Intouchables (Eric Toledano, Olivier Nakache - 2011)

[Momo la crevette]

quand Todd Haynes, dans Loin du paradis, aborde la question du couple mixte, il ne le fait pas sur un ton dérisoire: il l'aborde de manière la plus frontale, à une époque où cette question était encore la plus aigüe.

Cela me semble difficile de considérer le cinéma américain en avance sur la question quand le seul exemple cité est un film indépendant au succès confidentiel. Il en sera autrement le jour où Will Smith sera marié à une blanche à l'écran.

[Watkinssien]

Autant en emporte le vent n'est-il pas le film populaire le plus raciste du monde ?

Non, loin de là ; et puis ce n'est même pas réellement son sujet principal, pas même secondaire.

Ah, l'exagération à outrance !

Mais bon, on a bien à trouvé du racisme dans les films les plus antiracistes qui soient ; alors plus rien ne m'étonne.

Cela me rappelle une personne qui m'avait dit que 2001 : a Space Odyssey est un film raciste parce que les premiers humanoïdes était de pelage noir... Presque aussi ridicule que la "polémique" sur Intouchables, car dans le film, pour le coup, le personnage est noir, mais c'est vrai qu'il a les dents blanches... La prochaine fois, on leur mettra les dents sales et pleines de caries, histoire d'être encore plus raciste...

[riqueuniee]

Franchement, j'en ai marre de ces polémiques à la noix. Pour un peu, je dirais que ce sont les polémiqueurs les racistes (comme si ça les gênait de voir un Noir faire le mariole dans un film, ou de voir un film où un Noir n'est pas confronté à 10 000 problèmes parce qu'il est noir).
Je crois même avoir lu que le film était communautariste (??? Nakache et Toledano ne sont ni Sénégalais, ni aristocrates...)

[cinephage]

Franchement, j'en ai marre de ces polémiques à la noix. Pour un peu, je dirais que ce sont les polémiqueurs les racistes (comme si ça les gênait de voir un Noir faire le mariole dans un film, ou de voir un film où un Noir n'est pas confronté à 10 000 problèmes parce qu'il est noir).
Je crois même avoir lu que le film était communautariste (??? Nakache et Toledano ne sont ni Sénégalais, ni aristocrates...)

Un film à partir d'un certain degré de succès, devient un phénomène de société. En tant que tel, il sera commenté par toutes sortes de commentateurs, pas forcément très pertinents...
Ce qui n'est pas grave, puisqu'en général ce type de commentaires n'a d'autre fonction que de remplir de l'espace et de distraire le public (ce n'est ni de l'information, ni vraiment de la reflexion, ou alors niveau brève de comptoir).

Je suis plus gêné lorsque l'on repeint a posteriori un film en dénonçant des traits propres à son époque. Raciste, autant en emporte le vent ?? Parce qu'il y a une servante noire, soit, mais aurait-elle été blanche, son rôle aurait-il été plus valorisé ?? La plupart des films d'aventures médiévales de l'époque, où la servante est blanche, semblent suggérer que non.
Ou alors c'est parce que la servante noire est caractérisée de traits "typiquement noirs", caricaturaux, immédiatement reconnaissables pour le public de l'époque. Mais il s'agit ici autant de racisme que de simplicité narrative, le cinéma s'étant toujours contenté de typer ses caractères en quelques traits grossiers permettant au public de voir tout de suite à qui on a affaire (un personnage sec et désagréable campera un banquier, un grand maigre en habits sombres un méchant...). Il m'apparait difficile de revisiter l'oeuvre en la sortant de son contexte.

Inversement, pour évoquer Tarzan, film où le rapport racial est clairement présenté comme antagoniste, lorsque le chef d'expédition insulte les porteurs en les fouettant, est-ce qu'on a affaire à du racisme, ou à de l'authenticité (car j'ai du mal à croire que les chasseurs blancs servaient le thé à leurs porteurs), une authenticité difficile à accepter lorsque l'on est spectateur ?? Ou bien est-ce qu'il n'est pas plus raciste encore, deux suites plus tard, que plus aucun des autochtones de cette Afrique mystérieuse ne soit noir ?? Le problème est épineux, mais je me méfie des réponses trop simples et politiquement correctes.

