Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Harkento
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Harkento »

Chrislynch a écrit :
Harkento a écrit :

Salut Chrislynch,

En fait, pour aller dans ton sens, je trouve en soit qu'il y a effectivement des flous artistiques, mais sur le sujet de la psychanalayse, ça na me dérange pas. Le scénario de Take Shelter, comme dans de nombreux films d'ailleurs, suit une ligne directive imposer par l'auteur qui, à mes yeux, à d'abord quelque chose à nous dire. La psychanalyse est vraiment secondaire (mais a quand même son rôle) dans le film ; ce dont à besoin Curtis c'est d'être écouter et c'est d'ailleurs ce que fait la première psy, le plan avec elle finie par une phrase de la sorte "Bon ! Et si vous me racontiez tout !" (un truc dans le genre). Il commence alors à se creer un lien entre le patient et le docteur. Puis, lorsque celle-ci est mutée, son remplaçant ne fait que prendre son dossier, l'analyse sans l'analyser lui, et part tout de suite sur le passif de sa mère : pas de discussion possible donc ! Alors Curtis s'en va. Si on devait d'ailleurs analyser les psys ( :wink: ), on remarque que celle qui "écoute" est une femme et celui qui n'écoute pas est un homme ! Et c'est aussi sa Femme, qui représente l'amour, comme je l'expliquais plus haut, qui parvient à le "sauver", à le raisonner (scène dans l'abri). Je trouve d'ailleurs le film très féminin, la réalité traitée étant une donnée "sensible"/Féminin donc, et non "rationnel"/Homme. Il est d'ailleurs très japonais dans la forme, cadrage et montage très épuré, presque simpliste, plutôt que maîtrisé et sophistiqué. Donc pour résumé, je suis plutôt d'accord avec toi quand tu dis que le cinéaste évite une réponse psychanalytique mais c'est essentiellement parce que ce n'est pas le sujet du film puisque le final VEUT donner raison à Curtis, quoi qu'on en dise ! Donc la psychanalyse et la rationalité ne sont pas admises dans le "monde" de Jeff Nichols. Et là ou le réalisateur manque d'expérience (c'est juste son second film, rappelons le !), c'est qu'il manque, il est vrai, une cohérence à l'histoire : je veux parler des une ou deux (peut être plus) scènes ou on ne voit pas Curtis. Ce film aurait été parfait s'il était toujours dans les scènes, pour bien crédibiliser le fait qu'il est le seul à percevoir ce "réel" si oppressant (un peu comme Le Locataire de Polanski, ou là, tout le réel est subit par le personnage principal).

Par contre, là ou je ne te rejoins pas, c'est évident pour ma part que ce n'est pas à lui de remarquer la catastrophe qui arrive à l'horizon. Acceptant le fait qu'il soit malade, Curtis n'a plus à se soucier des signes qui l'habitent. Donc heureusement que c'est justement sa fille - on nous suggerait d'ailleurs, dans certains plans, que elle aussi pressentait quelque chose de terrible en observant l'horizon, qui remarque l'horreur à venir. C'est justement parce que le point de vue introspectif de Curtis a cessé d'exister, puisqu'il se soigne pour ça d'ailleurs, que c'est sa fille qui annonce la catastrophe à son père, en language des signes rappelle toi. Cette scène est d'ailleurs pour moi super importante : c'est encore un "signe" et non un "mot" qui s'adresse à Curtis. Bon oui, sa fille est sourde et muette, mais je pense que Nichols, pour rejoindre le point de vue que je développe, nous incite d'abord à regarder, percevoir, sentir le monde plutôt qu'a le rationaliser avec des mots par exemple .... et c'est pour cela que la psychanalyse n'a pas de réponse à donner à Curtis quand il se présente à eux.
Pour ta première partie de texte, plus rien à opposer, en osmose avec ce que tu racontes :D

Pour ta seconde partie, je pourrais évoluer également dans ton sens avec pour moi, un inconscient collectif qui se mettrait en marche : d"abord lui, puis sa fille, puis sa femme en introspection puis en mode "vision", "perception", etc. Pour la dernière phrase de ta seconde partie, et c'est pour cela que la psychanalyse n'a pas de réponse à donner à Curtis quand il se présente à eux, je ne te rejoins pas mais nous allons sortir là du cadre cinématographique qui nous occupe et qui n'a pas d'intérêt ici. :wink:

En tout cas, Harkento, tu m'as vraiment donner envie de me replonger dans le film pour lui offrir une seconde chance de lecture, ce que je ne manquerai pas de faire avant la fin de l'année :wink:
Merci bien ! Je l'ai déjà vu deux fois au cinoche pour ma part - film de l'année oblige ! :wink:
Lors du deuxième visionnage, observe bien la présence de la couleur jaune, tu vas halluciner !
Guybrush Threepwood
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Guybrush Threepwood »

Je trouve vos analyses très intéressantes pour m'aider à faire mûrir ce très beau film mais je voulais signaler quelques détails :

Spoilers car "Analyse" :

-Curtis ne voit pas de psychiatre au début du film, les deux personnes qu'il rencontre sont des psychologues dans un dispensaire par manque d'argent pour se rendre à Columbus.
Ce détail a de l'importance car les psychologues n'ont pas la possibilité de lui prescrire un traitement médicamenteux et ne posent pas de diagnostic médical (ceci étant le métier du médecin psychiatre).
En résulte un retard diagnostique tout au long du film jusqu'à la rencontre du psychiatre à la fin.
Le système de santé Américain est donc discrètement abordé, sans gros sabots, voilà pour la part "sociale" du film :) .
-On évoque la psychanalyse (qui est une psychothérapie parmi d'autres) mais celle-ci est contre indiquée chez un patient délirant, ce qui est vraisemblablement le cas de Curtis. On ne propose une psychanalyse que chez un patient dépourvu d'idées interprétatives (il pense qu'on lui veut du mal, quand même), sinon celui ci pourrait tirer des conclusions erronées, voire dangereuses.

Ceci étant dit j'ai vraiment apprécié ce film jusqu'à sa scène finale parceque j'y ai vu un beau message : la maladie mentale est avant tout une souffrance, pour le malade et pour ses proches et plus encore que pour d'autres maladies l’incompréhension et le manque d'empathie peuvent être destructeurs pour ces personnes.
La scène de repas collectif est déchirante à ce sujet. Le mépris ne fait que conforter Curtis dans sa psychose et son repli. Micheal Shannon est :shock: .

Je n'ai pas de point de vue philosophique sur la limite entre les "fous" et les "gens normaux" même si l'analyse de Strum est intéressante à ce sujet.
Je pense que les normes et les critères diagnostiques de "folie" sont avant tout écrits pour aider à mieux prendre en charge les psychotiques. C'est ce que recherche Curtis d'ailleurs, il sait ce qui le menace et appelle à l'aide, il semble rechercher cette "étiquette" de schizophrène autant qu'elle ne l'effraie.
Les symptômes que montrent Curtis et son histoire familiale ne laissent pas beaucoup de doutes sur sa pathologie, Jeff Nichols et Micheal Shannon semblent vraiment avoir bien étudié celle-ci.
J'ai l'impression que lors du diagnostic final par le psychiatre, la famille est apaisée. Je pense que rendre médicale la "folie" l'allège de ses fantasmes, la démystifie et permet d'avancer.

La fin m'a déçu car je ne vois pas l’intérêt de faire peser le doute sur une explication fantastique/paranormale à ces visions. J'adore le cinéma de Shyamalan (ça se voit je crois :) ) mais celui-ci aurait sans doute construit son film de façon complétement différente de sorte que cette fin fasse immédiatement sens (cf Signes.)
Je trouvais le film suffisement émouvant par sa capacité à faire "souffrir avec" et à montrer à quel point un entourage aimant peut sauver.
Je me console avec l'interprétation de Phylute. :)

Mais peut être n'ai je vu que 50 % du film... :D
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Harkento
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Harkento »

Guybrush Threepwood a écrit :Je trouve vos analyses très intéressantes pour m'aider à faire mûrir ce très beau film mais je voulais signaler quelques détails :

Spoilers car "Analyse" :

