Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Demi-Lune »

Ratatouille a écrit :Un échange intéressant à propos du film :
http://www.debordements.fr/spip.php?article527
Passionnant, même si je suis en désaccord sur pas mal de points. Il faudrait que je prenne le temps de rebondir sur quelques passages.
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poet77
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par poet77 »

Quand Les Cahiers du Cinéma s'accordent avec Positif à propos d'un film, cela vaut la peine d'être signalé car ce n'est pas si fréquent. Eh bien, c'est le cas de Nocturama qui est critiqué très sévèrement et à juste titre par les deux revues.
Pour ma part, je persiste à déclarer qu'on a affaire à un film bourré d'ambitions esthétiques mais dénué à la fois de vraisemblance et de préoccupations éthiques. Le regroupement de jeunes gens venus d'horizons très divers pour fomenter des attentats, ce n'est qu'une conception d'esthète, rien de plus. Or l'esthétique pour l'esthétique, ce n'est vraiment pas très intéressant. On s'en passe volontiers.
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G.T.O
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par G.T.O »

poet77 a écrit :Quand Les Cahiers du Cinéma s'accordent avec Positif à propos d'un film, cela vaut la peine d'être signalé car ce n'est pas si fréquent. Eh bien, c'est le cas de Nocturama qui est critiqué très sévèrement et à juste titre par les deux revues.
Pour ma part, je persiste à déclarer qu'on a affaire à un film bourré d'ambitions esthétiques mais dénué à la fois de vraisemblance et de préoccupations éthiques. Le regroupement de jeunes gens venus d'horizons très divers pour fomenter des attentats, ce n'est qu'une conception d'esthète, rien de plus. Or l'esthétique pour l'esthétique, ce n'est vraiment pas très intéressant. On s'en passe volontiers.
Et, et pourtant, lorsque tu vois la composition pour le moins cosmopolite des rangs de Daesh (européens, américains, japonais, marocains, pakistanais...etc), l'idée est loin d'être farfelue...Je sais que Bonnelo ne traite pas dans ce film d'organismes terroristes réels, comme al Nosra ou Daesh. Mais sur la composition même d'un groupe terroriste, la conception d'esthète de Bonello est tout à fait et malheureusement vraisemblable et crédible.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par wontolla »

J'ai connaissance des questions soulevées par l'un ou l'autre classikien et par des revues de haut niveau comme Positif ou Les cahiers du cinéma. En revanche, je n'ai pas vu le film avec ce regard, bien plus cela ne m'est pas venu à l'esprit même dans un contexte post-attentat. Même pour avoir été directement concerné par les attentats du 22 mars à Bruxelles (j'étais dans la rame qui a explosé, à deux mètres cinquante du kamikaze et je n'ai que des séquelles psychologiques) cette grille de lecture ne m'a jamais effleuré ou influencé.

Comme promis, je reprends des éléments de la critique que j'ai faite à la mi-juillet directement après la vision du film (un embargo m'interdisait la publication, mais je ne l'ai pas modifiée a posteriori). Dans deux semaines, j'inaugure une nouvelle émission mensuelle en radio (une heure sur le modèle du Masque et la Plume) où je recevrai trois confrères journalistes cinéma. Et à l'ordre du jour il y aura Frantz d'Ozon, Juste la fin du monde de Dolan et... Nocturama!

Les temps du film

Nocturama narre l’histoire de plusieurs jeunes, huit garçons et deux filles, sur une durée d’une quinzaine d’heures environ. C’est le temps de l’action depuis la première image jusqu’à la dernière. Toutefois, l’apparition de plusieurs flashbacks étendra ce temps vers le passé pour faire découvrir quelques éléments supplémentaires, notamment la rencontre de ces jeunes et quelques-uns des « préparatifs » de leur « action ». Le film, lui, se déroule en deux grandes parties. La première, extérieure, dans Paris et la seconde, intérieure dans un grand magasin de luxe. Chacune a sa tonalité propre et oblige à regarder (autrement ?) les jeunes, la violence et notre société de consommation. Dès le début, de nombreux éléments du film m'ont fait penser à Elephant, le deuxième film de la trilogie adolescente de Gus Van Sant, réalisé en 2003, mais aussi d’un film homonyme dont il s’est inspiré, le moyen-métrage réalisé par Alan Clark en 1989 pour la BBC, pour rendre compte, notamment de la tuerie de Colombine.

