Gounou a écrit :
EDIT : J'ajouterai que j'aime beaucoup la B.O. composée par papa Lee et caractéristique de sa première période jusqu'à
Mo' Better Blues.
On le voit même jouer le thème à la contrebasse si je ne m'abuse...
https://www.youtube.com/playlist?list=P ... 77179481A8
Oui c'est un film presque "directement" musical. On y voit le papa Lee jouer de la contrebasse et du piano, et la soeur également à la contrebasse lors d'une très jolie scène. Dans un autre genre, la (trop) looooongue scène de danse dans Fort Greene Park à Brooklyn pour l'anniversaire de Nola.
Sinon :
En voilà un film de guerre intrigant, empruntant au mélo teinté de mysticisme, ou au polar et se déroulant sur plusieurs continents; un film qui ne mérite en tout cas pas sa piètre réputation.
Miracle à Santa Anna est long, c’est une fresque, qui a l’ambition de raconter son histoire en épousant différents points de vus, différents combats. Si les 4 soldats noirs américains perdus dans un petit village pittoresque de la Toscane se définissent rapidement comme le coeur du film, Spike Lee se permet de longues digressions, suivant des partisans italiens au combat, un flash back aux USA, la fusillade de 500 personnes dans un petit village Toscan (l'Ouradour Italien) ou s’attardant sur un enfant égaré, mais in fine tout prend sens.
Le réalisateur met un point d’honneur à brouiller les pistes : être noir aux USA en 1940 c’est avoir encore du mal, moins de 80 ans après la fin de l’abolition de l’esclavage, à définir les motivations, bonnes ou mauvaises, de chacun. C’est partir au combat et représenter un pays qui ne veut pas de toi, et qui continue de te traiter en sous-homme.
Derek Luke (Stamps, le plus haut gradé de la patrouille), le formulera en mi-film : il se sent plus à l’aise en Italie, plus accepté, dans ce pays vendu au fascisme Mussolinien et qui lui est inconnu, que chez lui, aux USA, the land of freedom.
Alors on n’évite pas l’aller-retour temporel et la narration en grand flash back, presque propre à ce genre de fresque, et l’ensemble relativement hollywoodien de la manufacture (et une fin aux Bahamas, guimauve à souhait), Lee se retenant d’imposer trop profondément son style, mais livre quelque chose d’imposant et probablement passionné (aidé par une belle musique, très présente - comme souvent chez Spike Lee, trop présente - de Terence Blanchard, reprenant de ci de là les percussions très guerrières qu’on pouvait entendre dans la BO de La 25° Heure). Bref, y a moyen de se laisser emporter.
On note également une interprétation exemplaire de tout le casting, américain, allemand, italien, rare dans ce genre de production internationale, et les apparitions surprises (s’en est presque Malickien) de John Turturro, Joseph Gordon-Levitt, John Leguizamo, Kerry Washington, John Hawkes, D.B. Sweeney et la très jolie Alexandra Maria Lara (Control, Youth without Youth) que j’avais presque oubliée.