Un pays, un film ...

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Karras
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Un pays, un film ...

Message par Karras »

En ces temps d'après J.O., je me demandais si l'on pouvait déterminer le ou les films qui représentent le mieux un pays en particulier.
Quel est, pour vous, le film ( ou les quelques films que l'on pourra limiter à 5 ) qui symbolise le mieux un pays, qui reflète au plus juste l'âme de ses habitants, sa culture, la beauté de ses paysages ou son évolution historique ; bref,si vous aviez un ou quelques films à conseiller pour symboliser un pays ou servir de relais à la découverte de sa culture, quel serait-t-il ?

Je débute avec quelques exemples :

Japon : Certainement un film d'Ozu, Voyage à Tokyo pour sa mélancolie et aussi Lost in Translation pour le japon moderne.
Italie : Un film avec Sophia Loren, sans doute, Hier, aujourd'hui et demain. Un incontournable de Fellini, Amarcord ou Nous nous sommes tant aimés de Scola.
Suède : Bergman, bien sur, peut être Les communiants.
Espagne : Cría cuervos me vient d'abord à l'esprit, sans doute aussi un film d'Almodovar
Etats Unis : Un western en premier : la prisonnière du désert pour ses paysages, Short Cuts de Altman, ....
...
Happy Charly
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Message par Happy Charly »

Vite fait à la déconnade plus que la cantonade :arrow:

FRANCE : "AMELIE POULAIN" ?
USA : "INDEPENDANCE DAY" ?
BELGIQUE : "C'EST ARRIVE PRES DE CHEZ VOUS" ?

Mais, au moins, j'aurai marqué mon passage sur ce topic et le retrouverai facilement après...
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Blue
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Re: Un pays, un film ...

Message par Blue »

Corée du Sud : "Peppermint Candy" de Lee Chang-Dong
Taïwan : "A Brighter Summer Day" d'Edward Yang
Chine (Mainland) : "A L'Ouest Des Rails" de Wang Bing
Hong-Kong : "Nos Années Sauvages" de Wong Kar-Wai
Japon : "La Condition De L'Homme" de Kobayashi Masaki
Inde : "Apu Trilogy" de Satyajit Ray
France : "Au Hasard Balthazar" de Robert Bresson
Italie : "Les Poings Dans Les Poches" de Marco Bellocchio
Espagne : "Tout Sur Ma Mère" de Pedro Almodovar
Serbie : "Le Temps Des Gitans" d'Emir Kusturica
Hongrie : "Satantango" de Bela Tarr
Rep. Tchèque : "L'Incinérateur De Cadavres" de Juraj Herz
Russie : "Stalker" d'Andrei Tarkovski
Pologne : "Le Couteau Dans L'Eau" de Roman Polanski
Allemagne : "Les Niebelungen" de Fritz Lang
Autriche : "Le Septième Continent" de Michael Hanneke
Angleterre : "Barry Lyndon" de Stanley Kubrick
Irlande : "Bloody Sunday" de Paul Greengrass
Pays-Bas : "Spetters" de Paul Verhoeven
Danemark : "Europa" de Lars Von Trier
Suède : "Monika" d'Ingmar Bergman
USA : "Il Était Une Fois En Amérique" de Sergio Leone
Dernière modification par Blue le 21 août 12, 16:58, modifié 1 fois.
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Jack Griffin
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Re: Un pays, un film ...

Message par Jack Griffin »

Des pays que j'ai pu visiter;

France: Profils Paysans / des Rohmer et Rivette
Belgique : Je ne vois pas trop ...In Bruges pour Bruges même si l'esprit de la ville ne s'y retrouve pas complètement
Suisse : JLG/ JLG, Je vous salue marie
Finlande: Je ne connais que Kaurismaki...C'est pas mal fantasmé mais je dirais Calamari Union pour Helsinki et pour le reste du pays je ne sais pas. On capte un certain esprit quand même
Suède: Millenium, faute de mieux.
Allemagne: L'ami américain
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Karras
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Re: Un pays, un film ...

