Birdman (Alejandro González Iñárritu - 2014)

[Mosin-Nagant]

Le cinéma, c'est aussi l'art de tricher! Avec ce film, le réalisateur ne le fait pas plus que d'autres avant lui. Les plans séquences font partie du dispositif de la mise en scène, mais les innombrables idées ne viennent pas que de cela. Dans la mise en scène, il y a l'utilisation dramatique de la lumière et des couleurs, les nombreux jeux des reflets (miroirs, voix intérieure...), le découpage dans le choix de la taille des plans très étudiés, etc... Et ces différents éléments sont tout aussi importants que l'idée visuelle principale.

Oui... L'art de tricher, tout ça, on est d'accord.
Disons que je respecte plus la course-poursuite en voiture de The French Connection que celle de Matrix Reloaded.
J'applique cela aussi pour les plans-séquences. De Palma m'impressionne plus que Inárritu , tout simplement.

Plus que la réticence de ce forumeur aux plans-séquences truquées, c'est ça première phrase que je trouve étrange :

Ce qui me dérange dans Birdman, c'est que certains acteurs et actrices donnent l'impression d'être si contents de jouer dans un film de Alejandro G. Iñárritu qu'ils se regardent jouer en étant assez satisfaits d'eux-même... Alors qu'ils ne devraient pas.

Qu'est-ce qui te fait croire ça ? C'est incompréhensible comme argument.

Faire un procès d'intention sur les acteurs cités plus haut, c'est mon droit le plus absolu. Je les ai trouvé mauvais et peu subtiles.
Je ne suis pas dans leurs têtes, bien sûr, mais voilà ce que m'a inspiré leurs interprétations.

Par exemple, il n'y a qu'a voir la récente filmographie de N. Watts pour s'imaginer, sans peine, qu'elle doit bien vouloir se refaire une santé artistique avec un réalisateur qui a la carte. Voilà pourquoi elle me donne ce sentiment de "super, je joue dans le film ambitieux d'un réalisateur respecté et je vais pouvoir, peut-être, si je me donne bien du mal, obtenir une récompense pour ce second rôle". C'est déjà être dans une forme d'auto-satisfaction, je trouve.

Tout ça, vous me direz, c'est un peu le sujet du film. Pour autant, je doute que ça soit voulu.

Cet argument est-il plus compréhensible pour toi, cher forumeur ?

J'imagine que les acteurs doivent être contents de tourner pour Iñárritu, mais pas plus qu'ils le seraient pour Woody Allen, Resnais ou Polanski ou, etc...

Zach Galifianakis chez Alain Resnais... je demande à voir.

[Magnus]

Et pourquoi pas ?! Je vois pas en quoi c'est gênant de le voir dans le Innaritu.

[Watkinssien]

Comme si Naomi Watts avait besoin de ça! Ces dix dernières années, elle a tourné avec Peter Jackson, Michael Haneke, Woody Allen, Juan Antonio Montoya, David Cronenberg, Clint Eastwood... elle n'a pas forcément la nécessité d'être reconnue à nouveau pour que des cinéastes tout aussi talentueux veuillent bien travailler avec elle.

[Flol]

J'imagine que les acteurs doivent être contents de tourner pour Iñárritu, mais pas plus qu'ils le seraient pour Woody Allen, Resnais ou Polanski ou, etc...

Zach Galifianakis chez Alain Resnais... je demande à voir.

Ben là ça va être compliqué, parce qu'il est décédé Alain Resnais en fait.

[Mosin-Nagant]

Comme si Naomi Watts avait besoin de ça! Ces dix dernières années, elle a tourné avec Peter Jackson, Michael Haneke, Woody Allen, Juan Antonio Montoya, David Cronenberg, Clint Eastwood... elle n'a pas forcément la nécessité d'être reconnue à nouveau pour que des cinéastes tout aussi talentueux veuillent bien travailler avec elle.

Qu'elle ait travaillé avec des cinéastes de renom, ça c'est pas un scoop... Mais ces dix dernières années, malheureusement, pas dans leurs meilleurs films.
En fait, c'est ça le problème, qu'elle retourne dans des grands films. Comme Mulholland Drive, tiens.

Zach Galifianakis chez Alain Resnais... je demande à voir.

Ben là ça va être compliqué, parce qu'il est décédé Alain Resnais en fait.

