A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Troisième film, troisième très belle réussite. Un film qui m'a beaucoup fait penser à James Gray sans néanmoins la dimension opératique de tragédie grecque qui irrigue ses plus grandes œuvres, bien évidemment The Yards en tête. Mais sinon, un modèle que ce formidable travail d'écriture qui non seulement aborde un milieu rarement évoqué au cinéma, réussit à rendre le scénario captivant de bout en bout alors que les enjeux s'avèrent minimes et qu'il ne se passe pas grand chose et enfin décrit avec une grande justesse et une belle dignité toute une galerie de personnages d'une formidable richesse. La force du scénario tient aussi au fait que nous ne détestons personne, pas plus les agresseurs que les 'ennemis' de notre héros, homme d'affaire qui cherche à rester intègre le plus possible sans jamais changer sa ligne de conduite.
Car c'est un peu ça le sujet du film, l'histoire d'un homme qui, dans un milieu vérolé et grâce à sa force de caractère, tente de rester la tête haute sans tomber 'du côté obscur' ; un personnage rarement vu non plus au cinéma que porte sur ses épaules un étonnant Oscar Isaacs au point de faire de l'ombre à la magnifique Jessica Chastain. Superbe casting et protagonistes tous attachant avec notamment celui interprété par Elyes Gabel qui est à l'origine du climax du film lors d'une séquence formidablement tendue.
Quant à la sobre mise en scène, elle possède une très grande classe, aidée en cela par une photographie à tomber et une musique discrète mais qui fait son effet. Les rares scènes mouvementées (courses poursuites notamment) sont mémorables aussi de par le point de vue unique souvent adopté. J'ai déjà envie de revoir ce film qui n'a pas fini de me dévoiler ses richesses.
Car c'est un peu ça le sujet du film, l'histoire d'un homme qui, dans un milieu vérolé et grâce à sa force de caractère, tente de rester la tête haute sans tomber 'du côté obscur' ; un personnage rarement vu non plus au cinéma que porte sur ses épaules un étonnant Oscar Isaacs au point de faire de l'ombre à la magnifique Jessica Chastain. Superbe casting et protagonistes tous attachant avec notamment celui interprété par Elyes Gabel qui est à l'origine du climax du film lors d'une séquence formidablement tendue.
Quant à la sobre mise en scène, elle possède une très grande classe, aidée en cela par une photographie à tomber et une musique discrète mais qui fait son effet. Les rares scènes mouvementées (courses poursuites notamment) sont mémorables aussi de par le point de vue unique souvent adopté. J'ai déjà envie de revoir ce film qui n'a pas fini de me dévoiler ses richesses.
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Pour moi ce film représente le genre de bijou ciselé avec sobriété et épure qui me fascine le plus au cinéma. La richesse vient alors non pas d'un fourmillement de détails (qui peut, s'il est bien harmonisé, donner aussi de grands films) mais d'une densité de chaque moyen esthétique et du rapport entre eux. On a alors l'impression que le film peut s'écouler de A à Z sans le moindre flottement, tout est parfaitement en place et rien ne dépasse. Cela présage de grandes choses concernant Chandor, dont je n'ai pas vu All is Lost (vaut-il le coup?).
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Oui All is Lost vaut lui aussi le coup, déjà rien que par le fait d'arriver à presque jamais nous ennuyer aux côtés d'un homme taciturne (et pour cause).Kilban a écrit :Pour moi ce film représente le genre de bijou ciselé avec sobriété et épure qui me fascine le plus au cinéma. La richesse vient alors non pas d'un fourmillement de détails (qui peut, s'il est bien harmonisé, donner aussi de grands films) mais d'une densité de chaque moyen esthétique et du rapport entre eux. On a alors l'impression que le film peut s'écouler de A à Z sans le moindre flottement, tout est parfaitement en place et rien ne dépasse. Cela présage de grandes choses concernant Chandor, dont je n'ai pas vu All is Lost (vaut-il le coup?).
Sinon ton avis (auquel j'adhère tout à fait) aurait pu parfaitement convenir à The Yards, un de ses rares films qui m'apparait comme parfait, la perfection telle que tu la décris.
