Corée. Années 1930, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…
On avait laissé Park Chan-wook avec un Stoker moins cliquant dans la virtuosité et presque mature, s'il n'y avait quelques vieux démons ressurgissant sur le finish. Disons que le bât blessait surtout du côté du script.
Pour moi les qualités et les défauts sont reconduits sur Mademoiselle, qui aura vaguement électrisé la Croisette avec ses scènes saphiques (dont un mémorable 69
). Même si la fin laisse à nouveau entrevoir le Park fasciné par la torture "fun", ce retour en Corée du Sud n'invalide ni l'orientation classique prise par le cinéaste dans sa stylisation (bon point), ni pour moi cette limite de son cinéma qui tient dans le manque de consistance de ses histoires, reléguant ses films à des exercices de style supérieurement conçus mais en définitive inconséquents, lorsqu'ils ne sont pas détestables. Rien de détestable heureusement dans Mademoiselle, mais une déception face à une intrigue à tiroirs qui avance laborieusement, n'évite pas la redondance malgré les changements de perspective, mise sur des twists mollassons, et reste au fond assez cheap. Certes, l'ironie et le cynisme sont de la partie, et avertissent en permanence sur la nature du projet : une grosse farce Cluedo aiguisée et froide comme une lame, qu'il convient de ne pas trop prendre au sérieux. Comment cela se pourrait-il, par exemple, lorsque le personnage de la servante a l'air d'éveiller sa maîtresse aux joies du sexe buccal en tentant délicatement de lui faire tomber une dent ? Cependant, l'agencement savant de la mise en scène et le soin de la direction artistique, avec en plus cette structure en actes un peu balourde, un peu obèse, finissent par créer un décalage avec la modestie des intentions et par jouer en défaveur du film : en somme, beaucoup de sophistication chic et toc pour pas grand-chose. Et lorsque la conclusion verse dans le chichiteux ringard, on hésite entre un sourire amusé devant les facéties de Park, et une gentille consternation.
Bref : une curiosité étrange, trop tarabiscotée pour tenir la durée (fort longue).