De l’isolation au rassemblement

Dès le départ, le film intrigue. Il a les apparences et le goût d’un thriller, d’un film de casse. Et pourtant le spectateur qui ira en salle pour voir ce genre de film risque d’être fortement et forcément déçu. C’est que ce n’est pas un thriller sinon peut-être psychologique et que ce n’est pas un film de casse. D’ailleurs si casse il y a, il est singulier, dans la deuxième partie, sans être le but de l’action voire de l’inaction. Et si « casse » il y a, c’est à la fin (mais là, je joue sur les mots) ! Il nous est donné à voir des jeunes qui circulent dans Paris. Comme le précise le synopsis du film, ils ont un plan. Il semble avoir été minutieusement préparé, comme le montrent certains flashbacks. Les armes, les explosifs, l’utilisation des téléphones, les rares contacts entre eux laissent entendre que quelque chose de grave va se passer. Des cibles sont désignées ou choisies (et certaines images d’écrans d’ordinateurs lors des flashbacks semblent le confirmer). Ainsi la statue de Jeanne d’Arc, ou le siège de la Banque HSBC ou encore le ministère de l’Intérieur. Tout semble avoir été minutieusement préparé, comme par des gangsters ou un commando d’élite.

C’est à ce moment que l’on passe de la question du quoi à celle du pourquoi ! Et si le quoi trouve sa réponse au milieu du film
Spoiler (cliquez pour afficher)
(plusieurs attentats quasi simultanés dans Paris)
l'on ne saura rien ou quasiment rien du pourquoi, des motivations et de la genèse de ce projet. Mais c’est ici que l'on découvre que ce n’est pas un thriller ni un film d’action au sens classique du terme. C’est que je comprends alors (même confusément) que le but des jeunes semble être de manifester ou réagir face à un monde qu’ils refusent, auquel ils disent non et de le faire sans violence et sans attenter à la vie (mais le film nous montrera que ce n’est pas aussi clair et qu’outre la violence matérielle il y aura violence physique et mortelle). C’est comme un cri de désespoir et de révolte, aube d’une nouvelle révolution pour contester un pouvoir en place et en face. Le comme est ici prise de distance : c’est moi qui suppose ou doit supposer, car le réalisateur montre des actes et des actions sans nous en donner les motivations.

Nous ne saurons pas comment ces jeunes se sont rencontrés, qui a pris l’initiative, programmé les cibles et les actions - liées peut-être même à une part de hasard ou de fortuit. Ils nous sont donnés à voir dans leur singularité ; ils sont seuls, isolés, font comme s’ils ne se connaissement pas. Seul un flashback nous les montrera tout ensemble, lors d’une soirée où ils se réuniront avec tendresse et une certaine amitié grâce à la danse. Ces jeunes, les attentats commis, vont alors se rassembler dans un grand magasin qui leur servira de refuge pour y passer la nuit.

Du groupe à sa dislocation

Nous arrivons là à la partie la plus intéressante du film. C’est que dans ce Temple de la consommation ils doivent attendre toute la nuit, de 19h à 10h le lendemain pour sortir en toute quiétude et se fondre dans la masse. D’un monde ouvert, de l’extérieur ils sont maintenant dans un endroit clos, à l’intérieur, sans visibilité depuis la ville. Là, il sont confrontés à l’oisiveté (l’otium en latin !) dans ce qui en est étymologiquement le contraire, soit le lieu du négoce (toujours étymologiquement le non otium ! la négation et contestation de l’oisiveté !). Ces jeunes sont maintenant regroupés, rassemblés. Tous moins un dont on n’a pu deviner la situation que par le son d’une arme à feu. L’image viendra plus tard sous forme d’un flashback à destination du spectateur qui devient alors omniscient puisqu’aucun des jeunes n’a été témoin oculaire de ce qui a conduit à cette absence. Le groupe ne durera qu’un instant, car ils se répartiront sur plusieurs étages du magasin (dont les gardes ont été, d’une certaine façon, neutralisés) pour passer le temps d’une nuit interminable. Le seul regard qu’ils auront sur l’extérieur et les conséquences de leur plan, de leurs actions se fera par écrans de télévision !
Très vite, ces jeunes se retrouveront comme des enfants dans un magasin de jouets ou de bonbons ! Ce monde-là contre lequel il s’insurgeaient qu’ils ont remis en question est maintenant littéralement à portée de mains.

