Nationalité : Américain Réalisateur : Kathryn Bigelow Acteurs : Jessica Chastain, Jason Clarke, Joel Edgerton Genre : Thriller, Action Durée : 2h29 Date de sortie : 23 janvier 2013 Année de production : 2012 Titre Original : Zero Dark Thirty
L'histoire
Le récit de la traque d'Oussama Ben Laden par une unité des forces spéciales américaines...
Après Démineurs le dernier Kathryn Bigelow est à nouveau candidat aux oscars.
Premier avis :
lowtek a écrit :Zero dark thirty= 7/10
Un film très impressionnant, surtout dans sa dernière demi-heure. Probablement sur-dramatisé (l'agente de la CIA qui doit lutter contre sa hiérarchie pour retrouver Ben Laden, ça n'est pas très crédible). Un seul regret: voir des acteurs français comme Reda Kateb condamnés à incarner des terroristes (comme Sami Bouajila à l'époque de the Siege).
Dernière modification par Karras le 27 janv. 13, 23:57, modifié 1 fois.
1) J'aurais une réserve sur le prisme parfois étroit qu'adopte le scénario (peut-être nécessaire à des fins d'efficacité dramatique), à savoir qu'interviennent toujours les mêmes agents, à partir du même endroit (l'ambassade US au Pakistan). Le travail de renseignement américain met en liaison différentes antennes de la CIA situées partout dans le monde, et je pense (non, mieux, j'en suis persuadé) que ce gigantesque labeur de localisation a dû mettre plus d'une fois en réseau, et en coopération directe, différents acteurs à travers le Moyen-Orient. Le film fait le choix de coller au personnage de Jessica Chastain et son environnement de travail, mais me semble lacunaire par rapport à la mise en perspective internationalisée du travail de rens' américain.
2) Je trouve pour le moins surprenant que la réalisatrice montre frontalement les morts de la garde rapprochée de Ben Laden lors de cette captivante attaque, et élude pudiquement la sienne. Ce partis-pris du hors-champ (montage allusif, écran d'appareil photo qui fait rideau, barbe qui dépasse du sac) vis à vis de Ben Laden, vivant ou mort, peut constituer un choix éthique ou philosophique mais Kathryn Bigelow a moins de scrupules à montrer d'autres se faire abattre durant l'opération, donc je m'interroge.
3) Lorsque Jessica Chastain se met à entrer dans une logique personnelle et déterminée de vengeance, au prix de la rendre robotisée et limite antipathique, j'ai prié pour que le film ne se complaise pas dans les facilités dramatiques que ça aurait pu impliquer (suivez mon regard). Fort heureusement, la scène finale, où cette femme désentimentalisée par la dureté de son travail, prend la mesure du vide qui vient de s'ouvrir dans son existence ("où va-t-on maintenant ?", pas de réponse possible) et du non apaisement, de la non consolation que lui procure en définitive l'accomplissement de sa vengeance, et se met à pleurer toutes les larmes de son corps, vient nier tout cela en offrant une remise en perspective morale et humaniste salutaire.
De manière générale, le plus beau compliment que je puisse faire à Zero Dark Thirty est d'être, de mon point de vue, aussi béton dans sa représentation du travail de renseignement post 11 septembre, qu'A la poursuite d'Octobre Rouge l'avait été vis-à-vis de celui en temps de Guerre froide.
Donc merci, et bravo, Madame Bigelow.
1) J'aurais une réserve sur le prisme parfois étroit qu'adopte le scénario (peut-être nécessaire à des fins d'efficacité dramatique), à savoir qu'interviennent toujours les mêmes agents, à partir du même endroit (l'ambassade US au Pakistan). Le travail de renseignement américain met en liaison différentes antennes de la CIA situées partout dans le monde, et je pense (non, mieux, j'en suis persuadé) que ce gigantesque labeur de localisation a dû mettre plus d'une fois en réseau, et en coopération directe, différents acteurs à travers le Moyen-Orient. Le film fait le choix de coller au personnage de Jessica Chastain et son environnement de travail, mais me semble lacunaire par rapport à la mise en perspective internationalisée du travail de rens' américain.
