John Boorman

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Thaddeus
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Re: John Boorman

Message par Thaddeus »

Jack Carter a écrit :Je ne vois pas ton recap' Boorman, Thaddeus !! :o
Pour cela, il te suffit de cliquer sur ma signature. :wink:

Mais puisque je suis bon prince, le voici. Je l'avais posté dans un autre topic, avant la création de celui-ci.
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Jack Carter
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Re: John Boorman

Message par Jack Carter »

Thaddeus a écrit :
Jack Carter a écrit :Je ne vois pas ton recap' Boorman, Thaddeus !! :o
Pour cela, il te suffit de cliquer sur ma signature. :wink:

Mais puisque je suis bon prince, le voici. Je l'avais posté dans un autre topic, avant la création de celui-ci.
merci :wink:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Kevin95
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Re: John Boorman

Message par Kevin95 »

EXCALIBUR (John Boorman, 1981) découverte

Comme quoi, on peut s'en cogner royalement de tout ce qui touche de près ou de loin à l'univers médiéval et trouver chaussure à son pied lorsqu'un grand cinéaste s'empare de la thématique. Excalibur avait tout pour me faire pioncer et pourtant non, son rythme, sa fougue, en énergie et ses audaces visuelles font voler en éclats mes aprioris. Reste bien quelques détails kitchos propres aux 80's, un humour gamin pas toujours à sa place et deux trois comédiens anglais en quête non pas du Graal mais de charisme (sans compter l'ombre de Monty Python and the Holy Grail qui fait sourire là où il ne faudrait pas), mais dès les premières notes de Wagner où lors des échappées au son de Carl Orff, on est la tronche dedans, ébahis par le déluge de couleurs, de costume, on nage complétement dans le sang et l'épique. La séquence de Perceval est à elle-seule un petit bijou, les marches, les pendus, la mise en scène héritière d'Akira Kurosawa... grande classe. Si on m'avait montré le film étant môme (avec le Flesh and Blood de Paul Verhoeven), vous pouvez être sur que la période et ses mythes m'auraient nettement plus intéressé.
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Alexandre Angel
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Re: John Boorman

Message par Alexandre Angel »

Kevin95 a écrit :EXCALIBUR (John Boorman, 1981) découverte
Nooon!!!
Je suis incapable, en 2017, de savoir exactement ce que je pense de ce film.. De réelles beautés mais aussi des moments ringards, un Merlin assez pénible....
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Kevin95
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Re: John Boorman

Message par Kevin95 »

Alexandre Angel a écrit :un Merlin assez pénible....
L'humour "gamin" dont je parle vient en grande partie de ce personnage. Je ne comprends toujours pas pourquoi Boorman utilise une distance, de l'humour potache autour de Merlin. Peur d'un sérieux trop rigide ? Désir de parler aux plus jeunes ? Aucune idée. Lorsque la salle s'esclaffait à ses pitreries, j'attendais que ça se passe.
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Watkinssien
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Re: John Boorman

Message par Watkinssien »

Kevin95 a écrit :
Alexandre Angel a écrit :un Merlin assez pénible....
L'humour "gamin" dont je parle vient en grande partie de ce personnage. Je ne comprends toujours pas pourquoi Boorman utilise une distance, de l'humour potache autour de Merlin. Peur d'un sérieux trop rigide ? Désir de parler aux plus jeunes ? Aucune idée. Lorsque la salle s'esclaffait à ses pitreries, j'attendais que ça se passe.
C'est un personnage aux multiples facettes, guide qui utilise différents tons pour arriver à ses fins. Ce Merlin ne m'a jamais gêné et a participé, au contraire, à établir une variabilité bienvenue dans ce film d'une richesse foisonnante.
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Thaddeus
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Re: John Boorman

Message par Thaddeus »