Nous aurons l’occasion de voir ces jeunes devenir des hyper-consommateurs. Certes ils sont dans le futile. Ils ne pourront rien emporter. Ils consomment sans but et notamment des produits de grand luxe. Ils adorent ainsi - malgré eux et tombant dans une sorte de piège pervers - cela même qu’ils ont détruit symboliquement quelques heures plus tôt. Occasion de découvrir ces scènes, véritables petits bijoux qui interrogent sur leur - et notre - rapport à la société de consommation.

Je relève cependant une scène où Yacine porte un t-shirt avec le logo d’une marque de vêtements, un pantalon beige, des chaussures bleues et est confronté à un mannequin avec les mêmes alors que la caméra nous montre un troisième clone dans le miroir !
Image
Ce quasi huis clos dans le grand magasin est aussi l’occasion d’entendre un élément important du film : sa bande-son. Ainsi au-delà de l’habituelle bande musicale extradiégétique, il y a une autre essentielle, diégétique cette fois-ci, la musique que des jeunes choisissent, consomment dans le grand magasin et font jouer à tue-tête dans le grand magasin.

Vient à un moment une interprétation magistrale en playback de My Way. Ce moment est intense, émouvant et transcende le film d’autant plus qu’il prendra tout son sens avec la dernière étape, cruciale. C’est qu’ils ne sortiront jamais, considérés par le gouvernement et les pouvoirs publics (nous l’apprenons par la télévision) comme des ennemis de l’Etat. Ils seront retrouvés, traqués, mis à mort sans sommation par des troupes d’élite du GIGN qui utilisera la technique du « marteau et de l’enclume ». Armé ou pas, que l’on demande grâce où que l’on soit là par accident, invités à la fête comme ceux que l’on est allé quérir sur les places parce que personne ne répondait à l’invitation, la mort viendra par l’Etat et ses représentants, tout de noir vêtus, casqués, masqués, sans identité ! Face à eux, certains sont à peine adolescents. Ils n’étaient, somme toute, que des enfants qui rêvaient d’un autre monde et ont succombé sous les balles comme ces très jeunes « blancs » tombant sous les balles des « rouges » dans un champ de blé dans Doctor Zhivago de David Lean.

Trois clés du film

Je relève particulièrement trois scènes du film. Elles se déroulent dans son deuxième versant et donnent à mon estime des clés de lecture potentielles.

1. La première est une courte séquence qui se passe à l’extérieur. David (Finnegan Oldfield) sort du magasin et va faire la rencontre d’une jeune femme à vélo (Adèle Haenel). C’est à mon estime le point focal et essentiel du film. Leur échange très bref se conclura par ces mots de la femme : « ça devait arriver » !

2. Une deuxième scène - essentielle aussi - avant que le groupe soit véritablement, définitivement et littéralement disloqué sera la reprise par Yacine (Hamza Meziani), les lèvres maquillées de rouge rubis, de My Way en playback. Le texte est ici crucial et aurait mérité d’être sous-titré. Voici une traduction en français de la première strophe : Et maintenant que la fin est proche et que je fais face à l’ultime rideau, mon ami, je le dirai tout haut, je défendrai mon cas, dont je suis certain. J’ai vécu une vie pleine. J’ai parcouru toutes les routes ; mais plus encore, bien plus encore que ça, je l’ai fait à ma façon.

3. Enfin, la troisième est un court échange, quasi anecdotique qui relate un fait d’après-guerre. Il fallait déminer un terrain. On y a envoyé des enfants dont la majorité mourrait lors des explosions des bombes. Mais avant d’y envoyer des enfants, c’étaient des ânes qui étaient conduits dans ces champs de mines... Jusqu’au moment où les ânes refusèrent de s’y rendre. Et là où les animaux refusaient, les enfants obéissaient !

Evocations cinématographiques...

