L'affiche de base, voulue volontairement "neutre". La française et d'autres mettent en exergue le visage de Tom Hanks dans un coin, comme pour l'icôniser un peu trop à mon sens.
L’histoire vraie de la prise d’otages du navire de marine marchande américain Maersk Alabama, menée en 2009 par des pirates somaliens. La relation qui s’instaure entre le capitaine Richard Phillips, commandant du bateau, et Muse, le chef des pirates somaliens qui le prend en otage, est au cœur du récit. Les deux hommes sont inévitablement amenés à s’affronter lorsque Muse et son équipe s’attaquent au navire désarmé de Phillips. À plus de 230 kilomètres des côtes somaliennes, les deux camps vont se retrouver à la merci de forces qui les dépassent…
Tiré du roman du véritable capitaine Phillips, le nouveau Greengrass s'il ne convaincra pas forcément les rétifs à son style dès le début permet de souligner une évolution adaptée de fort belle manière à son sujet. Palpable dans Green Zone et dorénavant plus visible dans sa dernière livraison, le réalisateur alterne ici sa mise en scène dynamique à l'épaule avec des plans d'ensemble qui permettent, plus qu'avant, de contextualiser plus l'histoire dans l'espace là où elle était souvent confinée à l'action même dans un temps présent. On serait presque ravis de voir de nombreux plans "apaisés" pris d'Hélicoptère ici là où dans Green Zone, c'était uniquement pour décrire une trajectoire (le soldat Miller -Matt Damon--, tout comme la chute de l'hélico) dans le feu de l'action.
Mais ici et peut-être plus qu'auparavant, les grandes forces du film en font aussi d'une certaine manière ses faiblesses et en acceptant de coller à la réalité des faits, Greengrass n'évite pas certains écueils pas forcément évidents à retranscrire il est vrai. On pourra par exemple tiquer un peu sur les pirates somaliens qui se rapprochent de la caricature sans que le fait que toutes leurs motivations soient mises sur le tapis, juste esquissées brièvement. Cela dit quand on y réfléchit, ce n'est pas plus rédhibitoire que quelques types qui, à défaut de détourner un cargo à coup de mitraillettes, vont détourner un avion avec quelques cutters.
L'analogie avec Vol 93 est d'ailleurs renforcé par la situation (détournement) aussi bien que les clins d'oeils que le cinéaste y fait, n'hésitant pas à reprendre le thème final du film de 2006, "The end" composé par John Powell pour accroître la portée émotionnelle et tragique dans le final. Cela dit, les deux films n'ont pas non plus la même finalité et l'on ne peut comparer la prise d'otage d'un groupe d'individus à celle d'un seul. Du coup, dans sa seconde partie, le film ralentit, stagne presque. Le rythme n'est plus le même, les enjeux se sont déplacés, l'oeuvre échappe au spectateur. C'est ce qui est le plus dur à apprécier pleinement puisque tout semble concourir à l'avance au tragique d'un côté comme de l'autre. Le vrai but ici étant de gagner du temps il est normal que le film se déplace sur un terrain qu'on pourra juger plus "mou" ou composé de "longueurs". Elles s'avèrent pourtant nécessaires pour être pris à la gorge dans le dernier quart.
Au fond tout indique bien finalement que nous sommes dans un pur film de Greengrass et n'est-ce pas ça qui compte, la fidélité à son style, si reconnaissable entre tous ? D'où comme dit en ouverture que ce film ne changera en rien le regard que vous avez ou non sur le cinéaste si vous avez déjà vu ses autres réalisations. Comme dans ses 2 précédents films, un homme (ou plusieurs) retenu en otage, envers et contre tout par la fatalité du réel. Et si Phillips n'est pas "blindé" comme Miller pouvait l'être (lui-même en quelque sorte descendant du dynamique et toujours en mouvement agent Bourne), il en a plus de chaleur humaine. Sur ce point, Tom Hanks permet toute l'empathie qu'on peut lui procurer dans une très belle composition qui, alliée à un sens plus que maîtrisé de la mise en scène (la première partie maintient une tension sans faille qui cloue au siège) procure un spectacle plus que prenant et assez passionnant pour peu que l'on y adhère.
Ce qui fut je l'avoue, le cas de votre serviteur.
4,5/6.