Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Strum
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Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

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Le Hussard sur le toit

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D’abord, quelques mots sur le livre en guise d'introduction.

Je crois assez à la loi suivante : une fois achevés, les romans d’aventures rendent leur lecteur rêveur et mélancolique tandis que les romans rêveurs et mélancoliques rendent leur lecteur aventureux. Le Hussard sur le toi de Jean Giono est un roman d’aventures, mais d’un genre particulier, qui prodigue à la fois excitation et rêverie. C’est qu’il se mêle aux aventures d’Angelo, colonel de hussards italien en exil en Provence au moment d’une épidémie de choléra, une dimension réflexive. Souvent au moment où il agit, Angelo réfléchit et l’on peut lire alors ses pensées et ses doutes.

Angelo est un homme d’action et un être d’instinct. Son instinct est beau et pur, et lui dicte toujours, miracle de la littérature, la bonne marche à suivre. Redresseur de torts pétri de bonté, volant au secours des malades du choléra sans crainte de contagion, ne pouvant souffrir de laisser une femme seule sans défense, Angelo porte bien son nom ; il est comme un ange tombé du ciel dans ce monde que la lumière du soleil aveugle et qui pourrit dans les miasmes de la maladie.

Peut-on aimer un personnage si parfait ? Giono s’y emploie avec l’habileté des grands écrivains, en faisant d’Angelo son juge le plus sévère. Dans l’action, il s’invective ; au repos, il juge ses actes indignes de ce qu’il voudrait être. Alors, au lieu de le juger, on le défend contre lui-même, on se met à rire de ses insolences, de son goût de l’étiquette, on se met même à aimer son arrogance, et on finit par l’admirer si intensément qu’on attend de pages en pages, avec impatience, ses prochains exploits.

Ce formidable personnage traverse la Provence vue par Giono, un pays sublime et sensuel, ébloui de soleil. Giono laisse libre court à son goût du récit au long cours et des voyages (dans le périmètre de la Provence et des pré-Alpes s’entend), et fait chanter sa plume. L’extraordinaire plasticité de son écriture nous fait entendre le son des grillons et voir les blés dorés. C’est un écrivain si doué qu’il y a du mouvement même dans les passages les plus descriptifs de son livre, et il y en a beaucoup, car Giono est un maitre de la description du quotidien, des aurores, de la préparation des repas, du détail d’une forêt.

C’est un maitre des aphorismes aussi, et il y en a légions dans son Hussard sur le toit, qui tournent souvent autour du thème de la peur, la peur du choléra bien sûr, mais aussi la peur au sens large, de l’autre et de la différence. Peut-être que Giono, inquiété pendant la période de l’épuration après-guerre, règle ici quelque comptes : « Vous qui avez peur et vous méfiez de tout, vous mourrez » ; « rien que de la frousse, vous en crèverez comme des mouches » ; « Si vous avez besoin d’assassins, prenez toujours des froussards…Pendant qu’ils tuent, ils ne pensent pas à leur frousse » « La peur est capable de tout et elle tue sans pitié, attention !... Quel dommage que je n’aie que deux coups de pistolets à tirer, ou plutôt que je n’aie pas de sabre, je leur ferais voir que la générosité est plus terrible que le choléra. »

Enfin, il y a dans Le Hussard une veine sous-jacente, à peine effleurée, sur la nature métaphysique du choléra, ce « noir mystère », cette maladie « des grands fonds » et de la peur, une peur prosélyte, à laquelle Angelo, plus fort et séduisant que la mort, oppose l’amour du monde.

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Quelle gageure donc pour Rappeneau lorsqu’il se lance dans l’adaptation de ce récit ! Où trouver l’homme qui peut incarner Angelo, l’homme dont la générosité est plus terrible que le choléra ? Comme rendre justice à la langue de Giono, qui sait mettre du mouvement dans la plus anodine description et fait « chanter le monde » ?

Jean-Paul Rappeneau était en tout cas le seul cinéaste français contemporain capable de réussir ce pari, parce que c’est par excellence un cinéaste du mouvement et du rythme, sans jamais négliger la beauté de l’image – en somme, un héritier de Renoir, d’un point de vue formel. Il faut être un réalisateur minutieux et perfectionniste pour pouvoir donner l’illusion du mouvement au cinéma au sein d'une séquence. On comprend dès lors ce qui a attiré Rappeneau dans l’Angelo virevoltant de Giono, dont ce dernier écrit qu’il «était de ces hommes qui ont vingt-cinq ans pendant cinquante ans ».