Certains films donnent à penser à d’autres films qui résonnent sous forme d’idées ou d’images analogues, ou de thèmes proches. Ce n’est pas (nécessairement) voulu de la part du réalisateur et c’est parfois lié, simplement, à mon expérience cinéphile. C’est ainsi que le film m'a rapidement fait songer à Elephant, doublement ! D’abord Elephant, un téléfilm réalisé par Alan Clarke pour la BBC en 1989. Le réalisateur est peu connu de ce côté de la Manche, mais il a eu le mérite de mettre en exergue des thèmes liés à la violence et à la jeunesse. Ensuite, l’autre Elephant, celui de la Palme d’Or de 2003, dont le réalisateur, Gus Van Sant, s’inspire à la fois de Clarke et d’un événement tragique, la tuerie de Colombine (en avril 1999). Je commence par le moyen-métrage de Clarke. Il ne s’agit pas du tout de la même histoire. Le film comprend dix-huit séquences qui comptent autant de meurtres. Sans parole, sans musique, simplement les bruits de l’action : la rue, les voitures, les pas, les armes. Aucune explication ne sera fournie sur les motivations des tueurs ni sur le choix de leurs victimes. Seul celui qui connait Belfast reconnaîtra, peut-être, que tous les homicides se passent dans la même ville. Si l’intrigue est très différente de celle de Nocturama, je retiens l’absence de motivation, le « sans pourquoi » et aussi la façon de filmer, de suivre les différents acteurs de façon rapide et vive dans leurs mouvements meurtriers (ce qu’ils ne sont donc pas vraiment dans Nocturama). C’est cette grammaire cinématographique qui me semble importante dans l’évocation. Les travellings de Clarke suivent ses personnages au plus près, à la standycam. Ceux-ci circulent de façon souple, comme des anguilles, mais de façon volontaire, calculée. Ils savent où ils vont.

Quant à Van Sant, il y aura les mêmes mouvements, mais plus lents des différents protagonistes. Ce sont les couloirs et pièces d’une école qui sont montrés tandis que Bonello fait défiler ses jeunes dans Paris et montre ensuite les escaliers, escaliers mécaniques et salles du grand magasin. Comme Van Sant, il propose des itinéraires avec d’autres points de vue sur les personnages et les actions qui se sont déroulées.
Et surtout, le t-shirt orange avec un cerf noir porté par Mika (Jamil McCraven)
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m'a fait penser à un autre, jaune avec un buffle noir, porté par John McFarland (John Robinson).
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Cela m'a marqué durant tout le film.
Enfin, la scène des jeunes rassemblés pour la première fois de façon conviviale et quasi sensuelle dans le film de Bonello m'a renvoyé à une autre (mais là, à connotation homo-sensuelle) sous la douche entre Alex (Alex Frost) et Eric (John Robinson), les deux souffre-douleur, laissés pour compte par leurs condisciples.

Plus loin et parce que c’est « simplement » la (re)lecture d’actes autrement révolutionnaires, j'ai songé (parmi beaucoup d’autres films) à Doctor Zhivago, dont j'ai déjà fait état, pour la scène où des enfants sont envoyés à la mort et rendent leur dernier souffle dans un champ de blé. Mais, s’agissant de cette référence, il y a aussi, le début de ce film où de simples personnes du peuple manifestent de façon pacifique à Moscou. Ils se font démettre de façon violente et sanglante sous les sabres des cavaliers cosaques venant rétablir l’ordre au nom du pouvoir.

Ceci est un large extrait de ma critique du film que je clôturais par ces lignes:
Enfin, s’agissant d’un film ayant la violence pour objet, j'espère que sa sortie ne sera pas annulée ou la diffusion déprogrammée comme ce fut le cas pour Bastille Day après les attentats de Nice ou Made in France, après les attentats du 13 novembre à Paris.
En effet, ce n’est pas par goût du sordide ou de la violence, mais parce que ce film mérite amplement d’être vu, car il nous oblige à regarder en face et autrement nos sociétés occidentales et nos façons de consommer et de gouverner !
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Demi-Lune
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Demi-Lune »

poet77 a écrit :Quand Les Cahiers du Cinéma s'accordent avec Positif à propos d'un film, cela vaut la peine d'être signalé car ce n'est pas si fréquent. Eh bien, c'est le cas de Nocturama qui est critiqué très sévèrement et à juste titre par les deux revues.
Pour ma part, je persiste à déclarer qu'on a affaire à un film bourré d'ambitions esthétiques mais dénué à la fois de vraisemblance et de préoccupations éthiques. Le regroupement de jeunes gens venus d'horizons très divers pour fomenter des attentats, ce n'est qu'une conception d'esthète, rien de plus. Or l'esthétique pour l'esthétique, ce n'est vraiment pas très intéressant. On s'en passe volontiers.
Excuse-moi, mais j'ai en fait l'impression que tu nous ressors "par principe" ton argumentaire pour le moins obscur au sujet de Dheepan : on se passerait volontiers d'un film montrant ainsi les banlieues, qui ferait donc le jeu du FN (...). Ne montrons pas ce qui dérange, dormons sur nos deux oreilles. Ne pas voir les préoccupations éthiques de Nocturama, franchement ça me dépasse complètement. Parce que depuis le début, tu dis que le film brasse du vide, mais tu n'apportes rien pour l'étayer. Au bout d'un moment, on tourne un peu en rond.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par poet77 »

