John Boorman

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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bruce randylan
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John Boorman

Message par bruce randylan »

Tout pour réussir (Where the heart is - 1991)

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Le dirigeant d'une société de démolition ne supporte plus l'excentricité de ses 3 enfants qui veulent chacun entrer dans le monde des arts. Il décide de les confronter au monde réel en les expulsant de chez lui pour les installer, sans ressources, dans une maison qui vient justement échapper à ses bulldozers.

Une oeuvre très curieuse, incroyablement inégale, tout en étant profondément personnelle et d'une immense richesse thématique.
On se rapproche de la fable du génial et trop méconnu Leo The last avec qui il partage un certains nombres de point commun sans en avoir toute la maîtrise.
Le film devait initialement se dérouler à Londres, non à New-York, ce qui aurait été sans doute mieux correspondu à sa sensibilité européenne. Dans le même ordre d'idée, Tout pour réussir avait été écrit pour Sean Connery et on a en fait l'impression que tous les comédiens sont des seconds choix. Il est difficile de ne pas penser que le personnage de "Shitty" ne fut pas conçu pour Lee Marvin par exemple.
Le casting est donc assez raté je trouve avec des comédiens pas vraiment convainquant et qui n'apportent pas l'étoffe à des caractères assez peu développés au final, pour ne pas dire unilatéraux et stéréotypés (à part le père).
John Boorman n'est exempt de toute responsabilité non plus et peut livrer des moment inspirés comme il peut se contentes du service minimum à d'autres, surtout lors du dernier acte où il ne semble pas avoir trouvé de conclusion à la hauteur de son sujet et de ses nombreux sous-thèmes car il est bien difficile de ne pas reconnaître une réelle ambition dans l'écriture et la forme. Boorman y parle évidement beaucoup de lui, de la place des artistes dans un monde capitaliste avec une grande sympathie pour les marginaux, les rêveurs et les intellectuels lunaires... On y croise un désigner de mode, un inventeur de jeux-vidéos, un ancien danseur et prestidigitateur, une peintre qui ré-interprète des tableaux célèbres avec du body-painting, une étudiante qui fait sa thèse sur le spiritisme... Face à ces multiples créateurs, Boorman oppose symboliquement donc le père de famille, spécialiste lui de la destruction, qui y trouve cependant une certaine poésie (très curieux d'ailleurs de ne pas songer désormais au 11 septembre en voyant le film). Celà dit, cet homme s'oppose au monde de la finance et cherche à revenir à un système plus indépendant, loin d'un fonctionnement quasi abstrait où les ordinateurs ont déjà pris le dessus.

Vu son potentiel, Tout pour réussir est souvent un peu décevant dans ses orientations, ses concessions, ses seconds rôles, sa musique, sa direction d'acteur pour un traitement qui ne creuse pas son sillon autant qu'il le pourrait. En même temps, le film dégage quelques chose de terriblement attachant, y compris via ses imperfections. On sent la présence d'un auteur, d'un cinéaste, d'un esthète passionné et d'un philosophe chaleureux et bienveillant. Après tout, c'est ce que dit son titre original : Where the heart is et tant pis pour ses maladresses et ses lacunes.
Dernière modification par bruce randylan le 27 août 17, 11:58, modifié 1 fois.
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Alexandre Angel
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Re: John Boorman

Message par Alexandre Angel »

Il n'y avait donc pas de topic dédié à Boorman?? Saperlipopette :shock: !
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: John Boorman

Message par Jack Carter »

Il y a un topic "top boorman" et des topics de ses films, mais non, il n'y avait pas encore, à proprement parler, de topic Boorman.
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Alexandre Angel
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Re: John Boorman

Message par Alexandre Angel »

Sinon, j'ai vu Tout pour réussir, une fois il y a longtemps, à la télévision et j'en avais pensé la même chose que Bruce. J'ai le souvenir d'une veine fantaisiste, d'un côté "comédie".
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: John Boorman

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :Sinon, j'ai vu Tout pour réussir, une fois il y a longtemps, à la télévision et j'en avais pensé la même chose que Bruce. J'ai le souvenir d'une veine fantaisiste, d'un côté "comédie".
Pareil ; plutôt agréablement surpris malgré sa réception assez désastreuse il semble me souvenir. Il faut dire qu'à l'époque j'étais un immense admirateur du cinéaste. Je continue à le porter en haute estime.
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Re: John Boorman

Message par Carlito Brigante »

Jeremy Fox a écrit :
Alexandre Angel a écrit :Sinon, j'ai vu Tout pour réussir, une fois il y a longtemps, à la télévision et j'en avais pensé la même chose que Bruce. J'ai le souvenir d'une veine fantaisiste, d'un côté "comédie".
Pareil ; plutôt agréablement surpris malgré sa réception assez désastreuse il semble me souvenir. Il faut dire qu'à l'époque j'étais un immense admirateur du cinéaste. Je continue à le porter en haute estime.
De même. Et c'est finalement ce qui donne un côté crève-cœur à ses œuvres post-Forêt d’émeraude, car même si elles sont souvent très réussies, on ne peut s'empêcher d'y vois un Boorman amoindrit, lui qui a put si personnellement s'exprimer par le passé avec des moyens nettement plus confortables. Il en parle si bien dans son journal que je vous recommande vraiment :
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Et sinon à quand enfin la parution en DVD/BR de Leo The Last ?
Un de ses plus beaux films ! (et c'est pas peu dire vu le bonhomme)
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Alexandre Angel
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Re: John Boorman