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
A Most Violent Year confirme que J.C. Chandor est un des cinéastes américain les plus passionnants apparus ces dernières années. Ce troisième film revisite une thématique déjà abordée dans ses précédents essais. Margin Call (2011) montrait la prise de conscience d’une poignée de personnage de la situation critique de la Banque d’Investissement qui les emploie, les seuls clairvoyant d’un monde de la finance plongeant dans la crise sans l’avoir vu venir. All is lost (2013) creusait le même sillon dans une veine plus radicale, le navigateur Robert Redford faisant cette fois seul face aux éléments déchaînés dans un vrai tour de force narratif avec un film quasi muet et un héros seul à l’écran. A Most Violent Year fut inspiré par des conversations qu’eut Chandor avec des personnes ayant monté des entreprises dans le New York du début des 80’s gangrené par la violence. Il y voit donc une manière différence d’illustrer sa figure de héros solitaire et vertueux, cette fois confronté à un monde criminel.
Ce sera Abel Morales (Oscar Isaac) entrepreneur d’origine hispanique sur le point de conclure un deal historique dans son activité de transport de fuel domestique. Il a 30 jours plus finir de payer le site situé dans un cadre stratégique en bordure de fleuve, mais de nombreux obstacles vont s’interposer. Ses chauffeurs sont victime d’attaques possiblement mandatées par des concurrents, le procureur entame une enquête sur la légalité de ses affaires et tout cela est propre à menacer le soutien indispensable de la banque pour financer son crédit. S’arranger avec la loi pourrait être un possible moyen de résoudre plus rapidement ses problèmes (notamment armer ses chauffeurs) mais Abel s’y refuse, souhaitant réussir force de volonté, sincérité et rectitude morale.
La scène où il briefe ses commerciaux de cette attitude, leur enjoignant à convaincre les clients par la nature irréprochable de leur service plutôt qu’une poudre aux yeux quelconque. Face à la corruption et la violence qui régit son milieu, il sera dur de maintenir ce cap. Si les concurrents font figure de mafieux en puissance (voir cette réunion au restaurant qu’on croirait échappée du Parrain ou des Affranchis), Abel devra tout autant se méfier de son entourage. Au stoïcisme d’Oscar Isaac répond le tempérament volcanique de l’épouse jouée par Jessica Chastain, fille de gangster qui a gardé les codes d’intimidations de la rue. Une scène clé démontre leur approche différente lorsqu’ayant renversé accidentellement un cerf, Abel trop cérébral et sensible hésite à achever la bête quand Anna l’abattra froidement d’un coup de revolver.
Cette opposition crée une tension latente aussi fébrile que la vraie menace pesant sur les personnages. Cette violence vient donc de l’extérieur, est difficilement étouffée dans son foyer et s’avérera aussi bien présente au cœur de son entreprise. Le chauffeur Julian (Elyes Gabel), terrorisé après avoir été braqué et qui va répondre par les armes. Le personnage est le miroir déformant d’Abel, par sa faiblesse de caractère où la peur trouve son vain refuge dans la violence mais également par l’image de l’émigrant hispanique ambitieux mais raté par rapport à l’image de réussite du héros.Chandor filme New York dans cette même dualité séparant Abel de ses interlocuteurs. Les décors déserts, l’atmosphère de désolation hivernale (lorgnant sur Le Prince de New York (1981) de Sidney Lumet tandis que la droiture d’Abel rappellera Serpico (1973)) et ces lieux publics sinistrés semblent le reflet d’une ville à bout de souffle, sur le déclin et gangrenée par des maux profonds. Cependant ce New York n’est pas non plus l’antichambre des enfers tel que dépeinte par Scorsese dans Taxi Driver (1976), l’élégante photo de Bradford Young donnant un contour plus lumineux à cette urbanité comme pour représenter l’espoir, le renouveau à venir de la ville représenté par Abel. Par sa droiture, Abel représente la poursuite du rêve américain dans ce qu’il a de plus noble, son intransigeance morale pouvant être rapprochée de Gary Cooper dans Le Rebelle (1949) de King Vidor.