D'accord avec Watkinssien, j'aime beaucoup moi aussi comment le personnage de Merlin est traité. Boorman semble parler et agir à travers l'enchanteur, qui tente désespérément de modifier le cours du monde. Il se sert d'Arthur comme il s'est servi de son père Uther, comme il essaie de se servir de Morgane. Mais il se heurte à la liberté humaine, et comme, tout en étant un être de l'autre monde, il reste profondément humain, il ne peut que s'incliner devant cette liberté. C'est ce qui le rend si attachant, et en même temps, à travers ses interrogations, ses doutes, ses faiblesses, si habile à transmettre la pensée de l'auteur. Démiurge, Merlin l'est certainement, mais il est l'observateur narquois de la folie humaine. Zélateur des anciens dieux dont il regrette la disparition, il est décontenancé devant la nouvelle religion monothéiste. Dépositaire des secrets grâce auxquels il fait les rois, victime (consciente) de ces mêmes secrets à cause de la folle et malsaine ambition de son élève Morgane, il s'arrange cependant pour ne disparaître qu'au moment où le roi Arthur doit être seul pour prendre ses décisions. Il n'intervient pas dans la quête du Graal, et cette quête n'est menée à bien que par Perceval (après qu'il s'est dépouillé de son armure, d'ailleurs), très probablement dans l'esprit de l'auteur un autre Merlin, un Merlin jeune, plus adapté aux temps nouveaux. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur la complémentarité, à tous les niveaux, qui le lie à Arthur. L'un est comme l'antithèse et la complétude de l'autre. L'âge épuise lentement Merlin, sans lui permettre de mourir ; Arthur vit dans une temporalité changeante : atteint, il guérit, abattu, il rajeunit, mais il mourra d'avoir engendré. Merlin utilise le langage comme manifestation dans l'action et la prophétie, et sa diction qui varie ton, puissance, longueur et tension de syllabes traduit la poésie de répliques parsemées de tournures et de mètres shakespeariens ; d'allure plus sobre, la parole d'Arthur n'est que réflexion et sagesse : intériorisation. Merlon maîtrise les pouvoirs du verbe, mais Arthur découvre la plénitude du sens. Les connaissances de Merlin embrassent plusieurs mondes, mais il ignore le détail de ses actes ; Arthur m'expérimente et ne considère que la portée et le sens de ses gestes. Le roi incarne la révélation d'un centre humain de l'univers, l'enchanteur laisse paraître des cheminements indéfinis de songerie. Bref, il y aurait beaucoup à dire sur la richesse des héros du film, et notamment sur la manière dont la figure de Merlin est envisagée ici.
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Kevin95
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Re: John Boorman

Message par Kevin95 »

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THE TAILOR OF PANAMA - John Boorman (2001) révision

J'ai le souvenir d'avoir vu le film en salle et de m'être copieusement fait chier. Je ne portai pas encore de poils aux joues et pour bibi, Pierce Brosnan c'était évidemment voir exclusivement James Bond (avec une petite affection pour Die Another Day... coming out) et me retrouver devant une adaptation de John Le Carré était aussi trépidant que deux heures de Public Sénat. Les ans ont passé et tandis que mon enthousiasme pour certains Bond de l'époque (suivez mon regard) c’est estompé, il était temps de redonner une chance au film de John Boorman. Elle est bonne, on la garde, la redécouverte fut un petit plaisir jouissif. Si le jeu de manipulation propre à l'écriture de Le Carré me laisse toujours de marbre, la distance de Boorman, ses jeux de point de vue, le rythme caféiné et l'humour bienvenue (et pas qu'un peu) font le boulot à merveille. Brosnan a rarement été aussi magnétique, l'acteur trouve là un de ses plus beaux rôles avec le Thomas Crown de John McTiernan (pas de bol pour Pierce, les deux films seront des demi-succès, et je suis gentil) tandis que Geoffrey Rush dans le rôle casse-gueule du bouffon touchant s'en sort comme souvent avec les honneurs. Une petite sucrerie acidulée, qui ne rencontra pas son public à l’époque (j'en fus témoin puisqu'il n'y avait pas un chat dans la salle) et qui marqua le divorce entre Boorman et les studios américains. Dommage.
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Re: John Boorman

Message par Jeremy Fox »

