American Sniper (Clint Eastwood - 2014)

[hellrick]

AMERICAN SNIPER = 6/10

Un beau portrait d'un personnage intéressant et attachant mais il faut attendre le superbe générique de fin pour qu'arrive vraiment l'émotion. Pas mal mais j'en attendais bien plus...

[AtCloseRange]

J'y allais vraiment à reculons: le Eastwood actuel, le faux bébé, la polémique sur le "patriotisme" du film mais American Sniper vaut beaucoup mieux que ça.
Tout d'abord, au delà du classicisme de la mise en scène, j'ai eu du mal à y reconnaître un film d'Eastwood et je l'ai vu plutôt comme une qualité. Oubliés, soit l'humour pataud, soit la solennité plombante des films des années 2000 et je dis ouf.
J'avais aussi peur de la biographie droitière décomplexée décrite par tant de monde et pourtant je n'y vois aucunement un film à thèse qui défendrait l'invasion de l'Irak ou la peinture à sens unique des Irakiens. A la limite, ça n'est même pas du tout le sujet du film. Je vois presque davantage l'Irak comme le contexte pour un western moderne (l'opposition presque abstraite entre les 2 snipers). Quant au reproche d'avoir "héroïsé" Chris Kyle, même si c'est sans doute vrai (il semble que le vrai Kyle ait eu beaucoup moins de scrupules), je ne peux pas m'empêcher au chef d'œuvre de Walsh, La Charge Fantastique et son traitement de Custer.
A la limite qu'Eastwood ait "humanisé" ou complexifié Chris Kyle, je m'en fiche. Je n'ai pas lu le livre et pas besoin de l'avoir lu pour juger de la qualité du film.
Malgré son côté répétitif (scènes de familles à la maison, scènes de tir en Irak), j'ai été constamment pris par le parcours de ce sniper et ses questionnements (et Bradley Cooper y est formidable).
On pourra trouver les scènes domestiques avec Sienna Miller (pas mal mais au rôle limité) un peu convenues mais elles remplissent globalement leur rôle, ça ne m'a pas vraiment gêné (et la fameuse scène du faux-bébé était de la polémique à 2 balles - mea culpa pour m'en être longtemps moqué).
Quant au générique de fin qui a posé tant de problèmes, mon sentiment à son sujet est complexe. Si je me base sur le film, il ne me choque pas car je comprends tout à fait (en fonction de ce que le film nous montre) qu'on puisse le considérer comme un héros.
Ensuite, si le personnage a été humanisé par Eastwood (il semble que ce soit bien le cas), ça se discute davantage.
Anyway, ça reste une belle surprise et Eastwood n'avait pas fait un film aussi maîtrisé de bout en bout depuis Sur la Route de Madison.

EDIT: les commentaires imdb sur le film sont parmi les plus crétins jamais vus sur le site. Et avec uniquement une lecture politique biaisée du film dans un sens comme dans l'autre.

[G.T.O]

Bon, c'est décidé, tu m'as convaincu ACR. Je vais me le faire. Tu as réussi à ôter mes dernières craintes...

[Supfiction]

Je retiens l’interprétation charismatique de Bradley Cooper qui n'a jamais été aussi bon. Et Sienna Miller est pas mal du tout non plus (alors que sa carrière avait sombrée depuis 10 ans).
A signaler le film Good Kill sorti récemment sur un sujet assez similaire. Cette fois, les snipers sont carrément chez eux (ou presque) et éliminent les dangers potentiels à des milliers de kilomètres de distance. Un film glaçant et bien plus critique vis à vis de la guerre moderne "contre la terreur".

Je vois presque davantage l'Irak comme le contexte pour un western moderne (l'opposition presque abstraite entre les 2 snipers).

Dans ce registre néanmoins, le film n'est pas aussi prenant que le Stalingrad de Jean-Jacques Annaud.

[AtCloseRange]

Je retiens l’interprétation charismatique de Bradley Cooper qui n'a jamais été aussi bon. Et Sienna Miller est pas mal du tout non plus.
A signaler le film Good Kill sorti récemment sur un sujet assez similaire. Cette fois, les snipers sont carrément chez eux (ou presque) et éliminent les dangers potentiels à des milliers de kilomètres de distance. Un film glaçant et bien plus critique vis à vis de la guerre moderne "contre la terreur".

Je vois presque davantage l'Irak comme le contexte pour un western moderne (l'opposition presque abstraite entre les 2 snipers).

Dans ce registre néanmoins, le film n'est pas aussi prenant que le Stalingrad de Jean-Jacques Annaud.

J'ai arrêté regarder les films de Jean-Jacques Annaud depuis plus de 20 ans.

Pour revenir sur la guerre "contre la terreur", là encore, le sujet du film n'est pas là. Imaginons que ce soit n'importe quel autre conflit entre n'importe quels autres pays, ce serait la même histoire: ce que c'est d'être un sniper, ce que ça sous-entend comme responsabilités.

[Supfiction]

Dommage. En plus y a ni ours, ni tigre, ni cochon, ni loup.

[AtCloseRange]

Dommage. En plus y a ni ours, ni tigre, ni cochon, ni loup.

S'il avait fait des bons films pendant cette période, je pense qu'on en aurait parlé.

[Supfiction]

Pour revenir sur la guerre "contre la terreur", là encore, le sujet du film n'est pas là. Imaginons que ce soit n'importe quel autre conflit entre n'importe quels autres pays, ce serait la même histoire: ce que c'est d'être un sniper, ce que ça sous-entend comme responsabilités.

