Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Jack Griffin
Goinfrard
Messages : 12389
Inscription : 17 févr. 05, 19:45

Re: Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Message par Jack Griffin »

Les interview de Maren Ade et de l actrice dans les cahiers du cinéma sont intéressantes. On y apprend le travail sur le montage et le caractère non-improvisé du jeu des comédiens (dialogues précis et nombre de prises par scènes pouvant aller régulièrement jusqu'à 20-30).

Claire Denis fait également la critique du film.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13984
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Message par Alexandre Angel »

Jack Griffin a écrit :On y apprend le travail sur le montage et le caractère non-improvisé du jeu des comédiens (dialogues précis et nombre de prises par scènes pouvant aller régulièrement jusqu'à 20-30).
Cela se sent : la direction d'acteurs est d'une précision redoutable (tous les seconds rôles, les gens rencontrés en réception ou dans un bar, ou les Roumains ).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13984
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Message par Alexandre Angel »

Strum a écrit : Les acteurs sont remarquables et leur prestation est bien mise en avant par une mise en scène d'une relative pauvreté visuelle dans la composition des plans et la qualité de l'image mais attentive au jeu des acteurs par la durée des plans.
Je dirais sobriété.. induisant une forme de netteté. L'image me paraît plus riche au résultat que ce que la BA laissait pressentir.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Message par Strum »

Jack Griffin a écrit :Les interview de Maren Ade et de l actrice dans les cahiers du cinéma sont intéressantes. On y apprend le travail sur le montage et le caractère non-improvisé du jeu des comédiens (dialogues précis et nombre de prises par scènes pouvant aller régulièrement jusqu'à 20-30).

Claire Denis fait également la critique du film.
Effectivement, la "précision" semble être un critère essentiel pour la réalisatrice (elle utilise le mot plusieurs fois) et cela se voit car son film est très bien écrit et très réfléchi dans ses articulations et sa conclusion. Elle a dû être la première surprise de l'euphorie cannoise (évidemment exploitée par le marketing du film) qui apparait un peu aberrante quand on découvre le film tant ce qu'il décrit est au fond triste (trois générations qui ne se comprennent pas, un père qui noie son ennui de retraité dans des blagues régressives tolérées par son entourage comme on tolère un malade, un père et une fille qui ont des visions du monde diamétralement opposées débouchant sur un constat de conflit de générations insoluble, une fille incapable d'exprimer ses émotions, fermée aux autres, condescendante avec les roumains, qui passe sa vie à fuir la vie, une fin d'un pessimisme réaliste, etc.).
Avatar de l’utilisateur
G.T.O
Egal à lui-même
Messages : 4827
Inscription : 1 févr. 07, 13:11

Re: Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Message par G.T.O »

Pas trop convaincu par ce très ordinaire Toni Erdmann et le travail de Maren Ade en general que j'ai trouvé ici très écrit, mécanique, volontariste, monotone et laid.

J'ignore si l'accueil du film est le signe d'un désir de la part de la critique à vouloir trouver de nouveaux chantres ou preuve de renaissance d'une cinématographie mais les arguments déployés sur la soi-disante singularité du film, le ton, l'humour qui a fait hurler des salles entières a de quoi laisser songeur, tant le film s'emploie à rechercher le décalage, le bide, la gêne, y réussissant souvent mais sans rire ou fascination, dénué de grâce ou d'étrangeté, ne laissant qu'une impression de vulgarité et d'une mise à plat des corps et des sentiments guère fascinante. Mention spéciale, comme le dit Bruce Randylan, à la scène hors-sujet de dégustation du petit four au sperme.
C'est simple : que ce soit du point de vue de l'histoire ou de la mise en scène, le film demeure fidèle à son programme d'énumération des modes de gêne. Il n'en dévie jamais et ce jusqu'à la fin. De ce point de vue, l'approche m'a rappelé le programmatique Festen. Même impression d'être face à un film-épreuve, farouchement opposé à certaines approches mais ne proposant rien d'autre qu'une forme appauvrie, handicapée, atone, dans lequel personnages réduit à des types ( le père bouffon et la fille psycho-rigide) s'agitent sans espoir dans le marécage de l'incommunicabilité et logeant leur relation dans une impasse si moderne. Aussi, faut-il se contenter avec ce Toni Erdmann de cette aigreur, d'une mise à plat sans envergure d'un malaise; ce qui est peu et déjà trop.
Drôle de film quand même, coincé entre la blague scato et l'examen proctologique, longue série de tentatives de rapprochements sans enjeux, évitant in extremis la complaisance mais n'échappant pas à la condescendance et la misanthropie, ne renvoyant à aucune autre alternative qu'à lui-même, conception écoeurée du monde et de la vie, reflet d'un film sans relief ni point de vue.
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25396
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Message par AtCloseRange »

