On peut penser à Ozu aussi.Alexandre Angel a écrit :Les deux parties fonctionnent comme des vases communicants : ce qui couve et incube tout au long de la soirée de Noël (même si c'est pas Noël ) trouve naturellement (et douloureusement) à s'exprimer dans la dernière séquence. La grande erreur que j'avais faite à la sortie du film (il y a prescription) était de le prendre comme un film à costumes à la Ivory (en plus, en 1987, on était en plein dedans). La véritable filiation de The Dead est cette catégorie d'œuvres filmiques qui s'ancre dans le passé pour mieux faire émerger une réflexion sur le temps qui, brutalement, va nous saisir un peu comme Gertrud ou Fanny et Alexandre, même si , dans ce dernier cas, les implications sont plus ésotériques.Strum a écrit :Je ne crois pas qu'il y ait une déconnection entre la fin du film et la première partie.
Gens de Dublin (John Huston - 1987)
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Pourquoi pas ? A ceci près qu'il n'y a pas chez Ozu cette dimension incantatoire, très légèrement fantastique (certaines images de Dublin sous la neige, arpenté par une calèche, ont quelque chose de féerique).AtCloseRange a écrit :On peut penser à Ozu aussi.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Je ne trouve pas. Chez Ozu, le quotidien dit la totalité de la vérité du monde (à tel point que même l'action d'éplucher une pomme de terre a un sens et peut dire la tristesse). Pas dans The Dead où le quotidien est une enveloppe, épaisse et nécessaire mais une enveloppe quand même, du creux ou du noyau neigeux que la fin du film révèle.AtCloseRange a écrit :On peut penser à Ozu aussi.
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
La fête que célèbrent les personnages est l'Épiphanie, qui se situe le 6 janvier.Strum a écrit :Effectivement, je ne m'en souvenais plus, mais tu as raison. Cela se passe après Noël. On reste cependant dans quelque chose de très ritualisé.AtCloseRange a écrit :Il me semble que ça se passe une semaine après. Je ne sais pas si ça correspond à quelque chose de particulier ou s'il y a une raison particulière dans ce choix (à part justement s'éloigner du côté rituel, tout en restant proche d'une ambiance de fête).
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Evidemment. Merci. C'est encore plus parlant (presque trop) : l'Epiphanie célébrée dans la première partie du film comme rituel manifestant la vie, se transforme en epipháneia ("apparition", "révélation") personnelle pour le couple à la fin du film, lorsque la musique puis la neige leur rappellent leur destin commun de mortels.Thaddeus a écrit :La fête que célèbrent les personnages est l'Épiphanie, qui se situe le 6 janvier.
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Plus généralement, je ressens The Dead comme appartenant à un certain corpus de films (que je prise depuis longtemps) qui délivre in fine une émotion intense, submergeante, qui agit comme une révélation : qu'elle soit d'obédience mystique (Ordet), transcendantale (Voyage en Italie), mélodramatique (Elle et lui), impressionniste (Une partie de campagne) douloureusement apaisante (La Fièvre dans le sang), mélodramatique dans un registre funèbre (Imitation of life) et aussi, donc, incantatoire, comme ici..
Comme une famille secrète..
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
J'y vois un lien parce que là aussi on est dans un monde très ritualisé où chacun doit trouver sa place quitte à sacrifier sa propre vie, son propre bonheur.Strum a écrit :Je ne trouve pas. Chez Ozu, le quotidien dit la totalité de la vérité du monde (à tel point que même l'action d'éplucher une pomme de terre a un sens et peut dire la tristesse). Pas dans The Dead où le quotidien est une enveloppe, épaisse et nécessaire mais une enveloppe quand même, du creux ou du noyau neigeux que la fin du film révèle.AtCloseRange a écrit :On peut penser à Ozu aussi.
Un monde de gens "bien" d'une certaine façon même si je me méfie toujours de ce terme.
En tout cas, dans les deux cas, on est toujours dans une représentation bienveillante (et convaincante).
Vu ma nature profonde j'avoue que lorsqu'on arrive à me convaincre, c'est que c'est fichtrement réussi
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Enfin vu « Gens de Dublin » hier soir.
Je l’avais manqué a sa sortie, alors pourtant que Huston était un realisateur important pour moi à l’epoque.
Ecrasé par sa reputation, ce film m’a peu intéressé.
Je ne m’attendais pas à ca. Plutot peut etre a un film au ton « cynique », avec peinture cru et acide d’un microcosme social. Ou à un « grand » film.
Le film n’est rien de cela: tres modeste, sans reel ressort, bienveillant, profondément déprimant, il n’existe que par sa rupture au 4/5ieme du film.
On pourrait bien vanter à juste titre la mise en scene fluide et sensible sur, ce que faute de mieux, j’appellerai la 1ere partie. Mais franchement rien de bien originale. On attends poliment qu’il se passe quelquechose, que le film bascule, ... mais voila le diner où tout le monde un peu en en mode « survival » est terminé. Avec pour seul point d’orgue le discours, somme toute particulièrement mortifère à son insu, du mari.
Sur ce dernier quart heure, le film prends enfin vie. Mais meme la « revelation » est tragi-comique:
J’avais completement oublié le contexte de la creation de ce film, c’est la lecture des deux pages qui precedent qui me l’ont rappelé.