Chez Vidor cette quête de perfection fait basculer le héros dans une forme d’abstraction, plus représentatif d’une idée (l’objectivisme, philosophie d’Aynd Rand auteur du roman) que d’un vrai personnage. Chandor rend Abel plus vacillant, plus humain dans les épreuves qu’il rencontre et sa rectitude n’en sera que plus forte. Ainsi c’est précisément en épargnant plutôt qu’en se vengeant d’un agresseur de ses camions qu’il aura le fin mot du complot, Chandor ayant néanmoins introduit une certaine ambiguïté lors de la poursuite qui précède (superbement filmée dans l’esprit d’un French Connection (1971)) quand Abel ramasse un revolver et hésite presque à tirer. La conclusion sèmera d’ailleurs le doute, les fondations viciées de la réussite d’Abel ne l’enfonçant pas mais le sauvant. Le personnage conserve sa pureté tout en se rapprochant dangereusement de ce à quoi il a cherché à échapper. Subtil et anti manichéen, une grande réussite à rapprocher de l’immense The Yards (2000) de James Gray. 6/6
Ce sera Abel Morales (Oscar Isaac) entrepreneur d’origine hispanique sur le point de conclure un deal historique dans son activité de transport de fuel domestique. Il a 30 jours plus finir de payer le site situé dans un cadre stratégique en bordure de fleuve, mais de nombreux obstacles vont s’interposer. Ses chauffeurs sont victime d’attaques possiblement mandatées par des concurrents, le procureur entame une enquête sur la légalité de ses affaires et tout cela est propre à menacer le soutien indispensable de la banque pour financer son crédit. S’arranger avec la loi pourrait être un possible moyen de résoudre plus rapidement ses problèmes (notamment armer ses chauffeurs) mais Abel s’y refuse, souhaitant réussir force de volonté, sincérité et rectitude morale.
La scène où il briefe ses commerciaux de cette attitude, leur enjoignant à convaincre les clients par la nature irréprochable de leur service plutôt qu’une poudre aux yeux quelconque. Face à la corruption et la violence qui régit son milieu, il sera dur de maintenir ce cap. Si les concurrents font figure de mafieux en puissance (voir cette réunion au restaurant qu’on croirait échappée du Parrain ou des Affranchis), Abel devra tout autant se méfier de son entourage. Au stoïcisme d’Oscar Isaac répond le tempérament volcanique de l’épouse jouée par Jessica Chastain, fille de gangster qui a gardé les codes d’intimidations de la rue. Une scène clé démontre leur approche différente lorsqu’ayant renversé accidentellement un cerf, Abel trop cérébral et sensible hésite à achever la bête quand Anna l’abattra froidement d’un coup de revolver.
Cette opposition crée une tension latente aussi fébrile que la vraie menace pesant sur les personnages. Cette violence vient donc de l’extérieur, est difficilement étouffée dans son foyer et s’avérera aussi bien présente au cœur de son entreprise. Le chauffeur Julian (Elyes Gabel), terrorisé après avoir été braqué et qui va répondre par les armes. Le personnage est le miroir déformant d’Abel, par sa faiblesse de caractère où la peur trouve son vain refuge dans la violence mais également par l’image de l’émigrant hispanique ambitieux mais raté par rapport à l’image de réussite du héros.Chandor filme New York dans cette même dualité séparant Abel de ses interlocuteurs. Les décors déserts, l’atmosphère de désolation hivernale (lorgnant sur Le Prince de New York (1981) de Sidney Lumet tandis que la droiture d’Abel rappellera Serpico (1973)) et ces lieux publics sinistrés semblent le reflet d’une ville à bout de souffle, sur le déclin et gangrenée par des maux profonds. Cependant ce New York n’est pas non plus l’antichambre des enfers tel que dépeinte par Scorsese dans Taxi Driver (1976), l’élégante photo de Bradford Young donnant un contour plus lumineux à cette urbanité comme pour représenter l’espoir, le renouveau à venir de la ville représenté par Abel. Par sa droiture, Abel représente la poursuite du rêve américain dans ce qu’il a de plus noble, son intransigeance morale pouvant être rapprochée de Gary Cooper dans Le Rebelle (1949) de King Vidor.