Demi-Lune a écrit :
poet77 a écrit :Quand Les Cahiers du Cinéma s'accordent avec Positif à propos d'un film, cela vaut la peine d'être signalé car ce n'est pas si fréquent. Eh bien, c'est le cas de Nocturama qui est critiqué très sévèrement et à juste titre par les deux revues.
Pour ma part, je persiste à déclarer qu'on a affaire à un film bourré d'ambitions esthétiques mais dénué à la fois de vraisemblance et de préoccupations éthiques. Le regroupement de jeunes gens venus d'horizons très divers pour fomenter des attentats, ce n'est qu'une conception d'esthète, rien de plus. Or l'esthétique pour l'esthétique, ce n'est vraiment pas très intéressant. On s'en passe volontiers.
Excuse-moi, mais j'ai en fait l'impression que tu nous ressors "par principe" ton argumentaire pour le moins obscur au sujet de Dheepan : on se passerait volontiers d'un film montrant ainsi les banlieues, qui ferait donc le jeu du FN (...). Ne montrons pas ce qui dérange, dormons sur nos deux oreilles. Ne pas voir les préoccupations éthiques de Nocturama, franchement ça me dépasse complètement. Parce que depuis le début, tu dis que le film brasse du vide, mais tu n'apportes rien pour l'étayer. Au bout d'un moment, on tourne un peu en rond.
Désolé, mais je ne vois pas l'intérêt de redire avec mes mots ce que d'autres ont déjà dit. Il suffit de se reporter à l'article de Gaspard Nectoux dans les Cahiers. Lui, il parle de vide politique, moi je parle de vide éthique, mais c'est du même ordre. Il s'agit, dans les deux cas, d'un projet esthétique qui dissimule comme il peut un vide de la pensée et qui, de plus, qu'on le veuille ou non, arrive au pire moment qui soit sur nos écrans. Je trouve ça irresponsable, pour reprendre le mot de Michel Ciment.
Voilà. Désolé, je n'ai pas l'intention de débattre sans fin sur ce film. Mon temps est limité, je m'intéresse au cinéma mais aussi à la littérature et à plein d'autres choses. Pour ce qui est du cinéma, je préfère, en règle générale, écrire longuement sur les films que j'aime plutôt que sur ceux que je n'aime pas.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par AtCloseRange »

En tout cas, ton avis donne vraiment envie de voir le film! :D
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Rockatansky »

Tout ça confirme qu'il a dont pompé Glamorama :mrgreen:
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par B-Lyndon »

Salut tout le monde ! :D

Je nouveau ici, assidu depuis pas mal de temps sur SensCritique et sur le forum Allociné (de fait Thaddeus me connait) j'avais depuis longtemps envie de m'inscrire ici, et c'est en jetant un coup d'oeil à ces échanges passionants sur Nocturama que j'ai décidé de me lancer.

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Pour revenir sur la place de la politique dans le film, j'avais cette inquiétude là en y allant : est-ce que le cinéma dandy de Bonello peut investir le champs politique sans obscénité ? Peut-il réinterpréter le réel en trouvant la bonne distance entre fantasmagorie et réalité politique ? Le résultat dépasse mes espérances. On est face à un film qui apporte des réflexions nouvelles et retorses, mais qu'on pourra aussi très bien voir dans 50 ans sans avoir besoin de le contextualiser. Parce que c'est un film unique et vraiment étonnant.

