Derek Jarman (1942-1994)

[giftongue]

Je n'ai pas trouvé de topic consacré à Derek Jarman (mais j'ai cherché très brièvement), qui, après avoir été "production designer" sur The Devils de Ken Russell, est devenu réalisateur. Cet anglais est (re)connu au Royaume-Uni pour des films comme Sebastiane (1976) (le martyre de Saint-Sébastien en version gay et ...latine!), Jubilee (1978) (le premier film punk...), The tempest (1980) (adaption de Shakespeare) et en France principalement pour Caravaggio (Ours d'argent 1986), Edward II (1991) et Wittgenstein (1993).
Il a aussi réalisé des clips pour The Smiths, Marianne Faithfull ou les Pet Shop Boys pour lesquels il a également monté leur spectacle de 1989.
(Ou)vertement gay, il est mort des sutes du sida en 1994. Il aurait eu 70 ans le 31 Janvier 2012 (d'où l'excuse (bidon) pour écrire ce post....
Vers la fin de sa vie, devenu presque aveugle, il a filmé Blue, un écran complètement bleu la seule couleur qu'il pouvait distinguer alors.
Une de ses amies proches et actrices fétiches était Tilda Swinton.

Bref tout cela pour vous dire que sur le lien ci-dessous on peut trouver en intégralité les 50 et quelques minutes de Glitterbug, son ultime film compilé à partir de ses films super 8.

http://www.dangerousminds.net/tag/Toyah-Willcox

NB 1 : Glitterbug Derek Jarman’s Super 8 films, with Andrew Logan, Duggie Fields, Tilda Swinton, Michael Clark, Adam Ant, Toyah Willcox, William Burroughs and Genesis P. Orridge. Music by Brian Eno, specially commissioned for this film.


NB 2 : Toyah Willcox (mais j'y reviendrai peut-être sur un topic en Littérature Musique et Arts) est une comédienne et chanteuse issue du Punk, qui a connu ses heures de gloire entre 1980 et 1985 en Angleterre avant d'épouser Robert Fripp, (oui oui le guitariste de King Crimson, de Bowie sur Scary monsters et le comparse occasionnel de Brain oh le beau lapsus Brian Eno) et de sortir des albums intéressants mais moins connus; elle joue dans Jubilee (méconnaissable en Monkey) et The Tempest (Miranda), elle est aussi la personne qui se trouve dans mon avatar actuel....

[MJ]

Merci!

De lui je n'ai vu que Wittgenstein, vulgaristion intelligente du philosophe sous une forme à la fois expérimentale et didactique (le terme "proposition de cinéma" colle pour le coup assez à la démarche). Assez fascinant mais je suis resté un peu extérieur à la démonstration. Très envie de découvrir son Caravaggio dans la même veine biographique!

[giftongue]

Merci!

De lui je n'ai vu que Wittgenstein.... Assez fascinant mais je suis resté un peu extérieur à la démonstration. Très envie de découvrir son Caravaggio dans la même veine biographique!

Oui le cinéma de Jarman et en particulier dans ces films (Wittgenstein, Caravaggio ou Edward II) est plutôt hermétique , certains critiques parlaient aussi souvent de maniérisme à son sujet...

[julien]

Vu il y a longtemps mais j'avais trouvé ce Caravaggio profondément statique et emmerdifiant. Greenaway à côté, c'est Walt Disney.

[Jeremy Fox]

Je n'ai vu du cinéaste que Edward II à sa sortie en 1992 et le film m'avait fait assez forte impression à tel point qu'il me reste encore quelques images en tête.

[MJ]

A noter que Tilda Swinton fut sa muse et qu'elle ne jure encore que par lui quand elle évoque ses années de formation. J'ai regardé Glitterburg... dans ses meilleurs moments cela s'apparente presque à un mix entre les docus sur la Factory, Terence Davies et Alain Cavalier. Bel objet de fascination, même si là encore le risque d'y rester totalement hermétique existe.

[giftongue]

Vu il y a longtemps mais j'avais trouvé ce Caravaggio profondément statique et emmerdifiant. Greenaway à côté, c'est Walt Disney.

Effectivement j'aurais plutôt tendance à privilégier les premiers films de Derek Jarman , kitschs et dans l'ensemble plutôt corrosifs et amusants, oscillant entre comédie musicale (voire punk) et théâtre hystérique (Sebastiane, Jubilee, The Tempest)
A partir de 1986, date de sortie de Caravaggio et The Last of England, Jarman devient plus grave, plus raffiné certes mais plus hermétique aussi et nettement moins drôle...
Pour preuve de sa première période : un extrait de The Tempest 1980 d'après Shakespeare..
(et pour le coup, on se croirait presque dans du Greenawway chez Disney! Avec Demy et Gaultier pas loin....)