Mon commentaire à ce sujet transpirait l'ironie.

Bon, après, les gars je ne suis pas là pour faire le pisse-froid de service, j'ai apprécié beaucoup de choses dans Birdman. La mise en scène est inventive et la photographie très soignée, pleine de subtilité. C'est bourré de bonnes idées mais je m'attendais à beaucoup mieux. C'est tout.

[Watkinssien]

Comme si Naomi Watts avait besoin de ça! Ces dix dernières années, elle a tourné avec Peter Jackson, Michael Haneke, Woody Allen, Juan Antonio Montoya, David Cronenberg, Clint Eastwood... elle n'a pas forcément la nécessité d'être reconnue à nouveau pour que des cinéastes tout aussi talentueux veuillent bien travailler avec elle.

Qu'elle ait travaillé avec des cinéastes de renom, ça c'est pas un scoop... Mais ces dix dernières années, malheureusement, pas dans leurs meilleurs films.
En fait, c'est ça le problème, qu'elle retourne dans des grands films. Comme Mulholland Drive, tiens.

Oui mais quand elle le fait, tu penses qu'elle est tellement contente qu'elle peut tomber dans l'auto-satisfaction.

[Mosin-Nagant]

Qu'elle ait travaillé avec des cinéastes de renom, ça c'est pas un scoop... Mais ces dix dernières années, malheureusement, pas dans leurs meilleurs films.
En fait, c'est ça le problème, qu'elle retourne dans des grands films. Comme Mulholland Drive, tiens.

Oui mais quand elle le fait, tu penses qu'elle est tellement contente qu'elle peut tomber dans l'auto-satisfaction.

Si tu penses que Birdman est un grand film, libre à toi.

[Watkinssien]

Je le pense, effectivement. Mais parfois cela arrive que des acteurs se lancent dans des projets parce qu'ils croient qu'il y a matière à faire un bon, voire un très bon film. Et même si le résultat peut être décevant, ils ont droit d'y croire et d'être contents d'y participer. C'est surtout ton impression négative que tu as sur l'intention des comédiens qui est curieuse. Tu dois être le premier à être dégoûté d'avoir ressenti ça, mais j'avoue que c'est difficile de penser à cet état d'esprit lorsque je vois un film que je trouve personnellement joué.

[Mosin-Nagant]

Je le pense, effectivement. Mais parfois cela arrive que des acteurs se lancent dans des projets parce qu'ils croient qu'il y a matière à faire un bon, voire un très bon film. Et même si le résultat peut être décevant, ils ont droit d'y croire et d'être contents d'y participer. C'est surtout ton impression négative que tu as sur l'intention des comédiens qui est curieuse. Tu dois être le premier à être dégoûté d'avoir ressenti ça, mais j'avoue que c'est difficile de penser à cet état d'esprit lorsque je vois un film que je trouve personnellement joué.

Je n'éprouve aucun dégout, tout au plus de l'agacement. Il n'y a rien de curieux de penser qu'un comédien se regarde jouer.
Si je suis le seul à ressentir ça pour ce film, ça ne me pose aucun problème.

Mais assez parlé de mes petites réserves et place à vos commentaires sur le fond et, surtout, la forme de Birdman !

[Flol]

Ben là ça va être compliqué, parce qu'il est décédé Alain Resnais en fait.

Mon commentaire à ce sujet transpirait l'ironie.

Ah mince, parce que le mien pas du tout.

Bon, après, les gars je ne suis pas là pour faire le pisse-froid de service, j'ai apprécié beaucoup de choses dans Birdman. La mise en scène est inventive et la photographie très soignée, pleine de subtilité. C'est bourré de bonnes idées mais je m'attendais à beaucoup mieux. C'est tout.

Idem (et cette fois, dit sans ironie).
Alors j'ai tout de même été le revoir. Et bien que mon 1er avis ait été un poil trop sévère, finalement ma 1ère impression n'a pas beaucoup changé : je continue d'être admiratif devant l'ampleur et l'ambition du projet, la perf' de Keaton me scie littéralement, mais tout ça ne me passionne pas des masses.

[bruce randylan]

J'applique cela aussi pour les plans-séquences. De Palma m'impressionne plus que Inárritu , tout simplement.

Pourtant De Palma n'hésite pas à tricher dans ses plans-séquences aussi... comme l'ouverture de Snake Eyes constitué d'au moins 3 plans.