-Curtis ne voit pas de psychiatre au début du film, les deux personnes qu'il rencontre sont des psychologues dans un dispensaire par manque d'argent pour se rendre à Columbus.
Ce détail a de l'importance car les psychologues n'ont pas la possibilité de lui prescrire un traitement médicamenteux et ne posent pas de diagnostic médical (ceci étant le métier du médecin psychiatre).
En résulte un retard diagnostique tout au long du film jusqu'à la rencontre du psychiatre à la fin.
Le système de santé Américain est donc discrètement abordé, sans gros sabots, voilà pour la part "sociale" du film :) .
-On évoque la psychanalyse (qui est une psychothérapie parmi d'autres) mais celle-ci est contre indiquée chez un patient délirant, ce qui est vraisemblablement le cas de Curtis. On ne propose une psychanalyse que chez un patient dépourvu d'idées interprétatives (il pense qu'on lui veut du mal, quand même), sinon celui ci pourrait tirer des conclusions erronées, voire dangereuses.
Oui, tu as entièrement raison ! J'aurais du dire psychologue .... :oops:
Et ton analyse sur les délires/visions de Curtis est beaucoup plus rationnel que la mienne, merci de m'éclairer.
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Chrislynch »

Guybrush Threepwood a écrit :Je trouve vos analyses très intéressantes pour m'aider à faire mûrir ce très beau film mais je voulais signaler quelques détails :

Spoilers car "Analyse" :

-Curtis ne voit pas de psychiatre au début du film, les deux personnes qu'il rencontre sont des psychologues dans un dispensaire par manque d'argent pour se rendre à Columbus.
Ce détail a de l'importance car les psychologues n'ont pas la possibilité de lui prescrire un traitement médicamenteux et ne posent pas de diagnostic médical (ceci étant le métier du médecin psychiatre).
En résulte un retard diagnostique tout au long du film jusqu'à la rencontre du psychiatre à la fin.
Le système de santé Américain est donc discrètement abordé, sans gros sabots, voilà pour la part "sociale" du film :) .
-On évoque la psychanalyse (qui est une psychothérapie parmi d'autres) mais celle-ci est contre indiquée chez un patient délirant, ce qui est vraisemblablement le cas de Curtis. On ne propose une psychanalyse que chez un patient dépourvu d'idées interprétatives (il pense qu'on lui veut du mal, quand même), sinon celui ci pourrait tirer des conclusions erronées, voire dangereuses.

Ceci étant dit j'ai vraiment apprécié ce film jusqu'à sa scène finale parceque j'y ai vu un beau message : la maladie mentale est avant tout une souffrance, pour le malade et pour ses proches et plus encore que pour d'autres maladies l’incompréhension et le manque d'empathie peuvent être destructeurs pour ces personnes.
La scène de repas collectif est déchirante à ce sujet. Le mépris ne fait que conforter Curtis dans sa psychose et son repli. Micheal Shannon est :shock: .

Je n'ai pas de point de vue philosophique sur la limite entre les "fous" et les "gens normaux" même si l'analyse de Strum est intéressante à ce sujet.
Je pense que les normes et les critères diagnostiques de "folie" sont avant tout écrits pour aider à mieux prendre en charge les psychotiques. C'est ce que recherche Curtis d'ailleurs, il sait ce qui le menace et appelle à l'aide, il semble rechercher cette "étiquette" de schizophrène autant qu'elle ne l'effraie.
Les symptômes que montrent Curtis et son histoire familiale ne laissent pas beaucoup de doutes sur sa pathologie, Jeff Nichols et Micheal Shannon semblent vraiment avoir bien étudié celle-ci.
J'ai l'impression que lors du diagnostic final par le psychiatre, la famille est apaisée. Je pense que rendre médicale la "folie" l'allège de ses fantasmes, la démystifie et permet d'avancer.

La fin m'a déçu car je ne vois pas l’intérêt de faire peser le doute sur une explication fantastique/paranormale à ces visions. J'adore le cinéma de Shyamalan (ça se voit je crois :) ) mais celui-ci aurait sans doute construit son film de façon complétement différente de sorte que cette fin fasse immédiatement sens (cf Signes.)
Je trouvais le film suffisement émouvant par sa capacité à faire "souffrir avec" et à montrer à quel point un entourage aimant peut sauver.
Je me console avec l'interprétation de Phylute. :)

