Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Amarcord
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Amarcord »

Bertrand Bonello révèle ses 10 films préférés de la dernière décennie... Perso, j'en coche une bonne moitié dans le lot (sachant que Nocturama figure très haut dans mon top 5 de 2016) !
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cinephage
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par cinephage »

Amarcord a écrit :Bertrand Bonello révèle ses 10 films préférés de la dernière décennie... Perso, j'en coche une bonne moitié dans le lot (sachant que Nocturama figure très haut dans mon top 5 de 2016) !
Je me note que le Ang Lee n'est pas loin derrière, et celui-là je ne l'ai pas vu... :idea:
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Thaddeus »

Amarcord a écrit :Perso, j'en coche une bonne moitié dans le lot
De ce que j'ai vu, moi aussi. Sachant que l'autre moitié pourrait figurer dans ce que j'ai vu de plus pourri sur la période... J'exagère un peu mais l'idée est là.
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Jeremy Fox
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Jeremy Fox »

Parmi ces 10, pas moins de 4 que j'ai trouvé les plus agaçants ou (et) ennuyeux de la décennie. :mrgreen:
Amarcord
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Amarcord »

je sais que des films come Holy Motors, Oncle Boonmee, Under the Skin ou The Assassin sont loin d'avoir fait l'unanimité ici... Perso, ils figurent parmi mes plus gros chocs esthétiques de ces 10 dernières années. :oops:
Et j'y ajouterai sans peine la saison 3 de Twin Peaks.
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Jeremy Fox
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Jeremy Fox »

Amarcord a écrit :je sais que des films come Holy Motors, Oncle Boonmee, Under the Skin ou The Assassin sont loin d'avoir fait l'unanimité ici...
Ce sont effectivement ceux là que j'évoquais sans les nommer :oops:
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Supfiction
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Supfiction »

Amarcord a écrit :je sais que des films come Holy Motors, Oncle Boonmee, Under the Skin ou The Assassin sont loin d'avoir fait l'unanimité ici... Perso, ils figurent parmi mes plus gros chocs esthétiques de ces 10 dernières années. :oops:
Et j'y ajouterai sans peine la saison 3 de Twin Peaks.
Tu peux ajouter Death Proof et Spring breakers dans ceux qui extreme euphémisme ne font pas l’unanimité.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Addis-Abeba »

Jeremy Fox a écrit : on commence à trouver le temps long, à trouver certaines idées ou séquences ridicules ou inutiles (la longue scène de la chanson en play-back par exemple), le film semblant alors de plus en plus tourner à vide.
Le temps long c'est bien le terme, il y a justement longtemps que je m'étais pas autant ennuyé, un calvaire :?
je crois que je n'ai rien aimé, la forme ok , mais bon comme j'ai vite décroché , je n'y ai même plus fais attention.
Les acteurs sont insipides, le scénario, quel scénario d'ailleurs, est rachitique,ouh là là ces jeunes anarchistes qui veulent faire péter et changer le monde, que c'est original et inédit, ils n'ont d'ailleurs même pas l'air de comprendre ce qu'ils font, ont dirait des robots !
Ce Nocturama donne l'impression de voir le film d'un réalisateur "bobo" qui fait de la provoc avec rien.
Jusqu'à cette fin avec le thème de Amicalement votre, dont ont ce demande ce qu'il vient foutre-là, un peu à l'image de ce film d'une vacuité incroyable, la scène avec Adèle Haenel ? C'est un bêtisier ?
La polémique sur la fin, bof elle est surtout mal filmée, dénuée de toute tension et peu crédible dans un pays dont ce n'est pas le style, loin de là, d'être aussi radical.
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El Dadal
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par El Dadal »

