Pour découvrir Andrea Riseborough il faut commencer par voir le W.E. de Madonna, film qui révéla au "grand" public cette actrice incroyable qui débuta très tôt (9 ans) sa carrière au théâtre. Elle finit par intégrer la prestigieuse Royal Shakespeare Company et se fit remarquer dans les pièces Mademoiselle Julie et surtout Ivanov, face à Kenneth Branagh, puis part jouer à Broadway dans The Pride (2010).
Touche à tout, elle débute au cinéma (Be Happy, de Mike Leigh avec Sally Hawkins comme partenaire principale avec qui elle jouera de nouveau plus tard dans We want sex equality). Elle passe sept mois à préparer un rôle pourtant secondaire pour Mike Leigh. De lui elle déclara : "Je lui dois beaucoup. Il m'a énormément appris, notamment dans sa manière de n'accepter aucun compromis pour réaliser le film qu'il a envie de faire."
Mais c'est surtout la télévision qui lui offre son premier grand rôle en tant que.. jeune Margaret Thatcher (bien avant Meryl Streep donc) dans The Long Walk to Finchley puis dans la mini-série BBC The devil's whore (j'y reviens plus bas).
Puis Madonna la choisit... pour son nouveau film pour incarner Wallis Simpson, suite à la défection de Vera Farmiga (In the air).
W.E. fut massacré à sa sortie (et notamment à sa présentation au festival de Venise) pour la principale raison (selon moi) qu'il fut réalisé par Madonna.
Et pourtant peu à peu, les cinéphiles rendent justice à ce film "incroyablement beau" comme l'avait écrit le Los Angeles Time.
Beau pour sa photographie splendide et sa bande originale entêtante, beau pour la somptuosité des décors, accessoires et costumes, mais beau surtout grâce à ses acteurs et en premier lieu sa révélation, Andrea Riseborough, mais aussi Abbie Cornish, Oscar Isaac et James d'Arcy (impeccable en roi Edouard VII). En dépit d'un sujet polémique (voir mes critiques à ce sujet dans le topic du film), Madonna a réussi un beau film d'amour et de fascination au féminin.
Ma seconde claque avec l'actrice fut la mini-série anglaise The devil's whore (2008) inspirée par les événements autour de la révolution anglaise. The Devil's Whore relate sur plusieurs années les évènements de la Première révolution anglaise qui ont mené à la condamnation à mort du roi Charles Ier d'Angleterre, à l'abolition de la monarchie pour l'instauration du Commonwealth de l'Angleterre. Andrea Riseborough est Angelica Fanshawe, un personnage fictif, qui croise plusieurs personnages historiques tels que les niveleurs Edward Sexby et Thomas Rainsborough, l'homme politique Oliver Cromwell ou encore le libertaire John Lilburne.
Andrea y incarne un personnage de femme extraordinaire, un peu Angélique marquise des anges.. version trash. Angélique marquise des enfers, quoi. Violée, brutalisée, c'est pourtant elle qui au final prend le dessus sur tous ces hommes brutaux, joués notamment -excusez du peu- par Dominic "The wire" West, John Simm (Life on earth) et Michael Fassbender, excusez du peu !
Andrea Riseborough a un physique assez particulier qui lui permet selon les films de jouer les pauvres filles malmenés ou délaissés (par exemple, dans Brighton Rock), ou bien de ravager les cœurs.. En ce sens, c'est une actrice un peu dans la lignée de Bette Davis. La presse l'a comparé également à Tilda Swinton pour son côté cérébrale. Mais physiquement, c'est quand même autre chose..
Elle le dit elle même en interview : "J'ai la chance d'être assez jolie pour jouer des rôles de femme séduisante et d'avoir un visage malléable pour interpréter aussi des plus ingrates."
Avec Oblivion, Andrea a franchit par la grande porte (un blockbuster plutôt réussi avec la méga star Tom Cruise) un grand pas vers Hollywood. Faut-il s'en réjouir ? Cela semble la destinée de toutes les grandes actrices anglaises depuis longtemps.
Elle est ensuite au casting de l'oscarisé Birdman d'Alejandro González Iñárritu, avec Emma Stone, et Edward Norton. Un rôle secondaire mais intéressant dans un film qui ne m'a pas totalement convaincu en dépit de ses qualités et de très bonnes scènes.
Photographiée par Chantelle Dosser pour Flaunt Magazine.
- Be Happy "Happy-Go-Lucky" (2008, Mike Leigh)
- Margaret Thatcher: The Long Walk to Finchley (2008)
- The Devil's Whore (TV mini-series, 2008)
- We Want Sex Equality (2010), dans un second rôle haut en couleurs, choucroute en guise de coiffure, elle tire son épingle du jeu et fait exister avec peu de scène son personnage d'ouvrière grande gueule aux mœurs légères.
- Never let me go (2010), dans un petit rôle de pensionnaire très particulière aux côtés de Keira Nightley et Carey Mulligan, de la science-fiction sans effets spéciaux sur des thématiques proches de The island mais traitées de façons radicalement opposées...
- Brighton Rock (2010), nouvelle adaptation cinématographique de Graham Greene par Rowan Joffé de Brighton Rock, elle y tient le rôle d'une pauvre fille naïve (voir carrément nunuche) aux côtés d'Helen Mirren, John Hurt et surtout d'un autre grand espoir britannique: Sam Riley (très bon dans Joy Division et Sur la route) .
- Resistance (2011)
- Oblivion (2013), film de science fiction esthétiquement très réussi et plutôt sans surprise dans sa narration (ce qui est un point négatif pour beaucoup qui l'ont trouvé "prévisible" mais qui ne l'est pas pour moi qui déteste les intrigues tirés par les cheveux et à multiples twists finals).
- Disconnect (2012)
- Shadow Dancer (2012)
- Welcome to the punch (2013)
- Birdman (2014)
- The Silent Storm (2014)
- Hidden (2015)
- The Crow (2016)
Brighton Rock
We want sex equality
Resistance
Disconnect
Enlaidie pour Birdman