La séance en salle : une expérience collective ?

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Jack Carter
Certains l'aiment (So)chaud
Messages : 30301
Inscription : 31 déc. 04, 14:17
Localisation : En pause

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Jack Carter »

Alexandre Angel a écrit :
cinephage a écrit :En même temps, annoncer "tu va rire comme tu n'as jamais ri" avant de faire voir une comédie à quelqu'un, c'est le meilleur moyen d'obtenir une réaction muette.

"Ha, c'était ça ta comédie hyper-drole ? D'accord, je vois..."

Les effets d'annonce, c'est assez efficace pour fausser les réactions devant un film, je crois...
The Party n'a jamais fait choux blanc quand je l'ai montré à quelqu'un. Là , c'était en salle et le stoïcisme de la personne m'avait scié.
Concernant ce film, j'ai coutume de dire qu'il est celui qui m'a fait le plus poiler dans ma vie de cinéphile. C'était vrai il y a 30 ans, ça l'est encore aujourd'hui.

Comment résister à ça?
Image
ou à ça

Image
:mrgreen:

vu, revu et re-revu (la derniere fois en dans la grande salle de La Coursive à la Rochelle, avec plusieurs crises de fous rires dans la salle dont une personne devant moi qui s'est etouffée de rire :mrgreen: ), chef d'oeuvre comique en ce qui me concerne, et dans mon top 20 of all time !
Perso, deja le visage grimé de Sellers me fait mourir de rire, à partir de là, je suis foutu :lol: :lol: :lol:
Image
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14046
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Alexandre Angel »

Jack Carter a écrit : deja le visage grimé de Sellers me fait mourir de rire, à partir de là, je suis foutu :lol: :lol: :lol:
Mais oui, tout est là!!
Dès qu'il fait son Gunga Din, j'en peux déjà plus.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54765
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Flol »

Ah ouais ok, on est en 2019 et les mecs rigolent d'un blackface. :?
Avatar de l’utilisateur
hansolo
Howard Hughes
Messages : 16064
Inscription : 7 avr. 05, 11:08
Localisation : In a carbonite block

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par hansolo »

Alexandre Angel a écrit :
Jack Carter a écrit : deja le visage grimé de Sellers me fait mourir de rire, à partir de là, je suis foutu :lol: :lol: :lol:
Mais oui, tout est là!!
Dès qu'il fait son Gunga Din, j'en peux déjà plus.
J'ai un rapport un peu compliqué avec The Party ...
A certains visionnages je suis mort de rire du début a la fin, a d'autres je reste stoïque devant certains gags
:oops:
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.

Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
Avatar de l’utilisateur
Cedric Gibbons
Assistant(e) machine à café
Messages : 271
Inscription : 20 oct. 18, 03:37
Localisation : "Une ville où il y a 37 cinémas"

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Cedric Gibbons »

Spongebob a écrit :Je ne sais pas si c'est le bon sujet pour en parler mais Pathé vient d'installer un écran de TV Samsung LED géant de 10 mètres de large pour remplacer un écran de projection classique.
Ça se passe dans la salle 8 du Pathé Beaugrennelle (Paris 15ème).

https://www.cinemaspathegaumont.com/act ... aiorKJRRnc
Bonjour,
Ne serait-il pas plus judicieux d'investir dans les projections 4K et l'Eclair Color ?

Moi aussi, l'idée de regarder un écran LED ne m'emballe pas à priori : je préfère la "douceur" de l'image de projection.

Et bien sûr, je ne parle pas du nombre de fois où j'ai eu une image sans piqué chez Pathé :(
Les films sont plus harmonieux que la vie
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14046
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Alexandre Angel »

