Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Thaddeus
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Thaddeus »

G.T.O a écrit :Lorsque tu vois à quoi il réduit le film - "...le film travaille la honte"- tu as de suite compris qu'il a pas compris grand chose. Je rappelle quand même au passage qu'Honoré est le type qui, dans les Cahiers de l'époque, disait de Starship Troopers que c'etait un grand film facho, visiblement sourd à toute la dimension ironique du film.
Le dossier Starship Troopers est tellement embarrassant pour le bonhomme qu'il serait intéressant de lui demander aujourd'hui s'il est revenu sur sa perception du film.
La question de l'homosexualité à l'écran a toujours généré des réactions très contradictoires de la part des artistes concernés, de façon assez révélatrice d'ailleurs.
PS : Etonnamment, je n'ai pas trouvé de topic consacré à ce sujet dans le forum, alors qu'il y aurait beaucoup à en dire.
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Stromboli
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Stromboli »

J'aime pas tellement le cinéma d'Honoré mais sur Moonlight il a évidemment raison, le film est terriblement surestimé.
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Thaddeus
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Thaddeus »

La vraie question est : le trouves-tu surestimé pour les mêmes raisons qu'Honoré ? En d'autres termes, estimes-tu que c'est un film qui véhicule un discours hypocrite vis-à-vis de l'homosexualité et de sa représentation ?
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Stromboli
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Stromboli »

Je le trouve surestimé sur ces qualités cinématographiques assez moyennes, assez "série américaine de qualité".

Et sur le fond je suis assez d'accord pour le trouver faux-cul, et ridicule sur ce traitement de l'homosexualité.

Ce pauvre garçon qui, après une branlette à 14 ans avec un camarade pour lequel il a un crunch, n'aura plus une seule relation sexuelle avant de le retrouver 10 ans plus tard et après être devenu quasi un druglord, c'est digne d'un Harlequin Gay.

Ca n'a aucun sens, aucune réalité, aucun intérêt. On l'a déjà dit mais sur ce même milieu "The Wire" était franchement plus juste, audacieux et réussi 15 ans auparavant.
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G.T.O
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par G.T.O »

Stromboli a écrit :Je le trouve surestimé sur ces qualités cinématographiques assez moyennes, assez "série américaine de qualité".

Et sur le fond je suis assez d'accord pour le trouver faux-cul, et ridicule sur ce traitement de l'homosexualité.

Ce pauvre garçon qui, après une branlette à 14 ans avec un camarade pour lequel il a un crunch, n'aura plus une seule relation sexuelle avant de le retrouver 10 ans plus tard et après être devenu quasi un druglord, c'est digne d'un Harlequin Gay.

Ca n'a aucun sens, aucune réalité, aucun intérêt. On l'a déjà dit mais sur ce même milieu "The Wire" était franchement plus juste, audacieux et réussi 15 ans auparavant.
Ok mais cela n'a aucun sens de le ramener à quelque chose qu'il ne cherche pas à être : à savoir un film réaliste décrivant un cas. Il y a quand même quelque chose auquel il faut faire faire attention sous peine de passer à côté. Moonlight n'est pas un film réaliste. C'est un film qui adopte le point de vue d'un sujet, Chiron. D'où une mise en scène subjective, onirique, comme dictée par les pulsions, régit par les sentiments de Chiron. Donc, pour ce qui est de la pertinence de la comparaison avec le superbe série sociologique The Wire, je dirais que cela n'a rien à voir. C'est comme comparer La Ligne Rouge et Full Metal Jacket sous prétexte qu'il traiterait de la guerre.
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Flol
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Flol »

Stromboli a écrit :On l'a déjà dit mais sur ce même milieu "The Wire" était franchement plus juste, audacieux et réussi 15 ans auparavant.
Oui sauf que ça n'a rien à voir, en fait. Comparer le film de Barry Jenkins à une série étalée sur 5 années et 60 épisodes, véritable étude sociologique qui ne se réduit pas qu'à un état des lieux sur "comment vivre son homosexualité quand on est dans le même temps un trafiquant bad-ass ?", ça n'a pas beaucoup de sens.
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Jack Griffin
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Jack Griffin »

En même temps difficile de se dire que Jenkins n'a pas pensé au personnage d'Omar pour the Wire pour la caractérisation du perso de Mahershala Ali ET celui de Chiron adulte....En fait, je me suis fait la reflexion dès les premiers plans (et je me demande s'il n'y a pas ce même travelling circulaire dans la série de david Simon)
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G.T.O
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par G.T.O »

Jack Griffin a écrit :En même temps difficile de se dire que Jenkins n'a pas pensé au personnage d'Omar pour the Wire pour la caractérisation du perso de Mahershala Ali ET celui de Chiron adulte....En fait, je me suis fait la reflexion dès les premiers plans (et je me demande s'il n'y a pas ce même travelling circulaire dans la série de david Simon)

