Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Supfiction
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par Supfiction »

hellrick a écrit :Image
:mrgreen:
Pour rester dans le sujet, ça me fait penser par opposition à ce que j'écrivais il y a quelques jours sur le film Moi fleur bleue de 1977 avec Jean Yanne, Sydne Rome, Bernard Giraudeau et Jodie Foster.

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Un jolie film aux situations et dialogues parfois surprenants, emmené par une Jodie Foster incroyablement mature pour ses 15 ans. Un film dans lequel, elle tombe amoureuse et entretient une liaison avec Bernard Giraudeau, 30 ans, le plus naturellement du monde. Totalement inconcevable en 2019, surtout dans une comédie romantique grand public.

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Si ce film sortait aujourd'hui il choquerait (les monomaniaques mais pas que) sans aucun doute. Par contre, le film est plein de poésie et d'innocence, tout l'inverse des slogans de 2019.
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tenia
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par tenia »

1977, Jean Yanne / Jodie Foster / Bernard Giraudeau, réalisé par Eric Le Hung, en voilà un combo intriguant.
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Karras
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par Karras »

hellrick a écrit : Image
:mrgreen:
Paraitrait que c'est un nouveau mouvement, le cli-cli, pour favoriser la con-vergence des luttes : :fiou:

elles ont lancées une pétition pour lutter contre l’"analphabétisme sexuel" (sic)
Sinon il y aussi la version cli-chew pour climat-chewbacca :mrgreen:
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Supfiction
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par Supfiction »

Karras a écrit :
hellrick a écrit : Image
:mrgreen:
Paraitrait que c'est un nouveau mouvement, le cli-cli, pour favoriser la con-vergence des luttes : :fiou:

elles ont lancées une pétition pour lutter contre l’"analphabétisme sexuel" (sic)
Dans Les Stances à Sophie (1971), adaptation du roman de Christiane Rochefort (1963), Bernadette Lafont et Bulle Ogier coachent la jeune Virginie Theret qui vient de lancer une pétition contre l’éducation sexuelle à l’école.

"
- Nous sommes en train d'écrire un traité d’éducation sexuelle.
- Y en a marre de l'education sexuelle, moi je fais une pétition contre.
- Nous demandons la suppression des cours d'éducation sexuelle. Nous ne voulons pas savoir comment les amibes font des petits ni les dessins de nos entrailles avec promenade dominicale de l'ovule cherchant un mari.
- Nous exigeons la fin de la confusion réactionnaire entre le sexe et la gésine.
- Au reste, nous refusons d'entendre parler de sexe si l'on ne fait pas mention du plaisir.
- Et nous refusons d'entendre parler de plaisir par des gens qui n'en éprouvent pas.
- Et si l'on nous parle de sexe, nous réclamons des travaux pratiques.
- Sinon nous devons considérer que votre prétendue éducation sexuelle n'est qu'une escroquerie destinée au maintien de l'ordre. Du désordre régnant.
"

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Major Tom
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Message par Major Tom »

Supfiction a écrit :
Major Tom a écrit :L'an 2000 passé, le 11 septembre 2001 enterrant les espoirs
On a toujours besoin à posteriori de fixer des dates clés alors que dans les faits ni l'an 2000 ni le 11/11/2001 n'ont réellement représentés une étape si marquante (en France en tous cas). C’était dans la continuité des choses. Dans Fight club étaient présents la plupart des sentiments de notre époque.
Dans Network (1976), Howard Beale craque ("Im mad as hell and Im not gonna take this anymore") et on a l'impression que cette scène a été écrite en 2019. 1976.. pour un quadra d'aujourd'hui c'est encore une époque presque bénite avec un peu de chômage mais rien de grave.. "mais pourquoi donc Howard Beale se plaint-il ?" on a envie de dire.
L'an 2000 représentait une date symbolique (changement d'année, et bientôt changement de siècle et même de millénaire, ça n'arrive qu'une fois dans une vie). On s'attendait à des tas de choses, notamment l'Apocalypse dans le Gers selon Paco Rabanne. Première déception.