De l'utilité de créer des topics pour les films (bien que le moteur de recherche ne m'ait encore une fois pas simplifié la tâche). Les avis éclairés des uns et des autres dévoilant mieux que le mien la richesse de cette œuvre, je n'ai nulle intention de les rabâcher.
6 ans après sa sortie, je découvre donc enfin le film-brûlot de Bonello (disponible depuis quelques temps en HD sur Netflix, pour les intéressés). Toutefois, le temps écoulé permet peut-être une vision moins tributaire de la place accordée au débat politisé, car déconnectée et décorrélée de l'actualité, tandis que la recherche de sens se fait à la fois plus nécessaire, car moins intuitive, l'intellectualisation de la démarche ayant été poussée à l'extrême en un film-concept, pour la compréhension duquel les avis déposés ici conservent toute leur valeur.
Sans réaction à chaud, la menace terroriste et les états d'urgence successifs s'étant greffés à un quotidien morne d'insatisfaction politique et de perturbations économiques ayant marqué ces dernières années, le film paraît sans doute moins lunaire, moins "objet esthétique" comme on lui a reproché. Au contraire, ce qui en ressort est une infinie tristesse, un constat de statu quo et de déni de reconnaissance d'un malaise sociétal ancré pourtant depuis des décennies et allant grandissant. La répression progressive des manifestations et autres marches militantes depuis la sortie du film est proportionnelle dans sa réponse à l'acte final d'assaut de la Samaritaine dans Nocturama et le mécontentement populaire s'est fait entendre depuis avec la crise des Gilets jaunes. En ce sens, je n'ai pas vraiment de grief avec la vision de Bonello, qui me semble moins irresponsable que ce à quoi je m'attendais.
Cela dit, certaines séquences restent lourdes et maladroites (le longuet My Way qui enfonce bien le clou), et c'est bien à un niveau d'efficacité narrative et rythmique que j'ai quelques griefs à formuler. La deuxième partie du film amoncelle avec plus ou moins de bonheur des séquences somme toute répétitives qui n'ont de raison d'être narratives, mais bien idéologiques et conceptuelles.
En dépit du plaisir immédiat d'entendre du John Barry sur la fin du film, impossible de ne pas me questionner sur le sens de la démarche, qui m'apparaît plus comme une référence pop, voire une déclaration ironique si l'on se réfère au titre français de la série.
Mais cet écartèlement régulier entre forme et fond me fait bizarrement penser à une autre référence non citée encore en ces pages (Bret Easton Ellis, Gus Van Sant etc) : celle de Michael Mann. Chez les deux cinéastes, la notion même de stylisation est problématique (et régulièrement dénoncée par le réalisateur américain). Or, il me semble impossible de faire avancer le fond sans la forme : le cinéma est un objet esthétique conscient, présentant une vision du monde extrêmement politisée, et dont la technique cinématographique se fait le vecteur. Chez eux, l'aspect fantasmagorique n'est jamais absent d'une forme d'hyperréalisme, particulièrement tactile. Un film comme Révélations met bien en lumière la question des limites imposées à la liberté de montrer et d'informer, et Blackhat se rapproche plus d'une fois de Nocturama avec ses actes terroristes concertés et une déstabilisation d'un système érigée comme fin en soi. Quelle place reste-t-il encore à ceux qui le refusent ?
L'angle de l'action armée semble déjà provenir d'un passé lointain. Mais les remises en question récentes dues aux chaines de production déstabilisées à l'aune de la crise sanitaire trouvent peut-être un nouvel écho dans la deuxième moitié du film de Bonello.
Imparfait mais stimulant.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par mannhunter »

El Dadal a écrit : 16 mai 22, 12:59Blackhat se rapproche plus d'une fois de Nocturama
:o

je n'ai pas fait le lien entre les deux...mais si c'est le cas c'est plutôt Bonello qui se serait inspiré du film de Mann, tourné avant.
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El Dadal
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par El Dadal »

Oui, bien entendu, je ne disais pas que l'un avait inspiré l'autre, mais qu'on pouvait y voir un rapprochement thématique intéressant.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Heliurl »

N'ayant pas voulu voir "Nocturama" lors de sa sortie à cause du climat anxiogène qui régnait alors en France après la série d'attaques terroristes et ne voulant pas être contrainte à regarder de nouveau (même si c'est de la fiction bien évidemment) des actes de nature terroriste, je me suis résignée à lui donner sa chance.

Esthétiquement, c'est indéniable la mise en scène est forte, méthodique, abstraite (allant même jusqu'à être lors de certaines scènes assez froide et désincarnée) et on ne peut qu'applaudir Bertrand Bonello d'avoir mis en images avec tant de plans percutants, le malaise d'une certaine jeunesse actuelle.

