine qui permet justement à Denis Villeneuve de proposer une sorte de poursuite/relecture à travers quelques aspects pour le moins séduisants. Si le premier film était une enquête à proprement dite sur l’identification et la nature de ce qui s’oppose et se définit par rapport à l’humain, le deuxième film ne retombe pas dans la facilité du recyclage de la problématique initiale de 82 : c’est l’expérience et la mise en relation des créatures qui font naître l’empathie et la définition même de l’humanité. Denis Villeneuve et Hampton Fancher ont choisi alors de substituer le questionnement entre organique né / (re)constitution synthétisée de l’œuvre cinématographique originelle pour privilégier une réflexion consacrée à la dialectique « univers immatériel » / « monde physique ». Cette quête se poursuit dans une forme d’écriture à étapes où la disparition de la matière « née » s’accompagne de la présentation d’un monde en ruines dans lequel l’humanité n’est plus qu’affaire de reliques, d’idoles et de souvenirs en train de disparaître et sur le point d’être remplacés. La place du souvenir, de sa « matière » à la fois émotionnelle et spatialement « physique » est l’enjeu de ce film tout autant que du livre de Philip K. Dick. Il faut se souvenir du rapport obsédant à l’animal « né », à l’animalité « vraie » à l’origine de l’instinct et de l’émotion dans l’œuvre de l’écrivain pour se rendre compte que le deuxième film consacré à Blade Runner explore une piste intéressante. Ce glissement vers l’artificialité immatérielle et connectée en lieu et place de l’analyse de la déchirure, de la douleur de la matière organique/synthétique s’exprime avec une certaine pertinence dans la photographie de Roger Deakins, très différente de celle de Jordan Cronenweth. Quand celle de 1982 était sombre, bouchée et fortement « collante » dans sa matière et sa texture argentique, celle de 2017 est ténébreuse mais nébuleuse, claire dans sa ligne et ses intérieurs, lisse dans son rendu et ses uniformités de couleurs. Ce changement de texture et d’éclairage est tout sauf équivoque dans les intentions supposées de cette deuxième mise en récit du livre de Dick.

Malheureusement, le propos est peu approfondi, essentiellement cantonné à une composition d’images assez segmentées et peu « transpirantes » les unes sur les autres. N’a-t-on pas dit à propos de l’expérience de Koulejov et de la force du montage que le cinéma était affaire de succession de plans capables de communiquer entre eux, de transmettre une coloration émotionnelle accompagnée au fil des plans, créant un sentiment général plutôt qu’un succédané d’émotions figées et étriquées dans un cadre ? Aussi laborieux, léché et très esthétique soit-il, le film de Villeneuve souffre de ce défaut de dialogue entre les cases de son portfolio Blade Runner, d’un filé liant images et sons construits sur le pouvoir de la suggestion, de non-dits, plutôt que dans le « monstré » de photos animées qui seront toujours plus limitées dans leur pouvoir de persuasion que celui issu de l’association explicite/implicite dans la tête du spectateur. Si l’humanité n’est plus qu’un artefact numérique de ce qu’elle était jadis sur le plan physique et sensoriel, l’empathie « d’apprentissage » devient une anomalie ou un processus troublé dans le comportement des androïdes. Il faut analyser finement l’écriture du personnage de Luv, de ses émotions contrariées et observer l’interprétation très réussie de Sylvia Hoeks pour comprendre que l’empathie représente l’enjeu central d’une histoire autour de la continuité ou rupture avec le monde – humain et sentimental - précédent. Mais à nouveau, ce qui pourrait caractériser le discours du film peine à être habité par l’image suggestive et la mise en scène de façon générale. La faute notamment à une clarté didactique trop évidente, la résolution trop simple d’un petit élément réflexif, très téléguidé et très linéaire dans son explicitation.