hansolo a écrit :
Alexandre Angel a écrit : Mais oui, tout est là!!
Dès qu'il fait son Gunga Din, j'en peux déjà plus.
J'ai un rapport un peu compliqué avec The Party ...
A certains visionnages je suis mort de rire du début a la fin, a d'autres je reste stoïque devant certains gags
:oops:
Moi aussi, avec Blake Edwards au sens large.
Et The Party mélange plusieurs registres qui n'impactent pas tous de la même manière le spectateur.
Il y a de la sophistication à la Tati, un côté ballet : ça génère une espèce d'admiration esthète face à l'horlogerie burlesque. Tout le monde n'y est pas sensible.
Il y a aussi quelque chose de bouffon (c'est ça qui nous fait rire) typique de Blake Edwards. Ce dernier prépare souvent ses gags sous cape, nous faisant un peu macérer pour nous rendre dingue le temps d'un gag qu'on a l'impression d'avoir mérité (John Anderson qui passe à travers le plancher en s'enfonçant dans un tapis dans S.O.B. par exemple). Avec The Party, c'est une avalanche immédiate, et sans discontinuer, de gags à la fois sophistiqués et bouffons qui ne nous laisse pas reprendre notre souffle.
On aimerait que ça dure comme ça jusqu'au bout mais ce n'est pas possible. C'est pourquoi le film change de registre après le repas en devenant défoulatoire, moins introverti, moins pince sans rire et là, personnellement je ris moins.
Mais c''est cette richesse de registres qui en fait une manière de chef d'oeuvre.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Sybille
Assistant opérateur
Messages : 2148
Inscription : 23 juin 05, 14:06

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Sybille »

J'aime beaucoup The Party (même si fait qq années depuis mon dernier visionnage) et pourtant je suis du genre à rester stoïque devant. Toute façon je crois que je pourrais compter sur les doigts d'une main (deux à la rigueur) les films qui m'ont réellement fait rire ou pleurer. :!:
Avatar de l’utilisateur
Arn
Décorateur
Messages : 3744
Inscription : 19 oct. 17, 16:32

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Arn »

J'ai découvert Une femme sous influence de Cassavetes hier, à la cinémathèque. J'ai trouvé le film assez fantastique, avec des scènes touchants au sublime.

Mais si je poste dans ce topic c'est parce que j'ai eu beaucoup beaucoup de mal à ne pas en sortir à cause du public qui a pris ce film pour une comédie. Du début à la fin, les 3/4 salle s'esclaffer à chaque mimique de la fantastique Gena Rowlands. Même pendant la scène avec le médecin ! Alors certes il y a quelques moments ouvertement amusant dans le film, mais là j'avais vraiment l'impression de regarder autre chose. Une femme à quelques rangées de moi était au bord du fou rire à plusieurs reprise, à répéter certaines phrases.

Il y a eu des scènes où j'avais la larme à l'œil alors que pleins de monde pouffaient de rire. Mais pas moqueur, ils ont eu l'air d'apprécier ce film.

Les gens qui se marrent alors qu'il n'y a rien de drôle c'est loin d'être la première fois, c'est même très fréquent et une des choses qui me gênent le plus au cinéma. Mais je crois que c'est la première fois que je me suis senti autant en décalage avec la salle.
Et ça m'étonne d'autant plus du public de la cinémathèque.

Ou alors c'est moi qui ai pas compris le film. Ou qui manque de second degré. Mais bon j'ai un doute quand même.
Avatar de l’utilisateur
MJ
Conseiller conjugal
Messages : 12476
Inscription : 17 mai 05, 19:59
Localisation : Chez Carlotta

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par MJ »

Arn a écrit :Ou alors c'est moi qui ai pas compris le film. Ou qui manque de second degré. Mais bon j'ai un doute quand même.
Je crois que c'est une manière de conjurer un potentiel de malaise... C'est pareil au théâtre, ça m'exaspère.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14046
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Alexandre Angel »

Arn a écrit :Ou alors c'est moi qui ai pas compris le film. Ou qui manque de second degré. Mais bon j'ai un doute quand même.
Non, non, n'aie crainte.
Arn a écrit :Les gens qui se marrent alors qu'il n'y a rien de drôle c'est loin d'être la première fois, c'est même très fréquent et une des choses qui me gênent le plus au cinéma. Mais je crois que c'est la première fois que je me suis senti autant en décalage avec la salle.
Et ça m'étonne d'autant plus du public de la cinémathèque.
Je trouve ça assez inquiétant, en fait.

Il est intéressant ton témoignage parce qu'il me rappelle des sentiments que j'ai ressentis à la sortie du film. En fait, c'était un film dont on montrait un extrait à la télé (c'était chez Michel Drucker) et ça m’intéressait parce que c'était avec l'acteur de Colombo, une de mes séries préférées. Alors j'étais petit mais en voyant ces extraits, j'étais incapable de savoir si c'était du lard ou du cochon (très déstabilisant pour un gosse), si on était dans la comédie ou autre chose.

