Martha Marcy May Marlene (Sean Durkin - 2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54772
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Martha Marcy May Marlene (Sean Durkin - 2011)

Message par Flol »

Et il est très touchant dans un rôle aux antipodes de tout ça, dans Me and You and Everyone we Know.
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Martha Marcy May Marlene (Sean Durkin - 2011)

Message par Federico »

J'ai les boules parce que mon enregistrement de Martha Marcy May Marlene a foiré aux 3/4 du film, peu après la séquence hyper flippante de l'intrusion dans la villa. Donc ne me racontez pas ce qui suit mais j'ai quand même eu le temps de comprendre pourquoi ce film a autant impressionné. J'ai rarement ressenti un tel climat de malaise latent et permanent à part chez Lynch mais Sean Durkin l'instaure d'une toute autre manière, infiniment plus subtile. Peut-être aussi dans le sublime De beaux lendemains d'Atom Egoyan ou dans Melancholia de Lars von Trier. Il nous plonge réellement dans la tête de son personnage central qui ne sait littéralement plus où elle habite. Les transitions entre les différentes époques de sa vie sont bluffantes. Et là, je n'ai pas le souvenir d'avoir vu ça ailleurs excepté la fameuse scène du bain de Colonel Blimp mais où le saut temporel était bien plus grand donc la confusion impossible.

Sean Durkin maîtrise à la perfection l'art du suspens au sens littéral du terme avec des fin de séquences qui ralentissent psychologiquement le temps (et sans avoir besoin de tomber dans la facilité d'un véritable ralenti de caméra, ce qui est autrement plus fort et efficace). Martha Marcy May Marlene est un film de terreur, celle qui tétanise, pas celle qui fait sauter sur son siège à grands coups d'effets. Pour oser un comparatif sans doute réducteur, Durkin est bien plus proche du Jacques Tourneur de Night of the demon que du Hitchcock de Psychose. La fin de séquence évoquée plus haut où les membres de la communauté "visitent" la villa et sont surpris par son occupant m'a dressé les cheveux sur la tête. La façon dont Durkin les cadre, alignés près de la porte d'entrée et surtout lorsqu'on voit soudain derrière le propriétaire apparaître en douce une autre fille du groupe au sourire très inquiétant... :shock: Là, ça m'a rappelé les gamins de la première version du Village des damnés.

Elizabeth Olsen est exceptionnelle. Elle m'a à la fois évoqué Katerina Golubeva et la Anne Wiazemsky des années 60 (en moins passive). Et son sourire est un des plus bouleversants que j'ai vu.

Maintenant s'agit-il d'une simple communauté ou d'une secte ? Je penche nettement pour la seconde option. Du reste, le glissement de l'une vers l'autre est hélas fréquent (et pas besoin d'invoquer un contexte +/- religieux, ça marche aussi dans d'autres environnements comme le sport ou tout simplement certaines entreprises). Quant à savoir si l'héroïne était déjà dans un état de fragilité avant d'y entrer, il me parait évident que oui. J'ai eu l'occasion de rencontrer des personnes vivant dans des communautés et bien que celles-ci ne soient pas cataloguées parmi les sectes, je me suis vraiment senti en présence d'extra-terrestres.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Répondre