[Jeremy Fox]

Malavida ressort en salles ce mercredi (ainsi qu'en DVD) quatre films de Derek Jarman. Pour saluer l'événement, nous vous proposons les chroniques de Sebastiane et Jubilee. Deux textes bien utiles pour pénétrer l'univers fou de l'enfant terrible du cinéma britannique !

[joe-ernst]

Malavida ressort en salles ce mercredi (ainsi qu'en DVD) quatre films de Derek Jarman. Pour saluer l'événement, nous vous proposons les chroniques de Sebastiane et Jubilee. Deux textes bien utiles pour pénétrer l'univers fou de l'enfant terrible du cinéma britannique !

Merci pour ces deux chroniques, et pour rappeler le souvenir de Derek Jarman.

[Max Schreck]

Caravaggio, 1986
Un authentique film d'art et essai. Jarman nous invite à partager sa vision d'un artiste d'exception, vision clairement fantasmagorique puisqu'elle nous est présentée comme le récit d'un homme au seuil de sa mort, se rémémorant certains drames de sa vie, au premier rang desquels la belle et triste histoire d'un triangle amoureux. Avec un travail sur la lumière assez sublime, Jarman a entièrement tourné en studio, recomposant de véritable tableaux vivants, sans pour autant tomber dans l'illustration désincarnée. Il joue à l'occasion avec les anachronismes, par de petits détails qui se révèlent toujours signifiants et rendent vraiment le visionnage passionnant, et même un peu amusant.

On apprendra cependant assez peu sur la vie de l'artiste lui-même, alors que sa bio particulièrement romanesque avait de quoi nourrir un film (sur le sujet, je recommande La Course à l'abîme, la bio romancée signée Dominique Fernandez). On le verra, enfant prodige et un peu voyou, entrer dans les bonnes grâces de quelques pères de l'Eglise. Tout le film est traversé par la voix off du peintre, récitant un texte à la poésie sublime. Dans le rôle-titre, Nigel Terry (le Roi Arthur de Boorman), est absolument époustouflant, visage beau et douloureux. On y croise également le tout jeunôt Sean Bean, ainsi que Tilda Swinton, Robbie Coltrane et Michael Gough. Une œuvre à part et assez marquante (j'en garde aujourd'hui encore des images fortes).



Wittgenstein, 1993
Tourné pour la télévision, ce court film (70') est l'un des derniers du réalisateur. Jarman met une nouvelle fois en scène un personnage historique parce qu'il se reconnait un peu en lui. Jarman a vu en Wittgenstein un être qui a soif d'absolu, qui s'interroge constamment sur le sens de la logique, et qui de fait devient une sorte d'extraterrestre pour ses contemporains. Ce qui donne lieu à un enchaînement de scènes souvent très cocasses, assumant complétement la dimension à la fois comique et pathétique d'un personnage adulé et pourtant bien seul. Dans le rôle titre, Karl Johnson est tout simplement phénoménal.

Moins iconoclaste que son Caravaggio et ses anachronismes, Wittgenstein fonctionne également sur un dispositif filmique particulier : aucun décor, les personnages jouent sur un fond noir, la scène se résumant uniquement aux accessoires et mobilier nécessaires à l'action. Ce procédé et le fait qu'on y parle du sens de la philosophie ne doit surtout pas faire craindre un spectacle pesant ou prétentieux.

[Jeremy Fox]

De Jarman je n'ai vu que son Edward II à sa sortie en 1991 : il m'avait fait très forte impression.

EDIT : ah tiens, j'avais déjà dit la même chose en 2012

[Jeremy Fox]

La Cinémathèque de Toulouse vient de démarrer un cycle consacré à Derek Jarman qui fait suite à la réédition de quatre de ses films par Malavida en juin dernier. Nous avions alors publié les chroniques de Sebastiane et Jubilee et nous vous proposons à cette nouvelle occasion celle de The Last of England qui sera programmé demain à 19h00 à la Cinémathèque.

[Jeremy Fox]

Dernièrement, la Cinémathèque de Toulouse avait de démarré un cycle consacré à Derek Jarman qui faisait suite à la réédition de quatre de ses films par Malavida en juin dernier. Il ne nous restait plus qu'à publier le texte de Pierre Charrel pour La Tempête

[Jeremy Fox]

Le film british du vendredi proposé par Justin : Caravaggio

[Jeremy Fox]

Je n'ai vu du cinéaste que Edward II à sa sortie en 1992 et le film m'avait fait assez forte impression à tel point qu'il me reste encore quelques images en tête.

Et d'ailleurs voici la chronique de ce film écrite par Justin.