Comme par hasard, à la même période (il faudrait regarder les dates de sortie sur IMDB), sortait Vol au dessus d'un nid de coucou, abordant aussi le thème de la folie et de la pathologie psy, bien que dans ce dernier cas, cela soit plus un prétexte à dénoncer l'abus de pouvoir alors que le Cassavetes est beaucoup plus "clinique" et centré sur la maladie mentale.

Mais dans les deux cas, les extraits vus me désorientaient : ça avait l'air drôle et dur à la fois.

Je précise, mais tu l'auras compris, que ce ne sont pas des films que j'ai vus à leur sortie!

Pour en revenir au sujet du topic, les gens qui rient alors que c'est pas drôle me font me transformer en Incroyable Hulk.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
cinéfile
Assistant opérateur
Messages : 2270
Inscription : 19 avr. 10, 00:33
Localisation : Bourges

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par cinéfile »

MJ a écrit :Je crois que c'est une manière de conjurer un potentiel de malaise...
Oui, tout à fait d'accord avec ça !

Cela ressemble davantage à une réaction nerveuse pour désamorcer un malaise : le spectateur est exposé à une situation à l'écran dont il ne sait que faire, hors des codes traditionnels de la "bienséance fictionnelle"... Il ne s'agit pas d'un rire de connivence envers le film.
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18368
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Kevin95 »

A cela, on peut ajouter une bonne dose de cynisme. J'ai justement rendu ma carte de la Tek à cause de ça, lorsque je me suis aperçu qu'une partie du public se foutait ouvertement du film - indifféremment devant du bis ou du classique - au point d'en gâcher la projection. Lorsqu'on a les larmes au yeux au milieu d'une avalanche de ricanements, on éprouve de la honte avant d'être profondément furax.

Je crois que c'est De Palma qui disait ne pas supporter de voir un film avec un large public... You damn right Brian.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14046
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Alexandre Angel »

Kevin95 a écrit :A cela, on peut ajouter une bonne dose de cynisme. J'ai justement rendu ma carte de la Tek à cause de ça, lorsque je me suis aperçu qu'une partie du public se foutait ouvertement du film - indifféremment devant du bis ou du classique
Tout à fait d'accord. En lisant Arn, c'est cela que j'ai perçu. On parle d'un public de la Cinémathèque, qui est censé avoir l'habitude de ne pas rire nerveusement, en général.
Donc, en toute logique, ça pourrait ressembler à du cynisme, ce qui est plus antipathique que des gens qui rient nerveusement.

Et, je le redis, ça traduit quelque chose d'inquiétant sur l'air du temps. Cette tendance inique de ne plus rien hiérarchiser, de tout mettre sur le même plan.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
cinéfile
Assistant opérateur
Messages : 2270
Inscription : 19 avr. 10, 00:33
Localisation : Bourges

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par cinéfile »

Oui, et c'est particulièrement désespérant venant d'un public, qui j'imagine, sait un peu près à quel type de proposition cinématographique il aura à faire en entrant dans la salle... (Cassavetes, c'est pas un obscur réal du fin fond des temps primitifs du cinéma...).

Ce serait plus excusable de la part de spectateurs profanes. Mais en pratique, cela reste peu probable tant les publics sont segmentés aujourd'hui.

Dans le cas présent, il me semble que c'est un phénomène assez parisien. Le public devient blasé face à l'abondance de l'offre. Vieux débat...

A titre de comparaison, j'avais revu Opening Night il y a quelques années dans le petit cinéma art-et-essai de ma ville (Bourges) et la séance s'était très bien passé. Il s'agissait d'une séance unique (on était 15 dans la salle) et j'imagine que chacun était très content de pouvoir profiter d'un Cassavetes sur grand écran !
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54765
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: La séance en salle : une expérience collective ?

Message par Flol »

Kevin95 a écrit :Je crois que c'est De Palma qui disait ne pas supporter de voir un film avec un large public... You damn right Brian.
Je l'aime encore plus (malgré Domino).
J'ai déjà dû le dire 12 fois dans ce topic, mais effectivement les gens qui rigolent pour rien (surtout quand c'est pas drôle), ça me tend mais alors d'une force...
Même devant une comédie, ça peut me tendre : un gars à côté de moi qui pleurerait de rire sur une scène juste rigolote, ça me bloque, mon rire à moi se retrouve comme paralysé par un type qui partirait dans les extrêmes et en ferait des caisses.
Donc encore une fois, l'expérience collective que représenterait la salle de ciné, je crois que je m'en fous de plus en plus complètement.
Répondre