2) Je trouve pour le moins surprenant que la réalisatrice montre frontalement les morts de la garde rapprochée de Ben Laden lors de cette captivante attaque, et élude pudiquement la sienne. Ce partis-pris du hors-champ (montage allusif, écran d'appareil photo qui fait rideau, barbe qui dépasse du sac) vis à vis de Ben Laden, vivant ou mort, peut constituer un choix éthique ou philosophique mais Kathryn Bigelow a moins de scrupules à montrer d'autres se faire abattre durant l'opération, donc je m'interroge.
3) Lorsque Jessica Chastain se met à entrer dans une logique personnelle et déterminée de vengeance, au prix de la rendre robotisée et limite antipathique, j'ai prié pour que le film ne se complaise pas dans les facilités dramatiques que ça aurait pu impliquer (suivez mon regard). Fort heureusement, la scène finale, où cette femme désentimentalisée par la dureté de son travail, prend la mesure du vide qui vient de s'ouvrir dans son existence ("où va-t-on maintenant ?", pas de réponse possible) et du non apaisement, de la non consolation que lui procure en définitive l'accomplissement de sa vengeance, et se met à pleurer toutes les larmes de son corps, vient nier tout cela en offrant une remise en perspective morale et humaniste salutaire.
De manière générale, le plus beau compliment que je puisse faire à Zero Dark Thirty est d'être, de mon point de vue, aussi béton dans sa représentation du travail de renseignement post 11 septembre, qu'A la poursuite d'Octobre Rouge l'avait été vis-à-vis de celui en temps de Guerre froide.
Donc merci, et bravo, Madame Bigelow.
Ratatouille a écrit :
Mais en terme de cinéma pur, c'est bien ou pas ?
De ce point de vue, j'ai une totale confiance en la cinéaste. J'imagine qu'avec une note pareille et connaissant Demi-Lune, il n'a pu trouver que la mise en scène parfaite.
Moi aussi je lui fais confiance, j'avais adoré son précédent essai ; mais si Demi-Lune pouvait un peu plus développer son avis d'un point de vue cinématographique...(enfin je le force pas, hein)
Jeremy Fox a écrit :En étant resté sur le choc Démineurs, j'irais voir celui-ci.
N'ayant pas oublié tout ce qu'elle a pu faire de bien avant le certes pas mauvais mais bien surfait quand même "Démineurs" (des "Oscars", vraiment ? ) et ayant beaucoup de respect pour cette grande - et belle de surcroît - cinéaste, j'irai voir le film ...
Je n'avais pas aimé la caméra à l'épaule de Démineurs. Est ce le cas ici ?
Souhaits : Alphabétiques - Par éditeurs - « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
J'avais détesté Démineurs à cause de sa putain de shakycamera. Là, la mise en scène est beaucoup plus "posée" - disons qu'elle trouve l'équilibre entre ce qu'il faut de nervosité et de lisibilité. Je ne comprends pas que Bigelow n'ait pas été nominée alors que sa mise en scène pour Démineurs était largement plus sujette à des tics. N'attendez toutefois pas un film d'action à proprement parler, même si la réalisation est physique. Pendant 2 heures, c'est du travail de rens' pur et dur, avec tous les côtés peu reluisants que ça a impliqué (ces fameuses scènes de torture qui font polémique aux USA - comme si le film nous apprenait leur existence, sérieux). Ce qui s'y rapproche le plus, c'est l'attaque des Navy Seals, qui occupe la dernière demi-heure du film, et qui est à mon sens un sacré moment de pelloche. Tendu comme un slip et incroyablement immersif, c'est comme si on faisait partie de l'opération, aux premières loges. Mais ce n'est pas de l'action à proprement parler ; au contraire, c'est très précautionneux, très méticuleux, ultra réaliste. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser un peu à Aliens pour le choix cinématographique de filmer la plus grande partie de l'action au travers des points de vue subjectifs des commandos, en vision nocturne.