La scène du petit four est pourtant claire: elle est dans ses relations sexuelles comme elle est dans le travail et dans la vie, dans une rapport de domination. On peut dire qu'elle est un peu "épate-bourgeois" si ça a encore un sens aujourd'hui mais elle n'est pas gratuite.
Personnellement, j'ai vraiment beaucoup aimé ce film très bien écrit (quand on pense à ce que le cinéma hollywoodien aurait fait d'un tel pitch). Les acteurs sont remarquables (surtout Sandra Hüller - qui est des années lumière de toute caricature de la femme carriériste) et cette relation père-fille contrariée m'a vraiment touché. Oui, il utilise beaucoup son faux-dentier et c'est embarrassant comme beaucoup d'autres de ces "antics" mais ce n'est pas plus forcé que pourrait l'être un vrai parent envahissant dans la vie.
Petit point qui semble faire débat: on est dans une vraie comédie dramatique comme on n'en voit plus trop et donc la dimension purement comique est presque négligeable à mon sens. S'il y a des choses drôles dans le film, elles sont essentiellement liées à des moments de vie et pas une scénarisation ou une mécanique comique. Je ne suis pas très client du comique de "gêne" habituellement mais ici ça passe généralement comme une lettre à la poste parce qu'il y a de l'affection dans le regard de la réalisatrice et de la bienveillance en règle générale. Il n'y a pas de méchants, on pourrait s'attendre à ce qu'on se moque de ce père mais en fait, pas vraiment.
A part un tout petit coup de mou au milieu du film (la visite sur le chantier avec son père par exemple), je n'aurais vraiment pas grand chose à lui reprocher.
ça aurait sans doute fait une très belle Palme d'Or.
Avatar de l’utilisateur
G.T.O
Egal à lui-même
Messages : 4827
Inscription : 1 févr. 07, 13:11

Re: Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Message par G.T.O »