Kevin95 a écrit :Image

THE TAILOR OF PANAMA - John Boorman (2001) révision

J'ai le souvenir d'avoir vu le film en salle et de m'être copieusement fait chier. Je ne portai pas encore de poils aux joues et pour bibi, Pierce Brosnan c'était évidemment voir exclusivement James Bond (avec une petite affection pour Die Another Day... coming out) et me retrouver devant une adaptation de John Le Carré était aussi trépidant que deux heures de Public Sénat. Les ans ont passé et tandis que mon enthousiasme pour certains Bond de l'époque (suivez mon regard) c’est estompé, il était temps de redonner une chance au film de John Boorman. Elle est bonne, on la garde, la redécouverte fut un petit plaisir jouissif. Si le jeu de manipulation propre à l'écriture de Le Carré me laisse toujours de marbre, la distance de Boorman, ses jeux de point de vue, le rythme caféiné et l'humour bienvenue (et pas qu'un peu) font le boulot à merveille. Brosnan a rarement été aussi magnétique, l'acteur trouve là un de ses plus beaux rôles avec le Thomas Crown de John McTiernan (pas de bol pour Pierce, les deux films seront des demi-succès, et je suis gentil) tandis que Geoffrey Rush dans le rôle casse-gueule du bouffon touchant s'en sort comme souvent avec les honneurs. Une petite sucrerie acidulée, qui ne rencontra pas son public à l’époque (j'en fus témoin puisqu'il n'y avait pas un chat dans la salle) et qui marqua le divorce entre Boorman et les studios américains. Dommage.
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Re: John Boorman

Message par Kevin95 »

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THE GENERAL - John Boorman (1998) découverte

Avec un tel noir et blanc, j'attendais quelque chose de vibrant, de tragique, de définitif. Grosse déception de constater que ce superbe habit visuel ne sert qu'à couvrir une comédie gangstero-irlandaise, certes non exempte de quelques séquences tristounes ou graves, mais qui la plupart du temps, gambade l'air de rien, main dans la main, avec son personnage principal bigger than life. En couleurs et sorti de nulle part, j'aurai apprécié la légèreté du traitement, mais avec ce noir et blanc tranchant et son prix de la mise en scène à Cannes, j'espérais plus nourrissant. Brendan Gleeson est bon mais le destin du personnage passe pour anecdotique tant le type est imbuvable, plus proche du pilier de bar que du marginal. Puisque John Boorman filme en jogging, autant faire de même et apprécier The General pour ce qu'il est, un bon petit moment sans prétentions. A noter pour les amateurs, que Gleeson porte les t-shirts les plus immondes des 90's.
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Alexandre Angel
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Re: John Boorman

Message par Alexandre Angel »

Ah ben voilà, j'étais entièrement de ton avis sur le premier mais je ne le suis plus sur l'autre (que j'ai vu il y a longtemps cela dit).J'aimais beaucoup cette façon de montrer Gleeson se cachant derrière sa main : ça lui donnait une allure à la Charles Laughton dans Quasimodo.
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Re: John Boorman

Message par Kevin95 »

Alexandre Angel a écrit :Ah ben voilà, j'étais entièrement de ton avis sur le premier mais je ne le suis plus sur l'autre (que j'ai vu il y a longtemps cela dit).
Beaucoup sur le forum estiment The General, ce n'est pas sale, rien d'anormal (c'est juste moi qui joue au pisse froid). :mrgreen:
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Re: John Boorman

Message par Alexandre Angel »

Ta subjectivité n'est-elle pas sauvage? :mrgreen:
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Re: John Boorman

Message par Kevin95 »

Alexandre Angel a écrit :Ta subjectivité n'est-elle pas sauvage? :mrgreen:
Ah non non non, tout ceci ce règle dans le topic Spielberg. :fiou:
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Re: John Boorman

Message par Kevin95 »

HELL IN THE PACIFIC de John Boorman (1968) découverte

Deux survivants, un américain, un japonais, une île. Une histoire simple, presque absurde, sorte de croisement entre une version épurée du None But the Brave de Frank Sinatra et En attendant Godot de Samuel Beckett. John Boorman exploite toutes les possibilités de ce face à face sans jamais épiloguer sur le passé des personnages (que l'on devine par des gestes, des réactions, des pensées), filme l'homme tantôt sauvage, tantôt aimant, toujours aux aguets. Le réalisateur ne peut s'empêcher de réutiliser quelques clichés propres aux nationalités représentées (l'américain est roublard et bavard tandis que le japonais est colérique et froid) pour, tel un scientifique, voir le résultat lorsqu'on les met violemment en contact. Peu de temps morts (c'en est presque étonnant vu la légèreté de l'intrigue) mais une fin peu satisfaisante (Boorman ne savait pas lui-même comment terminer son film) qui dans la copie diffusée par la Cinémathèque, se conclue de manière abrupte (apparemment, le choix des producteurs). Même en boitant légèrement, Hell in the Pacific est une entreprise admirable.
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