Message par Karras »

Blue a écrit : Allemagne : "Fitzcarraldo" de Werner Herzog
Choix étonnant de part le lieu de tournage,
Pour ma part, j'aurais sans doute choisit "Le Tambour", "Good bye, Lenin" ou "Cours lola, cours"
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Message par riqueuniee »

Good bye Lenin ! excellent choix, qui capte à la fois un moment (la chute du mur) et un certain état d'esprit (l'Ostalgie) en Allemagne.
Sinon, l'exercice est assez difficile, tant il est lié à l'idée (pas forcément très juste) qu'on se fait d'un pays, et que c'est faussé également par le fait qu'on a tendance à privilégier des cinéastes emblématiques,dont les films ne "montrent" pas forcément leur pays , ou bien à ne considérer que la nationalité des films ou des cinéastes, et non le lieu de l'action.Je vais quand même essayer.
Japon Still walking, Carte des sons de Tokyo (pour un regard extérieur sur le Japon)
Chine Qiu ju, une femme chinoise, la tisseuse, nuits d'ivresse printanière
Iran A propos d'Elly, le goût de la cerise, Téhéran
Italie nous nous sommes tant aimés ,le porteur de serviette, Gomorra et les films de Moretti
Suède Fucking Amal, Morse
Belgique la filmo des Dardenne
Royaume-Uni Ken Loach pour la chronique sociale et les Monty Python pour l'humour
Bosnie-Herzégovine les deux premiers films de Kusturica, Sarajevo mon amour ,le choix de Luna
Islande Jar City et les deux films de Solveig Anspach Stormy weather et Back soon
Algérie Bab el Oued City, Bab El Web,Chronique des années de braise
Liban Caramel, Sous les bombes, Je veux voir
Dernière modification par riqueuniee le 21 août 12, 23:15, modifié 5 fois.
Blue
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Re: Un pays, un film ...

Message par Blue »

Karras a écrit :
Blue a écrit : Allemagne : "Fitzcarraldo" de Werner Herzog
Choix étonnant de part le lieu de tournage,
Pour ma part, j'aurais sans doute choisit "Le Tambour", "Good bye, Lenin" ou "Cours lola, cours"
J'ai changé. J'avais complètement oublié mes connaissances en cinéma muet allemand.
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Re: Un pays, un film ...

Message par Helena »

A Night in Nude - Salvation Takashi Ishii
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Ishii est le genre d'artisan du cinéma (ou du manga) qui continue oeuvre après oeuvre de m'étonner et de faire plaisir à ses lecteurs et/ou spectateurs. Ce Night in Nude, suite indirecte du premier opus du même nom, nous offre un panorama du Japon actuel, celui dont les gens parlent peu. On retrouve les thématiques et codes du premier film, mais sous une forme nouvelle. En effet Ishii ne se contente pas de nous refourger une suite copié collé de son premier film, bien au contraire, l'oeuvre qu'il propose est une réelle recherche surprenante, parfois amusante, mais et surtout glauque.
Un homme à tout faire est engagé par une magnifique jeune femme pour retrouver une montre perdue dans d’étranges conditions…

