L'Amant double (François Ozon - 2017)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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ballantrae
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L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par ballantrae »

Pas forcément grand fan du cinéaste au départ à deux titres près ( Regarde la mer et Sous le sable) , je suis obligé de constater sa montée en puissance qui plus est pour deux grandes réussites très dissemblables coup sur coup Frantz puis cet Amant double.
J'espère que cet essai de film de genre assez sophistiqué et vertigineux saura s'attirer les faveurs des classikiens.
J'y reviendrai plus longuement ce week end.
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shubby
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par shubby »

L'âme en double, donc. Pas conquis toutefois. De chouettes idées éparses, ponctuelles, au sein d'un scénario trop alambiqué et d'un film qui triche à outrance avec l'image - je déteste ça. Ozon tente de faire se croiser Lynch, De palma & Cronenberg sur un seul film. C'est tout à son honneur, franchement, c'est très ambitieux, mais c'est pas mal foiré et, donc, malhonnête dans le "traitement". Le côté provoc' ne m'a pas plus choqué qu'il ne m'a excité - on frôle le Refn des mauvais jours. Reste cette intro en gros plan sur un utérus, chez le gynéco, qui m'a rappelé le Calmos de Blier et le Dr JP Marielle s'enfilant une tartine de rillettes en pleine consultation. Fente & fendard, donc. On sent là ce même sens du défouloir borderline, en se disant que quitte à foncer dans le mur sur ce type de canevas, Ozon aurait dû y aller franchement dans l'organique, donc dans le porno pur.
ballantrae
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par ballantrae »

Croiser Lynch, De Palma et Cronenberg...oui il doit y avoir de cela et il faut ajouter Polanski ( à la fois pour Rosemary's baby, Le locataire et Répulsion) mais aussi Glazer pour l'influence visuelle indirecte et musicale de Under the skin.Tout cela serait vain et ne constituerait qu'un cache sexe - si je puis dire- formel si la structure certes alambiquée n'était pas aussi bien dosée dans chacun de ses effets: il y a une véritable unité organique dans le film due à la fois à son scénario jamais purement gratuit, à ses ambiances dues notamment à la photo précise de Manu Dacosse ( le chef op de L Hadzihalilovic et de Cattet et Forzani, l'une des grandes révélations techniques de ces dernières années à mon avis) et à la BO de Ph Rombi sans oublier un duo d'acteurs fabuleux de sensualité vénéneuse J Rénier et M Vacth qui confirme les grandes qualités vues dans Jeune et jolie puis Belles familles.
Ozon vient après tous les auteurs cités ci-dessus sur ce terrain du labyrinthe mental et ne me semble pas rivaliser face à Lost highway, Vidéodrome ou Pulsions mais trace ses propres variations sur ce canevas riche en possibles.
Ne serait ce que pour son utilisation d'un espace voué à l'art contemporain ou pour la visualisation de certaines images mentales L'amant double serait déjà très réussi mais en plus son récit se tient de bout en bout même lorsque surgit la surprise finale.On pouvait se douter de la teneur de l'issue du film mais pas forcément dans ces modalités -là.
Quand je pense à Split puis Get out tout aussi intrigants au départ et à leur manière de rater aussi tristement leurs fins respectives, je me dis que pour un débutant dans le cinéma de genre, Ozon est tout de même très fort.
Dernière modification par ballantrae le 5 juin 17, 21:16, modifié 1 fois.
ballantrae
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par ballantrae »

J'ai oublié de préciser que le métier du personnage féminin (gardienne de musée) occasionne de très belles variations autour du contraste murs blancs/ oeuvres colorées jusqu'à un moment magnifique, assez proche dans son vertige du Syndrôme de Stendhal d'Argento comme si soudainement le tableau envahissait l'espace. L'une des présences picturales les plus fortes depuis la reproduction du tableau de J Freud dans Julieta d'Almodovar.
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Demi-Lune
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par Demi-Lune »

Ballantrae, je te lis toujours avec beaucoup d'intérêt car tu sais argumenter sur les films qui recueillent tes faveurs tout en ouvrant toujours pleins de portes pour les curieux qui souhaiteraient creuser. Mais là, considérer que L'amant double est une grande réussite, c'est quand même hardcore, non ? :mrgreen:

Pour ce qui me concerne, tout ça me fait un peu penser à Personal shopper, au final. J'ai encore une fois voulu croire en cette incursion du cinéma français dans un genre déconsidéré. Un auteur derrière, des promesses, une approche stylisée tout en étant épurée de tous les travers de bisseux, une actrice fascinante. Mais j'ai malheureusement vu un ratage dans les grandes largeurs dont la réputation de nanar, dès le festival de Cannes, est loin d'être incompréhensible ou irrecevable (même si je ne serais pas aussi cruel que bon nombre de critiques).
Coupons court au postulat qui serait de dire, à la lumière d'un plan choc en forme de note d'intention dès le début du film, qu'Ozon n'est pas dupe le premier de la marchandise, et que L'amant double serait du coup un exercice volontairement grossier et cynique. Si cynisme il y a, il a un goût amer : lorsque le film assène fièrement ses pillages stylistiques ou thématiques (entres autres à De Palma, Cronenberg ou Jonathan Glazer) de façon littérale, comme si ça allait passer comme une lettre à la Poste, et comme s'il s'agissait de fins en soi suffisant à donner du fond et de la forme à un film, la balourdise du traitement est non seulement criante, elle est aussi totalement rédhibitoire. Car les cinéphiles qui connaissent leurs classiques poufferont certainement face à cette prétention imperturbable, qui semble vouloir inventer l'eau chaude en permanence avec une candeur qui finirait presque par être sympathique. Ah, ces moments où Ozon a l'air de découvrir les joies des surimpressions et des miroirs... Les cinéastes qui retravaillent des motifs d'autres cinéastes (démarche postmoderne par excellence que la critique a longtemps fait payer chèrement à des gens comme De Palma ou Verhoeven) sans en dégager une personnalité et un discours propres sont condamnés à n'être que de pâles ersatz, et c'est exactement le sentiment que donne François Ozon lorsqu'il cherche à faire son mauvais garnement avec ses références de premier de la classe et son scénario attrape-couillons qui a vingt ans de retard. On a envie de lui dire qu'il y a eu une Histoire du cinéma avant lui... Quant aux spectateurs moins aguerris, il est douteux qu'ils ne tiquent pas sur la symbolique outrageusement sur-signifiante pour que les deux du fond puissent bien suivre, qu'ils ne tiquent pas sur les enchaînements hautement subtils du scénario, ou qu'ils ne tiquent pas sur ces jump-scare pas du tout rances en l'an 2017.
Dire tout ça n'est pas incompatible avec le fait que le film se suive avec un certain plaisir, à la fois sincère et déviant. Sincère, parce que la mise en scène est à l'évidence compétente et même mieux que ça (effectivement grâce à la contribution du chef op' Manuel Dacosse) lorsque le film s'attarde sur la création d'une atmosphère ou des moments de pur esthétisme, telles ces séquences dans la galerie d'art contemporain, ou ce moment où Marine Vacth part ailleurs dans une explosion de surimpressions abstraites et doucereuses. Déviant, parce que le film réserve une pelletée de scènes et de répliques à faire frétiller mon compteur Geiger du nanar : si vous avez un jour rêvé de voir Marine Vacth enculer Jérémie Rénier avec un gode-ceinture, alors ce film est pour vous ! Blague à part, plus que les qualités techniques du film, le plaisir qu'il peut m'inspirer provient avant toute chose de l'implication de deux comédiens embarqués dans cette galère mais qui s'efforcent de surnager. Après l'avoir révélée superbement, Ozon tuera-t-il Marine Vacth avec son caprice d'écolier ? Espérons que non lorsqu'on voit la présence surréelle que dégage cette comédienne en toute chose, même les plus ridicules. Je pourrais contempler son visage pendant des heures et ne jamais finir d'en faire le tour.