Chez Vidor cette quête de perfection fait basculer le héros dans une forme d’abstraction, plus représentatif d’une idée (l’objectivisme, philosophie d’Aynd Rand auteur du roman) que d’un vrai personnage. Chandor rend Abel plus vacillant, plus humain dans les épreuves qu’il rencontre et sa rectitude n’en sera que plus forte. Ainsi c’est précisément en épargnant plutôt qu’en se vengeant d’un agresseur de ses camions qu’il aura le fin mot du complot, Chandor ayant néanmoins introduit une certaine ambiguïté lors de la poursuite qui précède (superbement filmée dans l’esprit d’un French Connection (1971)) quand Abel ramasse un revolver et hésite presque à tirer. La conclusion sèmera d’ailleurs le doute, les fondations viciées de la réussite d’Abel ne l’enfonçant pas mais le sauvant. Le personnage conserve sa pureté tout en se rapprochant dangereusement de ce à quoi il a cherché à échapper. Subtil et anti manichéen, une grande réussite à rapprocher de l’immense The Yards (2000) de James Gray. 6/6
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Tout à fait ; ces deux films se ressemblent beaucoup sur le fond comme sur la forme.Profondo Rosso a écrit :Subtil et anti manichéen, une grande réussite à rapprocher de l’immense The Yards (2000) de James Gray. 6/6
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Troisième film de Chandor et troisième réussite pour moi. Je pense même que c'est le meilleur de ses trois films.
Effectivement on pense au Parrain et surtout à the Yards, mais avec cette atmosphère ouatée, cette mise en scène légèrement distancée, également appliquée y compris à des scènes de tension et de violence.
Le résultat est assez impressionnant, même si j'ai quelques réserves sur le scénario (notamment sur le personnage de Julian ou la résolution du film). Dans mon top 5 des films d'une année 2014 pourtant très relevée. 6.5/10
Effectivement on pense au Parrain et surtout à the Yards, mais avec cette atmosphère ouatée, cette mise en scène légèrement distancée, également appliquée y compris à des scènes de tension et de violence.
Le résultat est assez impressionnant, même si j'ai quelques réserves sur le scénario (notamment sur le personnage de Julian ou la résolution du film). Dans mon top 5 des films d'une année 2014 pourtant très relevée. 6.5/10
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Oui, même si ce n'est pas totalement irréaliste, j'ai également eu du mal à comprendre les agissements du chauffeur. On pourrait également trouver la résolution un peu facile, même si là aussi ça passe quand même.Jihl a écrit :j'ai quelques réserves sur le scénario (notamment sur le personnage de Julian ou la résolution du film).
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Avec "A Most Violent Year", J.C. Chandor se refuse à toute catharsis. Ce fondement narratif, dans lequel le "héros", tout en rage contenue, accumule les faits perpétrés à son égard pour finir par se purger dans une explosion de violence/couleurs/etc, n'a étonnamment jamais lieu. Frustration du spectateur ? Geste anti-cinématographique majeur du réalisateur ? A vrai dire, pour une fois, ni l'une ou l'autre des parties n'aura le fin mot. Pas plus que Jessica Chastain, quasi éclipsée malgré l'aspect racoleur. Car dans "A Most Violent Year", la victoire est celle d'Abel Morales (Oscar Isaac, brillant, porte avec le chef opérateur le film sur ses épaules) et elle est totale, sans concessions. C'est la victoire du personnage sur le récit (ce n'est surtout pas comparable avec les tragédies grecques de James Gray), sur la mise en scène, sur tout. Même Abel (tiens, tiens) Ferrara, plus grand conteur de l'histoire récente de New York - et comment ne pas voir son influence à travers la scène finale de "Nos Funérailles" que Chandor revisite ici -, et réalisateur des mesestimés "New Rose Hotel" et "Christmas", n'a osé aller aussi loin vers nulle part.