Ce thriller offre une approche différente du premier en ce qui concerne sa forme. Ici le réalisateur utilise le found footage, genre que j'apprécie peu au demeurant, l'adaptant à son univers et sa manière de filmer. Cela dénote complètement avec les plans larges du premier film.
Ici son univers ne change pas par contre, c'est toujours aussi violent, aussi sombre et glauque. Les personnages sont typiques de son univers, des marginaux ou bien de grandes figures du monde criminel, on pourrait s'étonner du manque de prise de risque du réalisateur au vu de l'histoire, mais le tout étant bien mis en scène, les acteurs étant excellents et l'ambiance globale de l'oeuvre parfaite, on en oublie très vite le côté simple du récit pour se laisser emporter par le maitre. Naoto Takenaka incarne un détective blasé et fragile suite à une vie assez tumultueuse et Hiroko Sato, la sublime Hiroko est elle une femme fatale mais fragile également, le choc entre les deux provoquera des évènements terribles. Les deux acteurs nous offrent des personnages vraiment intéressants, ils passent d'une émotion à l'autre, d'un état d'âme à l'autre de façon brillante. Nos personnages principaux ne sont pas aussi glauques que le laisser penser le début du récit, et via les rencontres qu'ils feront, ils nous apparaîtront bien plus humains, comment dire cela plus simplement.
Ils ne sont pas aussi étranges, glauques, dangereux qu'on ne puisse le penser, bien au contraire. Les personnages fonctions du récit sont excellents, car comment dire, ceux-ci n'apparaissent pas d'un coup sans un travail de profondeur auparavant. Ils ne sont pas autant travaillés que les personnages principaux bien entendu, mais ils le sont assez pour qu'on oublie leur rôle premier dans le récit.

Ici on retrouve la manière qu'il a de construire son univers et surtout de représenter le Japon, c'est à dire jalon après jalon, ce qui manque à une grosse partie de la production au cinéma actuellement. En gros soit on nous balance tout en 20 secondes et après on doit se débrouiller pour tout comprendre, soit le réalisateur prend deux ans pour nous présenter ses personnages et les faire évoluer. Ici ce n'est pas le cas bien au contraire. Il prend son temps certes, mais aucune scène n'est superflue, bien au contraire, elles ont toutes une fonction et confèrent aux films toute sa force, on ne s'ennuie pas et au contraire on s'interroge sur la finalité de tout ce qui nous est présenté. Les scènes de la grotte ou bien de la phase SM sont particulièrement déroutantes, car assez archétypales dans le style, on sait que le réalisateur aime ce genre de passage, mais à chaque fois il nous surprend. Ici cela fonctionne bien, et la confrontation qu'il fait entre la société traditionnelle, et la société d'aujourd'hui est particulièrement intéressante. On sent la frustration de Ishii et l'incompréhension qu'il a du choc entre les deux types de sociétés, les deux ne pouvant cohabiter en quelques sortes, du moins pas sur tous les sujets et le Japon est champion dans ce domaine.
Le film est beau, j'aime beaucoup la photo, elle donne tout son cachet aux scènes de rue, la mise en scène et les expérimentations du réalisateur sont plaisantes, je ne suis pas une fan du style found footage, mais sa manière d'aborder le tout fait plaisir et nous est intéressante.
C'est un bon film auquel il ne manque pas grand chose pour en faire un chef d'oeuvre. Je lui donne la note de 8/10.
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Message par Blue »

"Gonin" d'Ishii est l'un de mes films de chevet. Une de mes series B préférées toute époque et cinématographie confondues. De lui, j'aime aussi "Black Angel 2" et "Freeze Me". J'avais arrêté de suivre sa carrière après qu'il se soit mis à refaire "Flower & Snake" (devant lequel je me suis fait ch). C'est intéressant ce que tu dis à propos de "A Night In Nude", je devrais peut-être y jeter un oeil.
(et c'est mieux quand tu causes de ciné que lorsque tu tentes de t'intégrer par la section HS)
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Mama Grande!
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Re: Un pays, un film ...

Message par Mama Grande! »

Aucune scene inutile dans A night in nude 2? La fille qui se fouette pendant 10 minutes chrono... et la fin en general traine en longueur.


Sinon pour revenir au sujet, pour trouver un film representatif a mes yeux (pas forcement mon prefere):

Japon: Shara, de Naomi Kawase
Etats-Unis: Voyage au bout de l'enfer, de Michael Cimino
Italie: Les Vitelloni, de Fellini
France: Le Trou, de Jacques Becker
Hong Kong: Chungking Express, de Wong Kar-wai
Taiwan: La Cite des Douleurs, de Hou Hsiao-hsien
Chine: Printemps dans une petite ville, de Fei Mu
Coree du Sud: n'importe quel Hong Sang-soo
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Re: Un pays, un film ...