Mais là où le bât blesse, comme des critiques et cinéphiles l'ont souligne à juste titre, c'est l'absence de motivations politiques clairement définies et exprimées ne serait-ce que par un seul personnage.
D'ailleurs en parlant de personnages, ils sont juste esquissés et leur traitement est bien trop superficiel pour convaincre.

C'est donc un film marquant pour ses prises de risque formelles, la proposition esthétique du cinéaste mais l'absence de caractérisation des personnages, le fait que je ne me suis pas attachée à eux (bien que sur certains aspects je peux leur ressembler et que lors de la séquence finale j'étais comme happée par leur sort tragique) font qu'un goût d'inachevé persiste et je n'ai pas totalement adhéré.
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Alibabass
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Alibabass »

Mais là où le bât blesse, comme des critiques et cinéphiles l'ont souligne à juste titre, c'est l'absence de motivations politiques clairement définies et exprimées ne serait-ce que par un seul personnage.
Surtout que c'est des personnages qui possèdent un pas dans la Pop Culture et l'appat néo-libéral, et de l'autre des questionnements qui vont à l'encontre de cela, de part les symboles d'attaque du début du film. Sur cela, Bonello marque une ambiguïté qui fait du bien à voir. Dans un monde pas tellement clair pour eux, logique que les motivations politiques soit clairement pas définies. Mais bon c'est de souvenir, je l'ai pas revu depuis sa sortie.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par wontolla »

A l'époque, j'avais "kiffé grave" (si je puis me permettre cette expression à septante ans)! J'écrivais dans ma critique d'alors :

"On relèvera particulièrement trois scènes du film. Elles se déroulent dans son deuxième versant et donnent des clés de lecture potentielles.

La première est une courte séquence qui se passe à l’extérieur. David (Finnegan Oldfield) sort du magasin et va faire la rencontre d’une jeune femme à vélo (Adèle Haenel). C’est à notre estime le point focal et essentiel du film. Leur échange très bref se conclura par ces mots de la femme : « ça devait arriver » ! Pensons à cette affirmation du mystique Angelus Silesius selon laquelle la rose fleurit sans pourquoi. Le cœur du film est ici : cela devait advenir ! Il n’y a pas de pourquoi !

Une deuxième scène - essentielle aussi - avant que le groupe soit véritablement, définitivement et littéralement disloqué sera la reprise par Yacine (Hamza Meziani), les lèvres maquillées de rouge rubis, de My Way en playback. Le texte est ici crucial et aurait mérité d’être sous-titré. Voici une traduction en français de la première strophe :
Et maintenant que la fin est proche et que je fais face à l’ultime rideau, mon ami, je le dirai tout haut, je défendrai mon cas, dont je suis certain. J’ai vécu une vie pleine. J’ai parcouru toutes les routes ; mais plus encore, bien plus encore que ça, je l’ai fait à ma façon.

Enfin, la troisième est un court échange, quasi anecdotique qui relate un fait qui se déroule durant la guerre Iran/Irak. Il fallait déminer un terrain. Les Iraniens y ont envoyé des enfants dont la majorité mourrait lors des explosions des bombes. Mais avant de les envoyer à la mort, c’étaient des ânes qui étaient conduits dans ces champs de mines... Jusqu’au moment où les ânes refusèrent de s’y rendre. Et là où les animaux refusaient, les enfants obéissaient !"

Ce n'est bien sûr pas représentatif de toute ma critique où j'étais largement en porte-à-faux par rapport aux frères ennemis (traditionnellement!) Positif et Les Cahiers.

Et mon très cordial bonjour aux classikiens! Je ne fréquente plus beaucoup le forum mais garde un très heureux souvenir des années que j'ai passées avec et parmi vous. :-)
Dernière modification par wontolla le 14 sept. 22, 21:06, modifié 1 fois.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Watkinssien »

wontolla a écrit : 14 sept. 22, 19:10

Et mon très cordial bonjour aux classikiens! Je ne fréquente plus beaucoup le forum mais garde un très heureux souvenir des années que j'ai passé avec et parmi vous. :-)
Heureux salut! :D
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