Oui, il y a différents niveaux de lecture possible et l'on peut totalement soustraire le contexte politique.
Good Kill est dans ce même registre en y rajoutant une réflexion sur le (non) sens, l'absurdité et la déshumanisation de la guerre.

[AtCloseRange]

Oui, il y a différents niveaux de lecture possible et l'on peut totalement soustraire le contexte politique.

Sauf que ce sont les Etats-Unis, c'est la guerre en Irak et on remarque que quasiment personne n'arrive à faire abstraction de ça.
Là encore, il faut lire les commentaires sur imdb. C'est franchement pathétique.

[tenia]

EDIT: les commentaires imdb sur le film sont parmi les plus crétins jamais vus sur le site.

Ca en dit long vu le niveau fréquemment vu là bas, qui en remettrait souvent à celui lisible sur Allociné.

[AtCloseRange]

EDIT: les commentaires imdb sur le film sont parmi les plus crétins jamais vus sur le site.

Ca en dit long vu le niveau fréquemment vu là bas, qui en remettrait souvent à celui lisible sur Allociné.

Justement, je ne suis pas d'accord avec ça (à moins que j'ai mal compris ta phrase...).
C'est généralement d'un bien meilleur niveau que celui abyssal d'Allociné.
Mais dés qu'on entre dans des considérations politiques, idéologiques (et partisanes), il n'y a plus personne.

[G.T.O]

Déplacement de la conversation dans le topic idoine.

Néanmoins difficile de faire l'impasse sur cet aspect là.

Sauf que je la trouve très orientée et c'est bien ce que j'ai reproché dans sa réception critique. Comme s'il y avait obligation de forcément se positionner pour ou contre.
ça n'est pas Rules of Engagement.

Non pas forcément nécessité d'être pour ou contre mais nécessité de distance du film par rapport à son sujet, oui. Et ceci est valable pour la plupart des films. Qu'il soit un film de guerre accentue cette obligation; sous peine d'être de la propagande.
Je n'aime pas lorsqu'un film guide ma sympathie. Oriente mon adhésion à un sujet ou à un personnage. En général, ça me fait décrocher. Et, je l'ai particulièrement ressenti ici. D'ailleurs, toute la mise en scène du film est subordonnée à ce procès d'héroisation de Chris Kyle. À savoir celui d'un type qui fait des choix vitaux et difficiles pour son équipe. Qui endosse la responsabilité de toute une équipe dont il a le devoir ( la fameux truc du berger) de maintenir en vie. On voit que ce qui intéresse Eastwood est de montrer Kyle comme celui qui assume toutes les conséquences morales d'une action militaire, voire même d'un pays. De porter le poids moral, d'avoir des fantômes. Bref, Kyle ou l'incarnation la mauvaise conscience américaine. C'est à la fois raccord avec les autres Eastwood mais aussi totalement problématique dans la mesure où le film cherche à nous prendre par la main en essayant de nous le proche de sa cause c'est-à-dire de ses cas de conscience, son esprit de sacrifice, de tout ce qui le hante, car ce sont tous ces éléments qui en font un héros. En un mot, c'est l'aspect malédiction qui fait de Kyle un héros fascinant et sympathique car humain. Mouais.

[AtCloseRange]

Mais ça reste une lecture idéologique.
ça sous-entend (et ça peut se défendre) qu'un militaire ne peut pas être un héros.
ça me fait penser à la façon dont on montre les agents de sécurité dans le ciné français. C'est du côté de l'ordre donc du côté des puissants et du mal.
Tout ça ne reste qu'une lecture orientée des choses.
j'ai beau être tout à fait réfractaire à l'armée et aux militaires, je ne vois pas en quoi cet homme qui sauve d'autres militaires ne pourrait pas être un héros.
Ou alors tous les films de guerre ne devrait montrer que l'absurdité de la guerre, son inutilité mais là encore, c'est politique, pas cinématographique.

[Rockatansky]

Tu as raison. Mais comme on parle d'un vrai conflit avec les enjeux que l'on connait pour moi il est difficile de séparer les deux.
J'attends autre chose d'Eastwood

[G.T.O]

Mais ça reste une lecture idéologique.
ça sous-entend (et ça peut se défendre) qu'un militaire ne peut pas être un héros.
ça me fait penser à la façon dont on montre les agents de sécurité dans le ciné français. C'est du côté de l'ordre donc du côté des puissants et du mal.
Tout ça ne reste qu'une lecture orientée des choses.
j'ai beau être tout à fait réfractaire à l'armée et aux militaires, je ne vois pas en quoi cet homme qui sauve d'autres militaires ne pourrait pas être un héros.
Ou alors tous les films de guerre ne devrait montrer que l'absurdité de la guerre, son inutilité mais là encore, c'est politique, pas cinématographique.

Mais le film est idéologique et cette guerre aussi. Et la statue de Kris kyle également.

Si être un héros est un mythe alors oui, j'ai du mal à le voir appliqué à un film de guerre qui prend pour enjeu de nous présenter un type qui en bute d'autres, dans un contexte particulier de guerre ideologique et économique, digne d'admiration et un modèle. Ce qu'est un héros, de quelqu'un qui se distingue par la nature de ces actes. En quoi ces actes sont distinctifs ? Au mieux, c'est un type qui fait son job. Pas besoin de nous pondre une statue et de faire de ce mec un enjeu moral. Jamais été très fan des éloges et autres apologies.