Cet élément est d’autant plus embarrassant que les ingrédients de départ sont choisis avec justesse : mise en scène formaliste et assagie, narration rampante et posée. Malheureusement, cette lenteur n’est pas vraiment au service du flottement ou de la pesanteur « philosophique ». Il est difficile de ressentir et de réfléchir à la mécanique écrasante d'un monde tenu par un deus ex machina seul et profondément triste (Wallace). La beauté des plans est peu associée à la contemplation pesante de la destruction d'un monde, aux errances mélancoliques d'une humanité où les derniers rejetons n’existeraient plus qu’à travers leurs propres expériences de « sauvetage cybernétique » ? Dans un monde hyper connecté, implacable, linéaire mais aussi impétueux de par ses intempéries naturelles qui s'acharnent sur ce qui reste de « né(s) », ressentir le filé du temps qui passe et le poids de l'âme caractérisent l'expérience mélancolique et métaphysique de l'œuvre de Philip K. Dick. Or, la lenteur du film est davantage consacrée au goût du voyage, à la découverte de paysages plutôt qu'aux rencontres et aux expériences chargées les unes les autres de cette couleur émotionnelle contribuant au sentiment évoqué plus tôt. Amateurs de SF hardcore, cinéphiles épris de mélancolie, Blade Runner addicts attendant le retour du fils prodigue… Apprenez à gérer votre frustration en accompagnant ce voyage « 2049 » d’une relique fantasmée ; usez d’un fragment mémoriel afin de vous rappeler ou de simuler la sensation douce de la brise du Tritium flottant dans l’hiver nucléaire de Las Vegas. Les belles images de Denis Villeneuve pourront malgré tout vous y aider.
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hansolo
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par hansolo »

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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par David Locke »

Je suis parti voir ce Blade Runner 2049 avec pas mal d'attentes, et plutôt confiant au regard des critiques positives... Autant dire que je suis déçu.
La sortie du film de Villeneuve aura au moins eu le mérite de me redonner envie de revisiter le classique de Ridley Scott, qui s'est avéré infiniment supérieur...
Toutefois, pour ne pas obscurcir mon jugement, je n'entrerais pas dans la comparaison systématique avec l'original, qui n'a d'ailleurs que peu d'intérêt.

Le problème fondamental du film de Villeneuve, c'est l'absence d'incarnation.
Or, c'est précisément un des thèmes fondamentaux de Blade Runner où l'on parle même de "skin job" pour désigner les "replicants" : comment habiter cette peau (sur-)humaine avec un esprit de synthèse, injecté dans l'automate pour lui donner vie ; comment un esprit synthétique doué de réflexivité peut parvenir à se construire un rapport au monde personnel par les interactions de son corps avec l'extérieur (de la même façon que se développe la personnalité d'un véritable être humain durant l'enfance), dépassant ainsi l'intention de son créateur de disposer d'humanoïdes sous contrôle permanent. Programme fascinant et vertigineux que celui-ci !

A rebours de tout cela, l'esthétique complète du film, les partis pris de jeu ou de mise en scène s'acharnent justement à mettre l'accent sur la désincarnation, la virtualité :
- la photo lisse, propre, très "papier glacé multi-retouché"
- l'absence de référence à des lieux réels, alors qu'on est quand même dans un futur pas si lointain
- le personnage virtuel de Joy, intéressant sur le papier, mais qui, malgré la réussite technique, s'est visiblement trompé de film
- Carla Juri, l'actrice la plus à même d'incarner un personnage - ceux qui l'ont vue en Paula Modersohn-Becker savent de quoi je parle - réduite à jouer un personnage souffreteux dans un hangar vide
- la cécité ridicule de Wallace - pourquoi diable ne s'est-il pas greffé des yeux de sa fabrication, ce serait plus simple, non ?
- le choix de l'impassibilité chez Ryan Gosling, et le rappel constant fait à Joe de sa condition d'être synthétique, d'enveloppe sans âme...
Tout ceci fait du film une expérience dans laquelle on ne rentre jamais vraiment, qui glisse sur le spectateur sans lui permettre de s'identifier, sans l'intriguer ou le questionner véritablement.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ce qui est censé permettre à Joe de s'émanciper, ce n'est plus une confrontation simple de son corps avec son environnement, par sa perception sensible, mais aussi esthétique, voire même morale, du monde, mais la découverte de la possibilité qu'il ait été conçu de manière "naturelle". Il y a comme une surenchère qui pour moi confine au grotesque : le spectateur, dans l'impossibilité de s'identifier (voir les raisons listées ci-dessus) est censé s'émerveiller/être terrorisé (au choix) par la possibilité que des êtres synthétiques puissent se reproduire une fois sans intervention humaine et acquièrent par ce fait leur liberté.
Cela me parait d'une naïveté, d'un simplisme confondant. En effet, l' "être synthétique né" (je ne sais pas comment l'appeler autrement tellement c'est déjà improbable en soi) est unique, il n'a de ce fait pas de congénères, humains ou non humains, et ne peut donc pas, par sa seule existence, remettre en cause la condition humaine/humanoïde.
Tout est à l'avenant : fétichisme de l'univers, mais vanité, voire absurdité des idées qui sous-tendent le scénario. Or, sans scénario à la hauteur, pensé pour que la succession des images fassent sens pour le spectateur, pas de véritable réussite possible, même formelle.
J'irais même jusqu'à conclure que nous avons affaire ici, comme on dit de certains tableaux, à un faux.
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shubby
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par shubby »

