Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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G.T.O
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par G.T.O »

Marcus a écrit :J'ai été déçu par le fait qu'à force de se vouloir subtil sur son sujet casse-gueule (l'homosexualité d'un noir) et ne pas dérouler un programme de film tract, ce qui est soi est louable, le film finit par ne plus traiter son thème que par la bande, ça devient accessoire aux saynètes qui sont certes bien jouées et filmées, mais du coup trop quelconques pour laisser une trace.
Sans doute parce que le film ne se saisit qu'indirectement de la question homosexuelle. Mais il cherche plutôt à élever l'histoire de Chiron au rang de celle plus canonique d'un amour contrarié, avec sa découverte, ses frustrations...etc En un mot, toutes ses étapes initiatiques qui découvrent un sujet. D'où aussi la structure ternaire en 3 âges, qui peut paraitre "simpliste" ou superficiel si on l'a juge uniquement selon des critères réalistes, et non symboliques.
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Flol
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Flol »

C'est marrant, à aucun moment je n'ai abordé le film en tant que simple "film sur un jeune noir homosexuel". Du coup, le réduire à cela peut effectivement s'avérer finalement déceptif.
Personnellement, j'y ai tout simplement vu le parcours de vie d'un jeune homme qui se cherche. On a l'impression d'avoir déjà vu ça 1000 fois, sauf que de cette manière-là, c'est pour moi de l'ordre de l'inédit.
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G.T.O
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par G.T.O »

Ratatouille a écrit :C'est marrant, à aucun moment je n'ai abordé le film en tant que simple "film sur un jeune noir homosexuel". Du coup, le réduire à cela peut effectivement s'avérer finalement déceptif.
Personnellement, j'y ai tout simplement vu le parcours de vie d'un jeune homme qui se cherche. On a l'impression d'avoir déjà vu ça 1000 fois, sauf que de cette manière-là, c'est pour moi de l'ordre de l'inédit.

Pareil.
On comprend très vite que Jenkins veut nous emmener ailleurs. Que l'intérêt se situera ailleurs que dans une simple description sociologique d'un individu évoluant dans un environnement hostile ou dans le portrait psychologique d'un homme découvrant son homosexualité. Jenkins raconte cette histoire comme un fable. En ne retenant que les aspect les plus marquants, caractéristiques au cours des trois âges, ne cherchant jamais à être exhaustif. Ainsi décrit, le parcours prend des allures romanesques, où le sentiment est roi, assez proche de certains itinéraires que l'on peut trouver chez Wong Kar Wai...
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par David Locke »

Le début du film et son plan séquence virtuose, ainsi que l'introduction du personnage du "dealer attentif" incarné par Mahershala Ali, laissent augurer d'un très bon film.
Malheureusement, chaque nouvelle ellipse apporte son lot de déceptions pour le spectateur : d'abord, la disparition du personnage de mentor, le plus intéressant et nuancé ; puis arrivée en grande pompe d'un sentimentalisme débridé sensé s'opposer à une période de la vie du protagoniste dont on ne voit pratiquement rien...
Le final est particulièrement lourd en cliché : si j'ai bien compris, reconnaître son homosexualité revient à renoncer à la violence. J'en suis resté coi...
Tout ceci est bien insignifiant et ne méritait pas un Oscar.

Une seule scène du dernier Jarmush impliquant des caïds et un chien (si vous l'avez vu, vous saurez à quoi je fais allusion) est beaucoup plus drôle, subtile et ambiguë que Moonlight tout entier.
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Jeremy Fox
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Jeremy Fox »

David Locke a écrit : si j'ai bien compris, reconnaître son homosexualité revient à renoncer à la violence. J'en suis resté coi....
Je n'ai rien compris de tel pour ma part.
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G.T.O
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par G.T.O »

Jeremy Fox a écrit :
David Locke a écrit : si j'ai bien compris, reconnaître son homosexualité revient à renoncer à la violence. J'en suis resté coi....
Je n'ai rien compris de tel pour ma part.

Idem.
Fort heureusement que le film ne se reduise pas à ce type de message grossier...Comme si l'un était la condition de l'autre. Le film n'établit pas de relation causale entre violence et homosexualité. Tout au plus comprends t-on qu'il a du cacher son orientation sexuelle en prison, par peur des représailles. Mais à aucun moment le film ne construit un quelconque discours sur la condition homo. Moonlight n'est pas ce genre de film.
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par David Locke »

G.T.O a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Je n'ai rien compris de tel pour ma part.