Je crois vraiment que notre rapport à l'avenir a évolué par rapport à autrefois. L'adolescent des années 70-80 recevait une présentation du "futur", et surtout de l'an 2000, dans les BD, les revues scientifiques ou les films de SF bien sûr, qui le laissait rêveur. Le monde entier attendait beaucoup des progrès de la science, grâce à laquelle il y a déjà eu tout ce que j'ai cité. Bon, finalement tout s'avèrerait faux, et notre rapport à l'avenir a disparu. L'adolescent d'aujourd'hui, l'an 2025, l'an 2050, l'an 2075, l'an 2100 ou l'an 3000 (un peu loin), il s'en fout et ça ne le fait pas rêver.
Et je crois que de nos jours on ne regarde plus l'avenir mais le présent. Comme le présent nous démoralise, nous déprime, alors on se tourne vers le passé. Les films, les séries, la musique qui revient aux synthés, la mode 80's qui revient, etc.
Dernière modification par Major Tom le 3 mai 19, 15:31, modifié 1 fois.
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hellrick
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par hellrick »

Major Tom a écrit :L'adolescent d'aujourd'hui, l'an 2025, l'an 2050, l'an 2075, l'an 2100 ou l'an 3000 (un peu loin), il s'en fout et ça ne le fait pas rêver.
Ce qui explique en partie le manque actuel de film et même de romans de science-fiction à l'exception des oeuvres dystopiques...on dirait qu'il n'y a plus que ça dans la SF actuelle et comme à un moment le lecteur en a marre qu'on lui dise que tout va mal et que demain ça sera pire on est en plein boom de la fantasy historique, du steampunk et de tout ce qui tourne autour du rétro-futurisme.
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Supfiction
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par Supfiction »

Oui l'an 2000 représentait une date importante tant qu'elle était dans le futur. Pour les jeunes des années 60-70 surtout qui s'imaginaient des voitures volantes et aller très prochainement sur Mars ou ailleurs comme Valerian et Laureline. Pour les vieillards aussi qui voyaient cette date clé comme un objectif à atteindre avant de mourir.

Mais une fois passée, cette date ne représentait plus rien sinon une vaste blague d'un gros bug qui n'eut jamais lieu (ou seulement à la marge).
Même 2001 qui représente pour beaucoup le début du terrorisme moderne n'est une date clé que par son côté hollywoodien. Des attentats islamistes on en a eu dans les années 90 (j'étais au métro saint michel juste derrière), dans les années 80 même si c'était davantage de l'ordre du nationalisme arabe probablement.
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Tout ça pour dire que les dates ne sont importantes qu'après coup, pour donner des marqueurs aux enfants (comme Waterloo par exemple alors que les jeux étaient fait bien avant peut-être même depuis le traité de Paris de 1763 ou au moins depuis 1812).

Sinon je reviens là dessus et ça sera surement un argument pour tenia :
Supfiction a écrit :Dans Network (1976), Howard Beale craque ("Im mad as hell and Im not gonna take this anymore") et on a l'impression que cette scène a été écrite en 2019. 1976.. pour un quadra d'aujourd'hui c'est encore une époque presque bénite avec un peu de chômage mais rien de grave.. "mais pourquoi donc Howard Beale se plaint-il ?" on a envie de dire.
En y repensant après l'avoir écrit, la réponse parait évidente : à première vue 1976 pour moi quadra c'est une plutôt belle époque mais pour Howard Beale, c'est quelques années après l'assassinat des deux Kennedy, de Martin Luther King, des émeutes des années 60, de la guerre du Vietnam, du Watergate et sa crise morale... bref de quoi largement être dépressif pour un quinqua américain de l'époque qui vient de se faire virer !
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tenia
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par tenia »

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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :En y repensant après l'avoir écrit, la réponse parait évidente : à première vue 1976 pour moi quadra c'est une plutôt belle époque mais pour Howard Beale, c'est quelques années après l'assassinat des deux Kennedy, de Martin Luther King, des émeutes des années 60, de la guerre du Vietnam, du Watergate et sa crise morale... bref de quoi largement être dépressif pour un quinqua américain de l'époque qui vient de se faire virer !
Tout à fait : c'est loin d'être une époque optimiste. L'euphorie du Powerflower n'était plus qu'un souvenir. C'est la décennie des marées noires, du massacre des bébés phoques, des famines tiers mondistes, des horreurs rouges (le goulag, les Khmers) ou brunes (âge d'or des dictatures sud-américaines), des films catastrophes, d'anticipation (Soleil Vert, c'est pas Tata Yoyo), etc...
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Major Tom
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par Major Tom »

