J'ai beaucoup aimé le film,donc je vous voulais réagir sur la mise en scène fuyante que tu décris.J'ai personnellement trouvé que la mise en scène très épurée du film était assez gonflée.Joe Wilson a écrit :Mademoiselle Chambon (Stéphane Brizé)
Des points positifs...Sandrine Kiberlain parvient à donner crédibilité à une femme absente à elle-même, engloutie par l'amertume et l'incapacité à faire des choix. Malgré un métier qui l'épanouit par le contact avec l'enfance, elle creuse un peu chaque jour une frustration, que sa générosité et sa simplicité apparentes ne parviennent absolument pas à combler.
Un personnage intense, donc...malheureusement Stéphane Brizé en reste souvent à l'intention. En voulant tenter le pari de la retenue, en recherchant les effets d'une détresse muette, au plus près de ses personnages, il maintient son film dans une sorte de torpeur agaçante. Pas d'intensité, d'ampleur...si les situations sont prometteuses, la mise en scène est fuyante, presque confortable à force de repousser certains enjeux.
Et l'évolution de Vincent Lindon dans sa confrontation à la solitude de l'autre, apparaît très schématique, voire caricaturale. Brizé tombe dans la facilité à force de vouloir rechercher des ambiguités, un engrenage, et montrer rarement une capacité à exprimer une densité psychologique.
Au final, le film reste donc anecdotique. Il a posé certaines questions mais s'achève dans un trouble en demie-teinte. Peu convaincant.
Beaucoup de plans fixes qui pourraient susciter l'ennui mais qui soulignent l'intensité du jeu des acteurs(formidables acteurs).Et la photo du film est magnifique,notamment en extérieur.
Le manque d'intensité que tu signale est typique de la sensibilité et de la pudeur du réalisateur.Ce qui n'empêche pas le réalisateur de souligner le côté charnel de toute histoire d'amour,avec la scène
d'amour que beaucoup de critiques ont décriée.Il ne s'agit pas d'un histoire fleur bleue,désincarnée.
La fin du film reflète les personnages.Lindon,dans ses hésitations à déclarer sa flamme à Kiberlain ,aura tout autant de mal à laisser tomber sa famille.
La fin de "sur la route de Madison" est très similaire et sa scène dans la voiture m'a tiré des larmes.
Le cinéma de Brizé est plus délicat et moins viscéral que celui d'Eastwood et c'est très bien comme ça.