Message par Helena »

Aucune scene inutile dans A night in nude 2? La fille qui se fouette pendant 10 minutes chrono... et la fin en general traine en longueur.
Je ne suis pas d'accord.
Drug War de Johnnie To
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Un dealer se fait arrêter par la police suite à un accident de voiture. Afin d’échapper à la peine capitale, il décide de coopérer avec la police pour remonter jusqu’à la trace des gros bonnets de la pègre et démanteler un cartel de drogue.

C'était une de mes grosses attentes après une première bande annonce assez glauque dans le genre. Le second film de Johnnie To était déjà une belle surprise et cette nouvelle oeuvre montre que le monsieur reprend du poil de la bête pour nous proposer à nouveau des oeuvres aussi puissante que par le passé (les Elections par exemple qui sont parmi mes films préférés.) Drug War est une belle réussite, se rapprochant de ses polars nerveux qu'il réalisait avec brio et assez nouveau, car différent par son cadre.
C'était une de mEn effet le film se passe en Chine, idée intéressante et me faisant penser directement à Long Arm of the Law de Johnny Mak. En effet dans le film on nous parle de la criminalité du continent sans jamais nous en parler, les continentaux sont vus comme des barbares. Ici le réalisateur traite directement du sujet. Le film est réellement glauque, il nous présente pendant une bonne heure l'univers mafieux de la Chine continentale ainsi que la manière d'agir de la police. C'est assez intéressant dans le genre vu que le réalisateur nous implique directement dedans. Je ne dirai pas que le film fait penser à un documentaire loin de là, mais on sent qu'il y a une recherche pour nous présenter un univers réaliste (comme Ringo Lam par exemple) tout en y inculquant un côté romancé. Ici il ne se regarde pas filmer et nous implique directement dans le film par sa mise en scène ou ses choix narratifs, ce qui fait la force du film un brin classique si on enlève ce genre de détails. Le travail sur les personnages est assez bon, d'ailleurs le casting est principalement composé d'acteurs continentaux que je ne connaissais pas à deux ou trois exceptions et ils sont remarquables. Bon j'avoue avoir flashé sur Louis Koo qui est toujours aussi beau et surtout bon acteur. Ce n'est pas le seul acteur habituel de monsieur To que l'on retrouve, mais ici la vraie force étant le casting de continentaux, c'est un détail qui joue à la réussite du film également, un renouveau des plus plaisants et qui montre encore une fois volonté chez l'artiste de ce renouveller un minimum.

L'autre force du film est dans la thématique, la drogue, son trafic, ici bien entendu c'est un élément de scénario assez présent sans qu'il ne soit surligné, même si à plusieurs moments on sent une volonté de la part du réalisateur de réellement présenter son sujet, ses effets, ce n'est pas survolé et on retrouve le même soin de présenter de cet élément que dans son dyptique Election et sa thématique sur l'héritage. Ce n'est pas un polar décérébré si vous préférez et personnellement, même s'il ne m'a pas autant mis mal à l'aise que des films sur la drogue comme Requiem for a Dream par exemple ou bien Reefer Madness: The Movie Musical, il fonctionne assez bien via quelques scènes (la scène des mules) qui me parle directement.
Les scènes d'actions sont aussi un gros plus, en effet ici elles sont réellement brutales, les gunfights du film sont aussi brillants que ceux de Breaking News, The Mission ou encore Exiled. Sincèrement tu es comme ça devant les passages en question: O_O . C'est réellement brillant et le final est tout aussi bon, on est autant impliqué dans ce genre de scène que si le réalisateur utilisait la caméra a l'épaule pour nous le présenter, ce qu'il ne fait pas, mais c'est aussi saisissant et bien plus intéressant.