Mouais.
En ce qui me concerne je n'y ai pas du tout pensé. Après, les travellings, c'est plutôt monnaie courante dans les séries et les films, non ? Après j'avoue ne pas trop comprendre, même en faisant un effort, la pertinence de la comparation entre The Wire et Moonlight. D'un côté, comme le dit Rata, une série sociologique étalée sur 6 saisons, avec pléthore de personnages dont un homosexuel trafiquant, Omar, et un film ressemblant à une fable sur les 3 stades de vie d'un personnage qui se cherche. Que ce soit sur la forme comme sur le fond, la démarche, le dispositif, rien à voir.
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Flol
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Flol »

Jack Griffin a écrit :En même temps difficile de se dire que Jenkins n'a pas pensé au personnage d'Omar pour the Wire pour la caractérisation du perso de Mahershala Ali ET celui de Chiron adulte....
J'y ai pensé aussi, et je pense que Jenkins lui aussi y a pensé. De là à comparer les 2 dans leur approche de l'homosexualité chez les gangsters...
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Alexandre Angel
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Alexandre Angel »

Sur l'homosexualité chez les gangsters, on a cité Omar mais il y a aussi le gros mobster (j'ai pas son nom en tête) des Sopranos, qui se barre, rencontre un beau camionneur , etc..etc...
Par ailleurs, plus superficiellement, le vrai caïd du docu A very british gangster révèle qu'il est gay.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jack Griffin
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Jack Griffin »

G.T.O a écrit :
Jack Griffin a écrit :En même temps difficile de se dire que Jenkins n'a pas pensé au personnage d'Omar pour the Wire pour la caractérisation du perso de Mahershala Ali ET celui de Chiron adulte....En fait, je me suis fait la reflexion dès les premiers plans (et je me demande s'il n'y a pas ce même travelling circulaire dans la série de david Simon)
Que ce soit sur la forme comme sur le fond, la démarche, le dispositif, rien à voir.
Ratatouille a écrit : De là à comparer les 2 dans leur approche de l'homosexualité chez les gangsters...
Je ne la compare pas mais il y a un effet de reconnaissance (voulu selon moi)...Quand à la condition homosexuelle elle me semble être traité de manière complètement fantaisiste par Jenkins.
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Dunn »

D'une justesse et d'une beauté dans le fond comme dans la forme, le personnage et son histoire apportent une mélancolie comme j'en ai rarement vu au cinéma américain ces dernières années.Pas le chef d'oeuvre annoncé par les critiques et ses oscars, mais un magnifique petit grand film; le dénouement au premier abord convenu, m'a bouleversé quelques minutes plus tard.
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AtCloseRange
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par AtCloseRange »

C'est marrant parce que je suis assez d'accord sur les accusations d'irréalisme mais ça ne m'a pas empêché d'aimer.
C'est justement la structure qui privilégie 3 moments (et non 3 périodes) qui permet de faire passer la pilule.
Oui, le mec qui devient un gros dur baraqué dealer sans vie sexuelle et sans que ça se remarque et on peut trouver ça too much mais ça n'empêche pas la dernière partie d'être la meilleure (entre la scène du restaurant et la scène finale dans son appart'). Ce qui intéresse Jenkins dans cette histoire au-delà de la trajectoire de son héros obligé de dissimuler son homosexualité c'est davantage la "toxic masculinity".
Celle qui fait que l'élève harcelé finit par craquer, qui fait qu'il est obligé de devenir un dur pour justement ne pas avoir à montrer qu'il ne l'est pas.
On a rarement montré ce côté vulnérable aussi bien que dans la scène finale.
Ensuite, j'aurais des choses à redire sur la forme qui manque un peu d'ampleur. ça reste effectivement un "petit" film touchant et l'oscar peut sembler surdimensionné mais bon, c'est toujours mieux que la plupart des films qui ont gagné des oscars récemment.
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Billy Budd
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Billy Budd »

Flol a écrit : Bref filez-lui l'Oscar immédiatement, plutôt qu'au charmant mais inoffensif La La Land. Et accessoirement, Jenkins prouve qu'il n'a rien perdu de son talent déjà clairement visible sur Medicine for Melancholy.
C’est bien parce qu’il est charmant, mais inoffensif, à l’inverse de La La Land, que Moonlight a eu l’oscar.

Edit : j’ai lu l’avis de Christophe Honoré et ne puis qu’être d’accord.
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Flol
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Flol »

Billy Budd a écrit :
Flol a écrit : Bref filez-lui l'Oscar immédiatement, plutôt qu'au charmant mais inoffensif La La Land. Et accessoirement, Jenkins prouve qu'il n'a rien perdu de son talent déjà clairement visible sur Medicine for Melancholy.
C’est bien parce qu’il est charmant, mais inoffensif, à l’inverse de La La Land, que Moonlight a eu l’oscar.
Tu veux donc dire que La La Land serait non-charmant et offensif ?
Comme tu y vas.
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