Le mouvement et la fougue de la jeunesse, voilà ce que Rappeneau retient du Hussard. Du premier au dernier plan, tout est mouvement dans son film, plus encore même que dans le livre. Dans ce dernier, au début, l’aube surprend Angelo au bas d’une colline. On entre doucement dans le livre, guidé par la langue de Giono. Chez Rappeneau au contraire, cela commence dans le mouvement d’une fête et la brusquerie d’un meurtre : des espions autrichiens sont venus à Aix-en-Provence assassiner les carbonari italiens en exil en Provence. Angelo en est et doit s’enfuir pour échapper à ses assaillants. Ainsi, le film naît sous le signe du mouvement et de la fuite. Pendant toute la première partie du film, la plus faible, Angelo fuit devant les autrichiens autant qu’il découvre et aide les premières victimes du choléra. Par rapport au livre, il y a ici la volonté manifeste de dramatiser un peu la narration épisodique du livre, ce qui se conçoit, certes, pour un film d’aventures. Dans le livre, dès les premières apparitions du choléra, que Giono localise en divers endroits pour tisser peu à peu la toile qui enfermera ses multiples personnages dans le piège de la maladie, Angelo est cet ange qui aide les malades. Plutôt que de fuir, il lutte pied à pied, avec fureur même, contre la maladie.

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Les deux grandes réussites du Hussard de Rappeneau doivent être trouvées dans l’aspect visuel de son film et dans les rapports entre Angelo et Pauline. Visuellement, Le Hussard est le plus beau film de Rappeneau, et le sommet de la carrière assez inégale de Thierry Arbogast, directeur de la photographie du film. La lumière y est d’une éblouissante blancheur le jour, et il fallait bien cela pour rendre compte de la lumière aveuglante de la Provence (où, comme l’écrit Giono, « il y a des guerriers de l’Arioste » dans le soleil), et magnifiquement contrastée et précise dans les scènes de nuit. Plusieurs plans sont splendides, notamment tous ceux montrant des paysans dans des champs de blé, que l’on croirait sorti, si ce n’était la caméra toujours mobile chez Rappeneau, du Guépard de Visconti. A cet égard, je ne serais pas surpris d’apprendre que Le Guépard était une des références esthétiques de Rappeneau pour la lumière de son film. De même, Jean-Claude Petit, compositeur de la musique du film, lorgne du côté de Nino Rota quand le thème principal du Hussard retrouve les tonalités siciliennes de la musique du Guépard. Il y a pire modèle. Il est amusant aussi de constater que les séditions auxquelles Angelo participe envers l’Autriche préfigurent de plusieurs décennies ce que sera la révolution italienne, dont Le Guépard montre les conséquences.

L’autre réussite du Hussard de Rappeneau tient dans les rapports entre Angelo et Pauline. Ce n’est pas une surprise pour qui connait Rappeneau. Tous ses films tournent autour d’un couple, plus ou moins bien assorti, et toujours se chamaillant (Deneuve et Noiret dans La Vie de Château ; Belmondo et Jobert dans les Mariés de l’An II ; Deneuve et Montand dans le Sauvage ; le trio amoureux de Cyrano). Ces rapports de couple l’inspirent, électrisent sa mise en scène et lui donnent du rythme ; en retour, elle met en valeur les acteurs ; la générosité rapporte toujours. Ainsi, si la première partie du Hussard de Rappeneau faite de mouvement et de beauté visuelle ne peut empêcher que l’on y trouve un certain manque de profondeur, la seconde partie du film, par son rythme et la progression de l’intimité qui s’installe entre Angelo et Pauline (avec les chamailleries sans lesquelles le film ne serait pas un film de Rappeneau), est une grande réussite. En somme, c’est l’inverse du livre, dont la première partie est extraordinaire, et la deuxième plus répétitive. Ce n’est pas faire injure à Giono, en effet, que de dire que certains dialogues de cette deuxième partie entre Angelo et Pauline sonnent parfois un trop cérémonieusement ; c'est que ses deux personnages sont si parfaits dans le livre… Dans le film, au contraire, les deux personnages semblent plus fragiles, et plus directs dans leur rapports – déjà, ils se disputent plus souvent, ce qui est le signe d’un lien amoureux chez Rappeneau (comme cela l’était chez Hawks). Pauline est plus vive (Juliette Binoche est très bien) et plus manifestement amoureuse d’Angelo, tandis que ce dernier a parfois des allures de petit enfant perdu, ne sachant pas toujours comment se comporter avec Pauline.