Ici la mise en scène du réalisateur est en contraste selon moi avec l'univers dépeint, elle est assez posée même s'il y a des fulgurances, alors que la Chine nous est montré sous un angle que l'on voit peu, c'est fascinant et brillant. On est impliqué du début à la fin, il y a des scènes qui méritent à elles seules la vision de l'oeuvre (les gunfights, la négociation) et en tout cas ce qui est sur, c'est que je le regarderai avec plaisir une seconde fois, je le recommande, c'est imparfait, mais quand même très bon.
8/10
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Re: Un pays, un film ...

Message par Blue »

Oui c'est un beau retour en forme de To. Il sait toujours aussi bien faire parler la poudre, et la tension est palpable. J'ai bien aimé. Et Luis Koo a la classe.
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Re: Un pays, un film ...

Message par Helena »

Je suis parfaitement d'accord. :) Sinon je pensais l'avoir publié ici, mais en faites ce fut sur Buzz, une de mes dernières critiques:
Portret v Sumerkakh (Portrait au Crépuscule) de Anguelina Nikonova
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Le film est horrible il faut le dire par son sujet et surtout réaliste! J'aime la Russie et je ne suis pas aveugle, il y a des choses qui ne vont pas au pays et ce film montre justement l'un des travers de la société d'aujourd'hui, la place de la femme. La Russie a eu des progrès énormes dans sa constitution et donc ses lois concernant la femme, pour autant dans les mentalités de nombreuses personnes, la femme n'est qu'un objet servant aux pulsions les plus basiques de l'homme. Le film nous montre donc un pan de réalité et de façon assez froide, mais sans cynisme ou aspect film d'auteur voulant nous apitoyer. En effet, une femme venant d'un milieu confortable pour le pays assiste indirectement à une agression sexuelle, celle d'une prostituée (qui comme beaucoup le pense n'est rien d'autre qu'un objet, navrant de la part de personnes que l'on dit civilisés) à la fois rappel à la réalité du pays qui se trouve être corrompu à tous les points (ici ce sont des policiers les monstres responsables de ce crime) et signe prémonitoire d'un destin qui lui est réservé. Le film est glaçant par cette introduction et en même temps nous place directement dans l'ambiance qui va régner durant toute l'oeuvre, en effet par cette accroche, on sombrera peut à peut avec l'héroïne, contemplant avec une certaine crainte la spirale infernale dans laquelle va s'enfoncer notre héroïne et point d'encrage dans cette réalité.

Le film, par pointe, décrit le quotidien de nombreuses personnes vivant encore en Russie, même en tant que russe expatrié, on ne peut avoir une vision totale de son pays, n'étant pas au contact de ce quotidien morose et surtout pouvant faire penser qu'il n'y a pas d'espoir pour le simple peuple sans argent. L'argent est comme partout un moteur, celui d'une vie meilleure et surtout protectrice, mais quand celui-ci vint à faire défaut, on en vient à sombrer dans un enfer que l'on ne pouvait que craindre au vu des échos existants. L'héroïne va s'en rendre contre, la réalisatrice nous le démontrant peu à peu, via des scènes anodines (le repas, la chaussure) et là ou on pouvait continuer à espérer un tableau de cette Russie que l'on pense cauchemardesque, la réalisatrice passe à une seconde phase, plus violente, mais avec ce retournement de situation auquel on ne s'attend pas forcément au vu du rythme du long métrage et surtout de son approche depuis le début. L'oeuvre ne vire pas au rape and revenge au sens propre même si on retrouve certains points semblables à ce sous-genre (et heureusement vu le lot de mauvais films dont se dote depuis des années le genre: The Last House on the Left, Irréversible, Gutterballs et j'en passe.) L'approche est plus ambiguë, plus troublante avec un effacement progrssif des barrières entre le bien et le mal et surtout les frontières entre le bourreau et sa victime, il n'y a qu'à voir les sensations de notre héroïne ou le regard qu'elle porte sur l'évènement tragique qui a changé sa vie.

L'oeuvre fait penser à plusieurs films (le film de Liliana Cavani pour la relation qu'entretient la femme avec son bourreau) et le best-seller de Sergueï Belochnikov pour la tournure que prend le film dans sa seconde partie.

