Notez les films - août 2011

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Nestor Almendros
Déçu
Messages : 24314
Inscription : 12 oct. 04, 00:42
Localisation : dans les archives de Classik

Notez les films - août 2011

Message par Nestor Almendros »

THE MURDERER de Hong-jin Na

Voilà un polar qui va où on ne l’attend pas mais qui, à trop vouloir en faire, finit peut-être par rater son but. C’est un film riche, dense, qui lorgne vers d’autres genres (le drame social poisseux) pour prendre ensuite des allures de policier classique rapidement transformé en guerre des gangs tendance boucherie. Quel dommage de ne pas avoir gardé la simplicité de la première heure plutôt que d’alourdir le récit avec une intrigue trop confuse au final. Le croisement des instigateurs et leur recherche apparaît alors beaucoup moins passionnant malgré l’énergie des personnages et de la mise en scène.
On note une certaine aisance dans le montage, la gestion du rythme et des ellipses, jusqu’à parfois, là aussi, friser l’indigestion. La lisibilité de certaines scènes est parfois ardue : le découpage intensif peut rappeler la signature d’un Paul Greengrass. Mais n’est pas Greengrass qui veut : malgré une ambition évidente, la poursuite en voitures m’aura laissé sur le bas côté.
Comme J’AI RENCONTRE LE DIABLE, l’autre polar coréen du moment, THE MURDERER est très violent et ne craint pas le dégoût par excès d’images sanguinolentes. J’ai cependant plus apprécié cette imagerie cohérente avec le réalisme de l’univers dépeint que la complaisance de Kim Jee-woon. Ce réalisme qui va jusqu’à oser un certain humour (très noir) tout en restant logique avec l’ensemble (par exemple : l’os qui sert d’arme de poing).

Encore une fois je regrette que le film n’ait pas gardé le fil de sa première heure, en n’abandonnant pas ses personnages et sa dimension politique en cours de route. Hong-jin Na prouve de toutes façons qu’il faudra compter sur lui à l’avenir (ce que THE CHASER nous avait déjà laissé penser).
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Notez les films - août 2011

Message par bruce randylan »

Voilà, je partage assez cet avis. Plutôt déçu donc.
La première moitié est pourtant admirable avec une narration qui doit tout à la réalisation comme cette séquence où le héros visualise l'assassinat qu'il doit commettre tout en chronométrant ses gestes sur la minuterie de la cage d'escalier. En plus le contexte social est passionnant et n'a rien d'un simple McGuffin... Mais la suite perd toute crédibilité avec sa surenchère lassante de violence et de facilités... Et que dire de cette poursuite en voiture, moisie comme pas permis ! On se console avec l’énergie et des ellipses audacieuses et percutantes.

Par contre, j'ai beaucoup aimé J'ai rencontré le diable pour sa noirceur extrême qui confine à la pure folie. Quand on se retrouve chez le cannibale, on a vraiment l'impression de glisser dans un monde où toutes les pires déviances seraient imaginable. D'où un sentiment malsain et pervers (et contagieux) qui m'a rappelé l'univers malade de James Ellroy. De plus la stylisation de la mise en scène (par moment époustouflante et implacable) comme les notes d'humour noir participe à donner cette vision d'une violence déconnecté du réel, une sorte de dimension parallèle où la moindre notion de moralité et de justice disparaitrait dans un égoïsme barbare qui brouille comme jamais le bien et le mal.
La mise en scène n'est peut-être pas aussi viscérale que Old Boy mais elle demeure étouffante à souhait (ainsi que très inspirée) et on sort du cinéma avec une nausée persistante et un profond dégout de l'humanité.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
magobei
Assistant opérateur
Messages : 2652
Inscription : 11 sept. 07, 18:05

Re: Notez les films - août 2011

Message par magobei »

La ligne rouge (Terrence Malick, 1998)

A chaque fois que je le revois, c'est aussi beau. De plus, le cinéma élégiaque de Malick est encore transcendé en HD. Mais...

Parce qu'il y a un mais...

Il y a aussi un truc qui me saoule, de plus en plus, à chaque vision: c'est la voix-off. J'ai revu récemment The New World et Days of Heaven, et c'est le même problème. Bavarde, pontifiante, poncifiante aussi. Je trouve vraiment que ça affaiblit la portée de ces films: Malick est un grand symboliste, l'image se suffit à elle-même, pourquoi alors l'enrober de discours? Les plans animaliers de The Thin Red Line suffisent, par leur juxtaposation aux images de guerre, à nous faire saisir le propos: l'absurdité, le dérisoire de la situation/état de nature vs. corruption de la civilisation...

Vouloir sous-titrer ça par une logorrhée holiste sur le rapport de l'homme et de la nature est non seulement redondant, mais aussi une preuve de facilité. D'autant que ça un effet assez soporifique...