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Pourquoi donc, alors, a-t-on le sentiment en lisant Giono d’avoir affaire à un chef-d’œuvre et en voyant le Rappeneau de découvrir une très belle adaptation, certes, mais qui reste parfois en surface, et qui ne possède pas toute la force expressive du livre, ni cet envers métaphysique que l’on devine au-delà du récit ? A cela, il existe plusieurs raisons. Olivier Martinez, physiquement, est un parfait Angelo. Il répond à tous les demandes physiques du rôle, se meut avec grâce, est crédible, enfin, dans toutes les scènes d’action. On pourrait lui faire, cependant, quelques reproches : Une voix qui n’est pas assez martiale ou forte, un peu trop soufflée peut-être, et qui fait qu’il n’en impose pas assez, notamment lors de la première partie du film, lorsque Pauline n’est pas là – il est plus à l’aise ensuite. Un regard qui surjoue un peu l’effroi ou la panique lorsqu’il frictionne les corps des malades. Martinez n'est pas assez "terrible". L’Angelo de Giono n’a jamais peur, ou en tout cas ne le montre jamais.

Deuxième raison majeure, et la principale sans doute, Rappeneau, cinéaste du mouvement, du rythme et du couple, est peut-être moins intéressé ou moins à l’aise avec la métaphysique, et il y a quelque chose de métaphysique dans le livre qui n’est pas dans le film. J’ai déjà évoqué le côté angélique d’Angelo, son dévouement aux malades, qui va dans le livre jusqu’à lui faire passer plusieurs jours à Manosque à laver des cadavres en compagnie d’une bonne sœur – la scène est absente du film. Angelo est un lutteur ; il ne sait pas toujours pourquoi il lutte, mais il lutte et cette lutte le rend le plus heureux des hommes. Dans le livre, c’est moins Pauline qu’il aime, a-t-on l'impression, que l’idéal que représente pour lui Pauline en tant que femme qui se bat qu'il admire ; dans le film, il est clair au contraire qu’Angelo aime Pauline en tant que femme de chair et de sang. Comme tout récit d’aventures et de voyage, le Hussard vaut aussi par les personnages que rencontre Angelo lors de ses pérégrinations. Or, à la fin du livre, lui et Pauline rencontrent un très curieux médecin, « l’homme à la redingote », qui semble tout savoir, tant sur le choléra que sur Angelo et Pauline, une sorte de Tom Bombadil provençal. Cet homme étrange leur parle longuement du choléra comme d’un mal moral, en faisant des détours lyriques par la biologie, grâce à ce savant mélange des genres que le génie littéraire de Giono lui permet de pratiquer. C’est là que Giono parle de la maladie comme d’un « noir mystère » et d’un « mal des grands fonds », et de la peur prosélyte. Cette étonnante rencontre, qui est également absente du film, donne le ton final du livre, où Angelo choisit l'amour du monde plutôt que Pauline, cet amour même qui lui a permis de vaincre le choléra. Les adieux d’Angelo et Pauline sont très pudiques dans le livre, alors que le film à la fin ne parle plus que des rapports entre les deux personnages, et plus du tout du choléra, la crise de Pauline n’étant qu’une façon que semble avoir choisi la providence pour rapprocher les deux personnages. Dans le livre, la crise est certes là, mais dans la nature, cadre moins intime, pas dans une maison, et sa résolution heureuse reste liée aux rapports de combat qu'Angelo entretient avec le choléra. Angelo ne rencontre pas, dans le livre, le mari de Pauline (joué par Paul Freeman dans le film… c'est-à-dire le Belloq des Aventuriers de l’Arche Perdue !) et part ensuite libre de pensées et sans se retourner. Il va se battre en Italie et il est heureux. Mais bien qu’il ne fasse pas de métaphysique, il en est peut-être un instrument ou un sujet consentant. Jusqu'au bout Angelo reste le sujet du livre, alors que c'est Pauline qui clôt le film. Ce renversement final, où l'on passe d'un bonheur à la fois sensuel et métaphysique à l'attente par une femme d'un homme qu'elle a aimé, dit bien en somme ce qui sépare les deux oeuvres.
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Jeremy Fox
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par Jeremy Fox »

et ensuite je vais lire attentivement ton texte que je viens de parcourir en diagonale. Déjà en accord avec toi sur le roman. As tu lu le bonheur fou, sa suite ?
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par Strum »

Non pas encore. Je l'ai acheté, mais il fait partie des 350 livres que je suis censé lire... Sinon, tout à fait d'accord avec toi pour dire que l'on est ici à cent coudées au-dessus de Borderie ou Hunebelle, même si tu verras en lisant ma critique que j'ai été moins enthousiasmé que toi par Olivier Martinez.
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par AtCloseRange »

