Thriller qui agit essentiellement sur la notion de suspense. Lorsque l’intrigue révèle ses éléments narratifs, le récit perd de sa richesse parce qu’il ne s’appuie pas assez dans la profondeur et la complexité. On regrettera que dès l’entame, la voix off du personnage principal nous offre tous les éléments constituant l’univers dans lequel il se trouve ; procédé qui appauvrit justement les possibilités du spectateur de se mouvoir librement dans le récit.
Si visuellement l’univers peut sembler original, il se construit sous haute influence. On peut penser à une forme de compilation des grandes réussites SF du septième art : de la
Planète des singes à
2001 en passant par
Wall-E. Kosinski est un élève appliqué, de bon goût, mais sans grande personnalité, organisant sa dramaturgie autour de thématiques bien connues de dystopie, d’intelligence métaphysique ou de clonage.
Au-delà du dévoilement des péripéties et des clins d'œil cinéphiles, l’intérêt se situe dans l’univers visuel original et épuré. Peu de personnages, peu d’éléments visuels de tous ordres, on se retrouve dans une forme d’austérité des éléments narratifs, qui du coup, prennent de la valeur par leur rareté et la précision des traits. Les images offertes sont clairement identifiables, offrant presque le sentiment de l’intimité à l’intérieur d’un univers gigantesque. Le cinéaste réussit parfaitement à créer une atmosphère spécifique. Pour autant, Oblivion, symbole de l’oubli, avec ses personnages gardiens de la mémoire de l'humanité, méritait sans doute un autre traitement narratif beaucoup moins stéréotypé. Kosinski, paralysé par ses réminiscences et ayant peur d’être original, se protège par une ambition esthétique. Se situe là à la fois la force et la faiblesse du cinéaste. Il manque de courage, c’est indéniable.
Très agréable à suivre sur le plan formel mais aussi par sa belle distribution de comédiens, on ressort néanmoins du film avec un sentiment de trop peu et de gâchis par rapport au potentiel.