AtCloseRange a écrit :La scène du petit four est pourtant claire: elle est dans ses relations sexuelles comme elle est dans le travail et dans la vie, dans une rapport de domination. On peut dire qu'elle est un peu "épate-bourgeois" si ça a encore un sens aujourd'hui mais elle n'est pas gratuite.
Personnellement, j'ai vraiment beaucoup aimé ce film très bien écrit (quand on pense à ce que le cinéma hollywoodien aurait fait d'un tel pitch). Les acteurs sont remarquables (surtout Sandra Hüller - qui est des années lumière de toute caricature de la femme carriériste) et cette relation père-fille contrariée m'a vraiment touché. Oui, il utilise beaucoup son faux-dentier et c'est embarrassant comme beaucoup d'autres de ces "antics" mais ce n'est pas plus forcé que pourrait l'être un vrai parent envahissant dans la vie.
Petit point qui semble faire débat: on est dans une vraie comédie dramatique comme on n'en voit plus trop et donc la dimension purement comique est presque négligeable à mon sens. S'il y a des choses drôles dans le film, elles sont essentiellement liées à des moments de vie et pas une scénarisation ou une mécanique comique. Je ne suis pas très client du comique de "gêne" habituellement mais ici ça passe généralement comme une lettre à la poste parce qu'il y a de l'affection dans le regard de la réalisatrice et de la bienveillance en règle générale. Il n'y a pas de méchants, on pourrait s'attendre à ce qu'on se moque de ce père mais en fait, pas vraiment.
A part un tout petit coup de mou au milieu du film (la visite sur le chantier avec son père par exemple), je n'aurais vraiment pas grand chose à lui reprocher.
ça aurait sans doute fait une très belle Palme d'Or.
La scène sonne totalement faux ( la bourgeoise rigide et frigide ) en plus d'être vulgaire. Son geste ressemble à de la provoc. Et je vois pas trop le rapport entre sa sexualité et son penchant pour les rapports de domination mais bon. Parce qu'elle est sadique je présume. Contrairement à toi, je trouve cette scène comme le film très mal écrit. Et volontariste dans sa recherche d'effets de décalage, malaise - au final très affecté . On sent constamment l'effort à vouloir surprendre avec ce personnage du papa, à invoquer le grotesque plus qu'à le causer. Suffit pas d'un détail insolite. D'ailleurs, le film collecte comme ça de l'insolite. Mais de l'insolite de boutique pris en charge par le personnage du père ( les dents, le costume chewbacca). Personne ne témoignant d'aucune crédibilité. Aucune nécessité. C'est Clinton sans le vertige. C'est fâcheux. En plus d'avoir une mise en scène pantouflarde et moche...
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25396
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Message par AtCloseRange »

l'humour qui a fait hurler des salles entières
Tu partais déjà du point de vue que c'était une comédie alors que ça n'en est pas une.
Et c'est dingue le nombre de gens qui se sont arrêtés à cette idée. Genre "oh, une comédie allemande! allons voir à quoi ressemble la bête à 2 têtes!".
Ce n'est pas parce qu'un personnage agit de manière excentrique (ou dans le but d'être comique vis-à-vis de sa fille) que ça en fait une comédie.
ensuite, on peut tout à faire ne pas être touché mais accuser le film de ne pas être ce qu'il n'est aucunement, c'est un faux procès.
J'ai beaucoup plus souvent été ému que je n'ai souri au film.
Avatar de l’utilisateur
G.T.O
Egal à lui-même
Messages : 4827
Inscription : 1 févr. 07, 13:11

Re: Toni Erdmann (Maren Ade - 2016)

Message par G.T.O »

AtCloseRange a écrit :
l'humour qui a fait hurler des salles entières
Tu partais déjà du point de vue que c'était une comédie alors que ça n'en est pas une.
Et c'est dingue le nombre de gens qui se sont arrêtés à cette idée. Genre "oh, une comédie allemande! allons voir à quoi ressemble la bête à 2 têtes!".
Ce n'est pas parce qu'un personnage agit de manière excentrique (ou dans le but d'être comique vis-à-vis de sa fille) que ça en fait une comédie.
ensuite, on peut tout à faire ne pas être touché mais accuser le film de ne pas être ce qu'il n'est aucunement, c'est un faux procès.
J'ai beaucoup plus souvent été ému que je n'ai souri au film.
Je me referais à l'accueil cannois. Mais aussi aux nombreux témoignages faisant état de rires dans les salles... Pas à mon propre à priori.
Quant à moi, je l'ai découvert tranquilou à la maison. Sans avoir de préjugé sur le genre présumé du film. A aucun moment je ne l'ai pris le film pour une comédie sous prétexte qu'il aurait un personnage vaguement excentrique. Ce n'est pas le résultat d'une attente déçue. C'est surtout l'absence de singularité, la lourdeur des procédés employés, la durée éléphantesque du film, en plus des carences d'écriture ( tout sauf subtil, dans la caractérisation, situation, description du milieu enfilade de lieux communs), qui finissent par entrainer le film par le fond.
Répondre