Dernière modification par Demi-Lune le 23 janv. 13, 18:28, modifié 1 fois.
Jeremy Fox a écrit :En étant resté sur le choc Démineurs, j'irais voir celui-ci.
N'ayant pas oublié tout ce qu'elle a pu faire de bien avant le certes pas mauvais mais bien surfait quand même "Démineurs" (des "Oscars", vraiment ? ) et ayant beaucoup de respect pour cette grande - et belle de surcroît - cinéaste, j'irai voir le film ...
C'est pourtant ce qu'elle a fait de mieux.
De loin.
Demi-Lune a écrit :J'avais détesté Démineurs à cause de sa putain de shakycamera. Là, la mise en scène est beaucoup plus "posée" - disons qu'elle trouve l'équilibre entre ce qu'il faut de nervosité et de lisibilité. Je ne comprends pas que Bigelow n'ait pas été nominée alors que sa mise en scène pour Démineurs était largement plus sujette à des tics. N'attendez toutefois pas un film d'action à proprement parler, même si la réalisation est physique. Pendant 2 heures, c'est du travail de rens' pur et dur, avec tous les côtés peu reluisants que ça a impliqué (ces fameuses scènes de torture qui font polémique aux USA - comme si le film nous apprenait leur existence, sérieux). Ce qui s'y rapproche le plus, c'est l'attaque des Navy Seals, qui occupe la dernière demi-heure du film, et qui est à mon sens un sacré moment de pelloche. Tendu comme un slip et incroyablement immersif, c'est comme si on faisait partie de l'opération, aux premières loges. Mais ce n'est pas de l'action à proprement parler ; au contraire, c'est très précautionneux, très méticuleux, ultra réaliste. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser un peu à Aliens pour le choix cinématographique de filmer la plus grande partie de l'action au travers des points de vue subjectifs des commandos, en vision nocturne.
J'aime également beaucoup Démineurs, en plus généralement je trouve le cinéma de Kathryn Bigelow assez passionnant et cohérent... J'ai donc hâte de découvrir ce Zero dark thirty. Et l'avis de Demi-Lune sur ce film me rassure, même si je n'avais pas spécialement peur...
"Vouloir le bonheur, c’est déjà un peu le bonheur"
jacques 2 a écrit :
N'ayant pas oublié tout ce qu'elle a pu faire de bien avant le certes pas mauvais mais bien surfait quand même "Démineurs" (des "Oscars", vraiment ? ) et ayant beaucoup de respect pour cette grande - et belle de surcroît - cinéaste, j'irai voir le film ...
C'est pourtant ce qu'elle a fait de mieux.
De loin.
Ca se discute : c'est pour cela qu'on est là ...
Je préfère donc - et de loin - "Near dark", "Point break" ou "Blue steel" ...
Globalement d'accord avec Demi-Lune. Un sacré travail documentaire quelque fois assez complexe à suivre par rapport aux multiples ramifications d'Al Qaïda. Le personnage de Chastain m'a un peu fait pensé pour sa détermination à celui de Julia Roberts dans Erin Brockovich ( sans doute un peu à cause de la ressemblance physique ) l'humour en moins ( quoique parfois elle se lâche ). On retrouve dans l'attaque de la résidence de OBL la tension propre à Démineurs. La grande trouvaille de cette partie c'est, je trouve, l'absence totale de musique additionnelle : le silence qui entoure la progression renforce vraiment bien la tension même si on connait le dénouement. Après Django, c'est le deuxième film de vengeance de ce début d'année, avec également sa dose de violence polémique : je serais curieux des réactions de ceux qui se sont offusqués de celle jugée "gratuite" dans le film de Tarantino et pas seulement à cause des scènes de torture.
) et ayant beaucoup de respect pour cette grande - et belle de surcroît - cinéaste, j'irai voir le film ... 