Alors que je te trouve vraiment bienveillant pour l'endive Martinez.
Il m'a gâché le goût du film tout simplement.
D'autant plus étonnant quand on connait le talent de directeur d'acteurs de Rappeneau mais je crois que là, y avait vraiment rien à faire et la carrière postérieure de l'acteur en atteste.
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par Strum »

AtCloseRange a écrit :Alors que je te trouve vraiment bienveillant pour l'endive Martinez.
C'est possible et il n'a effectivement pas fait une grande carrière ensuite. Mais tu admettras si tu as lu le livre, que jouer Angelo n'était pas une mince affaire.
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par AtCloseRange »

Strum a écrit :
AtCloseRange a écrit :Alors que je te trouve vraiment bienveillant pour l'endive Martinez.
C'est possible et il n'a effectivement pas fait une grande carrière ensuite. Mais tu admettras si tu as lu le livre, que jouer Angelo n'était pas une mince affaire.
Je ne l'ai pas lu mais si c'est un rôle aussi difficile, c'était d''autant plus une erreur de casting.
Au moins, dans Cyrano, le choix de Vincent Perez (acteur un peu fade à l'époque mais qui a bien évolué depuis) était cohérent avec le rôle.
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Jeremy Fox
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par Jeremy Fox »

Strum a écrit : j'ai été moins enthousiasmé que toi par Olivier Martinez.
Oui, en effet. Mais, ayant découvert le film avant le livre, Angelo a toujours été pour moi Olivier Martinez. Je n'arrive pas à imaginer un meilleur Angelo qu'il ne l'a été. Il incarne à merveille le héros romantique et naïf par excellence. Je l'ai trouvé parfait de bout en bout.

Pareil pour Binoche dans le rôle sublime de Pauline de Theus.

Superbe texte Strum !!
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par homerwell »

Dans le livre, la crise est certes là, mais dans la nature, cadre moins intime, pas dans une maison.
Il m'avait semblé que Giono y mettait une certaine part d'érotisme (terme peut-être un peu fort), en attendant je te recommande les bêtises à la campagne : :mrgreen:
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par Strum »

homerwell a écrit :Il m'avait semblé que Giono y mettait une certaine part d'érotisme (terme peut-être un peu fort), en attendant je te recommande les bêtises à la campagne : :mrgreen:
Mouais. "Il déshabilla la jeune femme comme on écorche un lapin" : J'ai déjà vu plus érotique. :mrgreen: Bon, je t'accorde que globalement la scène est sensuelle, c'est vrai, c'est du Giono, mais ça reste moins "érotique" dans la mesure notamment où c'est moins "préparé" (ça arrive brutalement) que dans le film où le massage au coin du feu est précédé de plusieurs appels du pieds de Binoche, de la robe essayée, du vin chaud, etc. (Rappeneau condense en fait deux scènes situées à des moments différents dans le livre). Pour les bétises à la campagne, il faut juste trouver le bon cadre !
Jeremy Fox a écrit :ayant découvert le film avant le livre, Angelo a toujours été pour moi Olivier Martinez
Cela a du jouer beaucoup, certainement.

Sinon, merci Jeremy. :)
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par Jeremy Fox »

Jean-Paul Rappeneau était en tout cas le seul cinéaste français contemporain capable de réussir ce pari, parce que c’est par excellence un cinéaste du mouvement et du rythme, sans jamais négliger la beauté de l’image.
Oui
Il faut être un réalisateur minutieux et perfectionniste pour pouvoir donner l’illusion du mouvement et de la liberté au cinéma ; c’est dans la rigueur la plus absolue des plans et du découpage que naissent la liberté cinématographique et l’illusion de sa jeunesse éternelle.

Même si dans l'ensemble je suis d'accord, je n'en ferais pas une règle absolue. Certains ont donné cette illusion (mouvement et liberté, jeunesse éternelle) par un style totalement opposé, moins minutieux en apparence. Je parle par exemple d'A bout de souffle et du cinéma de Rohmer qu'on pourrait penser improvisé ; bref, à l'opposé du classicisme lyrique de Rappeneau.
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par Strum »

Jeremy Fox a écrit :
Il faut être un réalisateur minutieux et perfectionniste pour pouvoir donner l’illusion du mouvement et de la liberté au cinéma ; c’est dans la rigueur la plus absolue des plans et du découpage que naissent la liberté cinématographique et l’illusion de sa jeunesse éternelle.