L’audace et la beauté du monologue final prend alors un autre sens.
Je lui préfère toutefois le « So long Bastard » de John Ford (citation de memoire...)
Le film a profondément ennuyé et déprimé mon fils. Donc j’attendrais un peu pour lui faire découvrir Mort à Venise.
Je l’avais manqué a sa sortie, alors pourtant que Huston était un realisateur important pour moi à l’epoque.
Ecrasé par sa reputation, ce film m’a peu intéressé.
Je ne m’attendais pas à ca. Plutot peut etre a un film au ton « cynique », avec peinture cru et acide d’un microcosme social. Ou à un « grand » film.
Le film n’est rien de cela: tres modeste, sans reel ressort, bienveillant, profondément déprimant, il n’existe que par sa rupture au 4/5ieme du film.
On pourrait bien vanter à juste titre la mise en scene fluide et sensible sur, ce que faute de mieux, j’appellerai la 1ere partie. Mais franchement rien de bien originale. On attends poliment qu’il se passe quelquechose, que le film bascule, ... mais voila le diner où tout le monde un peu en en mode « survival » est terminé. Avec pour seul point d’orgue le discours, somme toute particulièrement mortifère à son insu, du mari.
Sur ce dernier quart heure, le film prends enfin vie. Mais meme la « revelation » est tragi-comique:
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J’avais completement oublié le contexte de la creation de ce film, c’est la lecture des deux pages qui precedent qui me l’ont rappelé.
L’audace et la beauté du monologue final prend alors un autre sens.
Je lui préfère toutefois le « So long Bastard » de John Ford (citation de memoire...)
Le film a profondément ennuyé et déprimé mon fils. Donc j’attendrais un peu pour lui faire découvrir Mort à Venise.
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
C'est pile poil ce que j'aurais pu dire en sortant de la salle en 88, et que j'ai du dire même.The Eye Of Doom a écrit :Le film n’est rien de cela: tres modeste, sans reel ressort, bienveillant, profondément déprimant, il n’existe que par sa rupture au 4/5ieme du film.
On pourrait bien vanter à juste titre la mise en scene fluide et sensible sur, ce que faute de mieux, j’appellerai la 1ere partie. Mais franchement rien de bien originale. On attends poliment qu’il se passe quelquechose
Sauf que ce n'est pas possible de rester sur cette position. Il n'y a pas que le contexte, le film est aussi un modèle d'adaptation fine et intelligente d'un matériau littéraire dont il n'est pas difficile d'imaginer, même si on ne l'a pas lu, qu'il puisse être retors à une transcription cinématographique.
Tu seras obligé d'y revenir. Un des plus beaux films du monde qui jette une lumière rétrospective magnifique sur l'oeuvre du réalisateur. La plus belle fin de filmographie de tous les réalisateurs américains jusqu'à nouvel ordre. Raoul Walsh, John Ford, William Wellman, Howard Hawks peuvent être jaloux...
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Mais pas, à mes yeux hein, Kubrick, Lumet ou encore Mankiewicz...Alexandre Angel a écrit : La plus belle fin de filmographie de tous les réalisateurs américains jusqu'à nouvel ordre. Raoul Walsh, John Ford, William Wellman, Howard Hawks peuvent être jaloux...
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Je te suivrais sur Kubrick.
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Et Laughton.Watkinssien a écrit :Mais pas, à mes yeux hein, Kubrick, Lumet ou encore Mankiewicz...Alexandre Angel a écrit : La plus belle fin de filmographie de tous les réalisateurs américains jusqu'à nouvel ordre. Raoul Walsh, John Ford, William Wellman, Howard Hawks peuvent être jaloux...
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Note bien que je dis pas que t'as raison, mais je dis pas non plus que t'as tort.Flol a écrit :Et Laughton.
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
Peut etre ou peut etre pas.Alexandre Angel a écrit : Tu seras obligé d'y revenir.
En attendant, entre le constat dernièrement de l'éclat inalterable de « l’homme qui voulu etre roi » et la deception de « Gens de Dublin », Je suis tenter de revisiter au petit bonheur la filmo de Huston: j’ai le Vent dans la plaine, les racines du ciel et Fat city sous la main, en attendant de trouver « Annie » et « Phobia ».
Pour les derniers films, Sleuth est quand meme un beau testament.
- Alexandre Angel
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Re: Gens de Dublin (John Huston - 1987)
C'est bien mais, d'une part, je ne trouve pas que ça ait l'éclat émotionnel du Huston (bon en même temps c'est pas du tout le même ton) mais surtout, ce n'est pas un film testamentaire : il date de 1972 et Mankiewicz est mort en 1993. C'est juste un arrêt de la filmographie mais ce n'est pas dû à l'âge.The Eye Of Doom a écrit :Pour les derniers films, Sleuth est quand meme un beau testament.
Bon en même temps, je n'ai jamais précisé ça plus haut : il était juste question de fin de filmo (oui, c'est vrai, c'est vrai...). Mais c'est quand même le Huston qui gagne
Dernière modification par Alexandre Angel le 9 mai 20, 13:41, modifié 1 fois.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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