[Edouard]

Birdman: 8/20
Ce film entre dans ma catégorie, c'est beau mais c'est chiant. La mise en abîme du film et de la pièce est intéressante. Par exemple, au moment où Edward Norton prend le pas sur Michael Keaton dans la pièce, c'est exactement ce qui passe dans le film. Les interprétations sont correctes mais un peu surjouées avec une sensation de vouloir tout, trop donné. Il en est exactement de même pour la réalisation. En effet, tout un film en plan séquence constitue une certaine négation du cinéma car il oblitère le montage, élément caractéristique du cinéma par rapport au théâtre même si l'on comprend l'intention d'Iñárritu de mettre en adéquation la forme avec le fond. Le maniement de la caméra est virtuose mais on a trop la sensation d'assister à une démonstration de talent avec une effet m'as-tu-vu artificiel. Nous touchons ici au cœur du problème de ce film: il privilégie largement la forme au fond. En effet, l'histoire est sommes toute assez nombriliste sur les difficultés rencontrés par les acteurs lors de leurs interprétations mais sans aborder en profondeur ce sujet. A ce titre, on pourra lui à ce titre préférer Looking for Richard, qui, lui aussi, bouleversait la forme qu'il prenait.

[Watkinssien]

La mise en scène en plans séquences peut devenir une négation du montage, je peux le comprendre. Cependant, le cinéma est aussi l'affirmation de la taille du plan dans le cadre. Or Birdman est aussi un contenu brillant de cet aspect constitutif du Septième art.

[Edouard]

La mise en scène en plans séquences peut devenir une négation du montage, je peux le comprendre. Cependant, le cinéma est aussi l'affirmation de la taille du plan dans le cadre. Or Birdman est aussi un contenu brillant de cet aspect constitutif du Septième art.

Je suis d'accord, je parle même de virtuosité. Mais il y a un côté redondant et démonstration technique qui a fini par me lasser, sans compter un scénario finalement assez vain.

[Watkinssien]

Birdman - Alejandro Gonzalez Inarritu - 2015 : Je ne comprends pas ceux qui disent que ce film est tout sauf une proposition de cinéma.
On peut l'accuser de tricherie certes, le film n'est pas un réel et seul long plan-séquence. La Corde d'Hitchcock non plus, ça ne l'a pas empêché d'être un immense chef d'oeuvre. Et il cachait encore plus ses bricoles, le bougre. Et puis bon, le cinéma, c'est, dans sa globalité, en faisant de gros raccourcis, l'art de tricher, l'art de créer une illusion.
Et moi, même si le travail de mise en scène que je vois est illusoire, je m'en moque, car il n'empêche que c'est vraiment habile et virtuose. Une plongée intimiste et immersive dans un cadre chaotique et schizophrène, qui rappelle le nouveau tournant de Cronenberg, en plus incisif encore, et le film, par moments, m'a pas mal fait évoquer le troublant et fascinant Cosmopolis.
Mouvements effrénés dans la recherche d'espace, en toute urgence, du décor étouffant aux grandes bouffées d'air extérieures, le film regorge d'énergie. Tout comme les acteurs qui participent à cette course (contre quoi au final d'ailleurs ? le chaos ?), du génial Michael Keaton dans rôle taillé pour mesure, en passant par Norton, Watts, Stone, au plus que sympathique Zack Galifianakis.
Si le fond est très simpliste, il reste sacrément efficace, de la machine dévorante du spectacle et d'Hollywood à la critique de la critique (qui au final est caricaturale mais très juste, jusque dans sa finalité avec l'hypocrisie ambiante quand le tragique survient), parfumé d'un cynisme que d'aucuns peuvent considérer prétentieux et antipathique, moi je rentre dedans, c'est méchant, peut-être facile, mais jouissif et pertinent. Et l'envolée délirante suite à une crise de schizophrénie et d'orgueil du protagoniste est un des morceaux du cinéma les plus plaisants qu'il m'ait été donné de voir depuis un bout de temps.
Guyness l'a dit si bien, le film est facile, tant à détester qu'à adorer. Je me range dans la deuxième catégorie.
Ça en fera certainement hurler certains, mais c'est le plus beau film sur le déclin du Cinéma (même si il évolue dans le cadre du théâtre) depuis Holy Motors. 5/6