Le film se repose énormément sur le climat social de son pays et qui en trame de fond prend vie, surtout au vu des échos récents que l'on peut lire dans la presse locale (Novaïa Gazeta pour n'en citer qu'un seul,) mais le film repose aussi sur ses personnages, leur sexe et leur fonction dans la société. Les personnages se définissent par leur fonction dans la société, ceux-ci représentant d'un côté le bien et le mal, mais qui est montré de façon judicieuse comme une façade, la scénariste et réalisatrice s'amusant à brouiller les codes et surtout ses notions de bien et de mal, comme on dit en France, ce n'est pas un habit qui fait le moine. Ici nous assistons à la fois à une lutte des sexes et surtout un cri de sa réalisatrice envers les injustices de la société envers la femme, mais aussi un cri envers celle qui aujourd'hui ont tous les moyens de s'en sortir et qu'elles ne le font pas, alors que d'autres révéraient de pouvoir le faire. Le film se dote de scènes métaphoriques (j'en ai citée certaines avant) et de scènes choquantes, non pas par la violence qu'il peut résulter de telle ou telle scène, mais par la passivité des dites scènes dans l'horrible vérité qui nous est présentée. On ressort de ce film fatigué, fatigué par un tel constat criant de vérité et que l'on aimerait oublier, car bousculant toutes les croyances utopiques que l'on conservait d'un pays faisant partie de votre sang et en même temps on désire remercier son auteur pour le portrait de qualité qui est fait, un portrait sans concession d'un pays oscillant entre un renouveau et un mal encré dans la tradition.

La réalisatrice adapte sa mise en scène au récit, ici elle évite le docu-fiction, parti prit trop simple qui aurait dénué de sens une oeuvre se voulant à la fois témoin de son monde, de son époque et pur oeuvre de fiction par les différentes parties du récit s'emboîtant les unes aux autres. Elle nous propose des plans somptueux (les phases de voyeurisme, le plan sur le repas angoissant...) le tout étant d'une photo magnifique. Le casting n'est pas en reste, Olga Dihovichnaya incarne un personnage que l'on croirait originaire d'une oeuvre de Dostoïevski, donnant vie à son personnage comme peu d'acteurs ou d'actrices ne sait le faire, elle est toujours aussi talentueuse et on peut clairement dire que c'est un caméléon d'une oeuvre à l'autre. Le reste du casting est tout aussi bon, ici on est loin des acteurs stéréotypés que l'on peut avoir dans de nombreux films actuels en provenant du pays et que l'on devine immédiatement comme le méchant du récit, ici on ne sait pas, c'est ça la force du dit récit! L'oeuvre est une oeuvre contemporaine, saisissante, bouleversante, remarquable, un film de pur cinéma que je recommande à quiconque aime cet art et désir voir un chef d'oeuvre comme on en fait peu aujourd'hui! Pour moi il ne mérite pas moins qu'un 10/10 et je vous le redis, c'est à voir!
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Message par A serious man »