Même si dans l'ensemble je suis d'accord, je n'en ferais pas une règle absolue. Certains ont donné cette illusion (mouvement et liberté, jeunesse éternelle) par un style totalement opposé, moins minutieux en apparence. Je parle par exemple d'A bout de souffle et du cinéma de Rohmer qu'on pourrait penser improvisé ; bref, à l'opposé du classicisme lyrique de Rappeneau.
Cela mérite d'être discuté. D'abord, je pense que j'aurais du définir ce que j'entendais ici par liberté. Pour résumer : je pense que l'illusion de la liberté chez un personnage au cinéma (par ex : Angelo est un personnage libre) doit quand même résulter d'une parfaite maitrise technique et d'une grande minutie dans la fabrication du film. En revanche, la liberté d'un film, par exemple dans sa forme, peut effectivement résulter d'une approche moins conventionnelle et plus souple comme chez Gordard ou Rohmer que tu cites. Il faut donc distinguer deux types de liberté, celle du personnage et celle du film. Il me faudrait faire une digression dans mon texte pour expliciter cela et je vais donc y supprimer le mot "liberté" pour éviter de créer une confusion.

En revanche, je maintiens ce que j'ai dit sur le mouvement cinématographique, qui demande à mon sens rigueur et minutie à toutes les étapes de la fabrication du film. Le mouvement est le produit de trois choses au cinéma : le mouvement de la caméra, le mouvement des acteurs, le mouvement créé par le découpage. Le mouvement dans une séquence résulte donc d'une fabrication et est illusion. Tel que je comprends et utilise le mot mouvement, Godard et Rohmer ne sont pas des cinéastes du mouvement, même si ce sont des cinéastes libres. Godard est un cinéaste de la connivence, qui a remis en question le rapport du spectateur avec le film. En général, il essaie de faire participer le spectateur (de le faire sortir de la diégèse que constitue le film), il essaie d'acheter sa complicité en lui disant qu'il sait que le spectateur sait que le cinéma est illusion - par ex : Belmondo et Jean Seberg s'adressant au spectateur dans A bout de souffle. Ce faisant, il crée ce rapport de connivence et de jeu avec le spectateur. C'est l'aspect sympathique et composite de son cinéma, auquel il essaie d'adjoindre d'autres arts. Même dans son film le plus classique (Le Mépris), il nous annonce au début du film que le cinéma "accorde le monde à nos désirs. Ce film est l'histoire de ce monde" (je cite de mémoire, ce n'est peut-être la citation exacte). Il nous rappelle que le film est illusion et jeu - si l'illusion est dénoncée, l'illusion du mouvement (voire de la liberté des personnages) est quelque peu condamnée. Rohmer, lui, est un cinéaste de l'authenticité. Il demande de l'authenticité à ses acteurs. Ils jouent, sont parfois dans le paraitre, mais dans la vie aussi il y a du paraitre. Ils parlent comme dans la vie de tous les jours. Lui, non plus n'est pas dans l'illusion, et encore moins dans le mouvement (sa mise en scène est statique, il y a très peu découpage chez lui). Je ne dis pas que Godard et Rohmer ne peuvent pas être minutieux mais qu'ils vont consciemment à l'encontre de certaines règles de rigueur du cinéma classique, lesquelles sont souvent à l'origine de l'impression de mouvement des grands films d'aventures.
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par Jeremy Fox »

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1832, le colonel de hussards Angelo Pardi (Olivier Martinez) qui fuit son Piémont natal après avoir tué un officier autrichien, arrive en Provence où sévit une mortelle épidémie de choléra. Chargé de prévenir ses amis révolutionnaires exilés que les autrichiens sont à leurs trousses, il arrive à Manosque où il est immédiatement accusé par la foule de vouloir empoisonner les fontaines. Il doit se réfugier sur les toits de la ville où il survit grâce à ses explorations des différents appartements abandonnés par la populace. C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de Pauline de Théus (Juliette Binoche) qui ne semble pas craindre la contagion et qui est sur le point de partir rejoindre son époux un peu plus au Nord. Ils vont entamer le voyage tous les deux dans ce pays ravagé par la maladie, cette tragique situation faisant ressortir le pire ou le meilleur des différents individus qu’ils croisent. Une épopée non sans dangers…

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Quel amoureux de ce monument de la littérature mondiale qu’est ce chef-d’œuvre de Jean Giono aurait pu croire qu’une de ses adaptations cinématographiques lui aurait procuré presque autant d’émotions que la lecture du roman ? Mais avec Jean-Paul Rappeneau à la baguette, il n’est finalement pas étonnant que la réussite soit au rendez-vous, surtout que nous avions tous encore en tête sa non moins fabuleuse et virevoltante appropriation du Cyrano d'Edmond Rostand avec Gérard Depardieu dans le rôle-titre ; Depardieu qui fait d’ailleurs une apparition cocasse, tonitruante et remarquée dans Le Hussard sur le toit. Ce dernier est également une réussite d’autant plus exemplaire que le roman faisait partie de ces soi-disant 'inadaptables', tour à tour s’y étant cassés les dents non moins que René Clément, Jean Delannoy, Giono lui-même, François Villiers, Luis Bunuel, Christian Marquand, Frédéric Rossif, Edouard Niermans…