En effet, ce qu'il y a de beau dans Nocturama, c'est que les personnages, une fois leurs actes accomplis, veulent se confiner, se retirer du monde, se murer dans le silence. Curieux contrechamps à notre image actuelle d'un terrorisme connecté et sûr de lui que ce personnage angoissé qui demande à éteindre portable et télévision pour lancer un morceau de rap. Ce que Bonello nous montre, c'est l'angoisse immédiate qui suit l'exécution d'un acte intense, et qui ici atteint une grande puissance dialectique. Toute la question du cinéma de Bonello, c'est celle de l'intensité, comment elle nous obsède, quel est son prix et le vœux qu'ont les hommes de s'y jeter pour tout de suite vouloir s'en échapper. Car l'intensité est ce qui nous mène à sortir hors de nous même - "Jamais j'aurai cru pouvoir faire une chose pareil" nous dit l'un des protagonistes - ; mais qui dit sortir de nous-même dit aussi perdre ce que nous nous sentons d'être, devenir étranger à notre propre corps, se sentir léger au point d'être dissous dans le monde. C'est ce que saisit très bien le cinéaste quand nous voyons un personnage faire face à un mannequin habillé comme lui. En ce sens, la première partie, très longue, est essentielle : la chorégraphie de l'attaque nous montre une éclosion d'un groupe qui extériorise une rage inexpliquée mais venue de tous les côtés, et dont la montée intense laisse le souffle coupé. Mais dès qu'ils rentrent dans ce grand magasin, dès que l'intensité retombe, on a l'impression que les personnages ne veulent plus assumer cette rage, ne veulent plus regarder en face la violence qui était en eux. C'est autant l'histoire d'un dédoublement que celle d'une angoisse typiquement humaine et que Bonello filme avec une maestria qui atteint ici des sommets d'expressivité - le travail du son, l'étonnement de chaque raccord, tout ceci est splendide. Il fallait bien cela pour réussir à figurer cette odyssée de la variation débarrassée d'intentions, et donc plus intelligemment politique que jamais. Dans Nocturama, malgré la perfection de la mise en scène, tout se redéfinit en permanence, donnant l'impression d'un film qui ne doute pas alors qu'il avance constamment en se transfigurant, voire en se métamorphosant. Nocturama n'est rien d'autre que l'histoire de la douleur d'un acte - une fois commis, une fois lâché dans le monde, il risque de se retourner contre nous. J'ai été frappé notamment par la cruauté de la fin, lors de l’intervention du GIGN : la rage destructrice n'est plus du même côté, elle est du côté de l'ordre, tout est redéfini. Tout sauf un film de dandy poseur, c'est un vrai film d'esthète subversif auquel on assiste, qui ne nous encourage jamais à voir ce que l'époque, et les préjugés que nous avons, nous donnent déjà à voir. Quand par exemple Bonello filme sur BFMTV des images d'extérieur du bâtiment alors que nous sommes, avec les jeunes, à l'intérieur, cela ne reste pas si simple, car finalement, les jeunes paraissent aussi extérieurs que les autres à leur propre affront, difficilement ancrés, pas du tout retranchés, mais surtout vulnérables et inconséquents. Et si enfin le renversement final nous trouble, c'est que Bertrand Bonello finit par nous placer exactement là où nous pensions ne pas être.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Megalomanu »

Plutôt d'accord avec toi B-Lyndon, hélas ça n'a pas du tout fonctionné pour moi à cause du peu de rigueur de Bonello. Bonello se fourvoie dans beaucoup trop de choses, tombe dans plein d'écueils qu'il aurait dû éviter. Cet aspect assez aléatoire était ce qui faisait le charme de "L'apollonide" (que j'aime beaucoup et que je tiens pour un très grand film) et dans une moindre mesure de "Saint-Laurent" (qui touchait grâce à cette approche un ton proustien), mais ici il n'a pas su faire preuve du minimum d'équilibre qui était nécessaire.
Dans ses deux précédents films, il regardait ses personnages de haut, même si on sentait toujours son amour pour eux. Ici, j'ai eu l'impression qu'il nous disait, chaque minute, "je veux être avec eux". Il semble être tombé amoureux de ses personnages en cours de film et avoir perdu tout sens de la nuance. C'est ici à mon avis qu'est la cause de l'échec des dernières minutes. Il ne porte plus un jugement de cinéaste, mais un jugement d'homme, plus un jugement de raison, mais de coeur, et c'est ce qui plombe le film. Le film souffre d'un gros manque de maturité ...
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Thaddeus
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Thaddeus »

B-Lyndon a écrit :de fait Thaddeus me connait
Salut jeune homme, et bienvenue ! :wink:

Après lecture des différents avis de ce topic, je me rends compte que je me situe entre ceux des enthousiastes et ceux des détracteurs. Il ne semble pas y avoir vraiment de demi-mesure, et c'est une position que je tendrai bien volontiers. En fait, je partage en grande partie le ressenti de Megalomanu, notamment lorsqu'il dit ceci :
Megalomanu a écrit :Il ne porte plus un jugement de cinéaste, mais un jugement d'homme, plus un jugement de raison, mais de coeur, et c'est ce qui plombe le film. Le film souffre d'un gros manque de maturité ...
C'est exactement cela. Cette conclusion a déjà fait l'objet d'interrogations ici, je la trouve pour ma part complètement à l'ouest, incompréhensible à tous les niveaux, et responsable en grande partie du sentiment mitigé sur lequel me laisse le film. Voici d'ailleurs la brève notule que je laisse dans mon "journal de bord" :