Un sujet original :D

France: Les deux anglaises et le continent de François Truffaut, parce que j'aime ce film et qu'il représente très bien le tropisme littéraire et intimiste d'une bonne partie du cinema d'auteur français tout en conservant une force émotionnel et un langage cinématographique original.
Royaume Unis: La solitude du coureur de fond de Tony Richardson, film emblématique du Free Cinema, un portrait désabusé de la jeunesse anglaise des classes populaire au début des années 60 caractérisé par une narration original et une forme qui, sans perdre de vue la critique social, réserve quelques envolés poétique.
Italie: Ces messieurs dames de Pietro Germi, trés grand cinéaste italien, grand maitre de la comédie (mais il a également livré quelques très bon mélodrame sociaux), ce film a reçut la palme d'or en même temps que Un homme et une femme de lelouche. A l'époque le Germi se fait huer (ce a quoi le cinéaste répondras élégamment: "pardonnez moi de vous avoir fait rire") aujourd'hui la sympathique bluette de Lelouche apparait comme relativement anecdotique face a cette satire brillante et acerbe d'une certaine bourgeoisie italienne, on rit beaucoup mais l'ensemble est grinçant et ne manque pas de gravité. Un film parfaitement représentatif de tout un pan du grand cinema populaire italien!
États Unis: Le Parrain 2 de Francis Ford Coppola, dans cette vaste fresque operatique derrière l'histoire d'une famille mafieuse qu'on nous dépeigne l'arrivée des émigrants au débuts du siécle, ou la collusion entre la politique et la mafia dans les années 60, ce dont il est au fond question c'est une vision profondément désabusé c'est l'histoire des États Unis au XX éme siècle.
Russie: Ivan le terrible de Serguei Eisenstein, le chef d'oeuvre d'Eisenstein selon moi: une réflexion sur le pouvoir et ses dérives en même temps qu'un objet formel d'une beauté stupéfiante ainsi qu'une critique du stalinisme qui vaudras au film d'être interdit.
Japon: Entre le ciel et l'Enferd'Akira Kurosawa, Film immense a mon avis l'une des œuvres les plus hautes que nous ait donné le cinema avec Barry Lyndon de Kubrick et Falstaff d'Orson Welles, la mise en scène de Kurosawa est bien sur génial de rigueur, Toshiro Mifune est magnifique en homme au bord du gouffre en proie a des tourments inextricable et sur le fond c'est un constat amer sur le Japon présenté comme une société très inégalitaire ou le dialogue entre les classes est devenus impossible.
"Il ne faut pas être timide avec la caméra. Il faut lui faire violence, la pousser jusque dans ses derniers retranchements, parce qu'elle est une vile mécanique. Ce qui compte, c'est la poésie."

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Re: Un pays, un film ...

Message par Helena »

Babi Ryazanskie de Olga Preobrajenskaïa et Ivan Pravov

Je ne l'avais pas vue depuis quelques années et c'est toujours aussi intéressant comme film, c'est un film muet qui parle d'une famille vivant à Riazan, un village de Russie. Les personnages sont tous des paysans typiques de la Russie de l'époque, on les voit vivre leur vie de tous les jours jusqu'à ce que la guerre, la première Guerre Mondiale viennent chambouler le quotidien de la dite famille, le mari de Anna doit partir au combat comme tous les autres camarades ^^. Ce qui représente un honneur pour la famille, devient un calvaire pour Anna, d'un côté le départ d'un proche pour la guerre est toujours difficile, mais quand le père de celui-ci profite de la situation en abusant de la jeune femme, cela devient une situation encore plus monstrueuse. A l'époque et ce n'était pas unique à la Russie, une femme trompant son mari est une honte. Bref c'est un calvaire et nous devons assister à cela. Bon le film n'est pas long, mais il nous présente en une petite heure une affaire assez commune à l'époque, avec des acteurs et des actrices bluffantes, des scènes vraiment belles, bon certes je ne suis pas la plus grande fan des films muets venant de Russie, mais de temps en temps c'est du très bon et à je conseille ce film. Je lui donne la note de de 8/10 et vous recommande le reste de la filmographie des réalisateurs, même si c'est du muet, même si c'est en N&B je vous les recommande vu qu'ils décrivent de façon presque parfaite (encore heureux vu qu'ils vivent en Russie) les paysages de Russie, le quotidien du peuple Russe. Bon je dis presque parfait, car ça reste romancé et certaines situations sont sur jouées.