Idem.
Fort heureusement que le film ne se reduise pas à ce type de message grossier...Comme si l'un était la condition de l'autre. Le film n'établit pas de relation causale entre violence et homosexualité. Tout au plus comprends t-on qu'il a du cacher son orientation sexuelle en prison, par peur des représailles. Mais à aucun moment le film ne construit un quelconque discours sur la condition homo. Moonlight n'est pas ce genre de film.
Le message me semble pourtant limpide.
Le protagoniste n'a pas seulement caché son orientation sexuelle en prison, cela s'est poursuivi bien au delà de sa peine de prison : il a gravi les échelons de la rue pour devenir un caïd, et pendant tout l'intervalle, aucune relation sexuelle, nada, ceinture...
Ensuite, dès que l'amour de sa vie (traduire, le seul type avec qui il a eu une "aventure" 10 ans plus tôt) le rappelle, il lâche tout et rapplique dare dare en traversant la moitié des USA. Une fois arrivé, son buddy de lui dire : "Qu'est-ce que tu fous avec tout ton attirail de caïd, ce n'est pas toi !"
Conclusion : On ne peut pas être à la fois gay et un caïd de la rue.
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Jeremy Fox »

Je trouve que tu fais de sacrés raccourcis interprétatifs ! :o

Et quand bien même admettons que ç’ait été ce message qu'ait voulu faire passer Jenkins (ce que je ne crois sincèrement pas une seule seconde), ce n'est pas les 5 dernières minutes d'un film qui auraient pu me gâcher tout ce qui a précédé.
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par David Locke »

Jeremy Fox a écrit :Tu fais de ces raccourcis interprétatifs ! :o
C'est possible... Cela dit, c'est le film lui-même avec ses ellipses béantes qui permet cela...

Pour citer Kurosawa, un personnage ne devient intéressant que lorsque le conflit se joue à l'intérieur de lui-même.
Or, dans Moonlight, le réalisateur est consciencieusement passé à côté de son sujet en choisissant de ne pas montrer la partie de l'existence du héros où il est en conflit avec lui-même.
On n'a plus droit qu'aux moments de résolution, qui peuvent être interprétés comme étant particulièrement bien-pensants.
Dernière modification par David Locke le 24 mars 17, 14:40, modifié 1 fois.
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Jack Griffin »

David Locke a écrit : il lâche tout et rapplique dare dare en traversant la moitié des USA.
autre scène, autre lieu du dernier kelly reichardt d'ailleurs (que vous devez allez tous voir)
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par David Locke »

Jack Griffin a écrit :
David Locke a écrit : il lâche tout et rapplique dare dare en traversant la moitié des USA.
autre scène, autre lieu du dernier kelly reichardt d'ailleurs (que vous devez allez tous voir)
Je vois très bien à quoi tu fais référence : pour le coup, le film de Kelly Reichardt est d'un tout autre tonneau...
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Flol »

David Locke a écrit :Conclusion : On ne peut pas être à la fois gay et un caïd de la rue.
Si si.
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Mais on n'est pas dans The Wire là, ça aurait été un tout autre film et ce n'est pas ça qui intéresse Jenkins.
Quant au terme de "bien-pensant" (c'est beau comme du François Fillon), c'est typiquement le genre d'adjectifs qui ne veut plus rien dire.
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Jeremy Fox
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Jeremy Fox »

Rien à voir mais pendant les 5 premières minutes du film, j'ai cru me retrouver dans The Wire.
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par David Locke »

Ratatouille a écrit :
David Locke a écrit :Conclusion : On ne peut pas être à la fois gay et un caïd de la rue.
Si si.
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Mais on n'est pas dans The Wire là, ça aurait été un tout autre film et ce n'est pas ça qui intéresse Jenkins.
Quant au terme de "bien-pensant" (c'est beau comme du François Fillon), c'est typiquement le genre d'adjectifs qui ne veut plus rien dire.
C'est bien la première fois que l'on m'accuse de paraphraser François Fillon. :shock: :lol:
En tout cas, tu me donnes une raison de plus de découvrir The Wire, dont on m'a dit le plus grand bien par ailleurs.
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Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)

Message par Flol »

David Locke a écrit :En tout cas, tu me donnes une raison de plus de découvrir The Wire, dont on m'a dit le plus grand bien par ailleurs.
Ah il faut, c'est extraordinaire. Et le personnage de Omar est fabuleux (les superlatifs ne sont pas de trop, avec une série pareille).
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