Voilà c'est dit. Je suis fan sinon, mais je rêve toujours d'un hypothétique final cut sans la voix-off (comme Blade Runner, tiens)

8/10
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54619
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Notez les films - août 2011

Message par Flol »

magobei a écrit :Je suis fan sinon, mais je rêve toujours d'un hypothétique final cut sans la voix-off (comme Blade Runner, tiens)
Mais ne parle pas de malheur ! :o
La voix-off fait partie intégrante de l'oeuvre malickienne.
D'ailleurs on parle de voix-off, alors qu'il s'agit plutôt ici de voix intérieures, qui ne sont pas utilisées pour décrire ce que l'on voit déjà à l'écran (cf. l'insupportable Watchmen, par exemple), mais pour exprimer les questionnements intérieurs des personnages.
Je comprends que ça puisse en fatiguer certains, mais elle est un élément tellement essentielle dans le ciné du monsieur, que ça doit rester selon moi intouchable.
Avatar de l’utilisateur
magobei
Assistant opérateur
Messages : 2652
Inscription : 11 sept. 07, 18:05

Re: Notez les films - août 2011

Message par magobei »

Ratatouille a écrit :
magobei a écrit :Je suis fan sinon, mais je rêve toujours d'un hypothétique final cut sans la voix-off (comme Blade Runner, tiens)
Mais ne parle pas de malheur ! :o
La voix-off fait partie intégrante de l'oeuvre malickienne.
D'ailleurs on parle de voix-off, alors qu'il s'agit plutôt ici de voix intérieures, qui ne sont pas utilisées pour décrire ce que l'on voit déjà à l'écran (cf. l'insupportable Watchmen, par exemple), mais pour exprimer les questionnements intérieurs des personnages.
Je comprends que ça puisse en fatiguer certains, mais elle est un élément tellement essentielle dans le ciné du monsieur, que ça doit rester selon moi intouchable.
Personnellement, je préfère les réalisateurs qui arrivent à faire passer ce genre de questionnements intérieurs par l'"extérieur" justement. Sinon, je trouve vraiment que c'est une solution de facilité. D'où, sans doute, mon goût le cinéma japonais, qui recourt rarement à ce genre d'artifices (sauf pour les séquences introductives, cf. les célébrissimes ouverture en "stills" de Fukusaku).

Maintenant, peut-être que c'est quintessentiel de l'oeuvre malickienne, mais alors il faudrait qu'il rende ces "voix intérieures" moins génériques. Là, on dirait un peu le commentaires du Peuple migrateur. Je sais pas, qu'il demande à McCarthy de les écrire...
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17064
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Notez les films - août 2011

Message par Watkinssien »

Ce que je trouve remarquable dans l'utilisation des voix dans The Thin Red Line, c'est qu'au bout d'un moment elles se confondent, se formant au final en une seule et même élégie, universalisant le statut de l'Etre Humain dans une situation donnée...
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
magobei
Assistant opérateur
Messages : 2652
Inscription : 11 sept. 07, 18:05

Re: Notez les films - août 2011

Message par magobei »

Watkinssien a écrit :Ce que je trouve remarquable dans l'utilisation des voix dans The Thin Red Line, c'est qu'au bout d'un moment elles se confondent
Pour moi elles se confondent dès le début :mrgreen:

Nan, je déconne, mais je trouve ça quand même trop bavard. Je me ferai un thermos de café la prochaine fois.
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14958
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Notez les films - août 2011

Message par Demi-Lune »

Harry, un ami qui vous veut du bien (Dominik Moll, 2001)
J'ai revu ce film avec plaisir l'autre jour. J'avais beaucoup aimé lors de sa découverte et j'ai été content de constater que mes impressions enthousiastes n'ont pas été invalidées. Quelque part entre Hitchcock et Polanski, ce film de Dominik Moll parvient à trouver sa propre originalité, sa propre personnalité, dans une mécanique parfaitement huilée qui bascule subrepticement, de petits riens en petits rien, vers le malaise, et la tragédie. Moll fait montre d'une belle maîtrise narrative et crée autour de son petit groupe de personnages la force d'une atmosphère progressivement dérangeante. Le film ne confond jamais lenteur avec longueur et grâce à des dialogues et des situations soignées, ainsi que plusieurs éléments de décalage (il faut être très fort pour mettre le spectateur mal à l'aise avec un gros plan d'un stylo qui écrit sur une feuille vierge "Les Œufs"), le glissement vers l'invraisemblable n'apparaît jamais comme une évidence, mais comme une marche imperceptible et crédible. Le jeu particulièrement inspiré, tout en nuance dans la folie larvée et en ambiguïté, de Sergi Lopez est évidemment à louer dans cette belle réussite de thriller psychologique.
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18487
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Notez les films - août 2011

Message par Profondo Rosso »

L'Ange du Mal de Michele Placido (2011)

Image

Un premier crime à l’âge de 9 ans, une réputation d’envergure à 27 ans. Le gangster Renato Vallanzasca défraie la chronique en Italie. Son charme et son humour gagnent le cœur de la plupart des Italiens, malgré les violences commises par son gang. Arrêté à maintes reprises et aujourd’hui condamné à une quadruple perpétuité, celui qu’on surnomme « l’Ange du mal » s’est joué des institutions pénitentiaires et a créé sa propre légende.