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S’étant passionné pour le roman de Jean Giono grâce à la sœur de Jean Becker qui le lui avait fait découvrir peu après sa sortie en 1951, Rappeneau a rapproché à l'époque cette "épopée à cheval" du western, genre qu’il appréciait énormément en tant que jeune spectateur. Plusieurs décennies plus tard, décidé à tenter l’expérience à son tour après les multiples tentatives avortées, mais intimidé lui aussi par la réputation du livre, il reçoit de la plupart de ses collaborateurs ainsi que de la fille de Giono le conseil "qu’il ne pourrait réussir son film qu’en trahissant totalement le roman mais en conservant la hauteur des personnages". Le réalisateur le comprenant parfaitement d’autant qu’il était d’accord sur le fait que le roman n’était pas très ‘remuant’, disait "qu’il fallait qu’il réinvente une histoire cinématographiquement crédible afin de ne pas perdre le spectateur". Quant à Giono, l’on sait qu’il avait eu le choc de sa vie en découvrant Stendhal ; avec Le Hussard sur le toit il changeait alors un peu de style et faisait de son Angelo une sorte de Fabrice Del Dongo du début de la Chartreuse de Parme, un naïf perdu dans un monde tourneboulé. Giono nous livrait alors sa vision assez noire du monde, encore sous le choc des délations et de l’épuration de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et en profitait pour régler quelques comptes avec les veules et les lâches, son Angelo perché sur les toits de Manosque regardant le monde d’en bas avec horreur, témoin de la vulgarité, de l’égoïsme, de la cruauté, de la méchanceté et de la bêtise de la foule, prête à lyncher le premier venu par paranoïa galopante.

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Angelo est un personnage assez unique dans la littérature, un jeune homme qui ne se doute pas un seul instant ni de son arrogance ni de son insolence instinctives que nous lui pardonnons d’autant plus facilement qu’il s’agit par ailleurs d’un être spontané, beau, courageux, dévoué et pur, n’ayant peur de rien pas même de la mort, la bravant à chaque instant en sauvant la vie de ceux qu’il rencontre sans qu’elle n’ose jamais s’attaquer à lui, ne pouvant pas laisser une femme sans défense, ne supportant pas l’injustice ni la lâcheté. Un 'ange' foncièrement bon et redresseur de torts qui va tomber amoureux d’une femme qui n’a pas froid aux yeux, un héros romanesque et romantique comme nous avons tous un jour ou l’autre rêvé de l’être ou d’en rencontrer un. Un jeune homme admirable, néanmoins non dépourvu de défauts comme ceux cités en début de paragraphe, ce qui le rend encore plus humain et attachant d’autant qu’il se sermonne lui-même avec une certaine sévérité, ne se trouvant pas assez digne ou honorable, en certaines circonstances pas aussi parfait qu’il aurait souhaité l’être. Comment arriver à incarner ce héros mythique de la littérature française, ce jeune homme naïf, timide, maladroit, soupe-au-lait mais d’une noblesse de cœur qui pourrait passer pour anachronique à notre époque ? Huée par la critique à sa sortie, la prestation d’Olivier Martinez est pourtant tout à fait remarquable ; il EST Angelo et après l’avoir vu, on a vraiment du mal à imaginer quelconque autre en l’occurrence ayant pu faire mieux, se mouvant avec grâce, son cheveux sur la langue le rendant encore plus charmant. Juliette Binoche ne démérite pas, tout au contraire, et leur couple forme l'un des plus romantiques vus sur grand écran ces dernières années, leurs rapports parfois assez cocasse et (ou) mouvementés faisant partie des choses les plus réussies d'un scénario déjà remarquable, la patte de Nina Companeez se faisant alors bien sentir...