6/10
6/10
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Tu peux développer ?Blue a écrit :C'est la victoire du personnage sur le récit (ce n'est surtout pas comparable avec les tragédies grecques de James Gray), sur la mise en scène, sur tout.
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Je ne sais pas si je vais pouvoir te répondre. Mon texte n'est que l'expression de mon rapport au film. Je me suis posé cette question lao tseuiesque :Supfiction a écrit : Tu peux développer ?
Est-ce la mise en scène qui fait le personnage ou le personnage qui fait la mise en scène ?
Et suis parti sur cet axe en optant pour la 2è solution
Mon ressenti est que le film de Chandor épouse parfaitement les contours intérieurs d'Abel Morales à qui Oscar Isaac donne littéralement vie, et à tel point que cela donne l'impression que la mise en scène, la lumière, etc, sont une expression parfaite du personnage, presque une clé de lecture en tant que tel. Chandor ne verse pas dans le tape à l'oeil, les figures de style ou autre ; il y a une forme de mise en retrait, presque d'effacement, signe de grande maturité chez le cinéaste. Pour autant, il sait recourir discrètement à une caméra portée lorsqu'il le faut, par exemple. C'est ce qui rend "A Most Violent Year" ultra passionnant à regarder, alors qu'au final, on atteint pas une densité folle sur le plan narratif.
Pour ce qui est de James Gray, c'est un grand cinéaste qui n'a plus rien à prouver me concernant, mais dont les films sont avant tout régis par une dramaturgie millimétrée alliée à un classicisme formel ultra-maîtrisé.
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Ce que j'avais écrit dans le topic de Margin Call pourrait faire office de développement, car de mon point de vue (qui me parait être aussi celui de blue), les films de Chandor sont des films-personnages au contraire des films de Gray qui sont des films-mondes (un monde tragique issu de la tragédie grecque) ; Gray consacre plus de temps à créer une atmosphère par ses images, Chandor plus de temps à imaginer des dialogues et des situations rendant compte des dilemmes moraux auxquels font face ses personnages :Supfiction a écrit :Tu peux développer ?Blue a écrit :C'est la victoire du personnage sur le récit (ce n'est surtout pas comparable avec les tragédies grecques de James Gray), sur la mise en scène, sur tout.
Dans Margin Call et A Most Violent Year, on trouve un personnage principal ayant une morale personnelle qui souffre des compromis imposés par le monde réel (dans les deux cas, les compromis sont imposés par la recherche d'argent - "I need the money" est une phrase qui revient - comme le Rosebud du monde selon Chandor). Ce sont des films-personnages typiques : les deux films ont comme pilier narratif l'itinéraire que suivent les personnages. Ils tiennent par les personnages, qui font face à un univers assez froid et sans mystère (une sorte de miroir inverse des films de Gray où le mystère d'un monde tragique s'impose aux personnages en leur assignant un destin), où l'argent est le but de tous et où la résolution de l'intrigue vient de la mécanique du récit et non des images (même si à la fin de A Most Violent Year, le mélange de sang et de pétrole a valeur de métaphore un peu lourde). Je n'ai pas vu son deuxième film (All is lost), mais du coup, la difficulté que va rencontrer sur le long terme JC Chandor va à mon avis être la suivante : en l'absence de patte visuelle particulière, et avec des récits qui reposent sur des personnages et des intrigues descriptives tournant autour de valeurs matérielles, comment éviter de donner l'impression de tourner en rond, comment éviter de donner l'impression que Chandor tente de décrire la complexité du monde sur le plan des échanges économiques sans parvenir pour autant à créer un monde qui lui est propre, un monde d'artiste ? Son quatrième film donnera peut-être un début de réponse.
Dernière modification par Strum le 11 janv. 16, 14:53, modifié 1 fois.
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Chandon sous la pluie ?
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Re: A Most Violent Year (J.C. Chandor - 2014)
Je relance de 2Gounou a écrit :Chandon sous la pluie ?
Meilleur topic de l'univers
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