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Demi-Lune
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par Demi-Lune »

Thaddeus a écrit :L’amant double (François Ozon, 2017)
Pris d’un délire assez carabiné d’invraisemblance, d’une volonté presque suicidaire d’exploser les marqueurs du psycho-thriller à twist, le cinéaste fait fi de toute mesure, chausse les gros sabots de la manipulation et accumule les clichés les plus éhontés d’un genre avec lequel il ne cherche jamais à louvoyer. Il y a même une certaine délectation à anticiper les rebondissements et le fin mot d’une histoire qui, échouant à générer l’ambigüité, mêle gémellité problématique, traumatisme refoulé, jeux de miroir ou autres tartes à la crème du bazar freudien. En soit rien de déplaisant dans cette relecture érotico-toc de Faux-semblants, d’autant qu’Ozon en assume crânement la vanité, mais par magnanimité mieux vaut ne pas en énumérer les multiples influences, dont l’ombre se fait plus qu’écrasante. 3/6
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par ballantrae »

C'est assez marrant de lire tes reproches Demi Lune car ce sont exactement les mêmes que ceux que je pouvais lui envoyer jusqu'à ses derniers opus:un côté littéral de la citation, une forme de superficialité éhontée, un second degré qui tue l'adhésion première et une forme cache sexe du vide de l'entreprise...sauf que pour Frantz ( où j'ai bien vu l'ombre portée du magnifique Heimat) et cet opus, il y a une forme de dépassement mû par le plaisir du récit et de la direction d'acteurs comme par le choix d'un synopsis assez culotté pour faire craindre le pire.
Des scories demeurent ( Ozon reste Ozon donc cela demeure imparfait... sinon avec ma générosité proverbiale ,je lui aurais mis 9 ou 10 !!!) mais je trouve que cet art caméleonesque devient assez passionnant au vu du perfectionnisme formel que sait déployer le cinéaste.Et au moins , il tient son film contrairement aux opus un peu surcôtés que sont Split puis Get out .Je crois qu'un film peut prendre du relief en soi mais parfois aussi dans un contexte plus général.
Je vais méditer tes arguments pour essayer de comprendre plus précisément d'où vient mon changement de regard sur le cas Ozon.
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Michel2
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par Michel2 »

Demi-Lune a écrit :si vous avez un jour rêvé de voir Marine Vacth enculer Jérémie Rénier avec un gode-ceinture, alors ce film est pour vous !
Une formule qui n'est pas dépourvue de fondement :uhuh:

Je crois qu'on tient enfin l'accroche promotionnelle qui faisait cruellement défaut jusqu'ici sur l'affiche du film.
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Demi-Lune
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par Demi-Lune »

ballantrae a écrit :C'est assez marrant de lire tes reproches Demi Lune car ce sont exactement les mêmes que ceux que je pouvais lui envoyer jusqu'à ses derniers opus:un côté littéral de la citation, une forme de superficialité éhontée, un second degré qui tue l'adhésion première et une forme cache sexe du vide de l'entreprise...
Franchement, Jeune et jolie est d'un tout autre niveau et je ne vois pas trop comment tes reproches pourraient lui être assignés.
Marrant d'ailleurs de voir comment le dédoublement de Marine Vacth dans sa scène de dépucelage sur la plage fait quasiment office de porte entrouverte vers ce nouveau film.
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par Flol »

Demi-Lune a écrit :Après l'avoir révélée superbement, Ozon tuera-t-il Marine Vacth avec son caprice d'écolier ? Espérons que non lorsqu'on voit la présence surréelle que dégage cette comédienne en toute chose, même les plus ridicules. Je pourrais contempler son visage pendant des heures et ne jamais finir d'en faire le tour.

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La jeune comédienne française la plus surcôtée du moment (en plus d'être la 15ème jeune comédienne française du moment qui tire la gueule en permanence).
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Thaddeus
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par Thaddeus »

T'es dur.
Sans être aussi transi d'amour que Demi-Lune, je trouve qu'elle reste l'un des atouts d'un film qu'elle contribue à ne pas faire sombrer dans la médiocrité. Les moments les plus troublants, voire les plus touchants du long-métrage (et ils ne sont pas nombreux), on les lui doit. Elle appartient sans doute bien davantage à la longue lignée des beautés froides qu'à celles des incandescentes, mais elle insuffle à son personnage une vulnérabilité qui vient faire palpiter (un peu) la mécanique très prévisible sur laquelle Ozon construit son échafaudage narratif.
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Michel2
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par Michel2 »

J'ai vu le film hier soir par curiosité, en me demandant s'il allait me faire changer d'avis sur Ozon malgré les retours majoritairement négatifs. Ca n'a pas été le cas.

