John Carney

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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Supfiction
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John Carney

Message par Supfiction »

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Supfiction a écrit :
Karras a écrit : Sing Street (8/10) : Après Once et New York Melody, le réalisateur récidive en livrant une fois encore une excellente comédie eighties autour de la musique.
Film très mal distribué, je n'avais pas réussi à le voir en salle où il n'a passé que quelques jours.
La petite pépite espérée est bien là : un vrai retour dans les 80's !

7,5/10
Rockatansky a écrit :Je trouve que cela reste assez anecdotique et moins bon que les deux autres films cités
AtCloseRange a écrit :
Rockatansky a écrit :Je trouve que cela reste assez anecdotique et moins bon que les deux autres films cités
tu fais pas envie, vu qu'ils étaient déjà anecdotiques.
Anecdotique, sans doute, ce qui n'empêche pas le plaisir régressif du retour en enfance pour ceux qui ont grandi avec Depeche Mode, Aha, The Cure, Duran Duran...
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Rockatansky
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Re: John Carney

Message par Rockatansky »

Autant je trouvais que les personnages de Once et New York Melody avaient une vraie consistance, autant j'ai été moins touché par les amours adolescentes de ce Sing street.
Par contre j'ai quand même bien envie de voir ses précédents films.
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Profondo Rosso
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Re: John Carney

Message par Profondo Rosso »

L'amour de la musique irrigue la filmographie de John Carney et lui servit même de passerelle vers le cinéma quand il réalisa les clips de son groupe The Frames. Après la comédie musicale Once (2007) et Begin again qui explorait la passion et la difficulté du monde musical, John Carney aborde le sujet sous un angle plus intime. Le réalisateur propose ainsi une vision à la fois réaliste de son enfance dans l'Irlande des 80's et le fantasme de ce qu'il rêvait qu'elle fut. Le réalisme sera dans le quotidien difficile du jeune Conor (Ferdia Walsh-Peelo) dans lequel s'illustre la situation socio-économique sinistre du pays. Ainsi notre héros subit les conflits de ses parents dans l'impossibilité de se séparer (le divorce n'étant autorisé qu'en 1985 en Irlande) et leurs difficultés financières qui vont l'obliger à quitter son établissement privé pour le plus malfamé lycée de Synge Street. John Carney dépeint ce contexte morne avec crudité mais sans misérabilisme, que ce soit le racisme ordinaire (les préjugés et l'attitude qui guideront le recrutement d'un musicien noir dans le groupe), la violence (celle des autres élèves comme celle du corps enseignant religieux) et surtout en vraie fil rouge l'envie d'ailleurs qui semble s'incarner à travers l'exil londonien. L'échappée belle et l'exaltation du quotidien va donc entièrement reposer sur la musique. C'est par elle que Conor va timidement trouver un angle d'attaque pour aborder la belle Raphina (Lucy Boynton), l'affabulation précédent la vraie création du groupe qu'il s'invente pour l'épater.

L'ensemble des personnages secondaires reflètent les espoirs déçus (les parents de Conor, le frère aîné Brendan) ou amenés à l'être (Raphina et ses rêves de mannequinat) dans cette grisaille irlandaise. L'odyssée de Conor et ses camarades constitue donc une respiration, la musique façonnant un horizon plus étrange et luxuriant à observer avec curiosité et envie d'abord (le rituel de la légendaire mission Top of the pops), à s'approprier dans les instruments et l'écriture et enfin auquel accéder en tentant à son tour le rêve londonien. Les hauts et les bas amoureux guident l'inspiration et la complicité musicale du groupe et plus particulièrement les belles scènes de composition entre Conor et Eamon (Mark McKenna). La rencontre et les premières gammes des musiciens en herbe donnent des scènes fort ludiques et spontanées, la maîtrise et l'émotion des chansons se faisant au fil des émois des personnages. John Carney évite donc constamment le côté jukebox 80's vain, chaque insertion musicale et son imitation par le groupe obéissant à la construction dramatique du récit. Bousculé par le grand frère et mentor Brendan (Jack Reynor), notre héros après avoir été éberlué par le Rio de Duran Duran en donne son charmant et maladroit pendant dans sa chanson The Riddle of the Model exprimant son attrait pour Raphina. Tout le film fonctionne ainsi, l'évolution vestimentaire allant avec ces influences où la dégaine de néos romantiques alterne avec les imperméables gothiques. Lorsque tout cela s'harmonise parfaitement, on aura quelques transitions somptueuses. Les confessions entre Conor et Raphina sur l'enjouement qui doit répondre à leur vie familiale sinistre et l'état permanent de "happy/sad" introduit ainsi merveilleusement In Between Days de The Cure puis le "à la manière de" A Beautiful Sea. John Carney a d'ailleurs composé avec Gary Clark la bande originale, la fragilité (Carney ayant forcé les requins de studio à jouer de façon plus maladroite par crédibilité) et le vrai sens mélodique des morceaux leur donnant un vrai ton intime qui dépasse le pastiche.

Le film pourrait sombrer dans la mièvrerie lors de la dernière partie où John Carney accompli tous ses fantasmes (repartir avec la fille, dompter la brute du lycée et partir) mais le conte reste toujours solidement accroché au réel. Ainsi le personnage de Brendan acquiert une facette plus touchante encore quand de mentor il s'avère le miroir raté de Conor, celui qui a renoncé et s'est laissé aller. Le beau final idéalisé constitue donc une belle ode à l'évasion, un contagieux espoir de se réaliser. Rock'n'roll is a risk 5/6
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Jeremy Fox
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Re: John Carney

Message par Jeremy Fox »

En total accord avec la critique de Profondo. De plus Lucy Boynton dévore l'écran de sa beauté et je pense avoir rarement vu une relation aussi émouvante entre deux frères. Gros Coup de cœur pour ce Sing Street !
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Flol
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Re: John Carney

Message par Flol »

C’est vrai que c’est pas mal, Sing Street.
Jusqu’à ce que ça se mette à chanter. :|
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Jeremy Fox
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Re: John Carney

Message par Jeremy Fox »

Flol a écrit :C’est vrai que c’est pas mal, Sing Street.
Jusqu’à ce que ça se mette à chanter. :|
J'ai trouvé la bande originale euphorisante. Certes il ne s'agit pas d'un grand chanteur mais la musique conserve beaucoup de fraicheur.
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Flol
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Re: John Carney

Message par Flol »

Ce n’est pas tant la musique en elle-même qui m’a posé problème, mais plutôt la manière dont celle-ci est traitée dans le film. On est quand même dans un monde où un mec chante super mal et hop 2mn plus tard, il a une voix parfaite (ce qui ne choque absolument personne), un monde où un morceau parfaitement produit s’écrit en une petite nuit et sans la moindre répétition.
Alors les comédiens sont sympas, la relation fraternelle est relativement touchante, mais à partir du moment où je ne crois pas en ce qui constitue le socle du film, c’est-à-dire la musique et la création artistique, tout s’effondre et je ne crois plus au film en lui-même.
D’où mon rejet. Malgré la mignonnerie totale de Lucy Boynton.
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Roilo Pintu
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Re: John Carney

Message par Roilo Pintu »

Sing Street - John Carney (2016)
Récit sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte dans l'Irlande des années 80, c'est tout simple, les jeunes acteurs sont justes, la film est une bouffée de fraîcheur, emporté par une bande sonore entrainante. Jolie surprise sans prétention portée par de jeunes acteurs formidables,especially Lucy Boynton!
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