Alexandre Angel a écrit :Nous sommes dans les limites et grandeurs d'un cinéma français d'un autre temps. Le côté "écrit à la truelle", les dialogues "hyper-explicatifs", les manières "monocordes", tout cela est vrai mais ne condamne pas le film pour autant. Mieux, ces travers me semblent avoir un étrange effet antioxydant, rigidifiant la forme, certes, mais lui garantissant dans le même mouvement une espèce de défense immunitaire. Comme une vieille chenille plongée dans le mescal. Le film tient bon grâce à sa rancœur vacharde, son acharnement thérapeutique envers le spectateur. Ce montage en parallèle (Piccoli-Depardieu), cette persistance du mal, ce Depardieu pas follement sympathique. Peu de réelles tensions car c'est tout le script qui est tendu : d'emblée une crise cardiaque, d'emblée des meurtres.. On est dans la permanence du pire. Alors oui, c'est daté, un peu psycho-rigide mais finalement saisissant..
Quand même, que de faiblesses à avaler... il y a une lumière rouge qui se met à clignoter dès la séquence au début où Depardieu trucide sa famille. Tout ça est tellement mal fichu, mal joué (le gosse qui porte ses mains à son front comme s'il avait une migraine soudaine après s'être pris une décharge de chevrotine, les raccords foireux, les réactions ubuesques de Jane Birkin), que l'installation de l'ambiance pesante est ramenée de suite à de dures réalités. Et il en sera ainsi tout du long, quelle que soit l'étrangeté qu'imprime les allers-retours du montage entre le segment Depardieu et celui de Piccoli. On a du mal à prendre au sérieux la mainmise psychologique du clan Brézé parce que les comédiens ont l'air de sortir d'un autre film. C'est dommage parce que le cadre hospitalier est rarement exploité.
Je rapprocherais
7 morts sur ordonnance de films concomitants comme
Mort d'un pourri ou
Un papillon sur l'épaule : les castings sont solides et ça acquiert une certaine patine avec le temps, mais les idées (intéressantes au demeurant) sont trop mal servies par toutes ces maladresses d'exécution et de traitement.
Un mot quand même sur la musique (certes ponctuelle) de Philippe Sarde, qui ressemble parfois aux sonorités herrmanniennes de celle qu'il composera peu de temps après pour
Barocco, et qui, avec ses chœurs façon Grande Messe, inspire quelque chose de délétère comme le morceau flippant de Delerue pour
Police Python 357.