J'ai toujours considéré le bonhomme comme un petit malin davantage que comme un véritable auteur : pour moi, Ozon ne fait guère que retravailler la matière d'autres films dont il pille les thématiques (un peu) et les idées formelles et narratives (beaucoup). Avec le temps, il a appris son métier de metteur en scène, ce qui fait que la forme est effectivement plus élégante et plus léchée aujourd'hui qu'à ses débuts, mais je trouve toujours le fond assez creux dans la mesure où Ozon cherche moins à traiter un sujet qu'à déployer un dispositif censé épater le spectateur par son habileté. Au bout du compte, et un peu comme avec Swimming Pool, je me suis dit "tout ça pour ça ?", l'artillerie lourde du thriller psycho-sexuel à la De Palma/Cronenberg/Polanski me paraissant en complet décalage avec le point d'arrivée de l'intrigue, une fois que l'on a compris où Ozon veut en arriver (et on le voit très vite compte tenu des grosses ficelles auxquelles le film a recours : personnellement, j'avais flairé le pot-aux-roses dès la scène dans le musée où le monde bascule autour de Chloé). In fine, le thème de la gémellité refoulée aurait probablement été traité de manière plus troublante si Ozon avait opté pour la sobriété et s'était débarrassé du fatras référentiel qui parasite son film.

Je n'irais pas jusqu'à parler de nanar parce que L'amant double me semble plus vain que nul, hormis une scène involontairement hilarante qui a fait furieusement crépiter mon nanarmètre personnel (le passage où Chloé fait l'amour avec les doubles de Jérémie Rénier m'a irrésistiblement évoqué un croisement improbable entre La Cité des enfants perdus et Monty Python Sacré Graal qui ferait forniquer les clones de Dominique Pinon avec une cousine française du chevalier à trois têtes, mais c'est sûrement de la perversité de ma part).

Quant à Marine Vacth, elle est fort jolie, elle a incontestablement du talent et elle s'acquitte très honorablement de ce qu'on lui demande de faire en tant qu'actrice, mais de là à penser qu'on tient avec elle la nouvelle Isabelle Adjani...
Demi-Lune a écrit :J'ai encore une fois voulu croire en cette incursion du cinéma français dans un genre déconsidéré. Un auteur derrière, des promesses, une approche stylisée tout en étant épurée de tous les travers de bisseux, une actrice fascinante.
A mon sens, le problème avec les metteurs en scène français étiquetés "cinéma d'auteur" est qu'ils n'assument jamais vraiment leur fascination pour le cinéma de genre. Ils adorent jouer avec ses codes parce qu'ils trouvent que c'est un objet théorique séduisant qu'ils peuvent déconstruire et retourner dans tous les sens à leur profit, mais ils ne vont que très rarement au bout de leur engouement pour réaliser un vrai film de genre au premier degré. La bouillie qu'est Demon Lover d'Assayas en fournit un parfait exemple à mes yeux.
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par shubby »

Michel2 a écrit :J'ai vu le film hier soir par curiosité, en me demandant s'il allait me faire changer d'avis sur Ozon malgré les retours majoritairement négatifs. Ca n'a pas été le cas.