"Curieuse entreprise que ce coup de sonde donné par le cinéaste esthète au malaise contemporain, à une jeunesse minée par un sentiment collectif de détresse et de confusion. D’une certaine manière, le film permet à son auteur de tester ses propres limites : il éprouve sa tendance à l’abstraction, son goût des formes et des genres, sa faculté à élaborer des machines hybrides et sophistiquées, au contact d’une urgence et d’une angoisse qu’il se refuse à décrypter selon un mode strictement contextuel. Mais à trop fuir l’idéologie et le discours politique il finit par se les prendre en pleine face : en concluant sur un tract anti-flics primaire il se tire une balle dans le pied et, après la lourdeur de la métaphore consumériste, laisse planer de gros doutes sur sa maturité et son honnêteté intellectuelles. 4/6"

Je développerai au besoin.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par B-Lyndon »

Tract anti-flic primaire : pardon ? :mrgreen:
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Demi-Lune »

Megalomanu a écrit :Dans ses deux précédents films, il regardait ses personnages de haut, même si on sentait toujours son amour pour eux. Ici, j'ai eu l'impression qu'il nous disait, chaque minute, "je veux être avec eux". Il semble être tombé amoureux de ses personnages en cours de film et avoir perdu tout sens de la nuance. C'est ici à mon avis qu'est la cause de l'échec des dernières minutes. Il ne porte plus un jugement de cinéaste, mais un jugement d'homme, plus un jugement de raison, mais de coeur, et c'est ce qui plombe le film. Le film souffre d'un gros manque de maturité ...
En tirant la pelote, ce que tu dis va dans le sens de Jean-Sébastien Massart, dans le lien posté plus haut (spoilers) :

"Ce massacre, le film le justifie par le concept juridique d’ennemis d’État et non de terroristes. Je crois que la distinction est décisive, parce qu’elle n’est pas sans conséquences sur ce que je vois et ressens à la fin de Nocturama. Je vois un État – personnifié par le GIGN – qui élimine méthodiquement ses « ennemis » et j’éprouve de la compassion pour eux. Le film me les montre presque comme des martyrs. On a là un travail de symbolisation très primaire, très peu réfléchi, où prévaut le mythe d’une jeunesse forcément innocente : ils ont joué avec le feu, ils vont mourir, mais n’oubliez pas que ce sont des enfants. C’est cette candeur que je reproche le plus au film et en le revoyant je me suis même demandé si ce n’était pas de la fausse candeur, une posture au fond bien commode permettant d’éviter la polémique, car la « jeunesse » est un mythe qui fonctionne toujours. Au fond, Bonello appliquerait à son film le plan de dissertation décrit par l’étudiant de sciences-po : il conclut sur une pirouette rhétorique, mais je ne suis pas sûr qu’il offre beaucoup à penser."

Je suis tout autant dérangé par ce processus d'inversion des rôles et de recherche de l'empathie, mais en continuant à réfléchir sur le film, j'en viens à me demander si ce n'est pas plus une impasse d'ordre politique qu'une prise au piège par un Bonello qui se serait pris d'affection pour ses personnages. Déjà, encore une fois, on se doute bien de l'issue de tout ça dès le début. Je ne suis pas d'accord, notamment, avec Raphaël Nieuwjaer lorsqu'il dit que "Bonello confond un peu vite le regret, l’angoisse de la mort, et la déresponsabilisation." Je ne vois aucun regret chez les personnages, même chez celui qui n'a pas posé la bombe. En revanche, il laisse effectivement planer une ambiguïté problématique en faisant de la République (au travers du GIGN) une force meurtrière, froide et impitoyable. Pas tant parce qu'elle abat des terroristes/ennemis de la nation, mais parce qu'elle abat des ados, vampirisés de leur identité et de leur idéal par la vacuité de leur attente et la séduction que leur inspire la société de consommation, et donc, potentiellement déresponsabilisés de leurs actes (qu'ils ne veulent pas objectiver). Cependant, je finis par me dire que ce processus d'abstraction de la force légale, qui élimine ses enfants, est le dernier stade du propos du film sur la place des jeunes en France aujourd'hui. Je ne crois pas du tout au tract anti-flic démago. Bonello n'est pas aussi stupide que la CGT. On parle souvent de "génération sacrifiée"... Bonello symbolise cette idée en créant maladroitement une ambiguïté avec la police, c'est certain. Mais là encore, je pense que l'idée est autant allégorique que pragmatique, et qu'il faut voir tacitement dans ce massacre un déni d'ordre politique : l’État (au travers du GIGN) n'a pas vraiment de solution à apporter au malaise existentiel des jeunes. Un papier que j'ai lu faisait d'ailleurs brillamment remarquer l'absence quasi totale d'adultes et surtout de parents dans le film. Ces jeunes, ils se sont construits tout seuls, et ils s'allient tout seuls. Ce qui fait que lorsque le dernier survivant est cerné par les forces spéciales, ses "aidez-moi" répétés ont une portée politique dans le sens où ils veulent dire "pourquoi nous avez-vous abandonnés ?". Le "refoulement" du problème (à la fois dans le film et hors du film), c'est peut-être ça, le sens de l'embrasement final de l'écran.
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Thaddeus
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Thaddeus »