Alexandre Angel a écrit :C'est la décennie des marées noires, du massacre des bébés phoques, des famines tiers mondistes, des horreurs rouges (le goulag, les Khmers) ou brunes (âge d'or des dictatures sud-américaines), des films catastrophes, d'anticipation (Soleil Vert, c'est pas Tata Yoyo), etc...
En 1972, alors qu'on est encore en plein dans les 30 glorieuses, le club de Rome et son rapport Meadows prédit (encore maintenant d'ailleurs, confirmé par des études de la NASA) l'effondrement de l'économie mondiale et le calcule avant 2050, en raison des limites de notre système de croissance... :fiou: C'est à partir de ce moment-là que se mettent en place les idées post-apocalyptiques qui vont nourrir l'imagination des scénaristes, jusqu'en France, je rappelle l'étonnant carton d'ouverture de L'Aventure c'est l'aventure (1972) :
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...et qu'apparaissent les premières œuvres de science-fiction traitant d'écologie, thématique novatrice dans Silent Running (écrit notamment par un jeune Michael Cimino), et donc Soleil vert de Richard Fleischer en 73.
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Si ça se trouve, ils étaient très visionnaires, on le saura bientôt. :mrgreen: :|
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Alexandre Angel
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par Alexandre Angel »

Major Tom a écrit :Si ça se trouve, ils étaient très visionnaires, on le saura bientôt. :mrgreen: :|
On y est déjà pour beaucoup de choses. Soleil Vert avait cette classe particulière de ne pas vouloir paraître moderne, ou sophistiqué (sauf les séquences chez les rupins qui sont les plus datées). Ce qui donne beaucoup de crédibilité aux visions de Fleischer.

Pour rebondir sur ce que tu disais plus haut, on vit une époque de résignation blasée à la catastrophe en même temps qu'une indifférence à l'émerveillement (même angoissé) dont il va bien falloir sortir.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par Supfiction »

tenia a écrit :Je me regarde, je me désole.
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TALLEYRAND :mrgreen:

Mais bon c'est lui aussi qui a dit : "Les mécontents, ce sont des pauvres qui réfléchissent."
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par la_vie_en_blueray »

Alexandre Angel a écrit : Pour rebondir sur ce que tu disais plus haut, on vit une époque de résignation blasée à la catastrophe en même temps qu'une indifférence à l'émerveillement (même angoissé) dont il va bien falloir sortir.
Plus une éloge du cynisme qui empêche le 2eme point par ailleurs.
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Re: Le passé à l'épreuve des films / Les films à l'épreuve du temps (mœurs, racisme, technologie, reconnaissance artisti

Message par la_vie_en_blueray »

Major Tom a écrit : C'est à partir de ce moment-là que se mettent en place les idées post-apocalyptiques qui vont nourrir l'imagination des scénaristes, jusqu'en France, je rappelle l'étonnant carton d'ouverture de L'Aventure c'est l'aventure (1972) :
Je pense qu'il y a quand même une diffèrence. Les americains étant de grands enfants ont commencé par se faire peur, ca a donné comme tu dis pas mal de trucs apo-catastrophes, mais ce genre de truc ne marche que tant que tu sais que c'est faux et que sorti de la salle, on est bon. Actuellement, on est plus dans cette tendance, parce qu'on sait qu'on y est, c'est pour ca qu'on est parti dans des fictions à la Marvel tellement irréel que ca compte pas.

Oui, dans les années 70, on a commencé à se faire peur, à défier le gouvernement, mais y a avait encore l'espoir que c'était possible de s'en sortir. Je pense qu'on a passé le cap et donc on est revenu à une production passéiste/nostalgique (d'ou GOT) ou totalement irréaliste (les 1ers super heros ont été crées pendant la crise de 29 comme boué de sauvetage au moral).
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