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Il ne faudrait pas non plus oublier les seconds rôles, tous croqués à la perfection par une toute jeune Isabelle Carré, un Jean Yanne hilarant mais également François Cluzet, Gérard Depardieu, Pierre Arditi, Yolande Moreau... Nous noterons également la brève apparition de Paul Freeman en toute fin de film, comédien surtout connu pour avoir été le vil Belloq dans la première aventure de Indiana Jones… Outre le fait d’être superbement réalisé, le film de Rappeneau est donc aussi porté à bout de bras par ses acteurs. Malgré la difficulté du projet, le réalisateur des jubilatoires La Vie de château, Les Mariées de l’an II ou Le Sauvage mène son film tambour battant et le maîtrise de main de maître, et ce à tous les niveaux à commencer par une mise en scène déliée, ample et lyrique qui embrase à merveille cette émouvante histoire d’amour entre Angelo, jeune homme fougueux et la belle Pauline de Théus, tous deux traversant la Provence ravagée par le choléra. Angelo est un révolutionnaire italien condamné à mort dans son pays sous domination autrichienne pour avoir tué en duel un officier. Il est poursuivi ainsi que ses amis carbonari en exil dans le Sud de la France ; et c’est ainsi par des combats, des tueries et des courses poursuites que débute le film, en pleine effervescence d’une fête populaire alors que des meurtres ont lieu aux quatre coins de la ville, les espions autrichiens faisant passer de vie à trépas quelques amis d’Angelo. C’est donc par le mouvement que s’ouvre le film alors que le roman de Giono s’appesantissait au contraire sur la chaleur étouffante de cette Provence ravagée par un mal qui la faisait ressembler à l’enfer sur terre, les corbeaux ayant pris la mainmise sur cette région en dévorant les corps défigurés par la maladie et la mort. Cette découverte macabre, le film l’abordera avec un grand réalisme juste après ce prologue qui démontrait d’emblée chez Rappeneau -ce dont nous ne doutions d’ailleurs pas- une ampleur et un sens du rythme assez rare dans le cinéma français d’aventure.

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Rappeneau a su gérer à merveille ses plus de 12 mois de tournage ainsi que son très gros budget –avec ses 26 millions d'euros, il s’agissait à l’époque du plus cher du cinéma français- qui est restitué sur l’écran pour le bonheur des spectateurs qui en ont pour leur argent et leurs émotions : décors, costumes, maquillage, reconstitution... tout est aux petits oignons. Et l’alchimie fonctionne : on tremble (les ravages du choléra, le suspense lié aux espions autrichiens sans scrupules...), on rit (surtout grâce au caractère soupe au lait d’Angelo), on pleure (la mort de différents seconds rôles) et on est ému (la romance). Alors que le scope lui faisait peur, ayant eu au départ dans l’idée de filmer en 1.85, le format très large s’est finalement imposé à Rappeneau et il faut se rendre à l’évidence qu’il l'utilise ici formidablement bien, la photographie de Thierry Arbogast pouvant s’y déployer à merveille, nous octroyant des plans de toute beauté comme ceux -entre nombreux autres- des paysans dans les champs de blé. Le cinéaste maitrise également à merveille ses cadrages et filme les mouvements de foule, les chevauchées et ses séquences d'action avec une grande fluidité. Le réalisateur parlait à propos de son film de Road Movie car ses personnages ne se posent quasiment jamais nulle part, leurs pérégrinations ne semblant jamais devoir se stopper ; et effectivement les lieux de tournage auront été multiples et variés à raison d’environ une cinquantaine de différents. Signalons aussi le score très enlevé de Jean-Claude Petit qui emporte parfois le film dans de belles envolées lyriques, notamment lors des cavalcades dans les magnifiques paysages de la région Rhône Alpes.

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Du vrai, du très bon cinéma populaire dans le sens noble du terme, certainement l’une des plus belles réussites du cinéma français dans ce domaine ; sans vouloir établir de hiérarchie mais seulement dans le but d'attiser la curiosité des plus réfractaires aux Angélique et autres Capitaine Fracasse ou Pardaillan, n'ayons pas peur de dire que nous volons ici à cent coudées au-dessus des œuvres de messieurs Hunebelle, Borderie ou Gaspard-Huit pour ce qui est des films d'aventures 'à costumes' des années 50/60. Comme le décrit Juliette Binoche interrogée pour parler de cette gageure amplement menée à bien, Le Hussard sur le toit "c’est le panache français, de l’enthousiasme, du cinéma large et classique". Une œuvre aussi fougueuse, généreuse, exaltée, virevoltante et somme toute admirable que son héros, une adaptation qui respecte l’esprit du roman tout en le trahissant avec intelligence, mélange brillant de romance et d’aventure.
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par homerwell »

Strum a écrit :
homerwell a écrit :Il m'avait semblé que Giono y mettait une certaine part d'érotisme (terme peut-être un peu fort).
Mouais. "Il déshabilla la jeune femme comme on écorche un lapin" : J'ai déjà vu plus érotique. :mrgreen: Bon, je t'accorde que globalement la scène est sensuelle, c'est vrai, c'est du Giono, mais ça reste moins "érotique" dans la mesure notamment où c'est moins "préparé" (ça arrive brutalement) que dans le film où le massage au coin du feu est précédé de plusieurs appels du pieds de Binoche, de la robe essayée, du vin chaud, etc. (Rappeneau condense en fait deux scènes situées à des moments différents dans le livre).
Histoire de continuer un peu sur le sujet, j'ai trouvé un article intéressant, en voici un extrait qui vient des pages 8 et 9.