B-Lyndon a écrit :Tract anti-flic primaire : pardon ? :mrgreen:
Ben oui, quand même. Je renvoie à tout ce qui a déjà été écrit ici, notamment par Demi-Lune et Ratatouille, ainsi qu'au message précédent celui-ci qui rapporte les propos de Jean-Sébastien Massart, soulignant à juste titre la naïveté quasi infantile du réalisateur (la métaphore de l'enfant-martyr est d'une épaisseur, d'un simplisme...)
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Le final montre un commando GIGN qui massacre méthodiquement, un par un, une bande d'ados désarmés et clairement disposés, pour certains, à se rendre. La nuance sémantique d'"ennemis d'Etat", et non de "terroristes", nous explique à un moment qu'il n'y aura pas de négociations, mais n'explique en rien l'exécution pure et simple des responsables, surtout dans ces conditions. Aucune force d'intervention ne liquiderait ainsi des cibles sans défense. Au bout d'un moment, l'alibi de l'abstraction et de la prise de distance avec le réalisme, il a bon dos. Bonello choisit sciemment d'écarter toute vraisemblance pour faire passer son message, qu'il souligne à gros traits : les enfants de la République sont innocents, la force policière est forcément violente et répressive, la riposte de l'Etat est plus meurtrière et sanglante que les actions des terroristes terrorisés (ce n'est évidemment pas un hasard s'il est précisé au détour d'un dialogue que les jeunes ont fait en sorte qu'il n'y ait aucune victime). Je trouve la métaphore pour le moins grossière, et digne de certains tracts cégétistes de récente mémoire (en ce sens, je ne suis pas d'accord avec Demi-Lune). Je pensais Bonello plus intelligent que cela.
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Re: Nocturama (Bertrand Bonello - 2016)

Message par Megalomanu »

Demi-Lune a écrit :En tirant la pelote, ce que tu dis va dans le sens de Jean-Sébastien Massart, dans le lien posté plus haut (spoilers) :
Oui, excellente discussion d'ailleurs !

Pour revenir rapidement sur la fin, elle me gène personnellement plus pour ce qu'elle me dit de Bonello en tant que cinéaste, que pour ce qu'elle me dit de lui en tant qu'homme. Un cinéaste peut penser ce qu'il veut, avoir un point de vue radicalement opposé au mien : cela ne me gène pas. Ce qui me gêne, c'est ce numéro d'équilibriste, ce manque de point de vue assumé, et même sa propre défense où il répète que son film doit d'abord être pris comme un simple film de cinéma avant d'y voir autre chose. Or cette fin, limpide, laissant peu de place à une analyse différente, contredit cette approche, et même toute la première partie du film qui elle est parfaitement en phase avec sa note d'intention. A la fin, ce n'est plus du tout le même film qu'au début. C'est dans cette incompréhension chez Bonello à ne pas comprendre ce qui peut gêner ici, politiquement mais aussi cinématographiquement que réside soit de l'immaturité (il s'est laissé emporter par ses personnages et la force de ses images), soit de la lâcheté (il n'ose pas se confronter lui-même à ce que dit son film). Je pense que c'est un mélange des deux, et en cela on peut le comparer aux personnages de son film qui une fois l'acte réalisé n'assument plus et se cachent derrière la futilité (le Cinéma remplaçant le t-shirt Nike pour Bonello).
A vrai dire, rares sont les films qui proposent conjointement une telle maîtrise formelle et narrative, une telle confiance dans le pouvoir de sa mise en scène, et une telle naïveté, niaiserie même. C'est assez fascinant.
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