Mais peut être n'ai je vu que 50 % du film... :D

Bonjour Guybrush Threepwood

Dieu merci le psychanalyste possède soit une formation de psychologue soit de psychiatre et il est donc apte à choisir le chemin thérapeutique adéquat. Même si ton éclairage me paraît tout à fait important en ce qui concerne les faits du film et la pratique médicale, il n’en reste pas moins que ce même film offre une ouverture importante aux rêves. C’est par les rêves qu’il change d’attitude consciente. Donc au-delà de tout aspect médical existe ici une dimension purement cinématographique qui s’inscrit dans le domaine du rêve. En ce qui concerne les conclusions erronées, c’est justement ce que pratique le personnage dans le film. Il interprète à plat ce qui est symbolique et amène sa conscience à entrer dans un tourbillon infernal dans le réel de sa vie. Il se comporte comme n’importe qui ne connaissant rien aux interprétations des rêves et le commun des mortels aurait mis le chien hors du cadre familial après un rêve identique à celui du film. Tu aurais raison si le personnage s’avère avoir un trouble psychologique d'ordre médical. Mais s’il n’est pas dans ce cadre et qu’il est juste extralucide – et dans le film, je ne vois pas ce qui rejette cette option – alors un traitement classique médical pourra s’avérer également dangereux pour le personnage. Et selon moi, il n’est pas impossible que le film traite également de cette situation très précise où un personnage s’enferme faute d’obtenir une réponse adéquate de la part de son environnement, y compris médical. Comme tu l’indiques, il existe tout de même trois scènes à l’intérieur du film qui approchent l’environnement médical, avec deux psychologues et un psychiatre. La fin du film, qui reste pour l’heure beaucoup trop « ouverte » à mon goût, peut suggérer néanmoins que nous soyons ici juste sur ce qui s’avérait être un rêve prémonitoire annonçant une obscurité réelle et parfaitement perçue par le personnage. Et là, la médecine classique est inapte à gérer un tel trouble psychologique. Pour l’heure, le cinéaste ayant ouvert tellement de chemins de lecture, il me paraît difficile de pouvoir pencher d’un côté ou de l’autre en matière de dénotation narrative à l’intérieur du film, à savoir si le personnage est malade ou extralucide. J'ai même l'impression que le cinéaste a voulu associer ces deux possibilités de lecture et pour moi, c'est là qu'il a été maladroit. Je pense, comme toi, que quelqu'un comme Shyamalan aurait été beaucoup plus fluide dans cet exercice délicat de jouer d'introspection narrative.
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Wagner »

A vous lire, le film dit véritablement à la fois tout et rien.
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Guybrush Threepwood »

Wagner a écrit :A vous lire, le film dit véritablement à la fois tout et rien.
Que veux tu dire ?

Le film donne des pistes contraires pour son interprétation, c'est ce qui le rend aussi passionnant que frustrant.
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Wagner »

Guybrush Threepwood a écrit :
Wagner a écrit :A vous lire, le film dit véritablement à la fois tout et rien.
Que veux tu dire ?

Le film donne des pistes contraires pour son interprétation, c'est ce qui le rend aussi passionnant que frustrant.
Il n'y a pas de clé, juste des pistes hésitantes et très vaguement tracées, un réalisateur qui ne maîtrise en fait pas son sujet, qui est parti dans tous les sens et qui semble faire semblant de délivrer un message fort dans cette conclusion si gênante.

Ce qui est passionnant c'est qu'il y a beaucoup à dire en effet, c'est un film très représentatif de son temps.
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Truffaut Chocolat »

Wagner a écrit :A vous lire, le film dit véritablement à la fois tout et rien.
C'est un peu ça.

J'ai été très moyennement convaincu. En fait que je trouve que c'est un film statique dans le sens où il veut aborder plusieurs sujets, mais... au final, ça laisse une impression bizarre, à base d'oppositions entre rêve / réalité, tempête / pas tempête, schizophrénie / dépression, poids héréditaire / pas poids héréditaire, etc. qui n'avancent pas. Je ne sais toujours pas de quoi ça parle vraiment.