J'ai toujours considéré le bonhomme comme un petit malin davantage que comme un véritable auteur : pour moi, Ozon ne fait guère que retravailler la matière d'autres films dont il pille les thématiques (un peu) et les idées formelles et narratives (beaucoup). Avec le temps, il a appris son métier de metteur en scène, ce qui fait que la forme est effectivement plus élégante et plus léchée aujourd'hui qu'à ses débuts, mais je trouve toujours le fond assez creux dans la mesure où Ozon cherche moins à traiter un sujet qu'à déployer un dispositif censé épater le spectateur par son habileté. Au bout du compte, et un peu comme avec Swimming Pool, je me suis dit "tout ça pour ça ?", l'artillerie lourde du thriller psycho-sexuel à la De Palma/Cronenberg/Polanski me paraissant en complet décalage avec le point d'arrivée de l'intrigue, une fois que l'on a compris où Ozon veut en arriver (et on le voit très vite compte tenu des grosses ficelles auxquelles le film a recours : personnellement, j'avais flairé le pot-aux-roses dès la scène dans le musée où le monde bascule autour de Chloé). In fine, le thème de la gémellité refoulée aurait probablement été traité de manière plus troublante si Ozon avait opté pour la sobriété et s'était débarrassé du fatras référentiel qui parasite son film.

Je n'irais pas jusqu'à parler de nanar parce que L'amant double me semble plus vain que nul, hormis une scène involontairement hilarante qui a fait furieusement crépiter mon nanarmètre personnel (le passage où Chloé fait l'amour avec les doubles de Jérémie Rénier m'a irrésistiblement évoqué un croisement improbable entre La Cité des enfants perdus et Monty Python Sacré Graal qui ferait forniquer les clones de Dominique Pinon avec une cousine française du chevalier à trois têtes, mais c'est sûrement de la perversité de ma part).

Quant à Marine Vacth, elle est fort jolie, elle a incontestablement du talent et elle s'acquitte très honorablement de ce qu'on lui demande de faire en tant qu'actrice, mais de là à penser qu'on tient avec elle la nouvelle Isabelle Adjani...
Demi-Lune a écrit :J'ai encore une fois voulu croire en cette incursion du cinéma français dans un genre déconsidéré. Un auteur derrière, des promesses, une approche stylisée tout en étant épurée de tous les travers de bisseux, une actrice fascinante.
A mon sens, le problème avec les metteurs en scène français étiquetés "cinéma d'auteur" est qu'ils n'assument jamais vraiment leur fascination pour le cinéma de genre. Ils adorent jouer avec ses codes parce qu'ils trouvent que c'est un objet théorique séduisant qu'ils peuvent déconstruire et retourner dans tous les sens à leur profit, mais ils ne vont que très rarement au bout de leur engouement pour réaliser un vrai film de genre au premier degré. La bouillie qu'est Demon Lover d'Assayas en fournit un parfait exemple à mes yeux.
Oh la belle bleue ! Joli !
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par Demi-Lune »

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Zelda Zonk a écrit :L'amant double : 3,5/10

Une fois n'est pas coutume, je reprends la critique de Paris Match, parue sur Allociné, tant elle reflète mon ressenti : « Un film de cinéphile sous influence, alourdi par des références écrasantes et une résolution décevante qui marche sans complexe sur les plate-bandes de ses illustres pères (De Palma, Polanski, Cronenberg...) sans jamais parvenir à en tuer aucun. »
Terriblement déçu par ce salmigondis indigeste et jamais crédible. Au final, j'ai juste été très gêné pour Ozon, tant son film prête à sourire et frise souvent le grotesque. Marine Vacth, très bien, n'est pourtant pas à blâmer.

D'autant plus attristé que Frantz, le précédent opus du cinéaste, avait été mon coup de cœur 2016. Mais perso, c'est souvent comme ça avec Ozon d'un film à l'autre : les montagnes russes...
Harkento a écrit :J'aime beaucoup Ozon, j'ai vu les 2/3 de sa filmo, et c'est la première fois que je sors un peu déçu de l'un de ses films. Si je me suis facilement laissé envoûter par l'intrigue, j'ai vraiment pas aimé la résolution qui repose
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essentiellement sur twist en fait
. Je ne l'ai pas trouvé trop grotesque en revanche, les acteurs font du bon boulot je trouve. Mais la fin est, on est bien d'accord, pas crédible du tout.
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Re: L'Amant double (François Ozon - 2017)

Message par Watkinssien »

Demi-Lune a écrit :Image
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Mother, I miss you :(
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