[Strum]

Je trouve l'article de Variety assez ridicule. De manière générale d'ailleurs, les critiques de films de Variety, qui ont essentiellement pour objet de jauger du potential commercial d'un film sur le marché américain à l'aune de critères parfois peu claires, sont rarement intéressants.

[Roy Neary]

Le livre Autant en emporte le vent est clairement raciste par endroits. Le film, lui, a beaucoup édulcoré cet aspect heureusement, même si son ton est tributaire de la pensée dominante vis-à-vis de la communauté noire dans les années 1930. On ne peut pas refaire l'histoire ni dégager une œuvre de son contexte de réalisation, même si il est normal que notre point de vue diffère totalement 80 ans après. Je pense néanmoins que la production de Selznick est bien moins attaquable sur le sujet du racisme que bien d'autres films de la même époque.

Enfin, ce topic me donne à nouveau envie de me torcher avec les pages culturelles de Libé. Ça faisait longtemps.

[lowtek]

Je ne voulais pas déclencher une polémique en dénonçant Autant en emporte le vent (qui pour moi entretient un fond raciste évident ou du moins une condescendance évidente envers la figuration des noirs, mais je ne vais pas convoquer l'avis de Spike Lee de peur d'attiser encore plus les reproches). D'ailleurs le fond de mon post était justement de dire que l'article de Variety, à mon avis, manquait sa cible, en ignorant les différences culturelles entre la France et les Etats-Unis. Parce que surtout, en France, les clichés raciaux sont repris et exacerbés par les comiques blacks eux-mêmes, pour fabriquer une sorte de contre-parodie qui désarme les arguments racistes. Aux Etats-Unis une telle attitude est à mon avis impossible, où on s'efforce d'oblitérer un passé douloureux ou de contourner la question par une attitude communautaire. Mais dans les deux cas la question du racisme est rendue transparente et indicible.

[hansolo]

Vu finalement le "phénomène" de l'année 2011 ...

Comédie pétrie de bons sentiments avec quelques moments drôles mais aussi des situations ridicules; hésitation fréquente entre cliché et caricature ... mais le plus frappant est sans doute l'enthousiasme quasi-surréaliste de la plupart des spectateurs tout au long du film.

2/6

[Flol]

mais le plus frappant est sans doute l'enthousiasme quasi-surréaliste de la plupart des spectateurs tout au long du film.

Les gens qui vont voir ce film plus de 2 mois après sa sortie, sont soit des fans qui vont le voir pour la 18ème fois, soit des gens qui auront été conditionnés par tout le bordel médiatique qui l'entoure, et qui s'attendent donc à découvrir LA comédie de l'année. Donc forcément, ils rigolent tout le temps, même (surtout !) quand c'est pas drôle.
Dis-je alors que ce film m'avait plutôt fait marrer...

[Nomorereasons]

mais le plus frappant est sans doute l'enthousiasme quasi-surréaliste de la plupart des spectateurs tout au long du film.

Les gens qui vont voir ce film plus de 2 mois après sa sortie, sont soit des fans qui vont le voir pour la 18ème fois, soit des gens qui auront été conditionnés par tout le bordel médiatique qui l'entoure, et qui s'attendent donc à découvrir LA comédie de l'année. Donc forcément, ils rigolent tout le temps, même (surtout !) quand c'est pas drôle.
Dis-je alors que ce film m'avait plutôt fait marrer...

On peut aussi y aller pour voir si ça mérite un tel battage. Moi je dois dire que je suis tombé amoureux de ce film avant même l'avoir vu: toutes ces histoires de racisme anti-noirs (Variety)/anti-blanc (radio courtoisie), de bons sentiments, de poujadisme ou que sais-je encore m'ont alléché comme un poulet frit encore sur sa broche.

[Momo la crevette]

Les gens qui vont voir ce film plus de 2 mois après sa sortie, sont soit des fans qui vont le voir pour la 18ème fois, soit des gens qui auront été conditionnés par tout le bordel médiatique qui l'entoure

Ce sont surtout des gens qui ont attendu que le film arrive sur les sites de téléchargements...