Taxi-Blyuz de Pavel Lounguine

Pavel Lounguine est un excellent réalisateur et avec ce premier film il le montre de suite, il nous propose en quelque sorte un Black Snake Moan de Craig Brewer en certes différent, mais qui montre comment deux personnes parfaitement différentes peuvent devenir proches, notamment grâce à la musique. On voit un chauffeur faire sa tournée de façon classique, jusqu'à ce qu'il rencontre un joueur de saxophone qui ne peut lui payer une course, il vole donc son instrument et un chantage/amitié commence à naitre. L'amitié entre les deux personnages est vraiment saisissantes et je trouve qu'on a l'impression de voir un documentaire, enfin moi j'aime. Il y a des petites scènes tout à fait touchantes et marrantes. Ici on a un mélange entre un film montrant la difficulté de vivre à Moscou aujourd'hui et un personnage atypique, ne faisant pas grand chose pour s'en sortir jusqu'à ce qu'il rencontre le chauffeur. C'est violent, difficile, traumatisant par moment vu qu'on vient à se demander comment certaines personnes font pour vivres comme ça. D'ailleurs la vie des personnages est faite de déceptions, de nombreuses déceptions comme le découvrira le personnage principal du récit. L'ambiance sonore du film est vraiment atmosphérique et nous plonge encore mieux dans l'ambiance du récit, récit se déroulant en plusieurs segments magnifiques. C'est un film à la fois cruel et pourtant amusant, touchant et terriblement naturel dans ce qu'il nous montre. Bref c'est un très bon film et je vous recommande toute la filmographie de Pavel Lounguine. Je donne la note de 9/10 à ce film en tout cas et il ne faut pas hésiter à acheter le dvd en version russe, les bonus sont excellents et je crois qu'il y a des sou-titres anglais, je vérifierai.

Cargaison 2000 (Gruz 2000) de Alekseï Balabanov

Alekseï Balabanov est un excellent réalisateur faisant aussi bien des documentaires très intéressant comme Yegor et Nastya en passant par des films d'action Brat ou bien en fréquentant d'autres genres comme le film Voina et le film Reka. Ici il nous présente controversé en Russie et on comprend pourquoi vu qu'il parle d'une période assez glauque de l'histoire de Notre Mère Russie, l'année 1984, la période de la pré-Perestroïka. En s'intéressant à une histoire dans l'Histoire, le réalisateur critique tout un système, mais aussi une façon de penser l'homme en général, le citoyen russe de l'époque. Le film était interdit aux personnes non majeur en Russie pour plusieurs raisons, les scènes horribles qui sont nombreuses dans le long métrage et aussi tout simplement parce qu'il critique le système et cela ne fait pas plaisir vu que le passé reste important encore aujourd'hui dans le coeur de ses habitants (je n'ai qu'à écouter mon grand père et il me parlera pendant des heures de sa jeunesse avant sa venue en France). Ici on voit un policier enlevé une femme, fille d'un important homme politique de la région. Il l'aime et lui montre en la violant de façon sordide avec une bouteille de vodka (acte très commun cette année comme l'abus de vodka), la scène est particulièrement éprouvante comme pourrait l'être pour ceux qui sont patriotes le retour des morts venant d'Afghanistan. Guerre qui scella le sort de l'URSS déjà acculé depuis de nombreuses années et qui dans la film à son importance vu que c'est cette même guerre qui conclura le sort de la jeune fille, espérant le retour de l'homme qu'elle aime, mort au combat sans qu'elle ne le sache.

Le film est si violent et réaliste que même le dernier film à Buzz ridicule, A Serbian Film, fait vraiment petit joueur à côté de cette oeuvre... et au moins lui il est bien contrairement a A Serbian Film. Ici la violence est perverse et pourtant elle n'est pas complaisante, le réalisateur ne filme pas cela avec plaisir, il montre juste les faits, il montre une réalité horrible que beaucoup devrait voir avant de critiquer la Russie d'aujourd'hui qui est vraiment plus soft qu'à l'époque. Le film montre un destin cruel dans un univers qui l'est tout autant et il le fait vraiment avec classe et grâce à un casting impeccable de bout en bout (Agnia Kouznetsova...), je comprend pourquoi j'ai eu autant de mal à avoir le dvd, en tout cas je recommande ce film auquel je donne la note de 10/10.
"Esotika, Erotika, Psicotika."
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