Après avoir relancé le polar italien avec son Romanzo Criminale, Michele Placido revient au genre et poursuit aussi son étude de l'Italie agitée des 60's/70's qu'on trouvait dans son précédent Le Rêve Italien. A nouveaux inspirés de faits réel, L'Ange du mal est le biopic de Renato Vallanzasca, fameux gangster italien qui sema la terreur dans le pays durant quelques mois et qui est une sorte d'équivalent transalpins à notre Mesrine. Magnifiquement interprété par Kim Rossi Stuart (déjà dans Romanzo criminale et ici co scénariste) on retrouve le côté mi ange mi démon associé au personnage avec cet humour et cette séduction constante qu'il dégage qui s'oppose à un détermination sans faille et une violence prononcée dans ses entreprises criminelles. Pour retranscrire la frénésie qui accompagne l'odyssée criminelle de Vallanzasca (qui s'étal sur moins d'un an), Placido adopte volontairement un rythme saccadée et frénétique où on se perd dans tourbillons de braquages, d'enlèvements et de fusillades sanglantes. Les acolytes et ennemis sont en retrait sans être négligés pour autant mais la narration est entièrement au diapason de la personnalité égocentrique de son héros qui sous la détermination parvient à distiller progressivement une certaine fragilité. C'est surtout vrai pour la deuxième partie plus posée qui narre son errance en prison où il devient vraiment superstar (et recevant des tonnes de courriers d'italienne amoureuses ^^). Bref si on a aimé Romanzo Criminale c'est aussi bien l'aspect politique moins prononcé cependant à l'image de son héros égoïste. 4,5/6
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3819
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Re: Notez les films - août 2011

Message par joe-ernst »

Profondo Rosso a écrit :L'Ange du Mal de Michele Placido (2011)
Un cinéaste dont j'ai beaucoup aimé les deux précédents films. J'espère vivement que celui-ci va sortir par chez moi très bientôt. :)
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18487
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Notez les films - août 2011

Message par Profondo Rosso »

joe-ernst a écrit :
Profondo Rosso a écrit :L'Ange du Mal de Michele Placido (2011)
Un cinéaste dont j'ai beaucoup aimé les deux précédents films. J'espère vivement que celui-ci va sortir par chez moi très bientôt. :)
Ca sort le 7 septembre :wink:
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Notez les films - août 2011

Message par riqueuniee »

J'ai beaucoup aimé le rêve italien, un film très autobiographique (le film s'inspire directement de sa propre histoire) qui restituait très bien l'ambiance de l'Italie de la fin des années 60. J'irai voir celui-ci.
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18487
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Notez les films - août 2011

Message par Profondo Rosso »

riqueuniee a écrit :J'ai beaucoup aimé le rêve italien, un film très autobiographique (le film s'inspire directement de sa propre histoire) qui restituait très bien l'ambiance de l'Italie de la fin des années 60. J'irai voir celui-ci.
Oui j'avais beaucoup aimé celui ci aussi. Tous les films italien récents traitant de cette période agitée étaient vraiment tous très intéressant comme Buongiorno Note, Mon frère est fils unique ou Nos meilleurs années.
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3819
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Re: Notez les films - août 2011

Message par joe-ernst »

Profondo Rosso a écrit :
Oui j'avais beaucoup aimé celui ci aussi. Tous les films italien récents traitant de cette période agitée étaient vraiment tous très intéressant comme Buongiorno Note, Mon frère est fils unique ou Nos meilleurs années.
J'avais trouvé Mon frère est fils unique un peu longuet et ennuyeux. La nostra vita ne m'a réconcilié avec Daniele Luchetti, loin de là. :(
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Momo la crevette
Et la tendresse... bordel ?
Et la tendresse... bordel ?
Messages : 15006
Inscription : 13 avr. 03, 22:03
Localisation : En train de se faire un grec avec Tuesday... Pauvre Nikos !

Re: Notez les films - août 2011

Message par Momo la crevette »

joe-ernst a écrit :
Profondo Rosso a écrit :L'Ange du Mal de Michele Placido (2011)
Un cinéaste dont j'ai beaucoup aimé les deux précédents films. J'espère vivement que celui-ci va sortir par chez moi très bientôt. :)
Il vient de tourner cet été un nouveau polar, avec Daniel Auteuil et Mathieu Kassovitz. Le pitch est alléchant :

Ecrit par Cédric Melon et Denis Brusseaux, le scénario voit l’inspecteur Mattei (Daniel Auteuil) sur le point d’arrêter un célèbre gang de braqueurs de banque, lorsqu’un tireur d’élite (Mathieu Kassovitz) en couverture sur les toits décime à lui seul une armée de flics et permet à ses complices de s’enfuir. Malheureusement, l’un d’eux est grièvement blessé et la suite de leur plan est compromise. Une chasse à l’homme est lancée.
styx a écrit :Je comprends pas grand chose à vos salades, mais vous avez l'air bien sur de vous, donc zetes plus à même hein de parler, de sacrés rigolos que vous faites en fait, merde ça rime lourd là, je vais éditer. mdr
L'alcool, c'est mal.
Répondre