Ps: bon bah exactement comme ton message juste au dessus.
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Wagner »

Pour ceux qui sont intéressés, les solutions sont données assez explicitement dans les bonus du blu-ray:

-voir la scène coupée "deuxième entretien avec la conseillère"
-entretien avec l'acteur qui développe quelques instants le sens de la fin (il est totalement en osmose sur ce plan avec son ami de réalisateur)
-le commentaire audio du réalisateur est par contre médiocre: quelques indices laborieusement exprimés pour beaucoup de temps perdu; la bonne nouvelle est que le film est quand même plus intéressant sans commentaire.

Bon jeu de pistes.
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Rick Deckard
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Rick Deckard »

Un autre indice :
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Dans le dernier plan, la tempête qui approche se reflète sur la porte vitrée de la maison de vacances...
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Demi-Lune »

Tiens, je croyais m'être exprimé sur le film... on dirait que non. Alors brièvement, j'avais beaucoup aimé Take Shelter même si l'histoire reste au fond très classique. Ce n'est pas comme si on n'avait jamais vu de film mettant en scène des visions inquiétantes d'un type qui se demande s'il devient fou ou non, et qu'on commence à regarder bizarrement. Avec l'ambiguïté finale en forme de pirouette pour te faire creuser les méninges. Pour autant le film de Nichols reste diablement efficace et marquant grâce à sa texture, sa plastique très marquée par les héritages de peintres américains tels que Hopper, ses caractéristiques très épurées et sensitives faisant la part belle à un gros design sonore, un montage acéré et de longues prises de vue maîtrisées. Paradoxalement le contexte rural, paisible, aéré, sert vraiment l'oppression du film. Plus paradoxalement encore, j'avais trouvé que les séquences réelles étaient encore plus étouffantes que les scènes oniriques d'apocalypse, parce qu'elles s'inscrivent dans un enfer intime et secret condamnant le personnage principal à un silence honteux, impossible à extérioriser, à exorciser. Son obsession auto-destructrice prend vraiment aux tripes et sans tambours ni trompettes, je trouve que Nichols parvient à livrer une représentation terriblement réaliste de l'aliénation, dans un crescendo dramatique et émotionnel toujours plus asphyxiant, terrible pour le spectateur car l'empathie pour le personnage est totale - crescendo culminant lors de la séquence cathartique de la "clé", moment de cinéma d'une tension rare. Mais tout commentaire sur Take Shelter serait forcément incomplet s'il ne mentionnait pas la qualité suprême qui guide sa destinée : son couple d'acteurs. Michael Shannon confirme, si besoin en était, quel acteur monstrueux il s'avère. Il bouffe l'écran quoi qu'il fasse, c'est fascinant. Avec Fassbender de Shame, une des meilleures prestations de 2011. A ses côtés, la divine Jessica Chastain poursuit en quelque sorte son rôle d'ange apaisant qu'elle tenait chez Malick, dont le Tree of Life pourrait quasiment incarner un recto optimiste, cosmique et empli de grâce à ce verso poisseux, terre-à-terre et tourmenté (Création du monde/Fin du monde en creux du drame d'une cellule familiale). Bref, grand film. Et puis, les hasards de la langue française ont curieusement enrichi la polysémie du film : ne parle-t-on pas parfois de "tempête sous un crâne" pour évoquer la folie ?
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Wagner »

Rick Deckard a écrit :Un autre indice :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Dans le dernier plan, la tempête qui approche se reflète sur la porte vitrée de la maison de vacances...
la meilleure idée esthétique du film mais ce n'est pas la solution
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Re: Take Shelter (Jeff Nichols - 2011)

Message par Jihl »

Découvert dans une belle HD diffusé par Canal. Film assez étouffant dans une large première partie avec une tension parfois à la limite du supportable.
Scénario intelligent sur la différence (schizophrénie, maladie mentale, handicap, extra-lucidité ?), qui sans être démonstratif évoque les conséquences de cette "différence" sur le couple, le travail, les relations amicales.
Le film est bien joué, la mise en scène est soignée mais formellement, cela reste assez banal pour moi. Enfin je trouve que le film aurait gagné en efficacité en raccourcissant certains plans, voir en coupant quelques scènes.
La fin pour moi est très claire et à prendre au premier degré (comme celle de Melancholia) et le film m'a aussi fait penser au très bon Clean, Shaven.
Au final un film éprouvant et intéressant, mais inférieur au Lars von Trier ou au Lodge Kerrigan. 6/10
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