UNE FIDÉLITÉ SYNTHÉTIQUE : LE HUSSARD SUR LE TOIT DE JEAN
GIONO PORTÉ À L’ÉCRAN
KRZYSZTOF JAROSZ
UNIVERSITÉ DE SILÉSIE - KATOWICE, POLOGNE

http://www.eventos.uevora.pt/comparada/ ... ETIQUE.pdf
Dans le film on a supprimé aussi deux scènes capitales pour le sens de l’original
littéraire. Il s’agit premièrement de celle où Angelo demande à une nonne qu’il aide à
laver les cadavres si dans cette ville qui compte cinq mille âmes il y a des gens qui
aiment à quoi la religieuse, qui est en l’occurrence le porte-parole de l’écrivain, répond
catégoriquement : „Mon Dieu non !”. La signification de cet échange de répliques va
être dévoilé dans une autre scène où Angelo et Pauline rencontrent un vieux médecin
qui leur offre un repas. Dans un monologue apparemment désordonné, mais qui n’en
véhicule pas moins un message important, le docteur affirme que les cholériques
choisissent l’éblouissement extraordinaire que leur apporte la maladie et la mort parce
qu’en fait ils n’aiment personne et rien ne les attache à la vie. Or, dans le chapitre
suivant, Angelo déclare à Pauline qu’il aimerait consacrer sa vie au bonheur de
l’humanité et tout de suite après la jeune femme tombe malade. Tout porte à croire
qu’elle a compris cette déclaration péremptoire de son compagnon comme refus à
l’amour qu’elle ressent envers lui sans avoir le courage de le lui avouer. Elle croit
comprendre qu’Angelo, qu’elle aime, lui préfère l’engagement politique, et ayant ainsi
perdu la raison de vivre, tombe malade. Suit la scène de sauvetage pendant laquelle
Angelo déchire les vêtements de Pauline pour lui frictionner tout le corps. Il applique
ainsi la seule méthode de traitement des cholériques qu’il connaisse. Bien que cette
thérapeutique n’ait réussi auparavant en aucun cas, elle s’avère efficace dans celui de
Pauline ce qui s’explique par le fait que la jeune femme a interprété les gestes de son
compagnon de voyage comme un acte d’amour. D’ailleurs, le lendemain, elle se met à
le tutoyer, alors qu’Angelo, perplexe face à cette intimité, continue à vouvoyer celle
qu’il a sauvée. La scène de sauvetage possède donc dans le roman une signification qui
la lie étroitement à la conception du choléra entendue comme la sécheresse du coeur et
égoïsme foncier qui pousse la majorité des gens à accepter l’idéologie totalitaire
laquelle, selon Giono, est celle de la mort et de l’égoïsme. L’amour seul peut être le
remède contre elle.
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par homerwell »

J'ai lu le roman cet été et me suis repassé le film ce soir. Je retrouve tous les thèmes de ma lecture qui m'ont tenu à coeur dans le film. Je pointe deux choses qui me font ressentir un manque dans l'adaptation de Rappeneau. Martinez n'est pas Angelo, il lui manque pour moi plus qu'une voix, un port de tête, une élégance naturelle qui transposerait la noblesse de ses sentiments. Strum a déjà évoqué Le guépard pour la lumière du film, et bien cela me suggère un Delon de cette époque pour Angelo.
La deuxième absence, c'est la canicule qui joue un rôle si important dans les descriptions de Giono au début du roman. Je ne la ressens pas chez Rappeneau alors qu'elle participe directement à l'ambiance qui baigne Le Hussard sur le toit.
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Re: Le Hussard sur le toit (Jean-Paul Rappeneau - 1995)

Message par Strum »

homerwell a écrit :Histoire de continuer un peu sur le sujet, j'ai trouvé un article intéressant, en voici un extrait qui vient des pages 8 et 9.
Comme je te l'ai dit par MP, merci pour l'extrait de texte que tu as posté. Il est très bien et relie avec plus de clarté que je ne l'ai fait le thème du choléra et de son antidote (l'amour) avec la crise de choléra de Pauline.
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