David Locke a écrit : - le choix de l'impassibilité chez Ryan Gosling, et le rappel constant fait à Joe de sa condition d'être synthétique, d'enveloppe sans âme...
Si je reproche +ieurs choses au film, pour le coup je cautionne : cela conditionne ce vrai questionnement, finalement, qui consiste désormais, pour tout un chacun, à savoir ce qui le différencierait d'un répliquant. Mamoru Oshii est déjà passé par là, il a déjà prolongé le thème jusqu'au bout - jusqu'à toucher Dieu même je dirais - mais Villeneuve tape bien comme il faut dans l'air du temps. Une star, voire un élu, peuvent être fabriqués, élevés en batterie. La génération FB se fait joliment secouer à travers le perso de Gosling. je veux dire : être un robot ou un esclave, si tu es conditionné pour, tu ne le remets pas en question. Tu es "maté". Le jour où "le dormeur se réveille", est-il un individu extraordiaire où la composante d'un tout existant ? Si quelqu'un se croit unique, génial et en même temps accepte son statut d'esclave, il reste manipulé. Ce Blade Runner existe formidablement sur la fin, à travers ses actes. Peu importe ce qu'il est, il mérite le respect, donc il existe.
L'équivalent du répliquant lambda, de nos jours, ce serait un type qui taffe sans se poser de question pour un salaire de merde, qui se tripote sur le net devant des photos de canons, fait du jeu vidéo dans lesquels il incarnerait un Dieu vivant, se rebellerait virtuellement pour mieux respecter la loi - les contraintes des puissants - dans le monde réel sans rien remettre en cause. Ils sont nombreux, je pense. De ce point de vue, je trouve ce BR2049 sacrément subversif. Et engagé.
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par David Locke »

@shubby : Je te rejoins plutôt ici.

Je me suis posé aussi posé la question, après coup, de ce que le film dit de notre époque, de la façon dont nous vivons, de ce que nous sommes devenus... et ce vers quoi nous allons (ce qui est évidemment un des thèmes de la science-fiction d'anticipation).
Peut-être sommes-nous déjà suffisamment désincarnés, hyper-connectés et virtualisés pour nous identifier à "quelqu'un" comme Joe.
Dans ce cas, le film serait un vaste état des lieux de l'humanité en ce début de 21ème siècle où la question n'est plus de savoir si un être synthétique est en mesure d'atteindre notre degré de dignité par l'affirmation d'une émotivité personnelle en dehors de tout contrôle et d'un libre arbitre acquis de haute lutte (cf. les replicants du 1er Blade Runner), mais, à l'inverse, de savoir si ce ne sont pas les humains qui se rapprochent d'un état de soumission à des stimuli fabriqués pour lui par les industriels, à un état de prédictibilité aussi, proches de celui d'un robot.
Le film appuie dans cette direction en présentant un monde où on peut vivre une histoire sentimentale et domestique avec un être virtuel et s'en contenter, où l'esclavage au travail commence dès l'enfance, où les humains s'agglutinent dans des lieux indifférenciés (villes amas de gratte-ciels et fermes solaires à perte de vue)...