Message par Alexandre Angel »

J'ai un très bon souvenir du Général, film de gangster en noir et blanc qu'Arte avait osé diffuser en couleurs.
Et merci à Carlito Brigante pour le conseil.
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Re: John Boorman

Message par Rockatansky »

Les 2 versions existent, je crois que la version NB est seulement sortie en angleterre et en couleur dans le reste du monde mais peut être y a t'il eu d'autres pays.
La version NB avait été celle projetée à Cannes là où je l'ai vu.
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Alexandre Angel
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Re: John Boorman

Message par Alexandre Angel »

Rockatansky a écrit :Les 2 versions existent, je crois que la version NB est seulement sortie en angleterre et en couleur dans le reste du monde mais peut être y a t'il eu d'autres pays.
Le film est sorti dans les salles françaises (en 98) en noir et blanc, présenté comme tel par les critiques et le dvd (que je n'ai pas encore et qu'avait chroniqué Tavernier sur son blog-même qu'il avait du mal à me croire quand je disais que je l'avais vu en couleurs :mrgreen: ) propose bien le film en noir et blanc.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: John Boorman

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :
Rockatansky a écrit :Les 2 versions existent, je crois que la version NB est seulement sortie en angleterre et en couleur dans le reste du monde mais peut être y a t'il eu d'autres pays.
Le film est sorti dans les salles françaises (en 98) en noir et blanc, présenté comme tel par les critiques et le dvd (que je n'ai pas encore et qu'avait chroniqué Tavernier sur son blog-même qu'il avait du mal à me croire quand je disais que je l'avais vu en couleurs :mrgreen: ) propose bien le film en noir et blanc.
Tiens il fait partie de la centaine de DVD pas encore vu depuis leur achat. J'avais adoré en salles ; voici une idée de prochain visionnage. Et Rangoon aussi d'ailleurs, film qui m'avait fait tomber amoureux de Patricia Arquette.
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Alexandre Angel
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Re: John Boorman

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :J'avais adoré en salles
Et tu as bien vu un film en noir et blanc, rassure-moi?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: John Boorman

Message par Jack Carter »

Rockatansky a écrit :Les 2 versions existent, je crois que la version NB est seulement sortie en angleterre et en couleur dans le reste du monde mais peut être y a t'il eu d'autres pays.
La version NB avait été celle projetée à Cannes là où je l'ai vu.
J'avais vu le film en N&B sur Canal à l'epoque.
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Re: John Boorman

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :
Jeremy Fox a écrit :J'avais adoré en salles
Et tu as bien vu un film en noir et blanc, rassure-moi?
Oui, à ma connaissance il n'était sorti qu'en noir et blanc à l'époque ; et sur C+ aussi. Personne n'avait parlé de version en couleurs cette année là en France.
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Re: John Boorman

Message par Jeremy Fox »

J'en profite

In my Country - 2004

Après l'Apartheid en Afrique du Sud, la relation entre une journaliste d'origine afrikaner mais qui a toujours lutté contre les exactions commises par les siens (Juliette Binoche) et un journaliste noir américain (Samuel L. Jackson) alors qu'ils assistent aux témoignages des victimes et bourreaux durant les 'réunions' oragnisées par la Commission de la vérité et de la réconciliation.

Un Boorman certes mineur mais qui ne méritait cependant pas un tel dédain au point de ne pas avoir eu la chance d'être distribué en salles dans notre pays. Certes le film manque de puissance mais l'angle par lequel le sujet est abordé est assez original et pose le problème de l'absolution ou non des bourreaux, du possible pardon... Le film se suit sans ennui surtout grâce à l'interprétation d'une Juliette Binoche lumineuse et impliquée et d'un Samuel Jackson que l'on n'avait pas l'habitude de voir dans un rôle aussi sobre. Les séquences les plus réussies sont paradoxalement celles qui s'éloignent un peu du sujet, celles au cours desquelles on voit les personnages prendre un peu de bon temps : on arrive alors à ressentir l'entente qui semblait avoir régné sur le tournage. Très belle photo avec une lumière assez originale pour les séquences de nuit et paysages remarquablement filmés pour un film pas toujours captivant mais qui aborde avec sincérité et tact un sujet douloureux.
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Re: John Boorman

Message par Rockatansky »

Jeremy Fox a écrit :
Alexandre Angel a écrit : Et tu as bien vu un film en noir et blanc, rassure-moi?
Oui, à ma connaissance il n'était sorti qu'en noir et blanc à l'époque ; et sur C+ aussi. Personne n'avait parlé de version en couleurs cette année là en France.
On savait dés le début qu'une version couleur existait, en tout cas à Cannes, alors possible qu'elle n'ait été faite que pour les US, je n'ai pas vu le film en salles du coup
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