Martine Cachet a écrit :Le problème, c'est qu'il faut des budgets assez faramineux pour amener les publics en salle. Etre rassembleur, c'est forcément faire un film avec du pognon et des stars à gogo pour proposer un spectacle. Alors évidemment, c'est pas tout le temps le cas mais quand on voit Intouchables ou Les Ch'tis c'est du 10 millions d'euros minimum pour des réalisateurs qui ont déjà fait leur preuve avec des oeuvres tout aussi populaires mais moins bankables.
Il y a au moins 3 problèmes de fond là dedans.
Le premier, c'est que non, le budget n'a rien à voir avec la capacité d'amener un public en salles, notamment pour une comédie. Quels moyens sont mis en place qui justifieraient d'ailleurs un budget faramineux ? Non, le souci, c'est qu'actuellement, le système de production des comédies françaises est à la fois un trou noir et une espèce d'El Dorado, d'où le nombre de succès plus ou moins surprises vaut probablement au moins autant que le nombre de catastrophes industrielles. Sauf que comme le goût des français semblent finalement assez aléatoires, l'inconnue financière semble être lesquels de ces nanars en tout genre sera un succès incompréhensible et lesquels seront des échecs tout aussi incompréhensibles (vu que visiblement, c'est pas la qualité qui joue).
Le 2e, c'est qu'être rassembleur n'a rien à voir non plus avec la quantité de pognon et de stars à gogo. Sinon, ce serait juste de la cuisine, mais ça n'expliquerait pas la quantité de films bankables sur le papier qui se vautrent lamentablement (genre Stars 80 2, au hasard).
Enfin, le 3e c'est la notion des réalisateurs ayant fait leurs preuves. Qui aujourd'hui parmi le grand public suit les comédies françaises là dessus ? Qui sait ce qu'a fait Laurent Thirard ? Qui est derrière Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? Si ce n'est pas écrit en haut de l'affiche "par les réalisateurs de", je doute que qui que ce soit fasse le lien. Et c'est logique, vu qu'à l'image, tous ces films ressemblent à la même soupe TV filmesque dont rien ne justifie de telles rétributions.
Aujourd'hui, le souci est probablement là : la sensation d'une bulle dans laquelle tous les délires financiers sont possibles, et pis on verra bien si ça marche.
Martine Cachet a écrit :Pour moi, tout le monde est gagnant dans ce système et pour une daube qui va marcher à coup sûr, combien de films intéressants sortent.
Le problème est que ces films intéressants n'ont aucune carrière en salles, et parfois aucune en vidéo, et parfois aucune à la TV, ou alors à 23h et sur Arte.
Aujourd'hui, ces bouses qui rapportent du pognon captent le public, et captent aussi les écrans, le temps de prime-time, etc.
Les autres films se partagent des miettes, et on peut alors se demander s'ils gagnent vraiment de ce système qui sert surtout à faire tourner les mêmes nantis en boucle 10 séances par jour 4 fois par an, pendant que les autres films, de plus en plus nombreux pourtant, essaient tant bien que mal d'exister.
Si on prend les nouvelles productions françaises, elles représentent 50% des films en salles (contre environ 40% en 1996), mais 33% des entrées réalisées (fluctuant mais au final stable depuis 1996). Il y a donc de plus en plus de films français produits, mais une part de marché qui stagne niveau entrées !
Sauf qu'environ la moitié des entrées sont faites par la poignée de films dépassant le million d'entrées, et de plus en plus de films se partagent donc les miettes.
Faut pas oublier qu'à lui seul en 2015, Les Tuches 2 a fait autant d'entrées que 2 940 films français en exploitation (ce qui tient compte des ressorties) cumulés.