Toutefois, ce miroir peu flatteur de la condition humaine me parait un peu trop caricatural.
Tout à son esprit de sérieux, le film de Denis Villeneuve nous assène : si vous continuez comme ça avec votre mode de vie, votre passion pour les jouets technologiques (montres connectées et autres casques de réalité virtuelle aujourd'hui, en attendant les joujoux de demain), et votre indifférence à la souffrance que l'humanité inflige à soi-même et à son environnement, des villes entières seront transformées en décharge à ciel ouvert ou en zones irradiées, vous mangerez des vers comme seule source de protéine et le seul bois disponible sera celui d'un arbre mort...
Pour un cinéaste qui œuvre dans le mainstream hollywoodien, dont la tâche actuelle semble d'offrir des stimuli sensoriels abrutissants aux jeunes spectateurs, c'est assez culotté !

Globalement, ces réflexions relèvent un peu mon appréciation du film, mais je persiste à penser que, par ses défauts selon moi rédhibitoires (le scénario et ses incohérences et redites, l'absence de point d'ancrage pour le spectateur...), le film ne parvient pas à se hisser à la hauteur d'une véritable œuvre à part entière et demeure une sorte de trip maniériste, une copie au goût du jour (un peu fade) d'un film majeur d'une autre époque.
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par Demi-Lune »

Donc c'est bien ça : une doublure corps et un scan 3D intégral du visage de Sean Young, venue spécialement pour la scène.
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par Major Tom »

Demi-Lune a écrit :
Donc c'est bien ça : une doublure corps et un scan 3D intégral du visage de Sean Young, venue spécialement pour la scène.
Apparemment, ils se sont aussi aidés de rushes non utilisés de Sean Young du premier Blade Runner.
Une scène qui m'a assez surpris, c'est le plan tiré directement du Blade Runner original de l'arrivée de Rachel au ralenti. Ça a l'air de rien comme ça, mais j'ai été surpris par la fluidité des images. J'imagine que le plan n'ayant pas été tourné à l'origine au ralenti, je ne sais pas comment l'équipe de Villeneuve a fait, peut-être reconstituer les images manquantes pour créer un ralenti fluide et non saccadé.
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par Gounou »

Major Tom a écrit :
Demi-Lune a écrit : Donc c'est bien ça : une doublure corps et un scan 3D intégral du visage de Sean Young, venue spécialement pour la scène.
Apparemment, ils se sont aussi aidés de rushes non utilisés de Sean Young du premier Blade Runner.
Une scène qui m'a assez surpris, c'est le plan tiré directement du Blade Runner original de l'arrivée de Rachel au ralenti. Ça a l'air de rien comme ça, mais j'ai été surpris par la fluidité des images. J'imagine que le plan n'ayant pas été tourné à l'origine au ralenti, je ne sais pas comment l'équipe de Villeneuve a fait, peut-être reconstituer les images manquantes pour créer un ralenti fluide et non saccadé.
Morphing. Les logiciels de compositing font ça très bien aujourd'hui.
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par Major Tom »

Gounou a écrit :Morphing. Les logiciels de compositing font ça très bien aujourd'hui.
J'ignorais. Bon à savoir, merci.
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par hansolo »

Bon, la Chine n'apportera rien au Box Office ...
https://www.forbes.com/sites/scottmende ... -in-china/
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Re: Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve - 2017)

Message par Major Tom »



J'aime suivre leurs vidéos. Ils évoquent donc les sorties, mais même s'ils connaissent beaucoup de choses sur le cinéma, ce sont plus des geeks que des cinéphiles. Au delà de l'humour (l'un d'eux est la voix de M. Plinkett), leurs avis sur les grandes sagas comme Star Wars ou les cartons du box-office sont souvent très pertinents.
En revanche, ici, on va les détester. :lol: Au début de la vidéo, ils disent avoir revu le premier Blade Runner après plusieurs années. Et leur avis colle, exactement, à celui que certains d'entre vous nous rapportaient de leur entourage découvrant le film, et également à ce que j'ai pu vivre (je n'ai JAMAIS rencontré quelqu'un qui appréciait ce film). Pour résumer : "beau... mais CHIANT." Ça fait toujours un peu mal, certains sont peut-être habitués, mais en dehors de notre secte très fermée, et en dehors des historiens du cinéma, il faut reconnaître que l'original déconcerte beaucoup de monde.
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