[cinephage]

mais le plus frappant est sans doute l'enthousiasme quasi-surréaliste de la plupart des spectateurs tout au long du film.

Les gens qui vont voir ce film plus de 2 mois après sa sortie, sont soit des fans qui vont le voir pour la 18ème fois, soit des gens qui auront été conditionnés par tout le bordel médiatique qui l'entoure, et qui s'attendent donc à découvrir LA comédie de l'année. Donc forcément, ils rigolent tout le temps, même (surtout !) quand c'est pas drôle.
Dis-je alors que ce film m'avait plutôt fait marrer...

Il y a aussi quelque chose de profondément réconfortant à rire dans une salle, aux cotés de gens qui rient.
Ceux qui connaissent l'immense solitude du gars qui rit seul à un gag, alors que le reste de la salle ne rit pas, doivent voir de quoi je parle.
On touche ici à la fonction la plus élémentaire, et peut-être la plus essentielle, du cinéma : son coté grand-messe, qui réunit toute une population et la fait rire ou pleurer, lui donne des codes (des formules qui entreront dans le langage courant, signes de connivence et d'appartenance à la même société, qui partage les mêmes valeurs ou au moins les mêmes signes). Je trouve sain que les gens aillent au cinéma pour rire, voir un film dont tout le monde dit qu'il est drole, et qu'ils y rient par principe, juste parce que les conditions du rire partagé sont réunis. Ne rit-on pas, parfois, parce qu'on est avec d'autres qui rient eux aussi, quand bien même il n'y a pas réellement de blague ou de gag d'une grande qualité (paradoxalement, l'humour le plus fin a généralement tendance à me faire sourire, rarement rire à gorge déployée).

Bref, j'aime bien quand un film fait rire les gens (quelque part, peu importe que le film soit vraiment drole ou non, qui suis-je pour apposer mon sceau de l'humour et décréter ce qui l'est, alors que le rire de millions de personne vient me contredire ??).

[Boubakar]

Les gens qui vont voir ce film plus de 2 mois après sa sortie, sont soit des fans qui vont le voir pour la 18ème fois, soit des gens qui auront été conditionnés par tout le bordel médiatique qui l'entoure

Ce sont surtout des gens qui ont attendu que le film arrive sur les sites de téléchargements...

D'ailleurs, comment ça se fait qu'il y ait déjà un dvd-rip du film ?

[Spongebob]

Ce sont surtout des gens qui ont attendu que le film arrive sur les sites de téléchargements...

D'ailleurs, comment ça se fait qu'il y ait déjà un dvd-rip du film ?

Les votants pour les Césars ont reçu leur valise de DVD.

[Flol]

Bref, j'aime bien quand un film fait rire les gens (quelque part, peu importe que le film soit vraiment drole ou non, qui suis-je pour apposer mon sceau de l'humour et décréter ce qui l'est, alors que le rire de millions de personne vient me contredire ??).

Je ne suis, bien évidemment, pas d'accord avec toi.
J'en veux pour preuve ma séance de ce matin : j'ai été voir Take Shelter (pas le film le plus drôle du monde), et je peux t'assurer que les rires bêtes (suivis de commentaires pas moins bêtes) d'un mec avec sa nana, sur certaines scènes qui n'avaient absolument RIEN de drôle, c'est très très énervant (j'y suis même allé d'un petit "ta gueule !" qui fait plaisir ).
Et même sur des films dits "comiques", des rires trop exagérés ou trop forts, ça a tendance à me sortir de l'ambiance. Donc plutôt que d'attendre avec impatience la prochaine scène drôle du film, je l'attends avec fébrilité parce que je sais qu'à la moindre grimace, réplique ou autre, je vais encore avoir droit à un hurlement exagérateur dans mes oreilles.
Oui bon ok, je suis un peu un psychopathe parfois au ciné...mais je sais que je suis très loin d'être le seul parmi nous.
Mais pour en revenir à Intouchables, je l'avais découvert 3 jours après sa sortie, dans une salle comble...et là, les rires généreux et réguliers (dont j'étais) ne me gênaient absolument pas, bien au contraire.
Bon en gros, ça dépend des films, voilà...